Tu es au calme, enfin. Installé sur le canapé de la maison des Strixyst, tu n’es pas parvenu à avoir la force nécessaire de partir à la bibliothèque, te sentant trop fatigué. Alors, tu as décidé de simplement te reposer, ce qui finalement n’est pas ta pire idée de la journée, loin de là. En même temps, il t’est compliqué de faire pire, hein ? Résumons rapidement.

D’abord, tu t’es rendu chez Ming pour passer une bonne matinée avec lui mais finalement tu as découvert qu’il avait blessé involontairement une amie, qu’il avait failli être renvoyé et il a fini par t’en vouloir en te disant que ça devait te servir de leçon.
Ensuite, en vouloir rentrer dans ton dortoir, tu as trouvé un collier et tu as découvert en le prenant en main qu’un membre du personnel avait perdu sa mère dans un feu et qu’il avait vu son cadavre – passant d’ailleurs toi-même par cette impression de décès.

Dire que tu es remué n’est pas suffisant pour imager ton réel état. Mais pour l’instant, tu veux juste… penser à autre chose. C’est difficile, tout seul, mais que faire d’autre ? Risquer de toucher encore un objet ? C’est bon, tu as eu ta dose ! Tu es vraiment partagé dans cette affaire, tu n’as pas l’habitude d’être tout seul, tu es social, tu agis mieux quand tu es en groupe, être solitaire n’est pas ta spécialité. Tu te demandes comment les introvertis font, pendant un court instant.

Et puis, tu te reconcentres sur toi, sur ce que tu fais, c’est-à-dire : regarder des vidéos. Rien de passionnant mais c’est ce qui te va sûrement le mieux sur l’instantok. Tu te déconnectes, tes cernes plus creusés qu’elles ne l’ont jamais été, devant des let’s play de divers jeux vidéo. Tu regardes surtout des choses plus mignonnes, pour t’apaiser l’esprit. Tu ignores les personnes autour, dont celles qui se demandent bien pourquoi tu es aussi silencieux pour une fois. Pas de flûte, tu utilises tes écouteurs, tu ne fais aucun bruit. Ton intérieur est déjà assez bien agité comme ça, tu feras ton concert plus tard, tu as encore plein de chansons en tête.

Pendant un instant, tu hésites à contacter Yanli, ta shijie. Peut-être elle, elle pourrait t’aider, te réconforter comme elle sait bien le faire mais… Tu n’as pas encore vraiment discuté de ça avec ta famille. Comment l’annoncer ? Aucune idée. Il y a tellement d’objets au pavillon qui pourrait être dangereux, juste à l’idée de te balader là-bas ! Mince, ça va être pareil pour le repaire des nuages ? Pire encore, même les MURS sont anciens ! Tu te souviens parfaitement avoir appris à propos du grand incendie lors d’une guerre qui a eu lieu il y a des siècles ! Tu n’as pas envie de voir ça, vraiment.

…

Peut-être finalement ça peut être une bonne excuse de ne pas y repartir ? Mais honnêtement tu espères bien que d’ici là, tu auras réussi à trouver un moyen de canaliser ton don !
Tu soupires, alors que tu retires tes écouteurs. Non, définitivement, tu ne parviendras pas à te concentrer plus que ça et alors que tu es prêt à partir, ta tête se tourne et remarque un nouvel arrivant : Aryu. Ah, voilà un moment que tu ne l’as pas croisé, ce n’est pas ton plus proche ami mais l’année dernière en tant que colocataire, tu as passé des moments tranquilles quand même.

« Hey Aryu. »

C’est un bonjour plus faible que tes autres, mais ce n’est pas grave. Tu arrives quand même à avoir un léger sourire alors que tu le regardes s’approcher de toi. Tu es définitivement incapable de passer une journée sans discuter.

Tu le regardes un instant s'installer et poser sa harpe à côté de lui. Si ton instinct premier te donne envie de toucher l'instrument, tu retiens ta main bien avant qu'elle n'ait le temps de frôler la matière. Ah ! N'as-tu pas encore appris la leçon, Ying ? Combien de fois tu vas te faire avoir avec cette mauvaise habitude ? Ça va que là tu y as pensé vu ta journée, mais qui te dis plus tard tu vas réagir à temps, hein ? Ne touche plus à rien qui ne t'appartient pas, soit gentil. Profitez tiens plutôt de l'instant, des notes qui sont en train de défiler entre tes oreilles, donnant une nouvelle atmosphère à la pièce. Tu apprécies vivement ce que tu écoutes, ça te fait même sourire un peu de voir qu'il s'agit d'une adaptation d'une chanson plutôt récente. Pourquoi pas, après tout. Tu retiens facilement l'air, comme souvent. Tu penses un court instant qu'en temps normal tu serais même capable de rejouer cette mélodie sur ta flûte... mais pas aujourd'hui.

