Shake It Off

Fa Mulan

Il faisait froid ces derniers temps. Clairement, Alizée, tu n’étais plus habituée aux températures du Canada. Après avoir passé plusieurs mois enfermée dans ta chambre, en France… Oh que non, tu n’étais plus habituée à un tel froid. Et pourtant tu étais là, debout sur l’herbe verte du terrain de Quidditch, habillée d’un jogging et d’un sweat à capuches, en train de t’échauffer pour un entraînement supplémentaire.

Depuis que tu étais revenue, tout dans ta tête tournait autour d’une chose : Il fallait que tu le rendes fier. Que, de là où il était, il puisse sourire en te voyant décrocher la lune, remporter les championnats et devenir une joueuse célèbre. Qu’il voie, de là où il est, que tu es encore capable de te battre pour tes rêves, et d’obtenir ce titre qu’il souhaitait tant que tu obtiennes. Même avec ton handicap, désormais… Tu secouais la tête, il ne fallait pas que tu y penses, surtout pas maintenant.

Tes lèvres s’écartèrent pour laisser passer un soupir alors que tu poursuivais tes échauffements : les chevilles, la nuque, les bras. Prête à monter sur le balais à tout moment, pour décoller et voler au plus loin. Voler au plus vite. Parce qu’il fallait que tu charbonnes, que tu bûches encore plus qu’avant désormais : Tu devais montrer à tous que cette place, celle qu’on t’avait volée, te revenait de droit. Que malgré ton départ, tu n’as pas perdu la forme, et que tu mérites toujours d’être la capitaine de l’équipe de Quidditch.

Alors que tu faisais rouler ta nuque pour terminer ton échauffement, celle que tu attendais pour l’entraînement arriva enfin. Fa Mulan, membre de l’équipe de Quidditch des Lupy… Et rivale depuis probablement toujours. Malgré tout, une bonne amie qui réussissait toujours à faire ressortir ton côté le plus compétitif. Lui adressant un sourire, tu te tournais vers elle tout en croisant les bras sur ton torse.

« Alors ? Prête à prendre une râclée ? » Même si ce n’était qu’un entraînement… Il y avait toujours une part de toi qui avait envie d’en découdre.

Shake it Of

Alizée Moreau

Les choses avançaient lentement mais sûrement avec Genji. Entre les baisers envolés et sa thérapie, Mulan se sentait moins misérable. Elle était plus sereine également. La joueuse se sentait plus à sa place, en vérité. Mais le contact avec son petit ami lui manquait réellement. Énormément. Elle avait envie... Non, besoin de ses bras, de ce sentiment que rien ne pouvait lui arriver parce qu'elle était contre lui, ne plus avoir de cauchemar la nuit, ne plus le voir étendu sur ce foutu lit d'hôpital. Oh... Comme ça tournait en boucle dans son esprit, cette image horrible. Elle avait cru que son coeur allait s'arrêter, que sa vie s'était brisée en un éclair, un claquement de doigts... Un battement d'aile de papillons.

Alors, ce refus de contact... Elle le vivait plus ou moins bien. Ça dépendait des jours. Alors, son humeur oscillait. Heureusement qu'elle pouvait parler à la psy même si celle-ci ne semblait pas franchement écouter ce que pouvait lui dire Mulan. La jeune femme soupira un peu en pénétrant sur le terrain, balais à la main. Pour une fois, elle n'avait pas trop envie de voler, elle avait encore un peu mal au genou mais... Elle avait promis à Alizée et ça lui changerait sans doute les idées aussi, quelque part. Alors here we are. Elle posa son balai contre son torse avant de sortir son ruban pour attacher ses cheveux en un chignon.

De la buée sortait de sa bouche à chaque respiration pendant que Mulan commençait à s'échauffer. Elle sautilla un peu sur place avant de sourire à Alizée, espérant que son trouble ne se verrait pas. Il fallait se focus. Ne penser qu'à l'entraînement, le reste ce serait après. « Toujours prête. » En vrai non, mais ce n'était pas le moment. Elle était venue là, s'était changée et s'était préparée donc autant faire la raison de sa venue. La jeune femme enfourcha son balai et elle jeta un oeil à son amie avant de pencher la tête sur le côté. « Ça fait plaisir de te revoir, je commençais à me demander quand est-ce que tu voudrais rejouer avec moi. »

Finalement, ce petit interlude dans sa vie lui ferait du bien. Elle se disait que ce serait plus simple à gérer que toutes ses angoisses, ses incertitudes. La demoiselle tapa du pied sur le sol et elle s'envola directement pour faire quelques figures afin de continuer l'échauffement. Et là voilà revenue auprès de l'autre joueuse, les joues rougies par le vent et le froid. « Bah alors, tu viens ? » Petit sourire narquois. Finalement, elle était impatiente de voler. C'était toujours comme ça. Le balai, c'était son salue. Elle ne faisait plus tellement de sabre depuis l'accident de Genji, elle se sentait coupable de continuer alors que lui ne pouvait pas. Et puis... Elle aimait tellement se battre contre lui. Ah... Il fallait qu'elle arrête de penser tout le temps à lui.

