Physique
Taille : 1m82

Poids : 75kg

Cheveux : Roux. Très roux. Ils sont coupés courts, peu coiffés. Kenneth en prend peu soin, mais il arrive quand même à avoir des cheveux doux. C’est le spot à toucher si vous voulez son affection.

Peau : Pâle. Blanche. Blanche de roux. Ouais blanc de roux c’est ça. Qu’est-ce que ça veut dire ? Sans couleur, et qui ne bronzera jamais. La seule couleur qu’elle peut prendre, c’est le rouge, s’il ne passe qu’un tout petit peu de temps au Soleil. S’il arrive à éviter les coups de Soleil, elle se retrouve couvertes de taches de rousseur. Il en prend extrêment soin : avec ses tatouages, il y est bien obligé.

Visage : Le visage de Kenneth n'est pas tout à fait harmonieux, mais tout à fait objectivement (c'est faux), il est plutôt beau. Sa mâchoire est carrée, ses pommettes sont hautes mais peu marquées, et son front n'est ni trop large, ni trop fin. Son nez est droit : à vrai dire une chance, vu le nombre de fois où il l'a cassé. Ses yeux sont légèrement en amande, et d'un très beau bleu. Une couleur claire, pouvant tirer un peu sur le gris. Si vous assistez un jour à sa métamorphose en loup les soirs de Pleine Lune, alors vous verrez ses iris prendre une couleur jaune-orangée. Ses lèvres sont roses, fines, bien que sa lèvre inférieure soit un peu plus épaisse que la supérieure. Elles ont tendance à gercer quand il fait froid. Elles cachent deux rangées de dents blanches et bien droites. Comme pour le reste de son corps, son visage a tendance à se couvrir de taches de rousseurs au contact du soleil.
On notera que ses joues, légèrement creusées, et son menton sont couverts par une barbe de trois jours soigneusement taillée.

Style vestimentaire : Kenneth porte, comme il le doit, l'uniforme de l'école. Cependant, il n'est jamais bien mis : sa chemise n'est certainement pas rentrée dans son pantalon, et sa cravate est toujours très très mal attachée.
En dehors de cours, Kenneth est un adepte des t-shirts aux effigies de ses groupes favoris. Il porte des jeans déchirés par endroits, accompagné par quelques chaînes. Il porte toujours de vieilles Doc Martens noires.

Détails : Kenneth a les oreilles percées. Deux trous à chaque lobe, ainsi qu'un conch à l'oreille gauche.
Il porte toujours à ses poignets des bracelets en cuir, et à ses doigts quelques bagues.
Il possède plusieurs tatouages, çà et là. Et il compte s'en faire bien d'autres.
Kenneth se montre rarement torse-nu, et à raison : sur son ventre se trouve une gigantesque cicatrice, celle dont il a hérité après son attaque. Il en possède un autre, à la gorge. Celle-ci est habilement cachée avec du fond de teint adapté. Il déteste qu'on puisse les voir.

Forme Lupine : Le soir de Pleine Lune, Kenneth prend la forme d'un grand loup au pelage noir et gris sur le haut de sa tête, de son museau, sur son dos, sa queue et ses pattes. Le reste de son corps, donc sur le bas de son museau, son poitraille et son ventre son de couleur blanche. Ses yeux sont d'une couleur jaune-orangée.
Il fait 87cm au garrot, et 68kg.

Caractère

Kenny, Kenny, Kenny…

Il y a tellement de choses à dire sur lui, vous savez.
Vous n’en croiserez jamais deux des comme lui, et je ne dis pas ça dans le mauvais sens du terme.

Kenneth, c’est exactement le genre de personne dont vous aurez entendu parler bien avant de l’avoir croisé pour la première fois. Il faut que vous le sachiez : Kenneth n’est pas quelqu’un de très apprécié dans l’école. Très loin d’être populaire, il est plutôt le genre à attirer les rumeurs. Le mauvais genre de rumeurs. Mais en même temps, il est aussi celui qui ne s’en soucie pas plus que ça, et à vrai dire, ça lui permet de directement trier les gens dans deux catégories : ceux qui croient à ces bêtises, et les gens qui en valent la peine. La nuance est présente.

