Le deuxième enfant de la famille Desmond naquit le dix-sept septembre deux mille neuf, au crépuscule. À vingt-heures et vingt minutes exactement. On présenta aux parents un garçon en bonne santé qui répondra dorénavant au nom de Damian Alexander James Desmond.  

Donovan Desmond, riche lord anglais et l’un des premiers fournisseurs de l'armée britannique, était plutôt content d’avoir un deuxième fils à qui il pourra léguer sa fortune le jour où ce dernier se sera élevé tout en haut de la pyramide sociale.
Sa femme, Elizabeth O’Burne Desmond, avocate de renom, était aux anges, heureuse d’avoir donné naissance à son deuxième et dernier fils. Celui-ci deviendra plus tard son favori.
Demetrius Desmond alors âgé de sept ans, devint grand frère, statut qu’il n’eut aucun mal à accepter lorsqu’on le lui annonça. Pour son petit frère, il ouvrira la voie et veilleras sur lui, comme son rôle d’aîné l’exigeait.

Damian grandit dans un cadre on ne peut plus luxueux, il faisait partie de ces enfants nés avec une cuillère d’or dans la bouche.
Un immense domaine, un grand manoir datant de l’époque victorienne, du personnel de maison, des animaux, des repas préparés par des chefs étoilés… Tout était pensé pour le confort de la prestigieuse famille anglaise. Le cadet ne manquait donc jamais de rien, tout le monde se pliait en quatre pour obtenir ce qu’il désirait.

 

Demetrius était un sorcier très doué, tout comme ses deux parents. Si sa mère préférait les sorts élégants et raffinés, son père était plus adepte des sorts d’attaque et de défense. Damian adorait les voir exercer lorsqu’il était plus petit, et rêvait un jour de devenir l’un des plus grands sorciers qui soit. Cette ambition resta un petit moment dans la tête du petit garçon. Cette dernière nourrissait les envies de pouvoir du jeune maître qui, contre toute attente, développa ses pouvoirs plus tôt que la moyenne.  

C’est à l’âge de six ans que Damian Desmond éveilla sa magie. Six mois avant que Demetrius n’éveille les siens lorsqu’il avait à peu près son âge.

Elizabeth O’Burne aimait jardiner, elle avait sa propre serre au sein du domaine où elle faisait pousser des plantes toutes plus belles les unes que les autres. De temps en temps, elle y emmenait son favori, son deuxième fils pour qu’il prenne goût à la botanique.
Ce dernier n’en était pas spécialement fan, mais il ne disait jamais “non” lorsqu’on le conviait dans les jardins. Cela lui permettait de passer un peu de temps avec sa mère, chose qui n’arrivait que rarement.

Le jeune maître aimait les orchidées qu’elle faisait pousser avec beaucoup de soin, surtout celles qui arboraient un magnifique bleu royal ou un violet héliotrope. Ses fleurs préférées demeuraient tout de même les magnifiques lys aux couleurs ivoiriennes, ceux qui parsemaient les terrains à côté de la serre. Symbolisant la noblesse, mais aussi la pureté, Damian ne pouvait que les associer à sa mère dont la beauté égalait toutes les plus belles fleurs de la planète.

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Voir la terre sans magnifiques fleurs l’avait beaucoup attristé lorsqu’il s’était rendu dans les jardins avec sa mère, un beau matin de mai. Il aurait voulu que tout soit rempli de couleurs pour rendre la propriété encore plus belle. Si Elizabeth l’avait rassuré en lui disant que ce n’était pas grave et que tout sortirait bientôt de terre, il ne l’avait pas entendu de cette oreille là.

Le jeune maître qui n’avait pas l’habitude de ne pas obtenir ce qu’il voulait,pensa si fort à l’idée de voir des belles fleurs de lys en bonne santé, que quelques instants plus tard, il les vit sous ses yeux. Il s’était dit que tout ça n’était qu’une illusion, mais au vu du regard de sa mère, ça ne l’était pas.

Damian venait de faire pousser des fleurs de Lys.
Les plus beaux qui soit.


On pouvait dire que Damian avait tout pour lui.
Mais la seule chose qu’il ne pouvait pas avoir, c’était l’attention de son père.

Inflexible et dur avec ses deux enfants, Donovan Desmond leur avait imposé des cours dès qu’ils furent en âge d’apprendre. Ses fils devaient être en capacité de grimper l’échelle sociale le plus rapidement possible et pour cela, il n’y avait aucun autre moyen que le travail acharné.
Demetrius, l’aîné, brillait dans tous les domaines, que ce soient les matières scientifiques ou littéraires tout en passant par le sport et la musique. Ce dernier se distinguait des autres enfants de son âge et ouvrait la voie pour son petit frère qui n’avait d’autre choix que de se plier au même rythme que lui.  Les deux enfants furent inscrits dans la même prestigieuse école primaire pour les enfants sorciers d'un statut social très élevé.
Ce fut donc en Suisse que Damian partit retrouver son grand frère qui y étudiait déjà. Sans grande surprise, Demetrius était en tête des classements et recevait tous les honneurs. Après tout, ce dernier avait toujours été premier dans tout ce qu’il entreprenait. Si Damian était son premier admirateur, il était aussi le premier à nier ce fait, peut-être à cause d’une toute petite pointe de jalousie. Jalousie qui prit un peu plus d’ampleur avec le temps.

