Ca fait quelques jours qu'ils sont rentrés à Ilukaan, et la rentrée est proche. Les nouveaux cours, les nouveaux professeurs, les nouvelles interrogations, mais aussi les nouvelles chambres. C'est quelque chose que Gorou redoute chaque année, bien que tout se passe bien à chaque fois. Cette année, il était avec Ichigo et Owen, avec qui il est devenu bon ami. Mais et si, l'année prochaine, Baset était dans sa chambre ? Ou bien quelqu'un de tout aussi néfaste pour sa santé mentale ? Il n'aime pas perdre la compagnie de ses amis, et l'inconnu l'effraie.

C'est pour cette raison qu'avait été proposé une sortie randonnée, qu'Owen avait accepté avec joie. Tous les deux aiment le sport, tous les deux n'ont pas envie de recommencer une année supplémentaire de cours et d'études. Tous les deux sont donc parfaitement enthousiastes à l'idée d'aller se décompresser dans un petit mont sur une île voisine, souvent visitée par les sorciers du coin, plus campagnarde, aux habitations entourées de forêt. C'est quelque chose qu'ils n'ont pas à Ilukaan, et Gorou est surexcité à l'idée d'aller observer une variété de plantes magiques.

Il a préparé son sac avec ses affaires de randonnées. Des chaussures de rechange, des pansements et du désinfectant, de quoi manger un peu, mais surtout de quoi boire. Il a au moins cinq bouteilles d'eau, contenues dans une des poches de son sac magique. Ajoutés à ceci : une batterie de téléphone, une boussole, de la crème solaire et des serviettes en cas de sueur. Heureusement, tout ceci ne pèse pas lourd du tout grâce au sortilège lancé sur son sac. Autrement, il n'aurait jamais pu enchaîné dix pas.

Quand lui et Owen arrivent, ils se mettent directement à la marche. Gorou a bien l'intention de filmer certains moments et de prendre en photo d'autres. Ils commencent déjà par un selfie avec une belle vue sur la mer, puis il range son téléphone dans sa poche.



La route, pour l'instant, est encore bétonnée, mais ils savent que bientôt, ce seront des chemins en terre qu'ils parcourront.

confit Gorou tout en vérifiant le chemin sur son GPS.

Ils s'étaient vu tous les soirs cette année-là, ainsi que tous les matins. La majorité du temps qu'ils passaient dans leur chambre était occupé à discuter de tout et de rien, à prévoir quelques jogging, à parler de l'ami d'un ami qui aurait dit ceci à quelqu'un d'autre etc etc. Les activités habituels d'adolescents, en quelques sortes. Ca allait lui manquer, à Gorou. Il craint que ses futurs camarades ne soient pas aussi agréables qu'Owen. Ou qu'Ichigo, d'ailleurs, bien qu'Ichigo au départ lui avait semblé peu approchable. Au final, ce n'était pas le cas du tout.

Gorou réalise qu'à chaque pas effectué durant cette randonnée, il s'approche un peu plus de l'inconnu. Au final, cette nouvelle année est un peu comme le mont qu'ils souhaitent gravir. Ce n'est pas impossible. Complexe ? Oui. Effrayant ? Certainement. Qui n'a pas peur de l'inconnu, après tout ? Mais impossible... Non. Gorou souhaite se le prouver. S'il peut gravir ce mont, alors il pourra gravir la rentrée et son nouveau cursus d'auror. C'est avec un peu plus de détermination qu'il avance.



Il plisse les yeux, et en effet : le pont est bel et bien là, plus loin, trop proche de la rivière pour rester entièrement au sec. Peut-être qu'il avait été construit il y a bien longtemps, et que la marée avait changé depuis ? Peut-on vraiment parler de marrée pour une rivière ?... Ou bien peut-être l'avaient-ils construit tout simplement à un endroit peu arrangeant. Les erreurs de construction arrivent, et Gorou se moque un peu de l'origine de celle-ci. Ils approchent tous deux du pont et le métamorphomage s'accroche à sa rambarde, refusant de jouer aux idiots et de glisser. Tout en traversant la construction, il continue sa discussion comme si de rien n'était, faisant attention à où il place ses pieds.