Vous l’aurez compris, Kenneth est un original, fier de ce qu’il est même. Il se donne des airs de grognon, mais il n’est pas bien difficile à approcher : plutôt sociable, il a toujours quelque chose à raconter, même aux inconnus. A vrai dire, il n’est souvent pas nécessaire de l’approcher ! Il fera probablement le premier pas pour vous si l’envie de rencontrer des gens lui prend. Et si le fait qu’il soit un loup-garou parfois un peu bizarre ne vous repousse pas, vous découvrirez très vite quelqu’un de très différent de l’image que le reste du monde veut bien lui donner !

Kenneth est quelqu’un qui, de façon générale, est très enthousiaste pour… Presque tout. D’un naturel curieux, il adore découvrir de nouvelles choses, apprendre, ou bien encore partager ses connaissances (il adore parler et s’écouter parler. C’est important de le savoir.). N’importe quel sujet est capable de l’intéresser. N’importe lequel. Il trouve toujours quelque chose à dire. Allez savoir comment il fait.

Plus que ça, vous verrez que Kenneth est quelqu’un d’un naturel gentil. Il est le premier à aider un inconnu sans se poser de question ni rien attendre en retour. Il est respectueux des croyances et des avis des autres, de ce qu’ils sont ou de ceux qu’ils se sentent être. Il ne jugera jamais une personne sur ce qu’on dit d’elle, sur son physique, ses origines ou son orientation sexuelle. Kenneth observe, et jugera toujours une personne sur ce qu’elle dit et ce qu’elle fait. Il attend de connaître une personne pour se faire un réel avis sur cette dernière. Les « on m’a dit que… » peuvent bien aller se faire voir avec lui.
Kenneth, c’est aussi celui qui fouille le fond de ses poches à la recherche de monnaie à chaque fois qu’il croise un sans-abri, mais aussi celui qui se lève pour défendre la veuve et l’orphelin, en sortant ses poings s’il le faut. Parce que oui, il fait ça aussi. Il aime se montrer serviable, mais vous verrez aussi qu’il a l’injustice en horreur, et qu’il sera toujours le premier à se lever pour se battre contre ça. Littéralement, ou pas. Car Kenneth est un bagarreur, ça ne fait pas le moindre doute.

Impulsif, il a le sang chaud. Il démarre au quart de tour, le fait qu’il soit très très peu patient n’aide en rien. Vous voulez vous battre avec lui ? Insultez-le à portée d’oreille. Moquez-vous de quelqu’un, critiquez gratuitement l’un de ses proches, crachez dans son dos. Même pas besoin de le chercher plus que ça. Cependant attention à vous, il ne se retient pas vraiment, et n’a vraiment pas peur d’en venir aux mains.
C’est la raison pour laquelle il apparaît régulièrement avec des hématomes. Merci la magie, il sait à présent créer tout seul comme un grand de quoi faire disparaître ses bleus assez rapidement, à force.
Tout ça pour vous dire, attention à son sale tempérament, il serait capable de faire des étincelles.

Mais son impulsivité ne concerne pas que son côté violent, oh non. Kenneth est le genre de type qui ne réfléchit jamais aux conséquences de ses actes. Il fait comme il en a envie, et il avise après. Un gros défaut qui lui apporte plus de problèmes que le contraire, ne serait-ce que parce qu’il passe plus de temps à s’amuser qu’à travailler. Ce comportement se ressent bien largement dans ses cours par exemple : Kenneth choisit ce qu’il a envie de travailler ou non (spoilers : il ne travaille de lui-même que peu de matières).

Vous ai-je qu’il était intéressé par tout ? C’était faux, pardon. Il déteste l’histoire de la magie. Les défenses contre les forces du mal ? Pitié, un prof a essayé de lui apprendre des choses sur les loups-garous en troisième année, et surtout il a essayé de de lui apprendre comment s’en défendre. Eh le génie, t’aurais pas pu être là quelques années plus tôt, à la place ?