Il n'empêche que tu restes un fin musicien et même si tu joues souvent faux pour agacer ton monde, tes proches savent que tu es capable de jouer parmis les plus jolies mélodies de ton dizi. Dans un premier temps, c'est ce que veut l'éducation qu'on a voulu pour toi auprès de la famille Jiang, mais c'est aussi la propre passion qui s'est formée qui t'a poussé à plus en savoir, en apprendre et à tout apprécier.

Pendant une fraction de seconde, une certaine personne te vient en tête. Tu le revois jouer de son guqin avec toute la délicatesse du monde, utilisant de sa magie pour vraiment parvenir à calmer les pensées trop intrusives. À lui non plus, tu n'as rien dis, alors qu'il pourrait peut-être trouver comment encore mieux t'appaiser. Tant pis. Tu sais te débrouiller seul, après tout !
Et puis, quand bien même Aryu n'ajoute pas un brin de magie dans sa façon de jouer, il n'empêche que tu te sens plus calme et serein quand il termine. Tu sais qu'il en joue bien, forcement, mais cela reste rare de le voir pratiquer - en tout cas, tu ne le croises pas souvent ainsi.

Plus rare encore, les mots qu'il t'offre ensuite. Tu apprécies Aryu malgré son envie que tout soit fabuleux, qu'il soit fabuleux - à vrai dire ça te fait même plutôt rire. Alors, qu'il essaye un peu de te réconforter te surprend. Après, c'est aussi car tu n'en as pas bien l'habitude : il est rare que tu te laisses à ce point aller devant les autres ! Reprends-toi Ying, sinon ils auront surtout pitié, alors que tu n'aimes pas ça.

"Ah ! Si seulement c'était superflu cher Aryu. Détrompe toi, cela me touche et affecte les autres, mes proches ou non ! Je suis maudis, en tout cas, je le sens comme ça : me voilà psychométre. Je n'arrête pas de me répéter à ce sujet, je pense je devrais mettre une pancarte ou une annonce, ce serait réglé. Bref, je ne maîtrise pas, alors je vois les souvenirs marquants des personnes. Je ne te dirais pas qui ! C'est secret. Mais ce n'est pas agréable, car ce ne sont jamais des souvenirs joyeux. Qui aurait cru qu'ici, les personnes seraient si traumatisés ? Et me voilà qui arrive bouche en cœur pour les secouer à ce propos ! J'ai l'impression de vivre l'instant, et ça me poursuit quand je reviens à moi. Comment est-ce que je passe à côté ?"

Forcément, tu parles, tu parles, tu parles. Est-ce que tu te confies ? À moitié. Ce que tu exposes restes un fait et honnêtement tu penses bien qu'à ta place, de nombreuses personnes reagiraient comme toi ! Tu n'es pas bien spécial à ce niveau-là.

"Mais je suis d'accord avec toi, tu sais ? Ma vie est courte et j'ai en horreur de me la gâcher ! Rien ne m'indique que je me réincarnerais plus tard. Et c'est bien pour ça que je le tracasse l'esprit : je dois parvenir à gérer ce don, rapidement. C'est compliqué, mais honnêtement ne voit que des souvenirs douloureux ce n'est pas amusant, je suis accablé par une tristesse qui n'est pas la mienne ! Que ferais-tu, toi ?"

La façon dont Aryu voit les choses, tu les trouves tout de même bien particulière ! Dirais-tu qu’il a tort pour autant ? Pas forcément, ça reste une vision qui se défend et qui lui vaut le mérite de vivre tranquillement sa vie ! C’est vrai que tu n’as jamais vu ton ami embêté par quoi que ce soit, par une quelconque situation. C’est donc ça, sa raison ? S’en… foutre ? Ça te surprend malgré, il te faut l’admettre ! Pourtant, toi aussi par moment tu décides de passer au-dessus de tout, de ne pas réfléchir à tes actions, ni tes conséquences mais malgré, quand ça retombe violemment déçu, tu n’es pas inhumain !

Mais c’est vrai qu’il ne s’agit pas de ton passé, ce qui est fait est fait, que ce soit pour toi ou pour eux. Tu es sous le choc du moment vécu dans le souvenir, mal d’avoir eu l’impression de vraiment le vivre, mais tu n’y peux rien, ensuite. Le problème malgré tout, c’est que tu ne peux pas forcément tirer quoi que ce soit de ça, de ce que tu vis. Tu n’aimes pas subir pour subir. Ça n’a rien agréable, rien de bénéfique, cela t’épuise juste.

