ILUKAAN est un forum MULTIFANDOM dans l'univers d'Harry Potter. Ilukaan est une école de magie internationale se situant en Nouvelle-Écosse au Canada. L'histoire se déroule en 2024, mélangeant magie et technologie. Vous pouvez jouer des personnages de manga/anime, jeux vidéos, films d'animation, dessins animés, romans jeunesse ou encore un OC. L'intrigue se fait à la fois en RPCB et RP-POST.
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ϟ Baguette : D'orme, coeur en dent de géant, 36cm, rigide et parsemée de runes nordiques gravées.
ϟ Cursus : Créatures et Monstres magiques, spécialité Études magizoologiques - Animaux magiques sauvages
Sujet: Je te ménagerai, alors tiens-toi prêt. [PV : Yao Meng ; janvier 2023] Mer 11 Jan 2023 - 0:11
Je te ménagerai, alors tiens-toi prêt.
Le rendez-vous avait été pris en début de semaine, et Tay était fidèle au poste, ponctuelle. Devant la porte vitrée du gymnase d'Ilukaan, elle patientait, couverte d'une épaisse veste en cuir et déjà en tenue de sport. Son esprit cogitait avec lenteur, voguant çà et là d'une question à une autre. Pourquoi lui avoir demandé son aide à elle, alors que Yao ne la connaissait pas ? Pourquoi ne pas demander aux coachs compétents qui proposent leurs services derrière ces portes sans aucun surcoût pour les étudiants ? Pourquoi elle, nom de dieu ? Non pas que ça la dérange, elle passerait les deux prochaines heures dans ce gymnase avec ou sans lui, mais cet élève n'avait-il pas des amis ? Des connaissances ? Des gens autres qu'une parfaite inconnue en somme ! Et s'il tenait tant que ça à s'entraîner dans une relative discrétion, pourquoi s'afficher avec la personne la moins discrète du campus ?
Elle se remémora leur conversation, l'allure du jeune homme. Il semblait distingué, d'origine asiatique sans aucun doute. Un fils de bonne famille ? Mais pourquoi serait-il si préoccupé par le sport ? En tout cas sa motivation, elle, était limpide : se « renforcer » comme il disait. Vraisemblablement il ne se trouvait pas assez fort ou musclé. Tay soupira. Elle était mal placée pour juger celles et ceux dans ce besoin, n'ayant jamais eu besoin de quoi que ce soit pour dominer avec une longueur d'avance les autres humains dans le domaine de la force, mais elle trouvait tout de même cette attitude... dommage. Elle aurait aimé une motivation plus épique, poétique peut-être, mais c'était sûrement mieux de voir l'entraînement comme une fin en soi, plutôt qu'un outil pour atteindre un objectif plus retord. Décidément, la semi-géante cherchait des raisons valables à son envie de ne pas honorer sa parole, mais elle n'en trouvait aucune, parce qu'il n'y en avait pas. Alors en femme d'honneur, elle se résignerait à aider Yao, avec plaisir sûrement, sur le moment, mais pas de prime abord alors qu'on lui réclamait un tel service sans jamais lui avoir parlé auparavant.
Au fil de ses réflexions, le nez de Tay se mit à rougir à cause du froid, et elle renifla plusieurs fois en regardant l'heure sur son portable. Dix-sept heures vingt-huit. Plus que deux minutes avant ce qui était convenu. Elle était arrivée bien en avance, comme à son habitude lorsque c'était possible, et commençait à le regretter à mesure que l'ombre d'un rhume commençait à planer au-dessus d'elle. Elle avait envie de rentrer à l'intérieur, se réchauffer, mais à ce moment-là Yao ne verrait personne sur le lieu du rendez-vous et ferait demi-tour, surtout s'il était intimidé à l'idée d'entrer dans le gymnase seul. Alors Tay prit son mal en patience, courant sur-place pour se réchauffer un peu.
Finalement, la silhouette élancée de son camarade apparut sous la lumière tamisée des belvédères du campus. Ses longs cheveux caractéristiques ne laissaient aucune place au doute. Tay se surpris à sourire, elle était contente de le voir malgré tout ce qu'elle avait pu penser plus tôt. Après tout, soyons sérieux, ce n'était franchement pas la mer à boire que d'aider quelqu'un à s'entraîner. Si rien que ça suffisait à agacer la semi-géante où à éveiller sa flemmardise enfouie, mieux valait qu'elle ne devienne pas préfète. Poliment, elle salua le jeune homme d'un geste de la main avant que les deux ne se trouvent face à face. Encore l'un de ces merveilleux moments où son interlocuteur allait se rendre compte de la taille démesurée de celle qui, assise, ne semblait pas si imposante.