Après le reste promis il aime bien hein. Mais il a juste la flemme. Non mais c’est vrai, à la place il pourrait dessiner, c’est bien bien mieux ! C’est ça qu’il veut faire toute sa vie, pas s’occuper de tes plantes de compagnie.

La seule raison pour laquelle il travaille ses ASPICS, c’est que Atreus lui a dit qu’il serait engagé en tant qu’apprenti tatoueur s’il les obtient et qu’il passe en huitième année.

Oui… Kenneth marche à la carotte. C’est exactement ça. Promettez-lui et une récompense, et il le fera. En grognant, mais il le fera.

Il manque cruellement de sérieux quand il s’y met, et peut même paraître puérile. Parfois, il agit même vraiment comme un enfant, insistant pour avoir quelque chose qu’il désire jusqu’à l’épuisement de la personne qui fait office de victime, se plaindre à tout bout de champ, refuser de travailler, ne pas faire face aux conséquences de ses actes… Poser des questions, faire des remarques gênantes, faire la tronche ou être vexé pour un oui ou un non. Un refus de s’excuser, refuser d’admettre qu’il a eu tort et qu’il s’est trompé. Il est également très taquin, et ne réalise pas forcément quand il va trop loin. Il faut alors le lui dire, impérativement ! Sinon il ne s’arrêtera pas. Cette fois-ci, vous en tirerez des excuses. L’un des rares instants où il veut bien admettre qu’il a mal agi.

Il devient vite insupportable.

Par où continuer ?

Kenneth est un passionné. Il ne fait jamais les choses à moitié, et ne fera jamais le choses à moitié. Il vit sa vie à fond, qu’il s’agisse de ses passions comme de ses relations -c’est encore plus vrai en amour- ou du reste, en réalité. Pourquoi ne pas profiter après tout ? Quel intérêt ? Il ne fonctionne pas comme ça. Il ne pourrait pas. Il a toujours besoin de donner son maximum dans ce que qui compte pour lui, pour ne pas risquer de regretter de ne pas en avoir fait assez. Il sait ce que c’est, que d’arrêter de vivre, et pour lui pas question de réitérer son erreur.

C’est un conseil que Kenneth donnera à n’importe qui, d’ailleurs. Pourquoi hésiter ? Tente. Donne tout ce que t’as. Ainsi, tu ne regretteras pas de ne pas avoir réussi, en ayant donné ton maximum. C’est comme ça qu’on réalise nos rêves, pas en regardant sa vie défiler de façon passive.

Mais Kenneth ne fait pas que donner des conseils de vie qu’on trouve partout sur internet hein ! Vous devez savoir que Kenneth est quelqu’un de très franc. Il dit ce qu’il pense, le plus souvent sans filtre. Parfois ça plaît, souvent pas. Encore une fois, Kenneth réfléchit peu avant de parler. Il pourra vous sortir des choses très gênantes, des compliments ou un « mais ta gueule » bien senti sans forcément s’en rendre compte lui-même. Mais attention ! Sa franchise n’en fait pas quelqu’un dont il ne faut pas se méfier. Kenneth n’aime pas mentir. Il ne supporte pas l’hypocrisie non plus. Mais ça ne veut pas dire qu’il ne sait pas mentir, au contraire, c’en est effrayant. Il sait afficher des sourires sincères presque sur demande et il faut le connaître le bout des doigts pour réussir à voir au travers du masque.

Autant dire qu’il n’y a qu’à Keith que Kenneth ne peut rien cacher, en admettant qu’il veuille lui cacher quelque chose.

C’est rare cependant. Il ne le fait que lorsqu’il ne veut pas que les autres s’inquiètent pour lui.

Parce que Kenneth, c’est aussi beaucoup de façade.

