Un fait bien connu chez le Hellborn aux colères volcaniques était que lorsqu’il se plongeait dans une lecture, rien ne pouvait l’y en sortir, pas même un tremblement de terre ne saurait lui faire redresser le minois de son récit, bien des personnes s’y étaient essayés, pour le plus grand mécontentement du blond, qui l’avait déjà bien fait comprendre grâce à quelques remarques bien sentie — et un coup était parti une fois, après cela, plus personne ne l’avait jamais dérangé dans ses lectures. Ceci expliquait le retard dans la réponse qu’il fournit à Carmilla suite à son message, découvert une bonne demi-heure après l’envoie initial, puisqu’il n’avait même pas esquissé le moindre mouvement alors que son téléphone vibrait à ses côtés — il ne le mettait jamais en silencieux, outre lors des cours, pour des raisons évidentes, même si cela ne l’empêchait pas de l’ignorer royalement comme auparavant, pris dans son récit.

« J’étais plongé dans une passionnante lecture, excuse-moi de ce retard. C’est avec joie que j’accepte ton invitation, par ailleurs je te propose, comme demandé, de nous retrouver au Chapristi, à 16h ce samedi cinq février, pour discuter autour d’un thé.
Le Chapristi est un bar à chat, si tu n’as pas trop peur des poils qui s’accrochent à tes vêtements, et je trouve leur particulièrement fameux.
Je te dis à ce samedi, si nous ne nous croisons pas avant sur le campus. »

Un petit sourire amusé avait étiré les livres de Satan alors qu’il remarquait que la jeune femme signait encore ses sms, bien malgré le fait qu’il l’ait enregistré dans son téléphone des années auparavant, lors de leur recontre. C’est qu’elle ne changeait pas ses habitudes quant à cela, et il avait appris à trouver cela mignon, amusant, presque attendrissant de voir une personne à peine plus âgée que lui agir ainsi, bien sûr il ne se serait jamais moqué d’elle pour cela, chacun avait sa manière de faire, lui-même était très formel lorsqu’il s’agissait de message — outre quelque dérapage quand Lucifer était impliqué, et de temps à autres, il appréciait envoyer un meme également ou bien répondre aux devinettes idiotes de Gougnuf.

Le samedi était arrivé, et Satan n’avait pas pas simplement attendu que l’heure du rendez-vous s’en vienne, car il était incapable de ne rien faire, même simplement lire était une activité qui prenait toute son attention et ses capacités cérébrales, analyser le style, la façon dont l’auteur jouait avec les mots, ce qu’il pouvait comprendre entre les lignes, en soit, le futur enquêteur n’était jamais au repos, et ne le serait probablement jamais. Lorsqu’il regarda l’heure, il était presque temps de prendre la route, avec douceur il déposa Lady Sappho qui ronronnait paisiblement sur ses genoux tandis qu’il brossait ses longs poils pour éviter qu’ils ne s'emmêlent ou qu’elle n’en perde trop dans la chambre, s’évitant ainsi des remarques désobligeante de deux de ses colocataires.

Déjà prêt, il ne lui restait plus qu’à s’épousseter pour enlever quelques poils blancs sur ses vêtements de jour, bien qu’ils ne se voyaient pas tant que cela puisqu’il ne portait pas de noir, il offrit une dernière caresse à son chat avant de prendre la porte pour prendre le chemin de Bloombury. S’y étant pris en avance, il arrive avec une bonne dizaine de minutes à attendre devant le bar à chat, dont il observait l’intérieur avec un air calme et paisible sur le visage. Voilà un endroit où il se sentait bien, à cause des chats, de l’ambiance, du thé et des pâtisseries, un endroit où son frère aîné ne mettrait pas les pieds puisqu’il préférait les canidés, encore une grande différence entre les deux.

Satan mis un petit moment avant de remarquer une arrivée, peut-être car elle était habillée plus sobrement, que jamais il ne l’avait vu ainsi, ou en de très rares occasions, d’un pas tranquille et assez audible il s’avança vers le banc où elle s’était posé, mais ne souhaitant pas la faire sursauter, il se racla la gorge doucement avant de prendre parole.

« Bonjour Carmilla. Je ne t’avais pas vu, lui sourit-il de cette simple risette qu’il offrait à tout le monde, sans qu’elle ne soit fausse, il avait simplement du mal à réellement sourire en public. J’attendais devant la fenêtre, il précisa en la désignant d’un mouvement de main. Comment vas-tu ? »

Poliment, il lui tendit la main pour l’aider à se lever, bien qu’elle n’en ait pas réellement besoin, il s’agissait plus d’une habitude que d’autre chose au final.

