Il ne s'agissait pas de l'heure de pointe, peut-être un peu après. Quand le réfectoire revient aux mains des élèves, après la cohue de midi et deux, quand le calme retombe et qu'il est temps de passer derrière les plus jeunes qui, non content de se régaler, laisser derrière eux à l'instar du petit poucet quelques miettes et morceau de pain. Mais pas d'oiseau pour les manger, ici, seulement quelques balais.
Les élèves n'ont pas ce besoin constant d'être surveillés, et, selon certain de ses collègues, ils ne devraient presque pas l'être. Mais Viren ne pensait pas tout à fait la même chose qu'eux. Viren, lui, il les voyait comme des enfants que le nombre rend plus bête. Il ne les considérait pas à la manière d'inférieurs, loin de là ! Et même, bien au contraire, mais il avait été enfant un jour, adolescent un soir et il savait à quel point la multitude pouvait exacerber les tensions.
Et puis, il y avait le contexte. Ces nouvelles qui tombaient, un peu au compte goutte, des réformes prise progressivement. L'ancien Auror n'avait que trop peu émit son avis sur la question, mais il ne voyait pas l'intérêt de le clamer au et fort sans qu'on le luit demande.

Alors, Viren se tenait droit, dans un coin de la réfectoire. Il observait, l'air presque ailleurs, les élèves sortir. De temps à autre, il jetait un regard sur le livre qu'il avait ouvert d'une main, l'autre tenant une canne qui renfermait sa baguette. Il n'était qu'à moitié attentif, mais cela suffisait amplement.

Un cri l’interpella. Un peu subitement, il manqua un sursaut. Relevant le nez, il constata que quelques élèves étaient restés là et que l'un d'eux venait de chasser d'un coup de main vif le plateau d'un autre. Le professeur de potion fronça légèrement les sourcils, il avait manqué le début de la dispute.
Tant pis. Il s'avança alors que les deux jeunes gens sortirent leurs baguettes et que, autours, se formait un arc de cercle, pâle copie du Coliseum.

Les enfants ne le virent pas, sûrement trop concentré, et alors que l'un d'eux agita sa baguette, prêt à lancer un sort, l'autre se contenta de lui bondir dessus. Il le chargea, la charia à terre et, levant sa main pour le frapper, força Viren à lever sa baguette.
Sa canne émit un léger déclic et il en sortit sa baguette. Rapidement, il dessina une forme de M dans les airs, visant la main du gosse en colère. Il murmura quelques mots, lesquels ne furent certainement entendu par personne : « Arresto Momentum ».

Le poing du gamin se fit soudainement plus lente, le temps d'une seconde. Seconde de stupéfaction qui saisit les deux protagonistes et qui laissèrent le temps à Viren de passer au travers de l'arène.

« Cessez ces enfantillages, je vous prie. Inutile de briser autre chose que de la vaisselle. » Souffla-t-il face à l'assiette qui avait eut la malchance de s'écraser sur sa tranche.

Viren ne l'avait même pas remarqué. Pourtant, en dépit de sa petite taille, le concierge qui fusait en trottinant dans un cliquetis n'était que difficilement loupable. Large d'épaule, trapu, nul doute que sa simple présence suffisait souvent à intimer le respect.

Il s'arrêta à ses côtés, fermé, et aboya en direction des jeunes gens que le sort avait eut l'utilité de stopper :

« Dites, vous vous croyez où au juste ?! » Glissant un regard calme sur lui, Viren fut à peine surpris par la violence du ton employé. « Merci à M. Wanderey de vous avez stoppé. Sans ça, vous seriez à l'infirmerie ! Il se passe quoi au juste ? C'est vraiment n'importe quoi, si vous ne vous supportez pas, alors ne vous côtoyez pas !
- Aucun risque que je côtoie encore longtemps ce sale Sang-de-Bou...
- Termine ta phrase et je te fais récurer la volière avec la langue jusqu'à ce que tu confondes le goût de la fiente de hiboux avec celle du porridge. » Et cette fois-ci, le fourchelang ne retint pas sa grimace. Il n'aimait pas le terme qu'avait avorté son collègue, car même s'il n'était pas en total désaccord avec la plupart de ses utilisateurs, il y avait quelque chose de particulièrement insultant, surtout pour un sorcier comme lui qui avait passé la majeur partie de son enfance en compagnie de moldu.

