Allen est tout content alors qu’il entre dans la maison Cervirald. Il a pu acheter les graines favorites de Ti Champi, celles qui sont un peu chères mais que son chinchilla dévore comme s’il n’avait rien d’autre à manger quand il lui en donne. Il glisse un regard dans la salle commune avant d’y pénétrer, une habitude qu’il a pris dernièrement pour esquiver certaines personnes. Il trottine ensuite de son pas un peu dansant vers son dortoir, tout content. Tiens, la porte est entrouverte. Il hausse les épaules, ses camarades de classe ont dû mal la fermer, ce n’est pas très grave. Il entre dans la chambre et se tourne immédiatement vers la cage de son rongeur.

Un doigt glacé se pose et glisse le long de sa colonne vertébrale. Oh non. Oh non. Oh non ! Il fixe la cage ouverte de son chinchilla, vide. Oh noooon ! Il pose les graines en panique et fouille toute la chambre, soulevant les couettes de ses collocs, furetant sous les lits et sous les armoires.

« Ti Champi ! » Il panique un peu et repense à la porte ouverte. Il faut qu’il cherche dans toute la maison ? Mais il est malin, il a aussi pu s’échapper dans le parc ? Allen est angoissé, il se met à sa recherche dans tout les recoins, demandant à ses camarades qui passent s’ils ont vu sa boule de poils dorés. Personne, sauf un élève de première année qui lui dit avoir vu un truc dans le parc. Oh noooon ! Il remet rapidement sa cape et sort dans le parc, cherchant des yeux son petit animal de compagnie. C’est immense, il est découragé. Il rentre chercher ses graines et les agite dans tout les sens en s’y promenant sans logique, essayant de voir partout son bébé. Il a le coeur qui bat à cent à l’heure, il a trop peur que son vieux chinchilla soit perdu à jamais, qu’il soit allé mourir dans un coin ou pire : qu’il ait été écrasé par une chaussure maladroite.

« Ti Champi ! » Il hurle dans l’air, mettant ses mains en porte voix. Il plisse les yeux dans la luminosité de la fin d’après-midi. Il enfile sa paire de lunettes de soleil et reprend ses recherches en claquant la langue. « Ti Champi ! » Il agite les graines partout, le bout des doigts rouge à cause de l’air glacial de fin février. Il est terriblement inquiet, son coeur se serre à l’idée de son petit chinchilla pas du tout habitué au froid… Oh ! Il aura cherché un lieu plus chaud ! Les jardins de saisons !

Il s’y dirige en courant et fait le tour du jardin d’été avant de filer dans celui d’automne, continuant son manège et ses appels. Faites qu’il soit ici ! S’il vous plait, il prie un peu au passage, espérant qu’elle soit entendue pour qu’il retrouve son compagnon.

Les Jardins saisonniers sont grands, mine de rien, quand on cherche un animal à peine plus gros qu’un poing. Allen commence à ressentir cette sensation oppressante de désespoir qui bloque la poitrine, comme quand on est face à une montagne et qu’on ne sait pas quand l’ascension se terminera… ou si on arrivera au bout. Il soulève toutes les feuilles des buissons, va jusqu’à se griffer avec les branches et fouiller l’humus humide au pied des arbres sans rien trouver.

Il commençait à se demander si lancer des sorts de repérages ne serait pas mieux, sachant qu’il ne maîtrise pas tant ça et qu’il… a oublié sa baguette au dortoir. Zut. Il soupire et lance une petite prière pour qu’on l’aide à se ne pas oublier sa propre tête. Il reprend ensuite ses recherches jusqu’à tomber sur un jeune garçon au détour d’une clairière. Surpris, il sursaute et se rapproche de lui. Peut-être qu’il a vu Ti Champi, lui ?

En arrivant proche de l’adolescent, il repère une petite boule dorée dans ses bras et le poids sur sa poitrine se relâche instantanément. « Oh Mon Dieu, ouf ! » Il s’exclame avec un large sourire. « Bonjour ! Oui, c’est mon petit Ti Champi. » Il se met à genoux à côté de l’Ursirre. Il observe son rongeur sans oser le prendre des bras de l’autre, pour ne pas le gêner. Il ne sait pas si c’est okay, il ne veut pas paraître invasif.

« Tu l’as trouvé ici ? » Ce petit filou, quand il s’échappe, il ne fait pas les choses à moitié, Allen est blasé, et amusé. « Merci d’en avoir pris soin. » Il a remarqué le petit nid en tissu qui a été fait pour son animal et ça le touche énormément. « Comment t’appelles-tu ? » Il demande ensuite doucement, patient. Il sent une certaine retenue dans l’attitude de l’autre, peut-être est-ce de la timidité, ou du malaise social, et dans ce cas Allen ne veut pas faire de faux pas et le brusquer, il déteste mettre les gens dans des situations qui les mettent mal.

Le jeune ursirre face à lui est visiblement timide, Allen attend patiemment qu’il observe Ti Champi, qu’il rassemble son courage pour lui répondre d’une manière ou d’une autre. Il est à peine surpris par le léger hochement de tête. Hum, vraiment malaisé le pauvre, le blond sourit gentiment.

La voix du plus jeune s’élève délicatement et ça fait plaisir au Cervirald de l’entendre, il se met à son niveau. « Enchanté Razor, je suis Allen. » Il baisse les yeux sur la petite boule de poil traîtreusement blottie dans le nid improvisé par le jeune Razor. Bon, c’est très mignon quand même. Et que son chinchilla s’entende avec une personne inconnue comme ça ? Quelle surprise, mais agréable.

« Oui, lui c’est Ti Champi. D’habitude, il ne fait pas confiance à des gens qu’il ne connaît pas. Mais je suis content de voir qu’il s’est fait un nouvel ami. » Il rit gentiment. Oh, il a l’air d’aimer la nature. « Oui, les chinchillas ont le poil très très doux. » Et il prend bien soin de lui. « C’est un vieux papy parmi eux. » Il répond en caressant le haut du crâne de l’animal.

Il a même vérifié les blessures ? Quel charmant garçon, vraiment, Allen est sous le charme. « Merci beaucoup d’avoir vérifier, c’est très gentil de ta part. » Il lui fait un clin d’oeil bienveillant. « Tu cherchais quel genre de plantes ? Tu aimes ça ? » Il n’en connaît pas trop, mais il est curieux d’en entendre plus de la part d’un connaisseur. Si ça peut sortir le jeune homme de sa timidité aussi, Allen aime découvrir les passions des autres et rencontrer de nouvelles personnes. « Tu sais t’y prendre avec les animaux, merci d’avoir si bien pris soin de lui. »