- Bonsoir Yao, comment vas-tu ? Tu as passé une bonne journée ?
Autant s'échanger quelques familiarités avant d'entrer dans le cœur du sujet. Si Tay trouvait ça étrange de devenir la coach d'un homme jamais rencontré auparavant, c'était aussi à elle de faire des efforts pour que cet inconnu n'en soit plus un. Et puis il ne semblait pas très secret et réservé comme personnage, cela ne devrait pas être trop difficile de small talk quelques instants. Mais à le voir ainsi en contrebas il serait difficile pour Taynara de juger l'état d'esprit de son camarade, elle entreprit donc de mettre un genou à terre pour pouvoir le regarder dans le blanc des yeux, ce qui devait être au moins aussi intimidant que de la voir debout.
- On va y aller doucement. Se mettre au sport c'est vite traumatisant pour le corps et pour la tête, donc autant ne pas brusquer les choses !
On aurait dit une maman, et c'était malheureusement le ton par défaut qu'employait la préfète, pour le plus grand agacement de tous. Personne n'aimait être materné, peu de gens en tout cas, et cela valait à Taynara une réputation ambivalente au sein de l'école. Mais elle n'en démordrait pas pour autant. Elle était naturellement protectrice de tout un chacun, en avait la stature, la capacité et même les responsabilités désormais, alors elle continuerait à couver quiconque se mettrait sous son aile, que ça plaise ou non à tous les rebelles d'Ilukaan, mais il ne lui semblait pas que Yao soit de cette espèce.
Sujet: Re: Je te ménagerai, alors tiens-toi prêt. [PV : Yao Meng ; janvier 2023] Jeu 12 Jan 2023 - 12:23
And I was running far away. Would I run off the world someday ?
L’hiver ne t’épargne pas ; malgré ton manteau doublé, tes gants et tes bottes fourrées, tu peines à réchauffer tes frêles articulations. Les températures ne sont jamais clémentes avec toi lorsqu’elles tombent trop bas - mais personne ne t’as jamais entendu t’en plaindre. Comme pour tout le reste, tu ne te ménages pas et ta détermination semble décourager les maladies ; elles t’atteignent si rarement qu’elles sont, chez toi, anecdotiques. Et heureusement. Tu as, aujourd’hui, besoin de toute ta force et de toute ta concentration. La décision que tu as prise paraît impulsive, très peu caractéristique d’une personne comme toi qui a besoin de se préparer, de planifier, d’observer la situation dans son ensemble. Pourtant, rien n’a été laissé au hasard. Ni ton souhait, ni la personne à qui tu t’es adressé, ni les scénarios éventuels qui pourraient en découler. Cette impression de contrôle te rassure et t’apaise alors que tu te rends sur les lieux du rendez-vous.
Pendant les vacances de noël, tu as eu le temps de cogiter afin de laisser derrière toi la frustration inavouable d’être mis de côté. Tu as, comme d’habitude, cherché des excuses à ton père (alors pourquoi ce sentiment d’injustice te tenaille-t-il avec autant de force à chaque fois que tu y penses ?), et tu es finalement arrivé à la conclusion habituelle : tu dois en faire plus. L’impressionner, encore. Ne relâcher aucun effort. C’est en te regardant dans un miroir que l’idée t’es donc naturellement venue ; pâle figure à côté des silhouettes autrement imposantes de ton père et de ton demi-frère, la perspective de suivre un entraînement sportif t’as semblé être un début de solution. Hors de question, pourtant, de rendre cela trop officiel. Tu imagines déjà le regard moqueur de ton père si cela venait à s’apprendre, et tu t’en veux de trembler face à cette possibilité. Tu t’es donc mis à étudier de loin les différents candidats potentiels. Par chance, tu as très bonne mémoire et connais des personnes qui savent à peine que tu existes. Si ton choix s’est arrêté sur Taynara Ka'ana'ana, ce n’est pas par hasard. Du peu que tu as pu observer, ses performances sont réelles (sans doute aidées par sa carrure de semi-géante) et elle semble être l’une de ces personnes fidèles à leurs promesses, qui ne trahira pas une parole donnée. Avec quelqu’un comme elle à tes côtés, tu as peu de risque que l’on vienne t’embêter de manière frontale. Et si on te pose des questions, tu pourras toujours prétexter que tu l’aides, elle, pour un programme quelconque - après tout, tu es le gentil A-Yao, toujours là pour prêter main forte, qui pourrait en douter ?