Il ne releva même pas la menace vulgaire du concierge et son regard se posa sur les deux élèves qui n'osaient plus dire mots. Le sorcier en conclu qu'ils devaient avoir compris leur erreur, mais il ne souhaitait pas les laisser s'en aller sans prendre le temps de leur laisser l'occasion de s'expliquer. Après tout, ce genre de frustration pouvait réveiller le conflit qui avait dû les animer, et cette fois-ci les deux adultes ne seraient peut-être pas là.

« Bien. Inutile de revenir sur le règlement de notre établissement, je suppose que vous avez dors et déjà conscience de l'avoir bafoué. J'espère que ça en valait la peine. Alo-...
- C'est lui, m'sieur le professeur ! » S'écria celui qui avait tenter d'enfoncer son poing dans le visage de l'impertinent, sa fureur semblait trop grande pour simplement respecté la parole d'un professeur, vraisemblablement. « Il tient des propos moldophobe ! Au début, on discutait juste de la-...
- Je disais juste que les nouvelles réformes sont pas si co-... stupides ! » S'écria le second, encore tout échauffé par l'échange.

Viren comprit bien vite de quoi il s'agissait et il échangea un regard furtif à son collègue.

« Vous pensez avoir votre mot à dire sur ce genre de sujet ? » Répondit le concierge bourru tout en échangeant un bref regard avec le professeur de potions.

Viren n'était absolument pas surpris que ces jeunes-gens le pense, en tout cas. Effectivement, il les trouvait encore trop jeunes, influençables et immature pour réellement avoir un avis construit, qui se valle - selon lui. Mais il savait d'expérience que la fougue de la jeunesse pousse à la rébellion, à croire que l'on a tout compris, que notre pensée est un trésor alors qu'elle n'est qu'un grain de poussière dans le désert.

Du moins, ne se permit-il pas de verbaliser sa pensée. Il se contenta d'un regard impassible aux deux élèves, tandis que Thorin reprit la parole.

« Du coup puisque vous semblez si intéressés par le sujet, je vous écoute, qu'est-ce que vous en pensez ? Et attention, M. Wanderey et moi voulons une analyse constructive et argumentée. Si vous n'en êtes pas capables, nous nous ferons un plaisir de vous foutre deux heures de retenue, histoire de vous calmer un peu et de vous faire comprendre que les propos moldophobe n'ont pas leurs places dans cet établissement.
- Heu-... Bah- » Commença le premier, soudainement bien stupide. Viren retint un sourire, ce genre de situation l'amusait plus qu'elles ne devraient.

« Non mais moi j'ai rien dit de moldophobe en plus ! » s'écria le second. « En plus, si on se coupe des relations avec les moldus, on va quand même perdre beaucoup ! Genre- Tout n'est pas magique et-
- Oui, oui, enfin... C'est pas non plus comme si ça nous avait apporté que du bien de se mêler à eux. » Ajouta le premier, roulant des yeux et croisant les bras.
Viren en fut presque déçu. Il poussa un léger soupire et s'avançant. Sa canne claqua sur le sol, ramenant au silence les deux adolescents.

« Bien, en plus de nous prouver votre incapacité à faire preuve de civisme, vous nous avez fait perdre notre temps. » Il se tourna vaguement vers Thorin, le présentant du plat de la main. « Monsieur Oakenshield se fera un plaisir de vous administrez une punition qui, je l'espère, vous apprendra à nourrir une pensée plus critique. » Souffla-t-il, presque méprisant sans le vouloir.

