Tu t'étais inscris à la ferme pour éviter de devoir rentrer chez toi et voir Luna et Mikhail. Ce n'est pas que tu ne les aimais pas (quoi que), mais disons que plus tu étais loin d'eux, mieux tu allais. Puis il y avait des personnes que tu appréciais qui étaient là bas, donc autant faire d'une pierre deux coups. Tu admets détester faire les tâches que vous deviez faire, mais bon, disons que tu n'avais pas vraiment le choix. Après, on ne peut pas dire que tu ne faisais vraiment rien, car de temps en temps tu faisais à manger même quand on ne t'avait rien demandé, juste car tu cuisines bien. Tu détestes manger, mais l'action de cuisiner, ça va, cela ne te dérange pas.

Même si là, tu avais cuisiné de bon coeur. Des croissants maison, tout chauds, tout parfaits, bien exécutés. Mais tu n'allais pas y partager aux membres de la ferme. Hors de question qu'ils mettent leurs sales pattes dessus. Non. Tu avais entendu dire que Yumeko revenait du Japon pour un court moment, donc autant rendre le moment agréable, non ? Même si tu ne sais absolument pas si manger peut rendre un moment intéressant et agréable, pour toi c'est juste une perte de temps. Mais peut être que pour la japonaise, ce sera un moment de joie.

Soupirant, tu avais mis ces croissants dans un tupperware et tu t'étais mis contre un mur de pierre, à l'ombre. Foutu soleil. Tu avais envoyé un message à la brune disant de te rejoindre ici. Vous allez pouvoir vous balader... Mais qu'est-ce que tu fous. Depuis quand tu es attaché à quelqu'un ? Enfin, Yumeko c'était particulier. Tu voyais en elle une espèce de soeur avec qui tu pouvais faire les 400 coups sans aucune honte car elle te suivra dans tes conneries. Forcément que tu l'aimais bien en ayant cette vision d'elle. Quand tu l'avais vu arrivé de loin, tu faisais de grands gestes avec tes mains gantés. Tu n'avais qu'une chemise bleuté, un grand noeud papillon attaché sur ton torse et ton fameux grimoire accroché à ta hanche. ( www )

« — Yuuumeeeekoooo ! Je suis lààààà ! Me passe pas devant, je serais presque déçu que tu ne me vois pas alors que tu es là que pendant quelques temps à peine.  »

Tu venais sourire comme un idiot en attendant qu'elle arrive. Quand elle fût à ton niveau, tu venais lui tendre le tupperware d'un geste sec.

« — Croissants ? Ils sortent du four. Je les ai fait pour toi, je me suis dit que tu avais peut être un petit creux après ton voyage. Cela s'est bien passé d'ailleurs ? »

Tu n'as pas beaucoup d'amis à Ilukaan, mais le peu que tu avais étaient des personnes précieuses avec lesquelles tu aimais faire les 400 coups. Ou juste des personnes précieuses tout court, et même si tu ne leur montrais pas explicitement ton attache envers eux, il faut savoir que si ils ont des emmerdes, tu seras toujours présent et de leur côté, quel que soit le problème en question. Bon après, personne n'avait dit que tu avais d'excellents conseils, et même que parfois ils étaient plus que foireux. Tu souriais légèrement quand la demoiselle prenait tes croissants, signant le fait que tu la connaissais bien car elle avait faim. Bien sûr que tu la connaissais bien, elle faisait partie de ton petit cercle de  personnes qui te tenaient à coeur. Et quand quelqu'un rentrait dans ce cercle, tu faisais attention aux moindres détails.

« — Je suis ravis d'entendre que j'avais raison. J'espère que tu aimeras ce que j'ai fait alors. C'est simple, mais c'est bon, c'est chaud, c'est parfait. »

Tu esquissais un sourire en quoi à tes paroles. Bien sûr que c'était parfait. Tu étais content de tes origines françaises simplement pour la nourriture, car bon vu ce qu'il s'était passé en France de ton côté, difficile d'aimer ces origines pour autre chose. Enfin, tu soupirais à cette pensée, ce n'était pas le moment. Tu gardais ton sourire sur tes lèvres en voyant la brune manger ce que tu avais fait. C'est dingue comment manger pouvait redonner des couleurs. Tu ne trouves pas que c'est intéressant de se nourrir, mais bon, c'est fascinant d'observer les autres manger.

