La journée avait été longue pour le perse, longue à ne rien faire et se lever tard après s’être enterré sous ses doux et agréables draps. Le froid commençant à revenir dans le pays nordique et le perse, bien que venant d’un pays montagneux pouvant être froid, n’aimait que peu ces températures. Elles lui donnaient encore moins envie de quitter son lit bien chaud et douillet pour ranger sa partie du dortoir. Il rechignait toujours un peu quand venait le moment de ranger mais quand l’hiver ce faisant l’iranien y mettait encore moins de cœur qu’habituellement. Et il fallait dire qu’habituellement rare était les fois où on pouvait voir le jeune homme qui avait la fâcheuse tendance de pousser ses affaires sous son lit ni vu ni connu tel un enfant à qui sa mère avait demandé de ranger la chambre.

Non, là il profitait de son lit et de ses cinq couvertures bien chaudes et multicolores aux patterns iraniens en tout genre sous lesquels il était enterré. Il aurait pu mourir ici comme un bienheureux en oubliant totalement sa tâche de la journée. Après tout pourquoi se lever dans le froid pour faire une activité fortement déplaisante quand il pouvait juste resté allongé dans son lit fortement appréciable et au chaud et ne rien faire. Le perse était bien décidé à profiter de son week-end tel un roi, tel un pacha même !

Son chat semblait du même avis que lui puisque le magnifique persan qu’il possédait dormait sur ses couvertures en ronronnant fortement, ses ronrons pouvait presque se faire entendre dans la moitié de la chambre partagée par les quatre étudiants. Tel maître tel animal, l’un comme l’autre semblaient parfaitement en adéquation quant à ce qu’ils planifiaient de faire de leur journée.  

Vêtu de son saroual préféré, de son t-shirt délavé le plus confortable le perse ne s’adornait d’aucune décoration superflue sur sa personne. Même ses créoles pourtant emblématique n’étaient pas accrochées à ses oreilles. Seul les piercings qu’il ne pouvait pas retirer restaient accrochés à ses oreilles mais pour le reste, rien, seul les rares élus pouvait voir le perse ainsi, presque au naturel. Ses longs cheveux coulaient de son oreiller au sol par certains endroit.

Déranger le perse dans son activité de rien aurait presque été criminelle. Mais bien entendu Sindibad comptait sur le bon sens de tout un chacun pour ne pas le déranger dans son rien. Il était ravi de sa lourde activité de néant absolue qui consistait à agir sur son lit bercé par les ronronnements de son chat. Certes, son coin de chambre avait bien besoin d’un coup de balais ou qu’il retire ses vêtements du sol, ou qu’il ramasse la pile de livre au pied de son lit qui commençait fortement à grandir. Contre toute attente le perse aimait lire, surtout de la poésie mais il aimait cela et il avait la fâcheuse tendance à lire les livres, les poser au pied de son lit et à en commencer de nouveau et ainsi continuait l’éternel cycle de sa pile de livres.

Le cocon du perse s’effrita quand dans un premier temps la porte claqua contre le mur faisait fuir son chat. Le pauvre Pirouz qui était un animal fort peureux contrairement à son maître. L’absence de chaleur et de ronronnement se fit remarquer aussi rapidement que le claquement de porte avait faire ouvrir grand les yeux au Stryxist. Lui qui était si bien emmitouflé dans ses couvertures bariolées de couleurs et de motifs rappelant sa partie d’origine. Il entendit Tamaki parler bien entendu mais lui n’était pas dans cette optique de devoir se lever. Bien au contraire, le week-end était fait pour dormir et/ou se coucher tard après être allé festoyé. Ce que n’avait pas fait l’iranien mais quand bien même il comptait effectivement gaspiller le reste de son samedi à ne rien faire.

Quand soudain un rayon de soleil vont agresser son visage. Même les yeux fermés il pouvait très clairement voir la lumière qui tentait de percer entre ses paupières fermées. Il émit un grognement avant de tirer la couverture par dessus sa tête. Là dans son linceul de couvertures il retrouva un semblant de pénombre par laquelle la féroce lumière tentait toujours de percer. Sindibad était beaucoup trop confortablement installé pour vouloir daigner bouger de son lit qui était aussi confortable qu’un nuage.

Ce que faisait Tamaki était criminel. D’une violence inouïe ! Réveiller ainsi le perse. S’il avait demandé gentiment en lui laissant le temps de se lever peut-être se serait-il levé d’ici la fin de la journée mais là, par esprit de contradiction, le perse n’avait absolument aucune envie de bouger d’un iota.