Mais vous devez savoir qu'être un proche de Kenneth n'est pas toujours facile. Vraiment vraiment pas. Kenneth est très demandeur, dans le sens où il a besoin de se sentir important. Il a besoin d'être rassuré. Il lui arrive d'être jaloux voire possessif en amitié dans les pires moments, ce n'est vraiment pas un cadeau. Il peut être épuisant. Y a pas de mais, y a pas de "sinon". Kenneth est juste... Comme ça. Il ne peut pas s'en empêcher.

Une autre chose qu'il faut savoir, c'est que Kenneth, même s’il n’en a pas l’air, est un introverti. C’est même l’un des pires introvertis que vous rencontrerez jamais.
Et c’est là que vous me dites « mais mais… Il va vers les gens tout le temps ? Il discute de tout et de rien ? »
Et je réponds qu’être introverti ne signifie pas être timide, ça n’a même rien à voir.
Kenneth adore avoir des contacts sociaux, et c’est vrai qu’il apprécie discuter de tout et de rien. Mais en l’observant, on réalisera vite que sa liste d’amis proches et extrêmement courte. Au sein d’un groupe, il est plus prompt à écouter plutôt qu’à parler. Il aime parler de la pluie et du beau temps, mais s’épanouira mieux lors d’une discussion plus profonde. Parlez-lui art, philosophie, psychologie, ou peu importe, du moment que ça le stimule, et vous aurez toute son attention... Quelques instants.

Car un autre de ses défauts, est que l’esprit de Kenneth est toujours actif. Il ne cesse pas de penser, de réfléchir. Son attention est toujours attirée par de nouvelles choses, un détail, n’importe quoi. Il a un mal fou à se concentrer, mais il ne s’ennuie que rarement. Perdu dans ses pensées ou ses rêveries, la moindre chose peut devenir une distraction, peu importe la situation.

C’est aussi un excellent observateur. Très attentif, il remarque quasi-systématiquement les petits détails, les changements chez les gens ou dans le monde qui l’entoure. Parfois plus occuper à regarder qu’à parler, cette capacité, qui peut sembler effrayante, se fera beaucoup ressentir dans ses dessins ou ses peintures. S’il vous en donne l’autorisation (et uniquement s’il vous en donne l’autorisation), feuilletez ses carnets à dessins, qui contiennent beaucoup de croquis mais aussi de petites perles, ou regardez les travaux qu’il rend pour des cours d’arts et musique magiques : en les examinant, vous trouverez nombre de petits détails étonnants, surtout s’il a travaillé avec un modèle. Souvent, on n’y fait pas attention, mais lui vous dira qu’il dessine juste ce qu’il voit.

Un autre fait important : les interactions sociales l’épuisent. Ce n’est pas qu’il n’aime pas ça, hein ? Simplement qu’il a de façon régulière besoin de passer du temps seul, pour recharger les batteries. Dans ces moments-là, si vous l’approchez, il vous accueillera évidemment avec le sourire, mais restera silencieux même si vous essayez d’attirer son attention. Il ne fera pas la conversation, mais ne vous repoussera pas non plus, hein ? C’est juste qu’il a besoin de temps avec lui-même. Et ça peut arriver n’importe quand : après une journée de cours, comme durant des vacances avec des amis à lui.

Et une fois qu’il a pris ce temps pour lui, c’est reparti comme si de rien n’était.

Kenneth est grand optimiste, un idéaliste voire même un utopiste. On peut lui reprocher de ne voir le monde qu’à sa manière, et pas comme il l’est réellement, mais ce n’est pas vraiment le cas.
Kenneth sait comment le monde est. Kenneth sait à quel point il peut être laid, pour l’avoir vécu de plein fouet à deux reprises. Kenneth en souffre encore aujourd’hui, sensible au stress et à l’anxiété. Quand il est sujet à un stress trop violent, il est même possible qu’il en fasse une crise de panique, même si ces dernières sont devenues bien plus rares depuis que les choses se sont arrangées.
Kenneth a vu son quota d’horreur et en subit encore les conséquences, mais est-ce que cela altère son jugement ?
Non, Kenneth croit toujours que le monde peut devenir meilleur que ce qu’il est actuellement, il y croit vraiment. C’est pour ça qu’il fait du mieux pour faire le bien autour de lui en réalité. Cela peut sembler naïf. Bête. Peut-être que ça l’est.