« Vous allez terminer votre journée et après le repas du soir, vous viendrez me voir dans mon bureau. On discutera de ce que vous allez bien pouvoir faire ce weekend. Je vous conseille de vous avancer sur vos devoirs, vous n'allez pas avoir le temps de vous pencher dessus. Le moindre commentaire aggravera votre punition. » Le concierge avait été lâché et Viren n'en était pas mécontent. Il n'était pas malveillant envers les élèves, mais une juste rétribution des choses était toujours plaisante à voir et, pour le coup, il songea que cela ne leur ferait sûrement pas de mal.

Il vit, bien évidemment, leur petites bouilles d'adolescents outragés hésité à rajouter quelque chose, à s'indigner. Mais la raison prit le pas sur l'ego et ils finirent par s'éclipser, vexés et nerveux. Tant pis, songea le professeur de potion, il n'y avait pas de mal à être remis à sa place de temps à autre.

« Merci de votre aide, M. Wanderey. Décidément, ils ne savent pas de quoi ils parlent...
- Ce n'est rien, mon devoir simplement. » Répondit-il dans un premier temps, observant toujours la porte par laquelle étaient sortis les deux trouble faits. Pensif, il haussa légèrement les épaules avant de revenir sur son camarade, baissa les yeux sur lui.

« C'est une évidence, ils ont jugés d'une situation sans en comprendre tous les paramètres. Ce n'est pas pour rien qu'il ne leur est pas encore permis de voter. » Il marqua une pause, sans réellement regarder Thorin, plutôt, il observait le vide derrière lui. Mais il ne semblait pas ailleurs, toujours l'air sévèrement ancré sur terre, plutôt : il pensait encore.

« Une vision binaire des choses. L'on peut dire ce que l'on veut, l'Alliance Conservatrice Magique n'a rien d'un parti moldophobe. Ils méritent qu'on s'y attarde en nuance... Et ce, bien que j'avoue avoir du mal à comprendre certaines décisions. Je suppose que ce n'est pas un mal. »

« Pas un mal hein... Je sais pas trop si j'aime les idées extrémistes. En fait si, je sais : j'aime pas. Même si c'est pas ouvertement moldophobe, je trouve que les idées de sang-pur et autre, ça craint. Tous les sorciers méritent un enseignement et des droits égaux. »

Viren baissa les yeux vers son collègue qui osait lui répondre. Il ne s'y attendait pas, à vrai dire, et s'il respectait ce dernier en tant que concierge, il lui trouvait cependant une certaine outrecuidance à se mêler de ce genre de choses.

« J'espère que vous tentez quand même de leur ouvrir l'esprit, en cours. » Et alors qu'il haussait un sourcil, Viren l'imita. Il l'observa, l'air plus ou moins dubitatif, presque perplexe. Il se demandait certainement comment ce dernier pouvait dire quoi que ce soit en rapport à ces cours. Encore une fois : il n'était que concierge. Dans les faits, cela ne le plaçait pas hiérarchiquement en dessous de Viren, mais il n'avait cependant rien à dire en ce qui concernait ses cours.

Et Viren prit le temps d'une respiration pour répondre. Sur un ton froid, dangereux sans l'être.

« Je tente, oui, de leur ouvrir l'esprit à la concoction de potions. Les questions de ce type n'ont pas leur place dans mon enseignement. » Il, alors qu'il se redressa presque trop fièrement, il enchaîna. Son ton se fit cependant moins ferme, presque doux. Au fond, il était curieux de récolté l'avis d'Oakenshield sur ce sujet politique houleux.

Il n'avait que rarement l'occasion d'en discuter et se garder la plupart du temps de dire le fond de sa pensée haut et fort et ce, bien qu'il n'ait pas de mal à assumé d'être à la marge.