Une randonnée sans la moindre magie. Ce qui veut dire : sans baguette, mais aussi sans la boussole magique, sans le sac magique... Le sac qui transportait tout ce dont ils avaient besoin. Mauvaise idée. Il affine son idée de défi, pour la rendre plus agréable.

Il note dans un coin de son esprit qu'il a interdiction de toucher la baguette dans son sac, sauf en cas d'extrême urgence. Gorou apprécie les défis et a bien l'intention de respecter celui-là. Après quelques instants aux pas calculés et aux mains appuyées sur la rambarde, il finit la traversée du pont et sourit à Owen avec un peu de fierté. Le premier obstacle est passé, et les voila qui s'aventurent dans la forêt avec une motivation renouvelée. Il observe les alentours tout en s'avançant : parmi les buissons et les herbes, il peut percevoir une ligne terreuse un peu plus à découvert, claire indication que quelques personnes ont pour habitude régulière de passer par cet endroit. S'il y a moins d'herbe et de mousse ici, c'est que des chaussures l'ont retiré assez souvent pour qu'elle ne puisse repousser que partiellement. Et si des gens s'aventurent toujours sur ce même chemin, c'est qu'il est surement plus pratique à parcourir que les autres.

Après un signe à Owen, il s'y engage, reprenant la marche ainsi que la conversation.



Il plisse les yeux, à la recherche de la ligne précise à suivre et qui les mènera certainement plus haut sur la montagne. Être préfet, ça n'a rien à voir avec ce qu'il fait d'habitude. Oui, il a toujours rêvé d'être un homme sur qui l'on peut compter, autant dans son futur militaire qu'auprès de ses amis. Mais... Il a l'habitude de marcher seul. Ses randonnées sont généralement entre lui et lui-même. Il les partage parfois avec des amis tout aussi férus que lui, mais jamais il ne dirige la marche. Il ne sait pas si il sera aujourd'hui capable de bien guider Owen à travers la forêt, tout comme il ne sait pas s'il sera capable de bien guider les élèves de sa maison à travers l'école et la vie étudiante... Encore moins dans un monde qui tente avec acharnement de faire tomber ceux qui sont nés de parents moldus.



Ils sont désormais éloignés de toute civilisation. Il n'y a plus une maison en vue, pas même un poteau électrique ou un banc. Tout autour d'eux se trouvent des arbres et des rochers, alors que le sol s'élève en une pente plus difficile à monter. Les voici au pied du mont, prêts à commencer leur ascension.

Il rit malgré tout de la réflexion d'Owen, tout en choisissant les appuis les plus sécurisés pour pouvoir grimper la pente. Ce rocher qui dépasse un peu du sol, puis cette racine assez épaisse, sa main s'agrippant à la branche basse et robuste d'un arbre en tant que soutien... Il se retourne régulièrement pour voir si son camarade suit bien le rythme. Gorou sait qu'il peut parfois s'emporter et aller rapidement, trop rapidement pour que ceux derrière puissent voir les passages qu'il emprunte. Il ne veut pas faire cette erreur aujourd'hui. Une fois de temps à autre, il aide Owen en lui donnant une indication. "Met ton pied gauche, plutôt", "c'est moins glissant sur la racine"...

Le chemin est un peu plus complexe qu'il ne le pensait. D'ailleurs, il est surpris que l'herbe y soit plus rare. Il sait, grâce à ce détail, que l'on passe souvent ici. Peut-être des randonneurs aguerris qui font toujours le même circuit ?... Heureusement, il sait qu'Owen tiendra le coup. Il n'est peut-être pas aussi expérimenté que lui en randonnée et en grimpe, mais il est bien assez sportif pour ne pas s'épuiser au milieu de la pente. Ses jambes sont fortes à force du faire du vélo, et il semblerait bien qu'il entraine aussi ses bras, puisqu'ils arrivent à agripper les prises naturelles que le terrain leur donne avec force. C'est lorsque Gorou tente d'en saisir une autre et se hisse un peu plus sur le chemin pentu qu'il en voit le bout.