Lorsque tu arrives devant le gymnase, Taynara t’y attend déjà - elle n’est pas difficile à repérer. Tu ne peux qu’être impressionné par sa taille et sa stature - que tu n’avais pas vraiment pu mesurer lors de votre rencontre officielle au Dôme. Rares sont les personnes comme elle à Ilukaan, mais pas inexistantes. Tu ne connais ni sa vie, ni son passé, mais tu imagines pourtant sans mal qu’une personnalité se forge indéniablement d’une différence si notable. Une confiance en soi obligée, forcée par les circonstances, peut-être une certaine décomplexion qui s’acquiert au fil des années ; ou bien une grande réserve, le besoin de ne pas se faire remarquer outre mesure. Bien sûr, ces exemples-là ne sont que des points de départ et tu es bien placé pour savoir qu’une personne est toujours plus complexe, plus mystérieuse que les bribes qui paraissent derrière un sourire ou une parole. Alors qu’elle te salue avec courtoisie, tu es obligé de te tenir à une distance respectable pour ne pas te tordre le cou. Peut-être se rend-t-elle compte de la situation car elle pose un genou à terre pour que la hauteur qui vous sépare soit moins impressionnante. A ce geste, tu es surpris - presque pris de cours. Mais, comme face à toutes les situations qui te décontenance un peu, tu lui adresses un sourire agréable.
« Bonjour, Taynara. J’espère que tu n’attends pas depuis trop longtemps, » tu es toujours très ponctuel, mais elle est peut-être arrivée en avance. Qu’elle t’ait attendu dans le froid te touche, sans que tu ne saches vraiment pourquoi. D’autres auraient pu se mettre à l’abri dans le gymnase et t’envoyer un message pour te prévenir, t’inviter à entrer à ton tour. Taynara, quant à elle, a été fidèle à votre lieu de rendez-vous. Et t’a attendu. Ce qui fait naître en toi un sentiment de sympathie que tu éprouves peu souvent. « J’ai eu une longue journée, » réponds-tu en toute franchise. « Très ennuyeuse, par moment, si je dois être honnête. Mais je n’ai pas à me plaindre… Et c’est peut-être la perspective de cette nouveauté qui m’a fait paraître les heures de cours plus longues. » ajoutes-tu avec un rire. « Et toi, comment vas-tu ? J’espère que ta journée t’a paru moins fastidieuse que la mienne. »
Tu es un habitué du small-talk, ces discussions plates et polies. Toujours un mot aimable, A-Yao, toujours une parole sympathique, même factice ; il est rare que tu aies un réel intérêt envers ton interlocuteur et tu te surprends à attendre le retour de Taynara avec une curiosité sincère. Est-ce la rentrée qui te rend si sentimental ? Tu te le demandes. Le ton qu’elle emploie ne fait que renforcer cet élan de sympathie inéluctable - auquel tu ne t’es pas attendu pour un sou. Si elle t’a paru aimable, lors de votre première discussion quelques jours plus tôt, elle n’a agité en toi qu’une indifférence courtoise. Aujourd’hui, sa sollicitude et sa bienveillance te touchent. Tu ne peux cependant t’empêcher d’y apposer une forme de protestation, tout de même un peu vexé par le sous-entendu :
« Je t’assure que je serai capable de maintenir une certaine cadence. » Tu es peut-être frêle, mais pas dénué de capacité physique non plus. Malgré tout, tes paroles te paraissent douces, presque prononcées pour la forme, et tu ajoutes avec un sourire conciliant : « Mais tu connais sûrement le sujet mieux que moi, je te fais donc confiance, shīfu *. »
Sous ton épaisse veste verte et confortable, tu es déjà en tenue de sport. Il ne te manquera qu’à mettre d’autres chaussures - des baskets beiges que tu as achetées il y a peu, en prévision. Dans un sac qui se balance contre ta taille sont également rangés une serviette de toilette et une gourde d’eau. Tu supposes être relativement bien équipé, toujours prévoyant, aussi invites-tu ta camarade à entrer dans le vif du sujet :
« Je te proposerais bien d’entrer, tu as l’air d’avoir froid, et je ne serais pas surpris qu’il se remette à pleuvoir. »
Tu prends une légère inspiration, mettant ta crainte des moqueries de côté, et resserres tes mains sur la lanière de ton sac pour te donner contenance, te permettre de garder un visage lisse et souriant.
HRP : *shīfu, équivalent chinois de maître ou sensei
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Sujet: Re: Je te ménagerai, alors tiens-toi prêt. [PV : Yao Meng ; janvier 2023] Jeu 12 Jan 2023 - 22:07
Je te ménagerai, alors tiens-toi prêt.