Et contre toute attente il commença à se rendormir. Il était sans dire qu’il avait le sommeil facile pouvait aisément dormir un peu n’importe où dans n’importe quelle situation et qu’il aimait faire la sieste et n’ayant rien fait de la journée et n’ayant aucun projet à venir pour la journée ne l’encourageait pas à vouloir se réveiller plus qu’il ne l’était.

Son ami aurait beau le torturer en claquant la porte et en laissant la violence du soleil atteindre son visage il n’allait pas émerger de son lit pour autant. S’il pouvait s’endormir sur un bateau pendant une tempête ou encore au milieu d’un parc à midi en plein soleil il pouvait bien se rendormir avec le soleil en pleine face. Tant qu’il pouvait rester au chaud dans son lit il serait heureux. Il avait sorti un orteil plus tôt dans la mâtinée pour tester une éventuelle sortie mais quand il avait appréhendé le choc thermique entre le dessous de ses couettes et l’air ambiant de la chambre il s’était rapidement ravisé et avait ramené son membre sous les multiples couvertures bien au chaud.

Retournant doucement dans son son sommeil mais conscient de la présence de Tamaki proche de son lit il se décida à parler d’une voix toujours endormie et peu vivace pour la personne qu’on lui connaissait.

« Je compte ne rien faire Tamaki. C’est une activité qui requiert toute mon attention. »

Sur ce il commença enfin à se rendormir. En toute logique Tamaki avait compris le message et son programme de la journée.

Et la lumière fût !

Sindibad émit un grognement animal, comme un animal qu’on laissait mourir sur le bord de la route en le touchant avec un bâton. Il se cacha le visage avec le creux de son coude en se mettant en position fœtale sur son lit frissonnant légèrement dû au manque soudain de couette et de couverture. Il tenta vainement de chercher sa couverture du bout du pied dans son lit avant d’abandonner et de rester ainsi sur son lit en boule.

Il tentait de garder la face et de continuer à profiter de sa journée de néant en ignorant son ami qui visiblement avait trouvé son rangement improvisé sous le lit. Une activité fort immersive visiblement puisque Tamaki s’était mis à quatre patte au sol pour fouiner ses affaires en tirant son short de la veille. Son chargeur de téléphone qu’il avait perdu, il avait dû en acheter un nouveau en raison de ça d’ailleurs, s’il avait su… il était pourtant persuadé d’avoir déjà regardé. Des mouchoirs de quand il avait été malade et qui avait sûrement dû finir sous le lit en passant inaperçu. Sindibad entreposait volontairement ou non de multiples choses sous son lit. Il échappa un long, très long, très très long soupire en décalant légèrement son bras pour révéler une iris dorée qui fixait le franco-japonais.

« Je doute que mon teint ne pâlisse quand c’est ma couleur de peau naturelle. Et pour mes muscles t’inquiète pas je connais quelques sports de chambre qui peuvent éviter ce problème ! »

Son propre sous entendu le fit rire alors qu’il changea de position pour s’installer comme un pacha sur son lit allongé sur le flan en direction de son camarade de chambre la tête soutenue par sa main son coude posé sur l’oreiller. Il faisait un petit sourire amusé en coin à son ami. Il était un véritable roi installé sur son trône de draps et de ressorts. Ou plutôt un roi sur un trône de bazar et de déchets visiblement à voir les mouchoirs et le chargeur maintenant inutile qu’il pouvait éventuellement garder en rechange. Il regardait Tamaki avec un petit air supérieur dont il avait le secret perché du haut de son lit tandis que l’autre se trouvait sur le sol.

« Je crois qu’il y a plus de chose sous le lit. Tu sais je pousse je pousse et après ça disparaît… »

C’était surtout que ça finissait par s’entasser contre le mur. Il devait y avoir beaucoup de choses en tout genre. Sans aucun doute ses chaussettes perdues devaient se trouver dans l’antre de bordel qui se trouvait sous son lit.

« Je suis quelqu’un d’ordonné tu sais ! Je sais où son toute mes affaires et je repose toujours ce que je prend à sa place ! »

Il parlait là des affaires auxquels il tenait. Pour le reste c’était plutôt l’inverse qui était valable. Il posait et oubliait.