Shake It Off

Fa Mulan

Ça faisait combien de temps que tu n’étais pas montée en balai ici ? Un peu avant ton anniversaire, peut-être. Tes doigts s’entortillaient autour du balais, tandis que tu attendais que la chinoise ne te rejoigne sur le terrain. Après une petite provocation gratuite et un sourire échangé avec elle, tu ne pouvais t’empêcher d’être soulagée qu’elle soit venue. Elle aussi avait ses soucis ces derniers temps… Et tu t’inquiétais pour elle, probablement plus que tu ne t’inquiétais pour toi-même. Mais tu étais physiquement incapable de la soutenir, n’est-ce pas ? Après tout, tu étais encore trop blessée, par ce qui s’était passé.

Dès qu’elle fût montée sur son balai, tu l’observais faire quelques figures dans le ciel, avant de toi-même enfourcher le tien. Il y avait toujours une part de toi qui l’admirais, cette aisance qu’elle avait en l’air, ce panache et cette classe. Peut-être était-ce la raison pour laquelle tu la considérais tant comme une rivale sur le terrain, parce qu’elle était capable de te faire de l’ombre, sur le terrain. Et tu devais montrer à tous que tu étais la meilleure, après tout. Toujours si compétitive, n’est-ce pas ?

Ses mots te firent chaud au cœur, mais tu étais incapable de répondre. Était-elle sincère ? Tu n’avais pas l’impression d’avoir manqué à qui que ce soit, ici. Ou plutôt, peut-être que tu te complaisais dans le fait que ce ne soit pas le cas : Si tu n’avais manqué à personne, tu n’avais fait souffrir personne de ton absence. C’était une logique pure et simple, et elle te rassurait. Tu ne voulais être un fardeau pour personne, après tout. Dès qu’elle fût revenue vers toi, ton attention se reconcentra sur elle, et tu fus satisfaite de la voir dans le mood à nouveau. Rapidement, tu enjambais le manche de ton balai pour monter dessus, et décoller très rapidement dans le ciel, faire à ton tour quelques figures. Peut-être était-ce un peu du flex, mais ça te faisait tellement de bien, de sentir le vent frapper ton visage et tes vêtements, alors que tu fonçais dans les cieux, tournant sur toi-même en vrille, passant récupérer un Souafle au passage, que tu fis tourner sur le bout de ton doigt, flottant toujours dans les airs, aux côtés de Mulan.

« On commence par quelques passes, d’abord ? Ensuite on avisera ! »

Et rapidement, tu lui lançais le ballon pour qu’elle le saisisse. Oh, ça allait être fun : Tu avais déjà hâte de commencer. Et qu’est-ce que ça t’avait manqué, de monter en balai ici. Vivement les prochains matchs…

Shake It Off

Alizée Moreau

Le quiddtich... C'était sa bulle. Elle avait presque appris à voler avant de marcher. Son père avait grandement participé à ce que la demoiselle soit si... Dangereuse et complètement folle sur son balais. Elle virevoltait, volait, bougeait comme si elle ne faisait qu'un avec son instrument de vol. C'était très agréable, une sensation de liberté totale, de pouvoir dominer le monde et combattre n'importe quel mal. Elle se sentait si différente, tout était plus intense. Après tout, un accident était vite arrivé. Mais... Mais jamais elle ne pourrait se passer de ça. Ni du sabre. C'était deux sports qui étaient vraiment importants pour elle, qui lui faisait se sentir exister. Exceller dans un domaine et dont ses efforts quotidiens payaient réellement.

Parce que Mulan se donnait pour ça, elle ne comptait pas ses heures, ses journées passées à se muscler, s'entraîner, s'acharner jusqu'à réussir. Peut-être qu'ainsi, ses parents seraient fiers ? Genji aussi ? Peut être qu'elle trouverait sa place dans le monde, pas celle d'une femme au foyer mais celle d'une grande sportive. De quelqu'un qu'on remarque et qu'on adule au moins un peu ? Alors, elle était là malgré son mal-être, malgré ses inquiétudes pour Genji, pour son futur aussi. Elle était là et elle était avec Alizée, cette rivale devenue amie. Se concentrer. Il fallait se concentrer. « Tu as peur que j'aille trop vite pour toi ? » Elle gloussait avant de partir encore en trombe, attrapant en vol la balle.