Et en effet : quelques minutes plus tard, les voici enfin sur un chemin en très légère montée, si légère qu'on pourrait croire à un lieu complètement plat. Ce que Gorou ne comprend pas, c'est la directement que prend la route en terre qu'ils ont emprunté. Quelques bons mètres plus loin, et Gorou doit plisser les yeux pour le voir, il s'enfonce dans ce qui semblerait être une grotte naturelle. Aucun pilier pour maintenir la structure, pas de béton ni de bois. Un tunnel composé de roche, de mousse et de terre forgé par la forêt elle-même. Il pointe l'endroit du doigt tout en regardant Owen, s'arrêtant quelques secondes pour prendre une décision.  



Il pourrait être amusant de laisser le choix à son ami. Explorer la grotte qui est peut-être un tunnel, ou choisir un autre chemin jusqu'à maintenant inconnu. Après tout, guider peut-être amusant, mais il serait un bien mauvais maître de randonné s'il ne laissait pas un peu de liberté et d'excitation à son disciple.

Sans magie, sur un terrain inconnu... Cette randonnée devient de plus en plus complexe, mais Owen a l'air d'apprécier le challenge. Il ne peut pas vraiment lui faire de remarque : après tout, lui aussi préfère ce choix là, plus mystérieux, plus aventurier. Il regarde les environs un instant et tente d'établir le meilleur passage. Peut-être... Passer au dessus de la grotte. Ils seraient déjà plus haut, et donc plus près du sommet qu'ils souhaitent atteindre. Il hoche la tête pour valider son propre propos, les sourcils froncés par la motivation.

Il s'avance sans hésitation, et fait signe à Owen de le suivre. Au départ, on pourrait croire qu'il n'a pas écouté la proposition de son colocataire, puisqu'il avance vers la grotte en prenant le chemin. Mais il finit par détourner ses pas, et s'aventure dans les autres herbes pour rejoindre les côtés de la structure.



Il se penche afin de vérifier les semelles de ses chaussures et celles d'Owen. Ils sont bien équipé pour ne pas glisser, ce qui le rassure. Il pose un premier pied sur un morceau de roche qui dépasse alors que son ami reprend la parole.

Avec cette décision, il en avait presque oublié leur conversation d'origine : Ilukaan et la rentrée. Le cursus universitaire était une chose à laquelle il pensait tous les jours depuis qu'il avait été validé. On lui avait dit que c'était extrêmement différent. Il allait enfin changer de cours, ne plus avoir les mêmes matières qu'il a pourtant enchainé pendant sept années. Les élèves seraient de toutes les maisons mélangées, ils auraient plus de travail et de devoirs, de dossiers à rendre, plus de stress aussi. Des nouveaux professeurs, de nouveaux défis, puis de nouvelles expériences, petit à petit. Il avale sa salive. Il sait aussi qu'il pourrait commencer à trouver un travail à temps partiel s'il veut plus d'argent. Le tout se mélange dans son esprit, et il a l'impression que tout sera trop dur, sans compter ses responsabilités de préfet.

En a t-il trop fait ? Aurait-il dû se retenir de se proposer à un conseil ? Il serre un peu les dents, alors qu'il saute d'une roche à l'autre, montant plus haut encore.



Alors qu'il pose la question, il passe son bras au bord d'une racine et se hisse dessus. Il peut enfin voir le haut de la grotte, sur lequel il monte et se redresse avant d'essuyer ses mains pleines de terre.

