Pour Anqiu, la politique allait bien au-delà d'une envie d'œuvrer pour le bien commun.
Oh elle avait bien des idéaux, comme toute personne se lançant dans ce domaine… Toutefois il s'agissait d'un héritage familial avant toute chose, qu'il convenait d'honorer en se prêtant au jeu.
Après tout, elle avait entendu bien des choses depuis l'enfance. Sa mère et tout le clan Huang du pays de Shu évoquer les hautes sphères du pouvoir chinois, certes dans le domaine de l'agriculture, mais il demeurait que c'était un exercice auquel ils avaient été rompus.
À l'époque, elle entendait les longs débats et il fallait dire que cela l'ennuyait assez pour ne pas prêter plus d'attention que ça… après tout c'était là des conversations d'adultes. Elle préférait de loin jouer à la poupée.
Pourtant même dans ses jeux, cette influence se fit ressentir. Aux amourettes scénarisées de ses jouets succédèrent des intrigues, des grands discours qui auraient pu faire le sujet de bien des épisodes de séries d'époque comme il en passait à la télévision et dont raffolait sa nai nai qui les observait en faisant la cuisine avec ses tantes.
Et à mesure qu'elle grandit, la Hangzhounaise trouvait de plus en plus d'attrait à cet art corrompu et pourri qu'était la quête du pouvoir. Anqiu prêtait à mesure de plus en plus attention aux discussions de ses aînés, des princes rouges Huang, desquels elle faisait partie jusqu'à ce jour où Chunlan, sa tante, la prit enfin sous son aile, la plongeant entièrement dans cet univers alors qu'elle ne faisait qu'y tremper depuis sa tendre enfance.
Le bain était empoisonné, addictif et la cadette Zheng en voulait plus…
Elle avait adopté les velléités de sa tante, les mêmes valeurs, la même vision, pour le meilleur de son pays.
Et le pire de ses ennemis.
Or quel meilleur exercice que de se lancer dans la course à la présidence du conseil des élèves ?
Aucun.
Et ce jour-là, elle avait réussi à embrigader Anthy pour la pousser à aider pour les tâches ingrates. Pénétrant dans le Dôme, elle observa sa cadette de loin, gardant un sourire froid aux lèvres et se faufila en silence près de la Lupy.
« Oh quel beau travail ! Merci à toi ! »
Susurra le serpent doucereux en conservant un sourire sous-entendant bien de sombres pensées.
Anqiu joint ses mains d'un air ravi.
« En effet ! Nous pouvons être optimistes ! »
Mais la Chinoise n'était pas dupe. Anthy et elles jouaient à un jeu passif-agressif, plein de piques, à la recherche de la faiblesse de l'autre…
Elle se doutait bien que sa cadette cherchait avantages et confort que pouvait bien lui procurer la fille Zheng en retour à ses bons services.
« Je te suis bien redevable ! »
Déclare-t-elle dans un gloussement se voulant timide.
Il n'en était rien.