« Cela dit, je ne parlais pas spécifiquement de leurs idées sur les sang-purs. Je n'en suis pas un, à vrai dire, et je considère, comme vous, que tous doivent avoir un accès égal à l'enseignement. Cependant, prenons le problème différemment, je vous prit. » Et il se tourna vers lui, complètement de face, cette fois-ci. « Que se passerait-il, à votre sens, si les moldus apprenaient subitement notre existence ? A nous, ainsi qu'à tout ce qui à attrait de près ou de loin à la magie ? Je pense qu'ils réagiraient comme ils l'ont toujours fait : dans la violence. Alors peut-être n'est-ce pas un mal de s'éloigner quelque peu de leur monde, au risque de voir le notre voler en éclat. »

« C'est une vision plutôt pessimiste du monde, mais je dois avouer que les moldus ne nous ont pas réellement prouver le contraire. Mais je ne peux pas croire que nous couper totalement les un des autres soit une bonne idée. » Il ne voulait pas le croire, oui. Comme beaucoup de naïfs, selon Viren, le déni obscurcissait leur jugement. Mais personne n'était prêt à l'écouter, personne n'était apte à comprendre son discours. Alors, pour l'heure, il se gardait bien de le prononcer trop clairement.

Thorin secoua la tête, mué par un rire qui laissa Viren de marbre. Il attendait de le voir finir sa réflexion pour réellement promouvoir la sienne. Il voulait tout de même voir jusqu'où s'étendait son manque de recul sur la situation - car, au fond, Viren avait toujours l'impression d'être le seul a réellement y voir clair.

« Bon d'accord, je conçois que c'est une vision un peu trop optimiste du coup ! Mais bon, les sorciers non plus ne font pas les choses à moitié et la violence fait autant partie de notre monde que de celui des moldus. Vous ne pensez pas ? » Viren dû reconnaître qu'il fut quelque peu surpris. Son vis-à-vis se rendait lui-même compte de ses propres mièvreries, chose rare, sans qu'il n'ai eut le besoin de le lui faire remarquer.

Il arqua un sourcil discret, alors qu'il songea à ses dernières paroles. La violence faisait partie de leur monde ? Peut-être, oui. Viren n'était pas sans l'ignorer, après tout, il avait été auror pendant de nombreuses années et il avait traquer tant des criminels que des créatures trop dangereuses. Il hocha donc pensivement la tête, détachant son regard du concierge.

« Effectivement. La violence fait simplement parti du monde, les bêtes chassent et tuent pour se nourrir, les lions massacrent les petits qui ne sont pas les leurs et nous, humains, moldus ou sorciers, nous répétons ces même comportements animaux. » Il releva les yeux avec un certain calme. « Je ne peux pas éradiquer toute forme de violence en ce monde, ni pour nous, ni pour eux. Je pense que personne ne le peut- Cette violence est ce qui fait de nous des être vivants, c'est cette violence qui nous a permit d'évoluer au stade où nous sommes. »

Il tendit légèrement la main, illustrant son propos par la simple présence du réfectoire et puis, il s'approcha un peu plus de Thorin, joignant les gestes à la parole de manière plus virulente.

« Mais qu'importe cette violence, monsieur Oakenshield. Celle que je crains, dont je parle, n'est pas celle des meurtriers isolés, des bêtes qui rôdent la nuit dans certaines rues. Je parle de celle qui mue tout un peuple, qui le pousse à agir par peur et par haine, par jalousie, par vengeance. Oui, il existe des criminels dans notre monde, mais nous n'avons jamais cherché à éradiquer les moldus, jamais ! Et je pense qu'il s'agit là de la subtile différence entre eux et nous. Ils nous voient comme une menace, alors, ils chercheront toujours à nous détruire. Ils sont tous coupables d'être né envieux et lâches et ils sont rares ceux qui seraient capables de simplement nous accepter, accepter nos pouvoirs et notre supériorité. »