Les cours de sports qui remplacent l'entrainement, hein ?... Il n'y avait pas vraiment pensé, et l'idée le rassure énormément. Au final, c'est vrai que ça libère du temps, de ce côté là. Peut-être pourrait-il même dormir un peu plus, le matin ? Il souhaite le remercier de ce conseil, mais... Non. A la place, il rit un peu, et le taquine. Owen lui fait penser à quelques personnes dans son entourage...



Il avance par dessus la grotte, pouvant voir le pique depuis leur position. Il devra prendre une photo, une fois en haut, et l'envoyer à sa famille. Ils s'étaient toujours inquiété pour lui. Il est le plus jeune d'une fratrie de cinq et tout le monde prend soin du petit dernier comme s'il était un trésor familiale, ce qui le fait grincer des dents régulièrement. Il ne manquerait plus qu'Owen en fasse de même. "Ton bien être"... Qui demande ce genre de chose ??

Il ne répond pas plus. Même si il avait voulu, de toutes façons, il se fait interrompre. Alors qu'il pose le pied sur l'une des roches, il réalise qu'il a dérangé un petit troupeau d'insecte qui vit ici. Il se penche pour soulever le caillou, curieux de voir de quelle espèce il s'agit. Il ouvre de grands yeux alors qu'il voit un reflet bleu, puis plus rien. Ils ont disparus aussi rapidement qu'ils ont été découverts... Et ça ne peut vouloir dire qu'une chose.



Des billywigs. Gorou se souvient du chapitre de son grimmoire sur les créatures et insecte magique, par coeur. Son amour pour la faune et la flore le lui permettent, mais lui apporte aussi de très mauvaises nouvelles. Un insecte volant si vite qu'il est invisible à l'oeil nu, pour les sorciers comme les moldus. Il peut piquer s'il se sent attaquer, et sa piqure provoque un état de lévitation temporaire. A peine le pense-t-il qu'il ressent un pincement à la peau alors que ses pieds décollent doucement du sol. A tous les coup, Owen s'est lui aussi fait piquer, trop proche de Gorou à cet instant-là.

Il commence à agiter les bras en criant "wooh !", et agrippe une racine histoire de ne pas perdre contact avec le sol. C'est une catastrophe. Cette randonnée est une catastrophe !

Il est conscient que ce n'est pas très visible. Après tout... Il n'est pas spécialement grand, et il n'a pas de masse comme Itto ou bien Kyojuro. Personne n'en a, dans sa famille, même si le plus grand de ses frères a une taille évidemment supérieure à la sienne. Comme son meilleur ami lui dirait : "c'est génétique, bro". Il n'a juste pas été avantagé de naissance... Mais il sait qu'il a un minimum d'abdominaux, de la force dans les bras et les jambes, et qu'il saura parfaitement tenir. La question est : pourquoi tenir ?

Selon ses connaissances, la piqure de billywig ne fait pas léviter à l'infini. La victime de l'insecte reste attiré par la gravité, seulement à deux ou trois mètres du sol, pas plus. Si ils venaient à lâcher les branches, ils n'auraient en vérité aucun problème, à part la possibilité d'être emportés par le vent. Ce qui lui donne une idée.



Il lâche la branche d'une main seulement, restant bien agrippé avec l'autre, et apporte son index à ses lèvres. Il le lèche de manière à le recouvrir de bave, puis tend le doigt vers le haut, là où se trouvent ses jambes. Un sourire lui vient au visage. Il peut sentir une brise ni trop puissante ni trop faible venir rafraichir le côté droit de son doigt. Le vent vient du nord, et ça tombe bien, car le mont, leur objectif, se trouve au sud. S'ils lâchent... Ils seront doucement mais surement emportés vers leur objectif. Il y a moins d'escalade, certes, mais c'est aussi une façon de voyager que Gorou n'a jamais essayé. Et puis... Techniquement, ils n'auraient utilisés aucune magie.

Il tourne son visage vers Owen, l'air sur de lui.