Inutile de dire que les élèves qui passaient près d’eux, voyant Taynara à genou devant Yao, se laissaient aller à de juteux commentaires chuchotés. Ceux-là ne connaissaient pas bien la géante, qui faisait souvent ça pour mettre ses interlocuteurs plus à leur aise, autant que faire se peut en tout cas. Car certains n’étaient absolument pas dérangés de se ruiner la nuque pour apercevoir son visage, alors que voir ainsi quelqu’un poser un genou devant eux les perturbait beaucoup trop. Officiellement, combien de “demandes en mariage” Taynara avait faites, selon les commères de l’école ? Certes, le célibat pouvait parfois lui peser, mais pas à ce point !
Puis c’était dommage de ne pas faire ce petit effort pour voir le visage de Yao qui avait cette expressivité discrète, cette espèce de partie de cache-cache à même la peau où l’on devinait que quelque chose lui traversait l’esprit, qu’il voulait transmettre une émotion, en cacher une autre parfois, mais que ses traits avaient la volonté ferme de rendre le tout énigmatique. Un vrai jeu de piste auquel Tay pouvait s’adonner de trop longs instants en détaillant le visage de la personne en face d’elle. Ce soir, elle se priverait de ce petit plaisir pour ne pas trop intimider son camarade qui faisait déjà de bien grands efforts pour se motiver à aller à la salle de sport.
Tay aimait ça, se dépenser, parce que dans la vie de tous les jours le monde était si petit, si peu adapté à elle -et heureusement, vu le faible nombre de ses semblables- que pouvoir courir, nager, sauter était une bénédiction à la fin de trop longues journées. Et puis on l’avait suffisamment prévenue sur les risques de ne pas faire assez de sport, d’étirements, de renforcement musculaire avec sa taille. A terme, avec un espace de vie si exigu, les problèmes de dos et de genoux étaient assurés. Et si y’a bien une chose que Tay ne se voyait pas devenir, c’était être diminuée physiquement.
Yao répondit à son salut avec politesse en lui demandant si elle n’avait pas attendu trop longtemps. Tay sourit. D’ordinaire, sa résistance au froid lui permettait de circuler sur le campus sans trop de difficultés, mais une fois qu’on ne bouge plus, qu’on encaisse le froid sans faire aucun mouvement apte à nous réchauffer, l’inconfort arrive très vite.
- Non, ne t’en fais pas. Mais j’ai hâte de me bouger pour réchauffer tout ça !
Rien qu’imaginer ses muscles travailler, sa température corporelle qui augmente comme un moteur dégelant une voiture un lendemain de blizzard à grands coups de chauffage, ça lui donnait envie. C’était bien d’avoir envie de faire du sport, vu le nombre de gens qui, elle le savait, voyaient cela comme une punition, une torture. Et c’est la raison pour laquelle elle tenait à y aller doucement avec son camarade. Parce que faire faire des activités sportives ce n’était pas le plus compliqué, mais pour Tay un vrai coach te faisait aimer le sport que tu pratiques avec lui, et là c’était une autre paire de manches ! Surtout que le fitness, la musculation, on a l’impression que soit on en tombe amoureux aux premières séances soit on n’aimera jamais ça alors que desfois ça prend du temps. On s’entraîne quelques semaines à courir comme un forçat et puis on achète des écouteurs sympas pour mettre de la bonne musique, on commence à bavarder avec les habitués de la salle, on trouve quelqu’un pour s’entraîner avec soi et petit à petit on en fait une saine habitude, et c’était bien là son objectif avec son nouveau “petit protégé”, bien qu’elle ne l’appelerait jamais ainsi en face à face.
Ce dernier répondit ensuite à Tay sur le déroulé de sa journée. Ennuyeuse, qu’il disait, mais il supposait que leur séance du soir était aussi une origine de la lente perception des choses. C’était une formule étrangement flatteuse, et la semi-géante ne sut pas vraiment quoi répondre à cela donc elle passa directement à la suite, espérant que son camarade ne se rende pas compte qu’elle avait esquivé son compliment. Mais en même temps, quoi dire à part “Oh c’est gentil !” et plonger la conversation dans un silence gênant ? Non, mieux valait changer de sujet !
- La mienne ça allait ! J’ai eu magie médicale et anatomie des créatures magiques. C’est ma grosse journée “théorique” de la semaine donc ça peut être longuet aussi, mais j’en ai moins que toi des comme ça je pense.