Mais s’il n’y a pas quelqu’un pour commencer à tenter d’arranger les choses, qui le fera ?

Histoire

“Every scar is a story I can tell.”

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Kenneth est assis dans un fauteuil, il essaye de ne pas jouer nerveusement avec l’une de ses bagues, les yeux rivés sur le tapis. En face de lui, elle aussi assise dans un fauteuil, semble attendre patiemment qu’il prenne la parole.

« Mmhh… Bonjour… »

« Bonjour Kenneth. Comment vas-tu aujourd’hui ? Tu peux y aller, dis-moi tout ce qui te passe par la tête. Tes pensées, tes rêves… Ce que tu veux. »

« Ouais… Je sais pas. Enfin, je sais pas trop quoi dire en fait. Je continue de venir que parce que ça rassure ma mère, moi en fait ça va. En ce moment tout va bien. »

Il redevient silencieux, il reste pensif un instant. Il réfléchit. Dans quel ordre dire les choses ? Il regarde la psy en face de lui. Une nouvelle cette année à l’école. Cela signifie-t-il qu’il doit recommencer depuis le début ?

« Vous savez quoi sur moi ?... Je dois recommencer ? Je vais recommencer depuis le début. Comme ça je suis sûr. Alors… Mh… Je m’appelle Kenneth Kirkland, j’ai 18 ans. Je suis né le 30 Novembre 1999 à Edimbourg en Ecosse et… Et on s’en fout de ça en fait… »

« Ne t’en fais pas. Et ne juge pas ce que tu dis. Raconte-moi les choses comme elles te viennent. »

« Ouais je sais… Okay. Du coup. J’ai un frère jumeau qui est né 15 minutes avant moi. Il s’appelle Keith. On est les aînés de la famille. Donc les trois premières années, c’était que Keith et moi, et ensuite y avait Arthur. En vrai je me souviens que je disais souvent que j’aurais préféré avoir un chien. »

Il rit un peu. A l’époque, dans ses dessins d’enfants, quand il dessinait leur famille, il remplaçait toujours leur petit frère par une petite boule de poils rousse. Un vague dessin de corgi que Kenneth avait appelé Bilbo. C’était resté longtemps.

« J’ai toujours été plus proche de Keith que du reste du monde. C’est toujours vrai maintenant, et ça l’était encore plus avant. Quand on était gosses, on était vraiment inséparables. Mais c’est normal après tout, on est jumeaux, c’est fait pour ça. J’ai eu une enfance normale. J’ai commencé très tôt à gribouiller, et j’ai jamais vraiment arrêté. Déjà à l’époque je me faisais punir pour ça à l’école ! Ça non plus, ça a pas vraiment changé… J’aurais aimé que les choses restent aussi simples… »

Il rebaisse les yeux, fixant le tapis à nouveau. Evidemment que les choses n’avaient pas pu rester aussi simples. Il ne serait actuellement pas assis sur ce fauteuil à l’heure qu’il est sinon.

