Nous sommes en 2023. Je ne sais pas vraiment pas pourquoi je fais ça, mais on m’a conseillé d’écrire dans un carnet. “C’est bon pour se livrer et comme ça les gens pourront lire ce que tu as vécu”. Je ne sais pas d’où ça sort, mais très bien, j’ai quand même décidé de le faire. Au moins, ça amusera peut-être des gens de lire ce bouquin à ma mort afin de voir qui j’étais. Bref.

Je suis Felix Hugo Fraldarius et voici mon histoire. Je suis né en 2002 à Neumünster en Allemagne. Je suis l’enfant d’une de ces grandes familles de noble sang pur Allemande, le truc que vous croisez souvent dans les écoles de magie prestigieuses, des aristocrates qui se reposent sur leurs héritages et entreprises pour prospérer. Je suis le fils de Rodrigue Fraldarius, le genre de nom que vous avez dû pas mal entendre si vous êtes un minimum au courant des familles de sang pur Allemande. Un homme spécial, intransigeant, autoritaire, un homme fait pour diriger et commander. Il était clair que s’il était né dans une famille moldue, il aurait terminé commandant dans l’armée allemande. J’avais aussi un frère, Glenn, mon ainé. Ma mère quant à elle, disons qu’elle était bien plus discrète, elle vivait dans l’ombre de mon père tout simplement.

J’étais très proche de mon frère. On passait le plus clair de mon temps avec lui. À s’entraîner ou à jouer. La question de pourquoi j’étais autant attaché à lui ne se posait même pas, c’était simplement limpide. Il était courageux, fort, protecteur, tout ce que je n’étais pas. C’était un exemple et un modèle. Je voulais juste être comme lui. C’est tout.

Une des choses importantes de mon enfance est probablement ma rencontre avec Dimitri Blaiddyd. Un gamin avec un âge similaire au mien. L’enfant d’un grand ami de mon père. Rien de bien étonnant en fait, les enfants de deux familles assez aristocratiques qui se voyaient assez souvent devenaient amis. On traînait ensemble et on était pote, c’était comme ça et c’est une époque de ma vie qui me manque. Nous avions tout : la joie, l'insouciance, la santé et Glenn. Mon père n’était pas un homme très présent, notre relation avec lui était assez peu existante en réalité. Mais ce n’était pas important, j’avais mon frère et Dimitri alors pourquoi être triste ?

Ma petite vie tranquille se passait et c’est à l'âge de 7 ans que j'ai découvert que je pouvais manier la magie. La façon fut assez simple, c’est mon frère qui me poussa à tenter et je finis par réussir à faire soulever la page d’un livre. C’était assez peu étonnant étant donné notre famille. C’était simplement dans l’ordre des choses. Et étant donné tout cela, notre père avait engagé un professeur afin d'apprendre la théorie globale de la magie. C’était un sacré avantage d’avoir ces enseignements, car une fois à l’école, tout paraissait bien plus simple. On nous entraînait à être de grands mages, car c’était ce que devaient être les enfants de ce genre de famille tout simplement.

On nous envoya à Ilukaan, c’était selon mon père la meilleure chose et c’était aussi le choix des parents de Dimitri alors autant ne pas nous séparer. C’est ainsi que j’ai commencé mes études à Ilukaan. Tout se passait pour le mieux pour dire, les cours et la magie étaient d’une grande simplicité pour quelqu’un comme moi qui ait eu de tels enseignements étant jeune et j’avais réussi à me faire des amis malgré mon caractère.

Puis tout changea l’hiver de ma première année. C’est ici que ma vie à commencé à se briser. Cet hiver-là, mon frère avait décidé d’accompagner Dimitri pour la journée et moi, j’étais resté simplement à la maison pour jouer et aller à mes occupations. Ce jour-là, lors d’une manifestation contre le ministère de la magie, les parents de Dimitri moururent et Glenn mourut aussi en tentant de sauver Dimitri. À partir de là, tout est flou dans ma mémoire. Je ne sais plus combien de temps, il m’a fallu avant de pouvoir accepter ça, des mois voire des années. Je ne sais même pas si j’arrive encore à l’accepter aujourd'hui.

Et suite à tout ça, mon père a parlé. Il a parlé de la mort de mon frère comme quelque chose d’héroïque. Comment osait-il ? Avait-il ne serait-ce que versé une larme en apprenant la nouvelle ? Il ne nous avait jamais considérées comme ses fils, mais uniquement comme ses successeurs et il osait maintenant enfin avoir de la considération pour lui ? Ce qui avait tué Glenn en premier, c’était la froideur de notre père.

Ce fut une période complexe pour moi et surtout pour Dimitri qui devait avoir perdu bien plus dans cet événement. Il avait changé, ne mangeait plus, ne souriait plus et ne parlait presque plus. Il avait radicalement changé. Et moi de même. J’ai tellement pleuré à cette époque que je me demande si aujourd’hui, j’en suis encore capable. Mais le temps commença à passer et toutes les cicatrices finissent par se refermer, même si certaines plus lentement que d’autres. J’avais totalement coupé les ponts avec mon père, il n'existait plus, ce n’était qu’un homme qui avait le même sang que moi. Rien de plus.

Mais malheureusement, ce ne fut pas vraiment la fin de nos soucis, car un jour, un dernier événement brisa totalement ce qui restait de cette époque. Alors qu'une simple bagarre éclata entre Dimitri et un élève éclata, j’ai eu l’occasion de comprendre une chose : Le Dimitri que j’ai connu était mort sur cette manifestation et la personne que j’avais en face de moi était une bête assoiffée de sang.

Depuis ce jour, je me suis un peu plus refermé sur moi-même. Je suis devenu quelqu’un de solitaire et je me suis vite rendu compte que c’était mieux ainsi. J’étais meilleur une fois que j’étais seul et il m’avait fallu tous ces événements pour m’en rendre compte. J’ai donc continué mes études, je faisais mon possible pour devenir le meilleur, je voulais devenir fort. Je ne voulais plus de cette faiblesse qui m’avait fait tant d'années me cacher derrière Dimitri et Glenn. J’ai ensuite pris la direction de la voie d'Auror. Quelque chose de logique pour quelqu’un passionné de duel et de magie comme moi.

Aujourd’hui, on peut dire que tout se passe correctement pour moi. Je vis simplement ma vie et je m’entraîne tous les jours afin de me permettre de réaliser ce que je souhaite et c’est le plus important.

Voici ce que j’ai vécu. Je ne sais pas si un jour je vais écrire de nouveau dans ce carnet mais si c’est le cas, à bientôt.

(c) Ilukaan