« Ça fait depuis la rentré que j’ai pas mis le nez là dessous. Mais nul besoin j’ai tout ce dont j’ai besoin avec moi. »

Il haussa un sourcil quand Tamaki se remit à sa hauteur. Non pas qu’il aimait dominer son ami mais il appréciait fortement sa position de dragon sur son tas d’or, ou plutôt en l’état actuel des choses, sur son tas de déchets. Il ne pouvait cacher son léger frisson de froid dû à sa tenue légère et au manque de couvertures que Tamaki avait retiré de son lit dans son élan plus tôt. Il avait d’ailleurs rentré ses pieds dans son large saroual pour moins avoir froid.

« Répugnant ?! »

Son regard suivit le doigt vers les mouchoirs avant de remonter sur le visage de Tamaki son visage prenant une expression mixée entre le dégoût, la surprise et le fait d’être outré. Non ! Non, non, non ! Il voyait très bien ce que Tamaki s’imaginait et il avait besoin de rétablir la vérité ! Pour son image !

« C’est pas du tout ce que tu penses ! Ce serait vraiment dégueulasse sinon ! J’avais un rhume y’a quelques temps, ils ont dû tomber derrière. »

Ce qui en soit était tout aussi dégueulasse que l’idée non dite juste avant. Il devait avouer que sur l’instant, des mouchoirs pleins de microbes de rhume était moins sale que des mouchoirs remplis d’autre chose. D’ordinaire Sindibad ne laissait pas ses mouchoirs traîner au sol mais visiblement il en avait raté quelques un en les ramassant le matin après s’être mouché toute la nuit et maintenant Tamaki le jugeait fortement pour cela. Il n’y avait pas à être un génie pour le deviner.

Il roula un peu des yeux en s’asseyant sur le matelas et en se grattant la tête. Il soupira. Il aurait dû mettre des boules quies avant d’aller dormir pour ne pas se faire réveiller de la journée ! Certes mettre ses chaussettes ailleurs n’était pas compliqué mais les jeter au pieds de son lit en rentrant dans sa chambre après les cours pour se mettre en claquette était bien plus simple. Comme laisser traîner son chargeur de téléphone qui avait visiblement finit enterré sous le lit.

Et il avait répondu qu’il n’avait rien rangé depuis la rentrée… mais à bien y réfléchir il n’avait dû toucher à son bordel qu’en surface depuis la rentrée ! Le reste, ce qui était derrière n’avait pas dû être touché depuis l’emménagement dans le dortoir.

Le doigt tendu dans sa direction ne le fit pas vraiment bouger si ce n’est qu’il bailla pendant le discours du franco-japonais. Son avenir ? Il comptait être un grand aventurier maritime avant de devenir riche et connu et de mener une vie de Pacha. Voilà son plan de vie. Vivre sur un bateau restait son objectif ultime. Et sur un bateau les espaces étaient limités, comme dans sa partie de chambre aussi il s’entraînait pour son projet d’avenir. Mais chez lui Sindibad était relativement ordonné pour ne pas donner de surcharge de travail à sa mère. Il tiqua légèrement ceci-dit quand Tamaki le traita de tas de muscle. Il était bien trop superficiel pour juste pousser de la fonte, il était sec et fin mais pas un bœuf.

« Le garant de mon image ? »

Il haussa un sourcil en souriant en coin un petit rire s’échappant de sa gorge.

« Ne suis-je déjà pas fabuleusement beau ?! »

Il passa sa main dans ses longs, très longs cheveux pour faire un petit hairflip.

Le long discours de son ami ennuya surtout le perse dont le cerveau avait encore du mal à procéder. Après avoir végété dans son lit toute la journée, ou plutôt jusqu’en début d’après-midi, avec son chat ronronnant à fond les ballons sur lui les neurones avaient du mal à se connecter les uns avec les autres assez pour écouter le discours du franco-japonais. Aussi, il n’écouta ou ne fit l’effort que d’écouter seulement la moitié du discours, ce qui revenait à peut près à ce qu’il faisait en cours.

Bien sûr l’iranien savait être ordonné et ranger quand il le fallait. Quand il était chez ses parents il faisait presque tout à la maison, la cuisine, le ménage, le rangement, mais quand il était à l’école, bien souvent se retrouvait-il à végéter tel un adolescent le dimanche matin. Il était après tout bien trop parfait pour devoir faire ceci, partout où il passait on pouvait le savoir. Et alors qu’il démêlait vainement ses cheveux du bout des doigts Tamaki lui demanda de le regarder. Il releva des yeux peu impressionné pour regarder le jeune homme visiblement reparti dans un monologue sur ses conditions de vie. Il aurait apprécié avoir des domestiques, mais s’il devenait riche plus tard sans aucun doute en aurait-il.