« — Je me doute que s'habituer au décalage horaire ne doit pas être une mince affaire. Tu veux te reposer ? Eeeh bien sûr que je t'ai manqué ! A qui je ne manquerais pas de toute façon ? »

Gardant ce sourire narquois sur les lèvres, tu ouvrais la marche, les bras croisés derrière ta tête, la démarche calme et enjouée.

« — Je te propose une petite balade simple, sans fatigue, paisible. Tu pourras me raconter comment ça se passe au Japon, ou tes... »

Tu te tournais vers la japonaise, un sourire moqueur mais sincère.

« — "Relations" avec certaines personnes à Ilukaan, hmm? »

Oui, on peut dire que les balades n'étaient pas quelque chose que tu appréciais particulièrement. Marcher t'épuise assez vite et tu préfères flâner sur un toit ou dans un coin d'ombre plutôt que bouger ton corps. Mais ici c'était de ton plein gré que tu proposais une balade sans objectif précis. Surtout que tu avais l'impression d'avoir fait le tour des possibilités à la ferme, donc une balade ne peut même pas servir à visiter les lieux... Mais bon tu te dis que vous n'alliez pas faire grand chose au risque de vous fatiguer avec la chaleur et autres désavantages dont vous n'y pouviez rien. Aux paroles de la brune, tu fis de grand mouvements incompréhensibles avec tes mains, gantées aux longues griffes, histoire de la stopper.

« — Voyons, voyons. Je ne m'attendais pas à ce que tu me racontes comment tu as sauvé douze fois le Japon d'un tsunami. Mais je ne sais pas, de petites choses diverses et variées ? Tu as vu de nouvelles choses au Japon ? Tu as ramené un souvenir à ton incroyable frère de coeur ? ~  »

C'était bien sûr une plaisanterie. Tu n'étais absolument pas matérialiste et tu n'avais aucune attache à la valeur d'un objet. Tu ne l'avoueras jamais, mais tu avais plus d'attache à la signification d'un objet. Dans quel contexte a-t-il été offert ou trouver, pourquoi tu le possèdes, qui te l'a offert, ce genre de choses. Ca, c'est beaucoup plus important que la valeur marchande de l'objet en question. Enfin, oui parfois tu regardais la valeur de quelque chose, pas pour rien que l'on t'appelait l'escroc, mais ça c'est hors contexte ok ? Bref, Yumeko oui. Et il semblerait que tu avais bien tapé dans une corde précise, une corde sensible. Pas dans le mauvais sens, tu n'es pas du genre à taper sur des points douloureux chez tes proches, mais une corde sensible... Si sensible que la jeune femme s'était mise à bégayer devant toi. Oh, tient, du nouveau ? Voilà que tu esquissais un ravissant sourire.

« — Hehe. I got youuuuu~ »

Tu t'arrêtais dans ta marche, regardant la brune du haut de tes 1 mètre 76, un sourire idiot sur le visage tandis que tu venais tapoter sa tête avec douceur.

« — Touut ! Du nouveau ? L'un de vous a fait le premier pas ? Il serait temps voyonnns ~ Je ressens les p'tites tensions entre vous là, j'ai bientôt plus de popcorn, faut passer à la vitesse supérieure.  »

Tu venais lâcher un rire léger avant de reprendre, retirant ta main pour la poser sur ton grimoire.

« — Ou sinon je peux toujours m'en mêler, ce serait simple, de jouer les Cupidon, tu ne trouves pas ?  »

Oui, certains pourraient dire que tu étais bien trop intrusif, que tu devrais te calmer au niveau de la curiosité, mais tu n'y pouvais pas grand chose. Yumeko était à tes yeux comme une soeur que tu n'auras jamais, et forcément tu devais tenir ton rôle de frère à la perfection, et donc la charrier (sans méchanceté) sur ses relations, ou tenter de l'aider à faire évoluer les choses. Enfin, tu crois pouvoir faire bouger les choses, mais il faut noter que tu es la pire des quiches au niveau de l'amour et quoi que tu dises, il y a de fortes chances que ce soit foireux, et foiré par la même occasion. Mais on ne peut pas dire que tu manquais de confiance en toi. Tu venais lâcher un léger rire quand la demoiselle avait percuté ton torse par manque de concentration sur ses gestes et sa direction. Oh bah, tu l'avais perturbé à ce point ?