Il desserre ses doigts de la racine, et le voila qui s'envole en diagonale, vers le ciel, mais surtout, vers le mont. Il fait un petit salto aérien en riant, puis fait coucou à son ami de la main alors qu'il s'éloigne petit à petit.

Il pointe d'un geste simple leur destination, avec un grand sourire. Ils pouvaient y arriver, juste... Peut-être un peu lentement. Il ne le réalise que maintenant : c'est un moyen de déplacement original, oui. Amusant, certainement ! Rapide ? Avec un vent plus fort, peut-être... Mais pas ce vent là. Zut alors... S'il avait un grand tissu à déployer pour faire cerf-volant, ça aurait été l'idéal. Hélas... Il n'en a pas. Son t-shirt est plein de trou, donc ce n'est pas une possibilité non plus. Quoi d'autre ?...

L'idée lui vient d'utiliser son don. Il pourrait se faire des sortes d'ailes, quelque chose de pratique. Il est métamorphomage, après tout. Le soucis est qu'il a du mal à maîtriser ce type de magie. Avec Baset, il en avait appris la raison. Les métamorphomages ont tendance à visualiser ce qu'ils veulent devenir. La transformation arrive naturellement une fois l'image en tête... Mais Gorou n'avait pas une imagination aussi clair. Si on lui demandait de s'imaginer l'image d'une pomme, il suppose qu'un rond rouge serait le résultat. Quelque chose de flou, un concept qui ne lui vient pas naturellement. Alors sa magie utilise autre chose : ses émotions. C'est quand il avait prit le chien comme emblème et animal préféré qu'il avait commencé à obtenir des attributs canins sans le vouloir. Mais... Peut-être que s'il arrivait à se sentir léger ? Il flotte, après tout. Peut-être que cette sensation pourrait lui permettre d'accomplir ce petit miracle d'avoir des ailes pour les guider jusqu'au sommet.

Lancé de dé:

[Réponse du dé (message d'après) : Non.]

Léger, léger... Il se sent léger. Il vole parmi les nuages... Il craint penser à autre chose que d'être léger. Zut, il n'aurait pas dû penser ça ! Mince, il y pense encore ! Et si il faisait une erreur et se trouvait lourd à la place ?! Et le voila qui y pense, et voila que ses poignets de main s'entourent de chaire à l'apparence métallique, comme des menottes dont le poids était celui d'une altère. Il ouvre grand les yeux, alors qu'il descend petit à petit vers le sol. Décidément... Il est encore loin de maîtriser son don. Baset se moquerait bien de lui, s'il le voyait !

Et alors qu'il tente de se débarrasser de sa métamorphose comme il le peut... Il sent une goutte. Puis deux. Puis trois. Petit à petit, le ciel devenu sombre commence à pleurer : surement de rire face à la tentative rater de Gorou pour maîtriser son don. Il grogne d'agacement, alors que l'eau qui imbibe petit à petit leurs cheveux et vêtements les rendent plus lourd. Ils s'approchent un peu plus du sol, alors que la piqure commence à perdre de son effet. Ils volent maintenant à deux centimètres de la terre, si peu que leur lévitation ne se remarque pas à moins de plisser les yeux.

Les paupières basses d'agacement, il lève les bras pour regarder son haut trempé qui n'a plus aucune forme. Il sait lorsqu'il pleut trop, qui plus est, il peut vite avoir une odeur de chien mouillé. "Heureusement que la queue et les oreilles ne sont pas de sortie", il se dit, tout en sachant pertinemment, une seconde trop tard, qu'y penser les fait apparaître. Pouf, deux oreilles basses subissent désormais la pluie avec lui, alors que sa queue, tout aussi humide, frôle presque la terre à leur pied. "Félicitation, Gorou. Tu es le pire métamorphomage que la terre ait connu". Son moral et sa confiance en lui sont au plus bas.