Elle fit quelques figures avant de lancer le souaffle sur la Stryxist tout en continuant d'aller très vite. C'était vraiment une casse-cou terrible. Il allait forcément lui arriver des bricoles un jour. Mais elle s'en foutait. Elle voulait tout oublier, juste passer un moment sans réfléchir, sans se sentir comme la dernière des merdes parce que son petit ami n'arrivait plus à la toucher. Alors Mulan forçait et rapidement, les passes se transformaient en joute entre les deux filles. Elle en avait besoin. C'était plus fort que la volonté de la lupy. Elle finit par s'arrêter au bout d'un moment, essoufflée mais heureuse. « Alors j'espère que ça t'a manqué autant qu'à moi, nos entraînements ensemble ! T'as rien perdu, t'es plus rapide qu'avant, je trouve. Quelque chose a changé ? »

Un petit sourire mutin se glissait sur son visage encore rouge. Elle se rapprocha de son amie pour lui donner un léger coup de coude. Heureusement que les demoiselles étaient seules, c'était plus simple pour se laisser aller. « Préviens-moi la prochaine fois. Je me suis vraiment inquiétée pour toi, tu sais. Personne ne voulait rien me dire. Je suis soulagée de te retrouver. » Et tout le monde savait que Mulan était incapable de mentir, que ça se voyait comme le nez au milieu de la figure.

Shake It Off

Mulan Fa

Oh que ça t’avait manqué, cette sensation. Le vent dans tes cheveux, l’air qui siffle à tes oreilles et la vitesse qui manque de te faire tomber de ton balai. Ce risque, cette dangerosité qui était toujours si agréable. Qui te faisait toujours te sentir si libre, toi aussi. Un grand sourire sur les lèvres – probablement le premier depuis… Des mois – tu faisais es loopings, des vrilles, tu volais avec toute l’aisance du monde, et lorsqu’elle se lança pour jouer avec toi, tu te redressais sur ton balai et la pointais du doigt, un sourire en coin, défiant.

« Je suis sûre que c’est toi qui as peur de moi ! » Bien sûr que c’était elle. Toi, tu n’avais peur de rien, de plus rien.

Alors qu’elle lança la balle, tu l’attrapais du bout des doigts avant de la relancer immédiatement… Et ce fût rapidement une petite guerre entre vous deux. Le souaffle fusait, volait entre vos mains, manquait de s’écraser au sol plusieurs fois… Bref, l’entraînement était d’une intensité qui t’avait manqué. Elle était forte, ça avait toujours été le cas. Peut-être était-ce l’une des raisons de pourquoi tu te donnais autant à fond lorsque tu étais sur le terrain avec elle : Tu voulais prouver que toi aussi, tu étais douée. Que toi aussi, tu avais la capacité de devenir une joueuse professionnelle ! Ce sera le cas, tu le jurais.

Ce fût un échange aussi long qu’intense, qui ne s’arrêta que par l’initiative de Mulan, alors que tu étais prête à lancer une dernière fois le souaffle dans sa direction. Essuyant la sueur qui coulait le long de ton front, tu ricanais et lui adressais un nouveau sourire, sincère. Ça faisait longtemps que tu ne t’étais pas sentie aussi libre ! Éloignée de ces soucis, de cette créature qui te rongeait de l’intérieur. Mais tout ceci retomba d’un coup sec, alors qu’elle t’adressa la parole.

Plus rapide qu’avant ? Toi ? Tu t’assombris immédiatement, perdant ton sourire. Une réaction que tu aurais préféré cacher, mais qui s’était arrachée à toi sans te consulter, dévoilant ton cœur à tout le monde. Rapidement cependant, tu te forças à reprendre un air joyeux, haussant les épaules.

« T’es vachement rapide aussi ! Non, rien a changé, t’en fais pas ! » C’était ce que tu voulais croire, mais tu savais très bien que c’était faux, et que plus rien ne serait jamais comme avant.

Lorsqu’elle fût à proximité tu te tendis en sentant son coup de coude, mais te poussais encore à te détendre. Tu étais là pour penser à autre chose, pas pour penser à tout ça ! C’est pour ça que tu voulais jouer aujourd’hui. Tu soufflais du nez en haussant les épaules de nouveau, d’une manière faussement décontractée et nonchalante.