L’avantage de son cursus c’était les nombreuses sorties avec les créatures magiques de l’école pour aller les examiner, apprendre à en prendre soin, favoriser le lien entre les élèves et les animaux… Après, peut-être que Yao était casanier et, dans ce cas, un tel programme le fatiguerait rapidement. Il semblait calme de nature, et plutôt frêle -ce qui n’était pas un mal en soi- ce qui expliquerait qu’il réclame l’aide de quelqu’un pour se mettre au sport. Quand on a peu fait, ou pas pendant longtemps, c’est presque nécessaire d’être épaulé pour remettre le pied à l’étrier. Mais le jeune homme semblait tout de même vouloir garder une certaine image, et nia la pensée de Tay avant même qu’elle ne souhaite la formuler. Néanmoins, il le fit avec une telle douceur qu’on douterait que ça lui importe vraiment de garder la face sur ce sujet-là. Il termina sa phrase par “shifu”, un surnom qu’on n’avait jamais donné à Tay et qui l’intrigua. Elle ne put retenir un haussement de sourcil.
- Shifu ? Je ne sais pas ce que ça veut dire, désolé. Elle savait que c’était probablement un mot de la langue d’origine de Yao, le mandarin, qui, avec ses tons, marquait une différence sonore avec les langues occidentales. Et ne t’en fais pas, je ne dis pas ça parce que je te sous-estime, mais que tu sois champion olympique ou néophyte, si tu te lances dans un nouveau sport alors il est impératif d’y aller doucement !
Elle agita son doigt devant Yao comme une experte. Quelle scène, quand on y pense. Yao, face à une géante, un genou à terre, qui lui donne des conseils avec toute la pédagogie du monde. Il finira par avoir une réminiscence de ses premières rentrées à l’école, il ne comprendra rien. Pour le moment, il invita Tay à aller dans le gymnase pour qu’ils puissent enfin entrer dans le vif du sujet, mais surtout se réchauffer. Elle acquiesça en affichant un large sourire.
- Tu as raison, allons-y.
Puis se redressant sur ses immenses jambes, elle ne pouvait désormais plus apercevoir que le crâne du jeune homme et une partie de son visage. Heureusement, une fois sur les machines, ils seraient un peu plus au même niveau. Tournant les talons, la semi-géante avisa la porte d’entrée du gymnase. Deux-mètres-vingt de haut, pas plus. Elle devrait encore se baisser pour entrer. Yao pouvait donc admirer le spectacle de la jeune femme ouvrant la porte et occupant presque tout le cadre de cette dernière au moment d’entrer dans le bâtiment. Sans tous ces efforts elle serait trop grande et trop large et resterait bloquée dehors. Ces efforts, d’ailleurs, elle était un peu mal à l’aise de les faire devant Yao, comme si elle venait de tomber en sortant de l’arrière d’une voiture par la porte avant, un geste pourtant simple. Ce n’était pas sa faute, ce n’était pas un vrai problème, mais elle exposait ainsi la gêne qu’elle représentait et vivait au quotidien, montrant ainsi un aspect de son être qu’elle n’appréciait pas et qui était pourtant l’un des premiers dévoilé aux yeux des autres.
- Allons-y, répéta Tay, plus froidement que ce qu’elle aurait aimé.
L’entrée du gymnase se divisait en plusieurs couloirs menant aux différentes salles. Ce qui intéressait nos deux comparses était celle dédiée à la musculation et au fitness, nécessitant de descendre un étroit escalier vers le sous-sol. Là aussi, une partie de plaisir pour un tel gabarit et devoir réitérer son triste spectacle commençait à agacer la semi-géante. Mais finalement les voilà devant un parterre de machines ressemblant un peu plus à des instruments de torture à mesure qu’on regardait vers le fond de la salle. Près de l’entrée de l’escalier, une porte menait à des petits vestiaires pour se changer, des lavabos pour se rafraîchir, des toilettes, puis des casiers où ranger ses affaires. Heureusement pour elle, Taynara n’aurait besoin que des derniers, étant déjà habillée et munie de bouteilles d’eau pour tenir la séance.
- On va commencer par un peu de cardio pour se mettre en jambes, annonça-t-elle à son partenaire d’entraînement, sans pour autant oser le regarder, son front marqué par l'ébauche de sourcils froncés, invisible lorsque les deux sportifs étaient encore dehors.
Sujet: Re: Je te ménagerai, alors tiens-toi prêt. [PV : Yao Meng ; janvier 2023] Mer 18 Jan 2023 - 14:09
And I was running far away. Would I run off the world someday ?