« On était juste des gosses vous savez ? Insouciants, heureux, qui s’amusaient d’un rien. Avec Keith, on s’amusait beaucoup du fait qu’on soit parfaitement identiques pour faire tourner le reste du monde en bourrique. Y avait que notre mère pour savoir faire immédiatement la différence. On a jamais su comment elle faisait. Elle savait, c’est tout. Mais le monde s’est arrêté quand on avait 8 ans… Pendant l’été 2008. Comme tous les étés, on était en vacances chez nos grands-parents. Ils vivent dans la campagne anglaise, dans un genre de petit village… Non c’est même pas un village. C’est un vieux lieu-dit paumé dans lequel y a que des vieux qui vivent. Ils ont une grande baraque avec un grand jardin, aux bordures d’un bois et d’un petit lac. On s’ennuyait jamais vraiment, on trouvait toujours quoi faire. On regardait la télé, on jouait à des vieux jeux de société qui traînaient dans la véranda, on allait se balader dans le bois, on jouait à tout et n’importe quoi en fait. Ça nous allait. L’un de nos jeux les plus stupides, c’était de se lancer des défis en mode « t’es pas cap ». « T’es pas cap de sauter dans le lac », « t’es pas cap de gober ce flan », « t’es pas cap de dire Bloody Mary trois fois devant un miroir » … On aimait se faire peur ouais. Mais c’était surtout très innocent. Mais un soir c’est… Allez trop loin. Enfin, on aurait aucune idée que ça finirait comme ça… Ce soir-là, y avait un repas de famille. Des oncles, des tantes, des cousins, nos parents, nos grands-parents… Il faisait bon, on mangeait dehors. Bien évidemment, les plus jeunes tenaient pas en place. Entre chaque partie du repas, on s’éloignait un peu pour aller jouer tous ensemble… »

Il se tait. Il arrive à la partie difficile à raconter. Il inspire profondément et ferme les yeux. La femme en face de lui reste silencieuse. Elle ne le presse pas. Elle attend qu’il reprenne la parole.

« Ce soir-là, tout a tourné au désastre. Avec les autres gosses, on jouait près du portail. Je me souviens avoir défié Keith de sortir et d’aller dans le bois alors que le noir était complet. C’était flippant de ouf. Evidemment cette fois-là, il a refusé. Heureusement qu’il a refusé… Moi j’ai voulu faire mon courageux. J’ai escaladé le portail pour passer de l’autre côté, et montrer que j’étais tellement plus fort que mon frère. Ha. A ce moment-là, y a notre père qui est venu nous chercher pour le dessert. Tous sont repartis en courant presque pour avoir leur part. Et moi, j’étais sur le point de partir à leur suite, quand… Je crois… Je crois que j’ai vu comme un mouvement dans l’obscurité. Je dois vous avouer que je ne me souviens pas bien… Je crois que je me suis juste arrêté pour regarder, par curiosité. Je ne pensais pas une seule seconde que j’étais en danger. Personne n’y avait pensé. La plupart des gens se fichent du cycle de la Lune, vous savez. Ah la Lune en est à son premier quartier ? A moitié pleine ? Oh c’est la pleine Lune ? Et alors ? Qu’est-ce que ça change ? Rien. Mais si on y avait pensé… Peut-être qu’on aurait rien fait, ce soir-là. Mon père m’a rappelé pour me faire revenir pour de bon, mais un grognement m’a arrêté. Ça je m’en souviens… ça… Je m’en souviens encore. Je peux encore l’entendre, vous savez. Je peux encore le revoir s’avancer hors de la pénombre, rendu visible par la lumière de la Lune. Il était énorme… Et j’étais sa proie. »

Kenneth s’arrête à nouveau. Cette fois c’est plus fort que lui, il recommence à jouer avec un bracelet nerveusement, mais il le repose vite. Après un nouveau silence, il reprend.

« J’ai quasiment pas de souvenir après ça. Le temps s’est comme arrêté, avant que tout ne s’accélère. Je crois… ? Bien évidemment, la bête s’est jetée sur moi. Mon seul souvenir clair, c’est la douleur. Celle de sentir mes organes se faire arracher. Et un hurlement… Je ne saurais pas dire s’il s’agissait du mien, de celui de mon frère, ou de ma mère. Après ça…. Plus rien. »

Il secoue la tête, avant de commencer à regarder le plafond. Il regarde partout, sauf en direction de la personne en face de lui.