« Mais comme tu le soulignes Aryu, ce sont leurs épreuves, qu’ils ont déjà passées. Qui suis-je pour me permettre de remuer ce couteau dans la plaie ? Même si ça a pu forger des personnes, ont-ils tant envie qu’on leur rappelle ? Ça, tu vois, je m’en doute ! Voilà bien le souci. »

Tu te souviens de la réaction de Lian, surtout. L’événement qui l’a temps marqué, l’amenant aujourd’hui à qui il est, certes, mais ça n’empêche que tu te souviens de son air, sa tristesse, son malaise des jours suivants. Tu n’es pas insensible à la détresse d’un ami Ying, jamais tu ne le seras, au contraire. On peut dire bien des choses sur toi, mais tu restes fidèle, quelqu’un sur qui on peut compter et qui peut aider.

« Aiyah, vraiment ? Que tu es chanceux ! Ah, cela dit, je pense je ne m’en sors pas trop mal non plus là-dessus. Peut-être pour ça qu’aucune de mes affaires ne fait se déclencher mon don. »

Enfin, tu as quand même eu des grandes peurs, tes temps à l’orphelinat, tu ne les as pas oubliés, Ying ? Les sorties dans le village pour tenter de manger un peu plus, t’occuper, mais fuir aussi les chiens errants qui n’ont jamais hésités à te mordre et face à qui tu as bien cru un mourir, hein ? Non, certainement pas. Mais tu préfères ne plus y penser – encore une fois, c’est un vieux passé. Maintenant, tu préfères tes souvenirs liés au pavillon du lotus, forcément. C’est louable, il te faut l’admettre. Tu ne t’apitoies jamais sur ton sort véritablement, sauf quand tu fais ça semblant pour des petites choses pas importantes, pour t’amuser.

« Je le pense aussi, mais vois-tu, une petite partie est arrivée dans la journée. Alors, il y a de quoi remuer un peu. Est-ce que ça va me donner des cauchemars ? Je n’en ai aucune idée ! Mais si c’est le cas, je saurais m’occuper. Ah, tout de même, ça m’embête. »

De nouveau, tu fixes la harpe. Quel bel instrument, tu as envie de la tester, la prendre en main – même si tu n’es pas vraiment instrument à cordes, loin de là, mais il n’empêche que tu sens toujours cette envie. Tu soupires un peu, après tout, il a bien dit que rien ne lui était jamais arrivé, pas vrai ? Non, tu n’as pas rêvé Ying, il semblerait bien que cette fois-ci…

« Je peux voir ton instrument ? »

Tu clignes des yeux plusieurs fois à l’idée d’Aryu. Quoi, des gants ? Tu n’y avais honnêtement pas pensé : une solution bien trop simple pour qu’elle marche correctement ! Ou alors est-ce à cause de ta sale habitude de toujours trop réfléchir, plus loin qu’il ne le faut par moment ? Voilà ce qu’il en coûte Ying : la simplicité vient à te manquer ! C’est vrai ça, après courte réflexion, tu ne pourras plus vraiment sentir l’objet ! Ah, en plus, voilà que doucement le froid arrive au Canada, une bonne excuse. Cela pourrait te faire gagner du temps en attendant de maîtriser ton pouvoir.

« Voilà une chose à laquelle je n’avais pas pensé ! J’étais tellement concentré sur l’idée de maîtriser avant tout… C’est vrai, si ça marche, alors ça pourrait déjà un peu me soulager, tout comme me faire bien étrange. Mais si c’est le prix à payer, alors pourquoi pas. »

Cela te remonte un peu le moral. Tu risques de nettement moins craindre de frôler les objets, ainsi ! Sacré Aryu, ton ami en a, là-dedans.

« Pour sûr, je suis humain. Je pense malgré tout que ce que j’ai vu aujourd’hui va me hanter au moins cette nuit. Je ne suis pas aveugle à ce sujet, mais tant pis. Il faut faire avec pour l’instant, le mal est fait. »

Et puis, Aryu accepte, et voilà que la harpe s’approche de toi. Tu appréhendes énormément, forcément, mais vu ce qu’il t’a dit sur son passé, tu peux tenter, au moins. Il ne te mentirait pas juste pour voir réellement comme tu réagis, hein ? Ce serait quand même à la fois risqué pour ton pauvre cœur mais aussi pour votre amitié, un tel piège ! Bon, tu ne veux plus hésiter, alors enfin, tu serres l’instrument entre tes mains. Tu retrouves, encore une fois, les mêmes sensations. Tu te concentres, tu te concentres du mieux possible pour absolument tout ressentir, ce flot de magie, de souvenir, d’empathie qui t’envahis. Si tu t’attends à ce que ce soit douloureux, il n’en est rien. Rapidement, ton regard se fait tout de même absent, ailleurs, tu n’es plus dans ce présent. A nouveau, te voilà comme une poupée inanimée.