Les matières citées éveillent en toi une forme de curiosité passagère, celle que l’on ressent face à ce qui nous est totalement étranger. Vos cursus diffèrent presque en tous points, deux univers aux antipodes. Tu n’aurais pas aimé suivre cette voie-là, tu le sais déjà ; les créatures magiques, si elles ont un intérêt certain, ne te passionnent pas davantage qu’un exercice en plein air. Tu te satisfait de ton choix, de ton chemin tout tracé, et préfères de loin les papiers, l’administration, l’organisation et l’ordre que tu as cultivé au Repaire des Nuages pendant ces longs étés passés sous la tutelle du clan Lan. Et puis, après tout, tu ne peux te permettre aucune erreur. Pas la moindre. Tiré de tes réflexions, tu forces un léger sourire à naître sur tes lèvres alors que tu plonges tes yeux dans le regard franc - et peut-être un peu inquisiteur - de ton interlocutrice. Te sentir observé de manière si frontale n’est pas habituel et te met presque mal à l’aise - tu camoufles donc, enfouies, ce que tu ne souhaites pas montrer, et laisse ton sourire envelopper tes joues et creuser tes fossettes. Heureux de pouvoir mener la discussion sur un terrain plus agréable, tu reprends la parole avec une enthousiasme peut-être un peu forcé :
« Shīfu est un titre de politesse que l’on emploie généralement pour marquer le respect envers son maître - ou un expert dans un domaine. L’équivalent du sensei japonais que l’on utilise plus fréquemment. »
Tu as employé ce terme par taquinerie plus que par flatterie, sans penser qu’il pouvait ne pas être compris. Tu emploies rarement des termes de ta langue d’origine, sauf en de rares circonstances. Au Canada, différents clans de sorciers chinois plus ou moins influents se sont formés au fil des années, cercles restreints et peut-être un peu trop élitistes, issus des traditions chinoises et de sang pur. Lorsque ton père a accepté de te recueillir, il ne t’a pas donné son nom ; si tu es toléré, tu n’as jamais été vraiment accepté, ni même reconnu. L’on ne sait de toi que ton illégitimité, et l’on reconnaît la valeur de ton père pour avoir recueilli chez lui un bâtard, un sang-mêlé. Tu es défectueux, et fais tout ton possible pour pallier ces failles invisibles. Ce ne sont donc qu’en présence de ceux que tu pourrais presque appeler « les tiens » que les titres honorifiques ou les marques de respects refont surface dans ta langue maternelle. Envers Taynara, il s’agissait surtout d’une plaisanterie, d’une badinerie pour marquer une forme d’acceptation : tu suivras ses instructions à la lettre, comme le bon élève que tu es.
« Je comprends. Je ferai donc selon tes instructions ; après tout, si je t’ai demandé de l’aide, ce n’est pas pour suivre mes propres règles. Je te remercie encore du temps que tu m’accordes. »
En termes de zèle, tu es presque un champion. Mais ces paroles sont étonnamment sincères ; rares sont les personnes à qui tu demandes une aide véritable. Plus rares encore celles qui t’accordent du temps. Tu te demandes pourquoi elle n’a rien accepté en retour - n’est-ce pas dans les normes sociales d’attendre de l’autre une forme de compensation pour chaque service rendu ? Cette réflexion t'amène à te méfier, bien malgré toi ; à te tenir sur tes gardes. A rester vigilant, presque sur le qui-vive. Tu as cependant du mal à l’imaginer te demander quelque chose, mais tu auras envers elle une dette - et les dettes sont des sujets dangereux. Malgré tout, ta décision est prise. Tu ne peux plus reculer. Tu prends donc une profonde inspiration et te tournes vers l’entrée du Gymnase. Taynara est la première à en franchir les portes ; un exercice apparemment ardu qui ne se fait pas sans un effort physique alors qu'elle est obligée de se pencher, et de réduire un peu sa carrure pour ne pas rester coincée entre les battants. Tu la suis sans un mot et, à son ton un peu brusque, tu ne te formalises pas. Tu comprends cette forme d’embarras. Tu n’apprécierais pas toi-même de te retrouver dans une situation semblable, bien qu’aucun jugement n’émane de toi. La seule réaction appropriée que tu trouves est l’indifférence : comme si rien ne s’était passé, que tu n’avais rien vu - ou pas compris.
« Je te suis, tu connais sans doute mieux que les lieux que moi… Je crois ne jamais être entré ici que pour des exercices obligatoires. » Ajoutes-tu, penaud. Un aveu bien honteux lorsqu’on veut prétendre à un programme sportif. Mais l’on commence toujours quelque part, c’est une chose dont il faut te rappeler.