« Je suis un miraculé, vous savez. J’aurais dû mourir. Si la magie ne permettait pas de reformer les organes et refermer les tissus… Je serais mort, sans le moindre doute. Mais j’ai survécu. Et j’ai hérité de cette cicatrice qui prend la plus grande partie de mon ventre et qui remonte jusqu'à ma gorge. Je me suis réveillé quelques jours plus tard à l’hôpital… A côté de moi, il y avait Keith, et ma mère. Aucun d’eux n’avait quitté mon chevet durant tout ce temps où j’étais inconscient à ce qu’on m’a dit. Et Keith est resté jusqu’à-ce que je sorte. Après ça… Je ne suis pas retourné à l’école dans laquelle j’étais. A vrai dire, je pense que si j’avais pu, je ne serais jamais ressorti de chez moi, en fait. J’étais plus l’enfant intrépide et stupide, heureux et insouciant. Je passais la majeure partie de mon temps dans ma chambre, couché dans mon lit à fixer le mur. Je sais qu’ils ont tous essayé… Mes parents, Arthur, et Keith. Evidemment Keith. Mais j’étais tellement renfermé... J’arrêté de vivre à partir de ce moment-là. J’ai vraiment arrêté. Je me souviens avoir pensé à 8 ans. A 8 ans… Je me souviens avoir pensé que j’aurais préféré mourir. J’ai repoussé tout le monde autour de moi. Heureusement que Keith m’a pas lâché, vous savez. Lui aussi, il passait ses journées dans la chambre, il s’occupait d’une façon ou d’un autre, mais il m’a jamais laissé seul, pas une seconde. Il est sans le moindre doute celui qui a passé le plus de temps à me secouer… Jusqu’au jour où il m’a vraiment forcé à sortir. Et à arrêter de me morfondre à longueur de journée aussi. Après ça, mes parents ont décidé qu’on déménagerait. On a quitté l’Ecosse pour le Canada… Officiellement parce que mon père a eu une mutation, mais je sais qu’il a fait exprès de la demander pour nous faire partir d’ici. Pour nous permettre un nouveau départ en fait. Et ouais, ça nous a fait du bien. Moi j’ai pas remis les pieds dans une école primaire, je prenais mes cours à la maison pendant mes frères eux allaient à l’école. »

De nouveau, un silence. Il tapote nerveusement les accoudoirs du bout des doigts.

« Ça a duré deux ans… Jusqu’à-ce qu’on entre à Ilukaan avec Keith, en fait… Ah… Ça aussi ça a été folklo… Déjà, dès l’arrivée. Keith et moi nous sommes retrouvés dans des maisons différentes, lui à Lupy et moi à Stryxist. Je l’ai vraiment pas bien vécu… Lui a eu aucun mal à se faire des amis, pour moi ça a été plus difficile. J’avais un mal fou à aller vers les autres. Et les autres ne venaient pas vraiment vers moi non plus… J’ai fini par être assez seul en fait. Plus seul que jamais je dirais même… Je ne passais plus beaucoup de temps avec Keith. Je pense… Qu’il ne voulait pas vraiment être « le frère du loup-garou ». Je lui en ai voulu. Aujourd’hui ça va, on a réglé tout ça et tout va mieux, on est redevenus comme avant mais… Nos premières années à l’école ont, pour moi, été un cauchemar constant. Y a-t-il une cible plus facile qu’un gamin timide, faible, et surtout seul ? Evidemment pas. Et les brutes de l’école en ont bien profité, en fait. Enfin, au début ça allait vous savez ? Puis le fait que je suis un loup-garou a fini par se savoir. D’abord juste une rumeur, au final on me posait même plus la question. »

Il s’arrête. Sa gorge se serre. Ça fait des années que c’est terminé… Et pourtant ça fait toujours aussi mal d’en parler.