Tout semble plus calme, ici. C’est reposant, le monde te semble si grand ! Te voilà dans un vaste jardin, à côté d’une table dont tu vois à peine ce qu’il y a dessus à cause de ta taille. Mais ça ne t’importe pas, car ce n’est pas ici que tu dois t’arrêter ! Même si tu es un peu loin, tu entends les quelques notes de la mélodie joué depuis la verrière.

Pour une fois, tu as l’impression d’être en accord avec le corps que tu « empruntes », car tu ressens l’envie de t’approcher, d’entrer dans cette petite maison de verre. Tu sais ce que tu vas y découvrir, qui tu vas trouver ! Tu te sens avancer rapidement et tes lèvres afficher un grand sourire en regardant la jeune femme – ta si douce maman – doucement jouer avec la harpe que tu ne lâches plus aujourd’hui, que tu gardes auprès de toi pour recréer ces doux moments en étant à des milliers de kilomètres de ta famille.

C’est un tableau calme, reposant. Tu te sens apaisé, c’est bien la première fois que ça t’arrive depuis août. Petit point surprenant, tu as l’impression de revenir dans ton présent d’une façon différente que d’habitude : voilà que tu sens le fil des années se dérouler sous tes yeux avec ce même cadre, mais simplement ton ami qui grandit en écoutant sa tendre maman. C’est… amusant, tu dois le reconnaître.


Tu reviens finalement à toi, après ce passage bien plus court, mais qui te permet certainement d’avoir la mine plus claire qu’avant. Tu ne ressens pas de nausée, pas d’envie de vomir, pas d’envie de t’écrouler au sol, rien de tout ça. Tu es… Tu es bien.

« Eh bien Aryu, je suis content de voir que tu ne m’as pas menti. C’est adorable, j’ai l’impression de connaître une nouvelle facette de toi ! Savais-tu ce que j’allais voir ? Cette harpe, dans la verrière avec ta mère… Peut-être l’as-tu déjà laissé entre les mains d’un autre psychomètre ? »

Sur le coup, tu as clairement un rire léger à la réflexion d’Aryu. Ah ! Comment a-t-il pu compris ça ? Aurais-tu mal expliqué les choses ? Ce ne serait pas non plus bien étonnant, mais tout de même ! Voilà une réflexion bien incongrue qu’il s’est fait là.

« Mais enfin, Aryu, je ne suis pas une pensine ambulante non plus ! Cela ne fait pas partie de mon don de te montrer vraiment, je raconte simplement après, par souci de transparence, tu vois ? Je ne peux pas garder pour moi des souvenirs qui ne sont pas les miens ! »

Puis, de nouveau, te voilà surpris. Gabriel. Gabriel Weber ? Celui de ta chambre depuis le début de cette année ? Celui-là même ? Il y a actuellement un psychomètre qui vit à deux mètres de ton lit et tu ne le sais pas ?! Comment ça se fait ?? Bon sang ! Te voilà malin comme ça ! Après, s’il faut te trouver des excuses, tu n’as pas encore bien pris le temps de faire la conversation avec, trop pris dans tes pensées et dans tes essais ! Puis, Gabriel te semble bien particulier, aussi. Il sort parfois des phrases tout de même tourné d’une étrange façon. Tu as l’impression d’entendre un véritable cliché de faux méchant d’ancien dessin animé par moment, ça t’amuse autant que ça te questionne à son sujet. Enfin, peut-être qu’au final, c’est à force d’avoir ses visions qu’il est devenu ainsi, qui sait ?

« Tu m’apprends une chose intéressante, je ne savais pas alors que nous sommes colocataires ! Tu penses vraiment qu’il va accepter de m’aider ? Ah, je trouverais tous les arguments possibles pour le convaincre de toute façon ! »

C’est-à-dire que tu ne comptais pas le lâcher tant qu’il n’accepterait pas de t’aider. C’est ta forme de persuasion, même si elle n’est pas des plus éthiques il faut le reconnaître, mais bon, tant que ça marche et qu’aucune plainte n’est posée, ça devrait le faire, non ? Allez, tu vas te dire ça pour te rassurer.
Tu reportes finalement ton attention sur ton comparse qui te demande bien entendu les détails de ta vision de passé. Eventuellement, tu ne te sens pas dérangé ou mal à l’aise à cette idée, sûrement car tu sais que tu vas parler d’un événement plutôt joyeux.