La descente est lente, surtout plus pénible pour Taynara que pour toi alors que tu constates quel effort il faut sans doute à ta camarade pour prendre sur elle - sans doute cela n’a-t-il pas été instinctif. Que s’adapter à un monde trop petit pour soi force à s’effacer forcément un peu, à toujours essayer d’entrer dans un moule sans en briser les contours. Ces réflexions te travaillent, ces faits te questionnent sur l’aménagement de l’école - et même sur toute la société. Mais tu n’es pas venu ici pour écrire une dissertation philosophique et tu laisses pour l’instant ces questions de côté. Arrivés à l’étage adéquat, tu te poses sur un banc pour enfiler tes chaussures de sport et laisse tes bottes et ta veste dans un des casiers. Taynara te paraît à présent moins chaleureuse, un peu plus distante ; tu supposes que beaucoup de facteurs à ce comportement entrent en compte et ne t’en formalises pas. Tu te contentes de hocher la tête. Autour de vous, les locaux sont relativement vides. Quelques élèves sont là pour s’entraîner, mais tu t’attendais à une foule plus massive - ce fait te rassure.
« D’accord. De la cardio… Ça devrait aller. » Tu as une endurance relativement bonne, si l’on se base sur des critères simples. Des exercices, tu n’en as cependant jamais vraiment pratiqué. Tu te demandes à quoi ils peuvent ressembler et, surtout, si cela va nécessiter l’utilisation de certaines machines - qui te t’apparaissent plus comme des monstres de métal que comme de futures alliées. Tu lèves la tête en direction de ta camarade et lui adresses un sourire confiant. « Je suis prêt, shīfu ! »
Et c’est ainsi que commences cette curieuse séance d’entraînements. Vous ne vous connaissiez pas quelques semaines plus tôt, parfaits étrangers l’un pour l’autre, et, aujourd’hui, c’est en faisant du sport que tu apprends à découvrir Taynara. Une semi géante qui, curieusement, te touche, pousse tes réflexions vers des axes que tu n’aurais jamais pu soupçonner d'avoir envie de creuser. Tu te rends compte que la vie est parfois curieuse, que les rencontres forgent toujours de nouvelles perspectives. C’est sur ces pensées que tu commences à sentir les premiers effets de la séance d’entraînement sous l’effet de la transpiration. Les exercices te paraissent pourtant plutôt simples, il faut croire que Taynara avait raison de vouloir y aller doucement avec toi.
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Sujet: Re: Je te ménagerai, alors tiens-toi prêt. [PV : Yao Meng ; janvier 2023] Mer 18 Jan 2023 - 21:09
Je te ménagerai, alors tiens-toi prêt.
Les enceintes de la salle diffusaient un savant mélange d’électro et de rap américain pour motiver les visiteurs à se surpasser sur les machines. Même si la plupart venait déjà équipé pour écouter ce qui les intéressait vraiment. Tay réalisa d’un coup que son casque lui manquerait peut-être, mais elle devrait s’occuper de son protégé, ça aiderait à oublier ce contretemps. Ses yeux glissèrent vers lui, d’ailleurs, alors qu’il commentait le programme proposé par la géante. Il semblait stressé, appréhender cette séance. A dire vrai, Taynara faisait du sport depuis si longtemps sans vraiment d’interruption qu’elle ne saurait dire si elle comprenait vraiment ce qui lui traversait l’esprit, mais elle pouvait facilement essayer de le deviner et compatir en ce sens.
- Tout va bien se passer, oui. Tu ne fais pas du sport pour souffrir, alors dès que ça fait mal on arrête. Tu n’as rien non plus à me prouver alors ne te surpasse pas pour rien, je j'apprécierai tout pareil à la fin de la séance, que tu sois performant ou non.
Son sourire était sincère, et la froideur qui l’animait un instant plus tôt s’était envolée, balayée par sa joie d’être ici et surtout de partager ce moment avec quelqu’un. Elle n’avait que très peu participé à des sports collectifs par le passé, tout simplement parce que passé la barre des parties pour le plaisir la plupart des clubs refusaient que Tay les intègre pour que la compétition reste saine. Imaginez-là au basket, ce serait tout bonnement de l’anti-jeu. Alors elle pratiquait en solitaire, mais regrettait de temps en temps de n’avoir personne pour partager ce qui grise son cerveau après quelques minutes de course à pied ou un soulevé de terre réussi. Mais aujourd’hui, c’était différent et elle en remerciait le ciel.
Après avoir tenté tant bien que mal de rassurer son camarade sur ce qui allait suivre, il était temps de commencer. Les deux passèrent au milieu des rangées de machines jusqu’à tomber sur l’endroit le plus peuplé, tant en appareils qu’en sportifs, la zone de cardio. Tapis de course, vélos elliptiques, rameurs, tout était là pour faire une bonne suée et, la plupart du temps, perdre les quelques kilos ramenés avec soi après les vacances. Par ici Tay ne reconnut aucun habitué, car courir elle faisait ça en extérieur. Elle avisa un duo de tapis libres, côte-à-côte, et invita d’un geste du menton Yao à monter sur l’un d’entre eux.
