Can you help me ?

Ce campus est immense !

Cette pensée, il l’a eue plusieurs fois depuis son arrivée, qui date maintenant d’il y a un petit mois. Du haut de ses 11 ans, Lance est parti en août pour suivre les cours d’anglais et tenter de s’installer correctement dans ce nouveau lieu qui va devenir un foyer pour des années à venir. C’est impressionnant, la ville, le campus, les lieux et… le monde ! Est-ce possible de regrouper autant d’étudiants dans un seul et même endroit ? C’est presque impossible à ses yeux.
Il en va de même juste pour la maison où il est désormais placé. Ursirre, s’il a bien retenu. Il est plutôt content de l’uniforme, bleu, une de ses couleurs préférés. C’est réconfortant, pour le petit Cubain, car en dehors de ça, il se sent malgré tout perdu.

Encore plus maintenant qu’il n’arrive pas à trouver son chemin dans les couloirs du bâtiment de cours. Dans ses mains, il tient le plan, mais ce dernier est en anglais déjà de 1 et dans tous les cas il n’arrive pas à se repérer. N’ayant pas encore retenu la tête des élèves avec qui il partage les classes, il s’est déjà trompé une ou deux fois en suivant la mauvaise personne, se perdant un peu plus dans ce labyrinthe. Etant visiblement dans un jour de chance, il n’arrive pas non plus à trouver une personne parlant espagnol, ou ayant simplement le temps de s’arrêter pour l’aider à comprendre où il doit partir. Les préfets doivent déjà être en classe, car il n’en voit aucun non plus… Bref, Lance se sent seul et il sent surtout la panique doucement monter alors qu’il essaye de respirer doucement. Non, ce n’est pas vrai, ses yeux ne lui piquent ! Ils ne s’humidifient pas ! Mais les couloirs se vident et bientôt, il n’y aura absolument plus personne pour l’aider.

Misère, que faire ?

Quelques regrets commencent à se faire ressentir. Il aurait plutôt dû partir à Ilvermorny, Veronica l’aurait aidé ! Ou il aurait dû travailler avant son anglais, de façon plus soutenue, ça l’aurait sûrement dépanné ! Mais le vocabulaire est plus complexe que ce qu’il a pour l’instant appris, il a un peu oublié le côté « magie », alors… « Transfiguration », qu’est-ce donc, déjà ??? Qu’est-ce qu’il va étudier ?? Ah, il a sa baguette, d’ailleurs ? Rapidement, il vient placer sa main au niveau de sa ceinture et la sent, ce qui lui fait pousser un soupire de soulagement. Ça en moins à s’inquiéter.

Décidant finalement de ne pas rester sans rien faire au milieu du couloir, il décide de s’avancer de nouveau, à la recherche d’une âme pour lui venir en aide. Serrant dans ses mains sa croix en or, il espère bien qu’un miracle arrive… ce qui se réalise vraiment en voyant au loin un élève, tout juste plus âge que lui, apparaisse sous ses yeux. Sans plus attendre, il se dirige vers lui et vient se poster devant, comme pour lui faire signaler qu’il a besoin de lui parler.
C’est à cet instant qu’il remarque qu’il s’agit ici d’un de ses camarades de chambre. Ah, comment il s’appelle déjà ? … Ah oui, Mammon. Un bien drôle de nom, plutôt, disons… démoniaque. Ils n’ont pas encore pu trop parler (forcément), mais il n’a pas non plus l’air d’un mauvais bougre ?

« Hola ! Ah, no… Bonjour ! Hum… J’ai Lance, même chambre. Hum… Cours de méta… méta…, abandonnant un peu l’idée de prononcer le mot, il montre son emploi du temps, et la salle. Où c’est, s’il te plaît ? »

Pour sûr, il se rend compte que c’est loin, bien loin d’être parfait mais il espère que c’est suffisant pour se faire comprendre. Sinon… Sinon, eh bien il ne sait pas. Alors il regarde Mammon avec tous les espoirs du monde dans ses yeux.

Can you help me ?

Bonne nouvelle : il s’intéresse à lui en s’approchant. Bon, il ne se fait pas ignorer, c’est un bon point ! Si la suite se passe bien, il ne devrait pas trop avoir…

…

Il a dit quoi, là ? Yo… Y’need…class… dunno… Hein ? C’est quoi ça, c’est de l’anglais ? Il sait bien qu’il ne comprend pas tout mais à ce point ? Il a tout juste compris deux mots, qu’est-ce qu’il peut faire ? Ça va être comme ça souvent ? Ses doigts se resserrent autour de son emploi du temps, se demandant comment faire pour lui demander de répéter.

« Je.. Euh… »

Heureusement, il n’en a finalement pas besoin quand Mammon se reprend de lui-même, plus doucement, sans mâcher ses mots. Ah, c’était donc ça : il n’a pas pensé tout de suite à ce que ça pouvait engendrer. Cette fois-ci, il comprend un peu mieux et il va visiblement l’aider. Il hoche la tête quand l’aîné lui dit de le suivre. Il ne réfléchit pas plus et le fait, restant à côté avec un léger sourire, content de lui-même, pour avoir réussi à demander son chemin ! Mammon en plus n’a pas l’air bien méchant, c’est peut-être l’occasion de faire un peu mieux sa connaissance ? Il faut réfléchir comment, alors, il se met à chercher ses mots, les plus simples, pour réussir un début de conversation.

« Tu as des… enfants ? Enfants ? Euh… »

Il n’est pas sûr, il veut lui demander s’il a des frères et sœurs, c’est le bon mot ? Peut-être tenter une autre formulation, histoire d’être sûr de se faire comprendre pour éviter la confusion. Il n’aimerait pas avoir demandé une chose étrange, pour première rencontre, ce n’est pas des mieux.

« Des personnes de ta famille ! Ici. »

Family, familia… Oui, c’est assez ressemblant pour ne pas qu’il se soit trompé cette fois-ci. Ah, les cours d’anglais l’aident bien, mais il doit encore travailler le soir dessus. Le problème, c’est qu’il est très rapidement fatigué après les journées, c’est long pour lui toute une journée à écouter dans une langue qu’il connaît tout juste. Parfois, il se demande s’il va vraiment parvenir à s’habituer.
Heureusement, l’autre ursirre semble avoir un peu de patience, en tout cas suffisamment pour ne pas paraître ennuyé du temps que Lance met pour répondre. Veronica l’avait prévenu que ça devrait allez de ce côté, mais pour autant, ça reste assez stressant et toutes les personnes ne sont pas les mêmes. L’idée de l’ennuyer lui vient d’ailleurs rapidement en tête, le fait même stresser un peu. Mais s’il s’arrête maintenant, il risque de passer le reste de son année… seul. Et il n’en a vraiment pas envie, en fait.

« Je suis sans famille, Veronica est à Ilv…Ilvermorny ! »

Bon, cette école, il en a assez entendu le nom pour réussir à le prononcer, ça va. Il préfère ne pas réitérer les mots autour de famille, frères, sœurs, ou des enfants, alors il décide que parler juste du prénom est assez parlant… pas vrai ?
Tout en essayant de discuter, il fait aussi attention à là où ils sont en train de marcher, pour retenir le plus possible pour les prochaines fois. Il ne peut décemment pas dépendre de tout et tout le monde à chaque fois !