« J’ai pas vraiment choisi de disparaître, tu sais ! Ça s’est un peu… Imposé à moi, comme quand la pluie se met à tomber ou une connerie du genre. » Mais tout le monde ne disparaissait pas pendant plusieurs mois quand la pluie se mettait à tomber, n’est-ce pas… Toi, quelque chose t’était arrivé. Mais il fallait que tu changes de sujet. « Je suis soulagée aussi, de voir que ça va. Même si… J’ai l’impression que toi aussi, t’as quelque chose qui te pèse. » T’étais pas aveugle, loin de là. Elle était bien plus morose qu’avant… Est-ce que c’était lié à son copain ? Lui aussi avait vécu une tragédie récemment… Peut-être que vous pourriez en parler… ? Non, tu ne pouvais en parler à personne. Tu devais garder ça pour toi.

C’était ton nouveau fardeau, celui qui pesait sur tes épaules depuis désormais cinq mois. Cinq longs mois que tu as passés cachée chez toi, dans ton lit, soit à pleurer soit à craindre la lune qui brillait dans le ciel… Tes premières transformations te hanteraient toujours, et tu savais que ça continuerait. Que chaque mois, tu passerais une nuit dehors. Que chaque mois, tout changerait pour toi, comme tout a déjà changé plusieurs fois. Tu ne devais pas penser à tout ça maintenant, c’était trop, beaucoup trop. Inconsciemment, tes doigts agrippèrent un peu plus le souaffle, et tu souris à Mulan. Oublie tout ça, concentre toi sur elle. Sur la balle. Sur le terrain. Sur l’entraînement.

« On reprend ? »

Shake It Off

Alizée Moreau

Même si le vent fouettait délicieusement son visage, que ses cheveux noirs flottaient dans l'air, l'esprit de Mulan était ailleurs, auprès de la personne qu'elle aimait le plus. Elle ne pouvait pas s'empêcher de s'inquiéter pour le jeune homme, priant ses ancêtres pour lui donner assez de force pour surmonter cette épreuve. Même si elle crevait de ne plus pouvoir le toucher, le sentir contre elle, la chinoise resterait. Il était sa bouée dans ce monde qui ne semblait pas vouloir d'elle comme elle était. Alors, son jeu était devenu un peu plus dangereux, frôlant la mort sans même s'en rendre compte pour se sentir vivante, pour sentir l'adrénaline pulser dans ses veines à chaque fois qu'elle s'approchait un peu trop près d'une paroi pouvant la tuer.

Alors, cet entraînement ne faisait pas exception. Elle adorait jouer avec Alizée et la stryx lui avait sincèrement manqué durant ces mois de silence et d'absence. Quelque part, Mulan aurait aimé qu'elle soit là juste après l'accident de Genji, ça aurait permis à la lupy de se décharger dans le sport et peut-être qu'elle aurait fait moins de nuits blanches ? Non, en vrai, elle n'aurait rien changé. C'était pour être avec lui, la chinoise ne regrettait pas. Jamais. Elle referait exactement la même chose sans la moindre hésitation. Le corps, il s'en remettrait. La preuve, elle avait repris son poids de forme, ses muscles étaient correctement nourris et à part son coeur, tout allait bien. « Je me suis un peu butée au sport ces derniers mois, en fait. Je suppose que ça doit jouer. Le capitaine commence à en avoir un peu marre que je sois si... Dangereuse pour moi-même. »

Oh, bien sûr qu'elle esquivera la question muette d'Alizée. Mulan ne savait pas mentir et elle refusait de le faire, de toute façon. Par contre, c'était devenue une pro de l'esquive et pas que sur un balai. La belle sourit un peu, un sourire teinté de ce quelque chose qui la pesait en effet mais le temps apaiserait les choses. Sa grand-mère lui avait assuré que tout irait bien. Et la jeune femme se fiait énormément au jugement de son aînée qu'elle admirait tant. « Je suis là, si t'as besoin, tu le sais. Mais je ne t'embêterais pas si tu ne veux pas en parler. N'oublie pas que tu es mon amie, d'accord ? » Oui, ici, on préférait largement s'occuper des problèmes des autres que des siens.

Pour les siens, elle allait déjà voir la psychologue de l'école et c'était suffisamment éprouvant mentalement pour qu'elle en parle aux autres. À chaque fois qu'elle sortait d'un rendez-vous, la jeune femme se sentait comme la dernière des merdes. C'était si compliqué. Si difficile de se rendre compte des choses enfouis, de voir ses parents ne pas se soucier de tout ça. D'entendre sa mère lui parler à chaque instant de mariage arrangé, de vieillesse et d'enfants. Pour apaiser les choses, Mulan avait fini par avouer sa relation avec Genji mais... Sa génitrice refusait de penser que ça pouvait durer. « Oui, bonne idée. Reprenons. » Petit sourire de circonstance et la chinoise repartit dans les airs pour échanger quelques passes, marquer des buts, poursuivre la joueuse avec cette même détermination.