« — Ooooh ! Ca c'est parfait ! Des petits date ? J'espère c'était romantique, et je viens de Paris, autant dire que le romantique, ça me connait. »

Ouais... Tu n'allais absolument pas avouer que tu n'avais pas grandi à Paris même, mais plutôt à côté, et que Paris sur les cartes postal, c'est bien beau, mais en vrai, ça l'est moins. Mais tu n'allais pas briser le charme de ta ville natale, ni même les fausses visions que l'on se faisait dessus. Cependant, la suite de ses paroles te fit un peu de peine. Elle avait peur de briser une amitié si ce n'était pas réciproque ? Oui, c'est un point de vue qui se défend, mais bon, si elle restait dans le flou sans avancer, cela risque d'être compliqué. Son regard à ses dernières paroles semblait te donner un défi (non), et tu étais ravis d'y répondre (ce n'était pas un défi Vanitas.)

« — Ecoute moi bien, ma chère Yumeko. »

Comme si tu débutais une scène de théatre, tu faisais de grands gestes pour accompagner tes paroles, ta voix légèrement chantante comme si tu racontais une histoire un peu mal foutue.

« — C'est normal que tu crains que brusquer une amitié si tu avoues tes sentiments je pense que beaucoup de personnes sont dans ce genre de situation. Mais il vaut mieux que tout soit clair pour toi, non ? Puis, qui te dit que ce n'est pas réciproque ? Tu sais, j'ai vu dans ses yeux malicieux qu'il y avait quelque chose ! Et ouais, je suis cupidon caché, tu n'y as pas vu venir hein. »

Tu réfléchissais quelques secondes avant de prendre la main de la demoiselle. Bah voilà ce que vous alliez faire! Tu lui balançais un « — Suis moi ! » remplis d'entrain tandis que tu t'approchais d'un coin un peu à l'ombre. Personne n'était dans les parages, donc c'était parfait, il n'y avait (normalement) pas de risque que quelqu'un vous tombe dessus.

« — Déclare moi ta flamme comme si j'étais "Lui"  ! T'inquiète, je peux imiter sa tête, même si je ne suis pas japonais, désolé. Entraîne toi, mets y du coeur !»

Ohh que oui, tu l'avais vu. Ce sourire très niais sur le visage de Yumeko quand elle semblait fouiller certains de ses souvenirs avec cette personne. Cela voulait tout dire, et tu étais déçu de ne pas avoir Rin sous la main pour lui faire subir le pire des interrogatoires pour qu'il cède et qu'il avoue que c'était réciproque. Ce n'est pas possible de résister au charme de la japonaise voyons ! Elle est jolie, toute mignonne quand elle rougit, elle te rappelait Jeanne. Et tu te souvenais à quel point tu aimais voir les personnes timides face à des sentiments amoureux. Les mimiques humaines sont vraiment fascinantes, tu ne t'en lasses pas.

« — Cela se voit. Tu as les joues aussi rouges que la pierre des Lupy. ~ »

Tu souriais quand elle signait que même elle n'arrivait pas à analyser le regard et les sentiments de la personne qu'elle aimait bien trop. Bah, c'est sûr qu'il y a des personnes plus difficiles à comprendre que d'autres sur le terme des sentiments ; toi le premier. Aimes-tu Jeanne ? Non. Aimes-tu Yumeko ? Peut être. Mais si cela se trouve, tu avais menti à ta réponse pour Jeanne. Puis ce n'est pas le même amour. Tu détestes être aimé de toute façon. Qui peut aimer un être aussi puéril que toi ? Ce côté puéril se voyait tellement quand tu l'avais "forcé" à se "confesser" à toi en imaginant que tu étais Rin, pour l'entraîner. Tu croisais les bras, tirant une moue déçue en voyant que Yumeko avait du mal à parler. Bon.