Comment est-il censé être un bon préfet ? Il ne maîtrise rien dans sa vie. Il est absolument incapable d'organiser ses pensées, d'organiser son don... Alors comment pourrait-il guider les élèves comme il le doit ? Il s'assoit par terre, croise ses bras sur ses genoux et y enfonce le visage.



Ils devraient rentrer... Il n'a pas envie qu'Owen attrape un rhume, ou passe un mauvais moment sous la pluie. Leurs vêtements sont boueux, leurs vêtements sont mouillés, et ils ne sont qu'à la moitié du chemin. Est-ce que ça en vaut vraiment la peine ?...

La façon dont Owen semble prendre tout ceci à la légère le rappelle à l'ordre. Peut-être... Peut-être est-il en effet un peu dramatique. Ce n'est que de la pluie. Ce n'est qu'une randonnée. A force de faire des parallèles entre ce mont à gravir, son nouveau rôle de préfet et son don, Gorou avait fini par prendre la sortie bien trop au sérieux. Le mauvais temps et leur quelques péripéties n'avaient rien à voir avec tout cela. Bon... Peut-être que ses problèmes de métamorphomages l'avaient empêcher de faire quelque chose de cool et utile, mais ils n'avaient pas non plus empirés la situation, non ?

A flotter ainsi vers le mont... Ils étaient bien plus proches de son point le plus haut. Gorou n'avait pas été stupide, au contraire. Il les avaient fait progresser. Ce qui était stupide, c'était de se laisser baisser les bras ainsi. Owen a beaucoup plus de sang froid que lui. C'est quelque chose qu'il doit apprendre à avoir. Après une grande respiration, il se lève et suit l'exemple de son ami, enchaînant les grands pas avec les sourcils froncés. La pluie est désagréable. Le bas et les fesses de son pantalon sont couverts de terre mouillée. Sa fourrure prend l'eau. Et alors ? Quand il sera un soldat, plus tard, il rencontrera ce genre de situation aussi. Il devra impérativement garder le moral, et mieux encore, le transmettre aux autres. "Une troupe n'est rien sans un moral haut et des camarades qui s'entraident", lui avait dit son grand frère au retour de son travail, un jour. C'est ce qui lui avait donné envie de faire comme lui, rejoindre les forces magiques et protéger les autres avec une équipe soudée.

Il est tenté, le temps d'un instant, de se comparer à Owen. "Il est déjà meilleur soldat que moi", "Je n'ai pas du tout l'étoffe qu'il faut". Mais il secoue la tête et reprend du poil de la bête, sans mauvais jeu de mot. C'est cette façon de penser qui lui a fait apprécier l'abandon. Tout ce qu'il doit penser, à partir de maintenant, c'est qu'une route remplie d'obstacles, extérieurs ou personnels, donne un plus grand sentiment d'accomplissement une fois franchie. Il retrouve le sourire, et enchaîne le pas, courant même pour dépasser Owen. Le pic n'est pas loin.



Il court, glisse parfois, mais se relève toujours. Plus loin, il peut commencer à voir la vue magnifique qu'offre le mont. Il peut presque voir toute l'île, le petit village plus loin, le chemin qu'ils ont empruntés, et la grotte qui, au final, ne semblait pas être un tunnel et n'avait pas de fin. Peut-être que le passage tracé dans les herbes avait été fait par ses habitants, des animaux sauvages qui vivent là. Il peut voir le réseaux de cheminées qu'ils ont empruntés pour venir jusqu'à là, et même d'autres îles, plus loin dans l'océan. Tout ceci, il peut l'admirer grâce à la lente éclaircie qui se profile à l'horizon. La pluie, de courte durée, se dissipe peu à peu, laissant place à un paysage qui coupe le souffle.

Il arrive en premier. Il ne sait pas si Owen l'a laissé gagner pour lui remonter le moral ou si il a vraiment réussi. Les deux options lui conviennent. Soit il est le plus rapide en course à pied face à un garçon habitué au cyclisme, soit... Il a tout simplement un très bon ami.