C'était toute suante et haletante qu'elle s'arrêta finalement pour regarder la jeune femme voler dans les airs. Parfois, ça la frappait comment elle ne méritait pas sa place dans son équipe. Comment elle n'était pas assez forte, pas assez rapide ou agile. Et comme là maintenant, elle avait envie de tout lâcher et de quitter Ilukaan. Comme une lente litanie qui la rendait encore plus sensible. Elle chassa rapidement une larme de sa joue avant de poser pied à terre pour boire à sa gourde. Elle envoya celle d'Alizée à sa propriétaire. « Il faut t'hydrater sinon tu vas avoir de belles crampes demain. »

Shake It Off

Mulan Fa

L’heure n’était pas aux pensées négatives, mais à l’entraînement. Alors, Alizée, tu étais sur ton balai, lançant la balle avec une force que tu pensais avoir perdue, te prouvant à toi-même que tu étais effectivement capable des choses. Oui, Alizée, tu en étais capable.

La balle volait entre vous deux, passes rapides mais dangereuses. Celles-ci durèrent quelques instants, jusqu’à ce que Mulan fasse une pause à son tour, reprenant la conversation qui finirait probablement par te tuer, si vous continuiez comme ça.

Un petit rire t’échappe. Elle volait dangereusement pour elle-même ? Ça, tu peux pas dire que tu l’avais pas remarqué, en fait. Bien au contraire, même. T’avais bien vu – aujourd’hui, tout particulièrement – à quel point Mulan jouait plus dangereusement qu’avant. Est-ce que c’était l’accident de son petit ami ? Est-ce qu’ils étaient même ensemble, en fait ? Ça remonte à si longtemps, et t’as l’impression que c’était y a une éternité… Que tout a changé depuis que t’es partie. Un soupir s’échappe,  alors que tu agrippes un peu plus le manche de ton balai.

« Tu sais, le mien, de capitaine, il a pris ma place ! » Et c’est vrai que ça te faisait un poil rager. C’était ta place, quoi, merde ! C’était à toi d’être là haut, pas lui ! Alors ouais, ça te soulait de plus être capitaine. Même si tu comprenais, en fait. Ça te faisait chier. « Mais franchement, ça me fait plaisir de rejouer avec toi. » Ça t’avait manqué, tout ça.

Alors que t’allais repartir pour jouer à nouveau, elle te prend par surprise par ses mots. Une amie ? Est-ce qu’aujourd’hui tu savais encore ce que c’était, même ? T’avais laissé tomber tes meilleurs amis du jour au lendemain, tu les avais ignorés pendant plusieurs mois… Et quand t’es revenue, t’as espéré que personne fasse rien, que personne te dise rien. Mais c’était certain, en fait, que t’allais t’en prendre plein la gueule. Tu ris nerveusement, à ses mots.

« Ouais. Ton amie. » Ton ton était peut-être un poil plus sec que tu l’aurais voulu, mais… Il faut croire que c’était un sujet qui avait tendance à te fâcher, surtout maintenant. Tu souffles du nez, et tu te retournes vers elle. « On verra. » Est-ce que t’en parlerais à quelqu’un un jour, même ? De ce monstre que tu es devenue ? Même Ahava, que tu considérais comme ta meilleure amie, te paraît monstrueuse maintenant. Maintenant que tout ça t’est arrivé… Tu te tends un peu plus sur le balai, mais tu secoues la tête.

Puis vous reprenez. Les balles fusent à nouveau. C’est une vraie bagarre entre vous deux, tant tu te déchaînes sur le terrain. Tes bras finissent par te faire mal, alors que tu t’arrêtes quand elle te lance ta gourde. Tu la fais tourner entre tes doigts et tu ricanes, simplement. « Bah. Ça ira. » Mais tu prends quand même une ou deux gorgées. Tu redescends au sol à ses côtés, et tu la regardes silencieusement. Avant de finalement souffler rapidement du nez.

« Du coup, t’as hâte qu’on se retrouve face à face sur le terrain ? » Tu descends du balai, la regardant droit dans les yeux. « Pas trop peur de perdre ? » Ton ton était encore une fois très compétiteur. Définitivement, ça t’avait manqué.