- On va commencer par ça, c’est le plus simple pour s’échauffer. Si jamais y’a un exercice que tu ne peux ou ne veux pas faire, dis-le moi, ça ne posera aucun problème. Je sais que la course ça peut être un traumatisme pour certains.
Malgré son ton léger, c’était sérieux. La course faisait partie des sports les plus détestés dans le milieu scolaire, car il poussait à la performance, à la comparaison avec les autres qui courent plus vite que nous, de nombreux enfants ont du mal à en faire parce qu’ils n’ont pas la technique, qu’ils n’en ont jamais fait avant, que corps n’est pas habitué et que c’est assez éprouvant pour les muscles, parce qu’on peut être en surpoids ou en sous-poids ce qui engendre encore plus de comparaison et de pression sociale et c’est un cercle infernal. Pas question de ça ici, Tay était là pour aider ce jeune homme à se remettre en forme et le faire fuir était le dernier de ses souhaits. Voilà pourquoi elle accompagna son geste en se hissant sur le tapis juste à côté de celui de Yao, baissant ses yeux vers lui avec un sourire encourageant.
- On va faire ça ensemble, d’accord ? Déjà pour que tu saches comment faire fonctionner cette machine.
Elle lui expliqua ensuite la marche à suivre : appuyer sur le bouton d’allumage, sentir le tapis rouler doucement sur ses pieds, l’inviter à s’approprier l’appareil en marchant, d’abord, au rythme du tapis, ce qu’elle faisait aussi de son côté. C’était assez grand pour l’accueillir, elle, ses grands pieds et ses deux-cent kilos, ce qui n’était pas le cas de tous les équipements. Puis, après quelques minutes, elle demanda à Yao s’il voulait accélérer, pour qu’il ait bien le contrôle total sur la séance, elle lui indiqua ensuite le bouton pour augmenter la vitesse et attendit de voir jusqu’où il irait pour s’adapter en conséquence. Jamais elle ne se mit à une vitesse supérieure à la sienne, pour ne pas le mettre mal-à-l’aise et forcer la comparaison. Les minutes défilèrent, tout comme les morceaux du dj-set en cours sur la sono du gymnase, et Tay examina son protégé commencer à ressentir l’effort.
- C’est bien, c’est très bien Yao, continue comme ça, on est ensemble et tu te débrouilles très bien !
Son ton était doux, tout d’abord, puis s’intensifia au fur et à mesure de la séance pour devenir celui d’un coach classique, à la fois ferme et encourageant. De son côté, elle commençait à sentir ses muscles travailler, une sensation familière qui la faisait sourire largement. La tresse dans son dos se balançait au rythme de ses foulées et des gouttes de sueur perlaient sur sa peau sombre. A ce moment, Yao pourrait sentir une des particularités des semi-géants : ils chauffent, beaucoup. Grands, lourds, avec une large surface de peau, il émanait d’eux plus de chaleur que chez un humain ordinaire et même si ce serait peut-être imperceptible à cause de ses propres efforts, le jeune homme pourrait sentir à côté de lui l’imposante présence de Tay qui pourrait tout aussi bien être réconfortante qu’opressante.
L’échauffement dura en tout et pour tout quinze minutes, dont six ou sept à s’approprier la machine. C’était bien suffisant et la préfète fit signe à son camarade qu’il était temps d’arrêter. Une nouvelle pression sur le bouton d’allumage et le tapis ralentissait lentement avant de s’immobiliser pour les laisser descendre. Passant une main sur son front pour en retirer la sueur, elle dévisagea ensuite Yao afin de détecter chez lui de la gêne, de la douleur, de la déception, n’importe quoi qui signifierait que quelque chose s’est mal passé.
- Est-ce que ça a été ? Tu as plutôt apprécié ou c’est vraiment pas ton truc comme exercice ? C’est ok si c’est le cas, il y a des tas de sports et je comprendrais très bien que la course ça puisse être pénible ou même ennuyeux.
Inutile de dire que, de son côté, Tay avait adoré et sentait que son corps en redemandait. Elle aimait profondément ce sport car il la défoulait plus que n’importe quel autre, surtout lorsqu’elle courait dehors. En salle c’était bien aussi, mais elle se sentait déjà plus enfermée. Secrètement, elle croisait les doigts pour transmettre cet amours des petites foulées à son protégé et en faire un compagnon de course.