« — Eeeh. Ok, laisse faire les pro. »

Soupirant, tu venais étirer tes bras, avant de t'approcher de Yumeko, prenant sa main, prenant le sourire le plus charmeur, les joues les plus rouges, la voix la plus mielleuse. Bien sûr, tout était faux. Mais si elle était dans cet état face à toi, tu as peur qu'elle se mette la honte le jour où elle parlera à coeur ouvert à Rin.

« — Yumeko... Tu es la plus belle femme d'Ilukaan. Depuis que je te connais, mon coeur ne bat que pour toi et tes beaux yeux. Ton beau sourire, ta magnifique voix, ta façon de me rassurer... Tout ça, tout ça fait que oui.. Moi, Rin... Je t'aime, Yumeko.  »

Espèce d'imbécile. Satisfait de ce que tu avais fait, tu venais lâcher sa main, passant une main dans ta chevelure bleutée, tournant le visage, un sourire heureux sur les lèvres.

« — Cooomme ça. Vas-y, essaye. Tu peux te tromper face à moi, mais imagine tu te mets la honte devant lui ?! Horrible !! Non non non, faut que tu sois prête pour le jour J. »

Complètement con. Tu étais idiot de penser que tu étais un professionnel quand il s'agissait des confessions amoureuses. Bien sûr que tu n'étais pas professionnel, c'était même l'inverse, car tu n'as jamais eu de relations amoureuses et tu ne cherchais pas spécialement à en avoir. Ou alors tu en avais pas conscience vu à quel point tu pouvais être un imbécile sur les émotions et sentiments humains. Mais tant pis, tu avais tenté de faire une très bonne (non) imitation de Rintaro, avec tout ce qu'il fallait : les joues rouges, les yeux brillants, le sourire, la gêne. Tout. Même si d'un regard extérieur, c'était extrêmement puéril, tu faisais tout ce qu'on te disait de faire quand on songeait à jouer une pièce de théâtre. Non, tu n'étais pas dans une troupe de théâtre, mais la comédie, être un acteur, ça te connaissait un peu trop bien.

Tu fis une moue boudeuse à la remarque de la japonaise, mettant une main sur ton coeur, faisant semblant d'être blessé, brisé.

« — Oh non. J'ai raté mon imitation, je suis triste. »

Reniflant pour encore simuler ta tristesse, tu penchais la tête quand elle avait repris le cours de la conversation. Ah, elle préférait attendre quoi ? Imaginez elle attends des années, et au final Rintaro se marie avec quelqu'un d'autre, et du coup Yumeko finit le coeur brisé, anéanti ! Ah non non non, tu ne laisseras pas cette chose se passer, quitte à mettre ton grain de sel. Enfin, si elle ne souhaitait pas avoir d'aide de ta part, c'était compréhensible, tu serais capable de tout faire foirer.

« — Je vois. En effet, c'est mieux de se confesser quand on est sûr de ce que l'on ressent,  ou quand on est sûr de soi sur ce qu'on veut. Mais bon, j'espère que cela ne te filera pas sous le nez, ça me rendrait triste que tu laisses passer ta chance, vu à quel point tu sembles heureuse quand tu me parles de lui.  »

Souriant, tu venais tapoter sa tête, ricanant légèrement.

« — Enfin, je te taquinais, je ne sais pas imiter les autres. Mais tant que cela t'a tiré un sourire, je peux dire que mes imitations servent à quelque chose. En tout cas, je veux avoir des messages, et une mise à jour sur la situation dès que de nouvelles choses se passent. ~ »

Ah bah oui. Tel le grand frère autoproclamé que tu étais, il fallait que tu sois au courant de tout. Quitte à devoir faire des bannières, sauter dans un buisson et la soutenir dans le fond, tu le ferais.

« — Allez, j'arrête de t'embêter avec tout ça. J'ai quelques endroits sympa à te faire visiter si ça te tente ! »