« Ma partie de chambre est rangée ! Si tu n’avais pas soulevé le draps, jamais tu l’aurais deviné ! »

Et encore il n’avait pas de nourriture qui moisissait sous le lit ou des restes de paquet de chips. Il n’était pas un cas si désespéré au final. Il avait surtout le cache-misère facile à tout pousser sous le lit. Et si Tamaki venait à avoir le malheur de regarder dans l’armoire sans aucun doute qu’une pile de vêtements s’effondrerait sur lui et alors se retrouverait-il coincé sous un tas de tissu aussi coloré que la personnalité de Sindibad.

Une fois l’espèce de monologue terminé il ne pu s’empêcher de rire un petit coup. Il était bien certain de son avenir, évidemment ! Il serait fabuleux ! Voilà ce qu’il serait, il en était sûr et certain !

« Un assisté ?! T’y vas un peu fort Tamaki non ? »

Et en disant ceci il lâcha un grand bâillement pour clôturer sa phrase alors qu’il traînait lentement sa carcasse sur le côté de son lit pour éventuellement aller aider le pauvre jeune homme qui semblait presque au bord de la syncope de l’état de son côté de la chambre.

« Je doute que le fait que mon bazar soit poussé dans mon lit ne gâche mon avenir. »

Il soupira en se grattant un petit peu la tête et d’enfin, pour sûrement le plus grand plaisir de Tamaki, se lever ! Enfin était-il bien fièrement dressé sur ses deux pieds -nus et qui lui faisaient avoir des frissons depuis le sol qu’il trouvait glacé.- Il attrapa son élastique à cheveux pour se les attacher avant de regarder son ami, il semblait moyennement motivé à ranger.

« Je regarde sous le lit puis je vais me recoucher. »

Il roula légèrement les yeux mi-amusé mi-embêté quand son ami recommença son monologue mais son sourire ne quitta pas pour autant son visage. Bien que toujours un peu endormi il était prêt à faire l’effort immense de regarder sous son lit toujours bien motivé à retourner se coucher quoiqu’en disait le blond. Il était bien déterminé à récupérer ses couvertures et son chat pour retourner dans son confortable cocon qui lui manquait déjà très fortement. Il appréciait Tamaki mais il n’appréciait pas vraiment de devoir se lever et de quitter un lit bien chaud et confortable pour se retrouver au pôle nord !

Après avoir haussé un sourcil er marmonne un vague « un début, un début qu’il dit » il se mit lentement à quatre pattes au sol, une personne qui ne le connaissait pas aurait presque dit que l’action lui en coûtait, mais pour une personne le connaissant un minimum il était simple de deviner qu’il faisait exprès de volontairement exagérer le trait.

Ainsi, maintenant qu’il ne faisait qu’un avec le sol froid ! Glacé ! Polaire même ! Il laissa glisser son regard çà et là, un coup à droite, un coup à gauche. En effet, c’était un peu désordonné… lui qui avait tendance à tout entasser certes, avait tendance à le faire dans des boîtes et si il pouvait les voir plus au fond il fallait dire que devant… il devait admettre qu’il comprenait où étaient passé toute ses chaussettes maintenant qu’il regardait sous le lit. Mais de là à le faire en l’instant T… il pouvait bien le faire plus tard, premièrement la journée n’était pas finie, secondement, il avait le reste du week-end pour affronter une telle épreuve.

« Une nouvelle… vie ? »

Il ne put s’empêcher d’éclater de rire. Comment ça une nouvelle vie ? Il avait presque l’impression de se trouver dans ce genre d’émission de téléréalité du genre « Nouveau Look pour une nouvelle vie » ou un titre du genre. Il se serait presque attendu à voir des caméras dans un coin de la chambre en attente de les filmer tous les deux. Amicalement il tapota l’épaule de son ami maintenant bien amusé de la situation.

« T’inquiète pas Tamaki je m’en occuperai plus tard va profiter pendant que je retourne me coucher. »

Puisqu’après tout, chose dite, chose due, le perse tira ses couettes à nouveau sur son lit et lentement il s’asseya sur le bord de son lit prêt à retomber dans les bras de Morphée, ou bien à manger du sable suivant la manière dont on voyait les choses.

« Au pire je m’en occupe demain quand j’aurais la motivation ! »

Et pendant qu’il parlait, tel un sims, il se rallongeait lentement dans son lit pour retrouver la position initial dans laquelle Tamaki l’avait trouvé sans que son chat ne soit revenu sur lui encore. Confortablement installé dans son lit il soupira prêt à se rendormir en dépit de la lumière.