« Les gosses peuvent être tellement cruels. Au début, les autres ont commencé à ne plus s’asseoir à côté de moi en cours, ou à la même table que moi au réfectoire. Les gens qui me parlaient un peu avant ont commencé à m’éviter. Même mes colocataires de chambre préféraient m’éviter…. Après, c’est allé qu’en s’empirant. Les moqueries, les insultes, accompagnées parfois par leur dose de violence. J’ai passé l’équivalent d’une éternité coincé la tête en bas à cause d’un levicorpus. C’est presque drôle dit comme ça en fait… Non ? Ouais non, probablement pas… ça a fait que tout empirer. Je vivais plus. Je passais mon temps libre à essayer de me cacher. Je souriais pour rassurer ma famille, quand la seule envie que j’avais constamment était de fondre en larmes… De hurler. De fuir. Je voulais fuir. Je voulais m’en aller… Plus que tout. J’aurais tout donné pour que ça s’arrête, vous savez.

« Tout donné ? »

« Tout. Ça a duré jusqu’à ma troisième année bien entamée. Mes notes étaient plus basses que jamais. A vrai dire… Je suis passé à la limite du redoublement. J’étais un bon menteur vous savez ? Je le suis toujours. J’ai su cacher pendant deux ans que rien n’allait. J’évitais soigneusement Keith, ou ses amis. Je savais changer de sujet quand on me posait des questions. Ou simplement, je mentais. C’est effrayant, vous savez ? De voir à quel point il est facile de cacher ce genre de choses. »

« Quelles choses ? Nomme-les. »

« … C’est effrayant… C’est effrayant de voir à quel point il est facile de cacher à quel point on souffre. Quand on ne veut rien montrer, il y a toujours un moyen pour y arriver. Mais un jour… Un jour j’ai pas réussi. Je crois que je serais jamais aussi heureux d’échouer quelque chose de ma vie en fait. Je crois que quand Keith a compris, ça lui a fait comme un électrochoc. De réaliser ce qui m’arrivait. J’ai jamais autant pleuré que ce soir-là. C’était le poids de deux années cauchemardesques qui ressortait d’un seul coup, et c’est Keith qui s’est tout pris dans la figure. Comme ça. Sans filtre. On avait jamais été éloignés que durant ces deux années, et je pense qu’on ne le sera plus jamais. Lui peut y arriver tout seul, mais je pense qu’il a compris que moi j’ai besoin d’aide. D’une béquille. Ne lui dites jamais que je l’ai comparé à une béquille. »

Il rit un peu. Il se détend. Le plus dur est fait. Il déteste vraiment parler de son histoire…

« Les choses ont fini par se régler, lentement. Keith m’a aidé, je pourrais même dire qu’il m’a protégé, en fait. Je passais plus la moindre minute seul, en fait. Petit à petit… Ça s’est arrangé. Evidemment, ça a pris du temps. Ça a pris un temps fou même. Parfois je suis toujours sujet à de l’anxiété. Maintenant j’ai du mal à aller vers les autres. Dans les pires moments je me sens encore… Mal. C’est toujours pas facile, même si ça fait longtemps. Même si ça va mieux. Parfois j’ai encore honte d’être ce que je suis. »

Il secoue doucement la tête pour regarder la femme en face de lui, il sourit un peu.

« Mais j’ai pu soigner mes plaies ! C’est déjà pas mal. Miracle, j’ai des amis, des passions. En cours je m’en sors, ça va. Et j'ai un but dans la vie aussi ! Contrairement à beaucoup. Ça c’est la classe. D’ailleurs, je commence dès juillet, dès que j’ai mes ASPIC ! En fait, je veux devenir tatoueur, parce que j’ai jamais arrêté de dessiner, et que les tatouages me fascinent. Je traîne souvent au Rat-A-Tat Tat, au final le patron m’aime bien. Donc je suis accepté en avance ! Je vais devoir continuer en 8e année parce que mes parents y tiennent, mais ça me dérange pas tant que ça. Je vais aller en Arts donc, maintenant je vais dessiner en cours et je serais récompensé pour ça. Il était temps. Puis, en même temps, je serai au Rat-A-Tat. J’ai vraiment hâte en fait. Et surtout… Surtout. Je ne suis plus seul. Je suis enfin optimiste. J’ai l’impression que tout va enfin bien… Et j’espère que ça va continuer comme ça. J’en suis sûr même. Rien ne pourra plus m’arrêter. Je vis enfin. »