Damian avait la place du deuxième, et il ne le supportait pas très bien.
Les comparaisons avec son frère ne cessèrent jamais vraiment, même lorsque celui-ci quitta l’établissement suisse pour aller étudier dans une autre prestigieuse école de magie, au Canada. Son père ne regardait que lui et préférait suivre ses progrès plutôt que de se pencher sur le cadet. Donovan ne jurait que par les résultats scolaires, si Damian voulait aussi recevoir autant de compliments, il devait devenir meilleur que tout le monde. Pour cela, il travailla d’arrache-pied pour se hisser lui aussi, en tête de tous les classements.

Personne ne savait si le jeune lord était plus difficile que son aîné parce qu’il était le petit dernier ou pour une autre raison. Arrogant et orgueilleux, Damian ne gardait que ceux qu’il jugeait bon d’avoir à ses côtés; les camarades qui l’écoutaient au doigt et à l’œil sans remettre en question le moindre de ses ordres. Personne n’osait s’interposer, être sur sa route était considéré comme étant une provocation et Damian réglait les provocations à sa manière: Au vu de son jeune âge et de son manque de force, il les insultait en gaélique et se moquait d’eux avec un air condescendant au possible. Bien qu’il ait la réputation d’un roi qu’il ne fallait pas énerver, il n’allait jamais très loin dans ses moqueries. Il lui arrivait tout de même de jeter des boulettes de papier sur la tête de ses camarades lorsque le professeur avait le dos tourné.

De toute sa petite enfance, une seule personne osa lui faire face. Il s’était pris un coin de poing dans la figure pour avoir traité l’une de ses camarades de sang de bourbe.

Tout ceci n’avait été perçu que comme une petite querelle entre enfants de huit ans. Les professeurs avaient puni cette dernière pour l’avoir frappé et on présenta des excuses au jeune maître.

Il n’empêche qu’il a été frappé et humilié devant tous les autres alors qu’il était traité comme un roi. Toute cette histoire, il ne l’avala jamais vraiment.  
Ce jour le marqua profondément et petit à petit, son comportement envers les autres s’adoucit.  

 

- Est-ce que mon père vous a-t-il demandé des nouvelles de moi ?
- Bien sûr jeune maître. Il m’a dit qu’il de vous dire qu’il vous souhaite un bon rétablissement.
- Je vois. Merci Jeeves.

“ Menteur. ” Pensa-t-il en raccrochant. Son père ne lui prêterait aucune attention avant qu’il ne se soit hissé tout en haut de la pyramide sociale. Seul Demetrius avait le privilège de le voir plus souvent, et ce, sans doute parce qu’il était l’aîné.

Damian soupira et reposa le téléphone sur son socle avant de rejoindre ses amis dans le canapé de la salle commune. Les examens approchaient et il travaillait jour et nuit pour se classer premier, se distinguer et recevoir les félicitations de la direction. Être en pension ne le dérangeait pas, mais il devait tout de même avouer que sa mère et son chien lui manquaient énormément. Son cheval aussi, mais quand même un peu moins.



Les années passèrent et Damian était toujours aussi prétentieux, bien que ce trait de caractère se soit tout de même adouci. Il se faisait plus discret et n’allait plus provoquer les autres ou les humilier. La seule personne qui restait dans son collimateur n’était personne d’autres que son grand frère. Ce dernier l’appelait de temps en temps, mais il était toujours occupé à être le meilleur fils et ça, ça énervait le plus jeune. L’admiration n’était jamais partie du cœur du jeune garçon, mais entre-temps, la jalousie avait grandi avait dorénavant une place beaucoup plus importante.

Cependant, Damian ne se confia jamais et continua de travailler comme un forcené pour que son père le complimente, chose qui arrivait à chaque résultat d’examens, car sans surprise, il se hissait en dans le haut du classement presque à chaque fois.

Il chérissait les moments où Jeeves lui annonçait que son père se déplacerait pour assister au pot organisé pour les parents des enfants qui s’étaient positionnés dans les premières places du classement. Donovan ne restait jamais longtemps, mais les quelques instants où il encourageait son jeune fils à continuer d'honorer son nom et à se distinguer valaient plus que tout le reste.  



Damian revenait au manoir pour les vacances où il continuait de suivre des cours à domicile avec les meilleurs professeurs du pays, tout ça pour le pousser encore plus loin. Il apprit rapidement à maîtriser le français en plus de l’allemand qu’il parlait déjà couramment avec l’anglais et le gaélique irlandais. On lui imposa également des cours d’espagnol et de russe en plus des cours de violon. Les matières scolaires venaient se coupler aux cours de danse et d’étiquette qu’il avait généralement le matin.

Il avait demandé à sa mère de faire du Quidditch en plus du polo et du CSO, chose qu’elle acceptait à condition qu’il continue l’équitation et que ses notes ne baissent pas. Il était donc aussi inscrit au club de Quidditch de Belfast où il se fit d’autres bons amis.  

Lorsqu’il avait enfin un peu de temps libre (chose qui n’arrivait que rarement), il jouait avec son chien, Max. Lorsque son frère était aussi à la maison, il le défiait aux échecs ou encore au billard. Et lorsqu’il y avait des invités, il jouait avec eux au poker tout en buvant du jus de pomme.  


Il allait de soi que Damian suive son frère au Canada, dans la prestigieuse école du nom d’Ilukaan. Ce fut donc à ses onze ans qu’il passa les grandes portes de l’école, prêt à se hisser en tête de liste pour continuer de grimper les marches du prestige.

Il n'avait qu'un objectif; couvrir son nom d’honneur.

Braqué sur l’avenir, Damian avait cependant choisi de suivre son propre chemin et de ne plus marcher dans les pas de son aîné. Il était temps pour lui d'exister en tant que tel, et non comme second.

(c) Ilukaan