« Je t’ai vu… Non, j’étais toi quand tu étais enfant, pas plus grand qu’une table ! Tu étais dans ton jardin, je pense, et tu partais dans la verrière. Là-bas, tu regardais ta mère jouer de cette harpe. Je pense qu’ensuite, j’ai vu défiler les années autour de cette même scène, pour me faire signaler que c’était comme un rituel entre elle et toi, jusqu’à me ramener à notre présent. C’était touchant, Aryu ! Tu sembles avoir chéri ce souvenir plus que tout. Je comprends pourquoi tu y tiens. »

Tu ne te sens toujours au meilleur de ta forme, mais il n’empêche que tu te sens un peu plus léger, c’est indéniable. Tu n’es pas idiot pour autant, ça ne va pas régler tous tes problèmes : impossible de savoir après tout quel genre de souvenir tu auras dans le futur ! Mais savoir qu’il peut en avoir des bons te procure un certain soulagement, malgré tout.

« Tu n’es pas dérangé à l’idée que j’ai fouiné, si je comprends bien. Sois honnête, dis moi ce que tu penses de ça. »

« Aiyah, trouve une véritable pensine alors, moi je ne peux rien pour toi à ce niveau-là ! D’ailleurs, j’ai plutôt tendance à ne pas me retourner sur mon propre passé, alors tu vois l’ironie du sort ! »

C’est vrai ça, toi qui n’a pas pour habitude de trop remuer ce qui a pu se dérouler auparavant, avoir ce don est vraiment le pire de tout pour une personne comme toi ! Tu dois avancer malgré les petites erreurs, maintenant tu dois aussi être au courant de celle des autres, ha !
En tout cas, cette discussion à propos de Gabriel te fait réfléchir encore plus vite. Ton humeur massacrante de tout à l’heure mise de côté, te voilà comme tu es d’habitude : à pousser tes réflexions au plus loin. Serait-il possible qu’il puisse t’expliquer des points importants ? De t’expliquer comment il parvient à contrôler, s’il y a un moyen de savoir qu’un objet a quelque chose à raconter ou non ! Que ce serait libérateur, pour toi !

« Eh bien dans ce cas-là, je compte bien lui toucher plus de deux mots ! Je dois prendre les aides si elles me sont proposées, je suppose. Ce n’est pas ce que j’apprécie le plus je dois l’admettre, mais tant pis ! Je dois être capable de faire une exception, si ça me permet de faire plus vite pour maitriser. »

Tu as beaucoup de patience en général Ying, quand tu le veux ! Après tout, pour avoir ta maîtrise de magie aujourd’hui, tu as dû t’entraîner et observer longtemps les bonnes personnes pour t’en sortir, savoir ce que tu devais ressentir à chaque fois. Déjà, tu sais bien que tu vas devoir de nouveau méditer énormément. Ce n’est pas ta partie préférée mais tu sais parfaitement que c’est le plus utile, pour toi en tout cas ! T’entraîner avec des objets, en vérifiant la provenance auparavant, également. Bref, tu vas avoir bien à faire les prochains mois, et acheter une bonne paire de gants !

« Même si c’est ta vie, c’est touchant ! Ne te montre pas si insensible voyons ! »

La logique de ton ami est tout de même si particulière ! Ne montre-t-il donc jamais une émotion ? Joue-t-il un rôle ? Est-ce qu’il s’en fiche vraiment de tout ? Voilà de bonnes questions ! Mais aujourd’hui, tu ne parviens pas vraiment à te concentrer à ce sujet, mais ce n’est qu’un moyen de repousser plus loin une future discussion, tu es en sûre.

« Eh, les bords sont plutôt larges, laisse-moi te le confirmer ! Et puis, quand tu connais déjà bien quelqu’un, tu es capable de faire bien plus de connexions, rajouter des pièces si on continue sur ton exemple ! »

Il y aurait bien long à débattre, tu penses, mais encore une fois tu ne te sens pas de ramener un sujet particulier, qui pourrait prendre du temps, pas alors que tu dois trouver ton colocataire immédiatement !

« Aaah Aryu, merci d’être venu ! Aiyah, tu m’as bien aidé tu sais ? Me voilà dans une forme plus agréable que la précédente, qui l’aurait cru ! Bon, je vais tenter de chercher ton ami, merci pour ce conseil, je te donnerais des nouvelles ! »

Sans plus tarder, tu récupères tes affaires, salue une dernière fois ton ami, et tu t’en va à l’étage, espérant croise le jeune Striyst. Tu as quelque chose à faire !