La remarque fit sortir un petit rire silencieux chez Satan, l’autre Strixyst avait le don de complimenter son monde sans en être dérangeante, une qualité qu’il savait apprécier chez quelqu’un, d’autant plus qu’elle ne sonnait pas fausse comme bien des personnes qu’il avait pu rencontrer dans sa vie, des personnes qu’il conservait tout de même dans ses contacts, on ne savait jamais de quoi était fait le futur. Lorsqu’elle se saisit de sa main, la douceur du cuir donna une drôle de sensation au creux de la main du blond, une sensation qu’il associait généralement à son frère aîné, cependant il éloigna toutes pensées négatives d’un geste imaginaire de la main, pas question que cet énergumène qui lui pourrissait la vie ne le dérange dans un moment des plus appréciable.

« Flatteuse, ne peut-il s’empêcher, avec un sourire amusé. Je me porte merveilleusement, merci, spécialement parce que tu es venue. »

Carmilla ne lui aurait jamais posé un lapin sans une bonne raison, qu’elle se serait empressée de lui expliquer dès que possible, il en avait conscience, mais si elle se permettait de le complimenter, il en ferait de même, comme tout bon gentleman qu’il était, car cela faisait partie de son charme naturel. Une fois qu’elle fut debout il défit leur main pour lui tendre son coude, comme il en avait l’habitude — de plus il lui était préférable pour diverses raisons, comme le fait qu’il était très au courant de la jalousie du petit ami de la brune, cette relation était parvenue à ses oreilles quelques temps auparavant déjà, toute l’histoire même, mais il n’avait émis aucun commentaire, il s’était gardé de le faire.

« Nos études nous prennent plus de temps que prévu, c’est normal d’avoir du mal à se croiser réellement. »

Surtout que lui s’était orienté vers l’un des cursus les plus compliqués de l’école, avec une option d’un autre en plus, et il se permettait, avec cela, de demander des cours d’autres filières pour les lire. La connaissance était le pouvoir, et plus il en emmagasinait, plus il pourrait être quelqu’un, tout du moins c’est ce qu’il pensait, ce qu’il croyait — sortir de l’ombre de ses frères était bien plus dur qu’il ne l’aurait jamais cru, la connaissance l’aidait dans ce chemin, croyait-il.

Lorsqu’il sentit qu’elle était prête à prendre le court chemin du Chapristi, Satan s’y aventura d’un pas calme, assez lent pour ne pas que la plus âgé mais plus petite ne se retrouve à trottiner à ses côtés, une attention de plus qu’elle méritait, car elle ne semblait pas en avoir eu énormément en grandissant, il pouvait le lire sur son visage. Face à la porte, il vint lui ouvrir poliment, penchant même la tête à l’image d’un majordome.

« Après vous, mademoiselle. » S’amusa-t-il, avant de prendre sa suite, refermant la porte derrière lui. Le café n’était pas immense, assez simple pour ne pas avoir un sentiment de vertige face à une foule de personne ou de chaise vide, à cette heure-ci, peu de personnes venaient, c’est pour cette exacte raison qu’il avait choisi cet horaire, ainsi que le fait qu’il s’agisse de l’heure du thé, qu’il respectait autant qu’il lui était possible. Satan la dirigea vers une table, assez éloignée, près d’un mur où quelques chats dormaient sur les meubles accrochés pour leur confort, et lui tira même la chaise, qu’il désigna d’une main et d’un sourire poli avant d’aller prendre place en face d’elle.

Les cartes étaient déjà posées sur la table, il ne leur restait plus qu’à choisir, mais ce n’était pas ce que Satan avait en tête pour l’instant — de plus, n’étant pas nouveau dans cet établissement, il savait déjà exactement ce qu’il souhaitait.

« Dans ton message, tu m’as paru soucieuse, est-ce que quelque chose te tracasse ? »

Il préférait rentrer directement dans le sujet plutôt que de tourner autour du pot, chose qu’il abhorrait avec soin, toutes ces personnes qui utilisaient de longues palabres pour au final ne pas dire grand-chose, ou même s’autocongratuler d’une chose sous son nez tout en cachant quelques insultes, comme s’il ne savait pas les déceler, et il y avait ces personnes qui peinaient simplement à parler par peur, alors Satan préférait éviter tout cela et rentrer dans le mur, quitte à s’y heurter.

Si Satan n’avait pas grand-chose à répondre à la remarque de Carmilla, l’hésitation de cette dernière au moment de poser son autre main sur son bras, chose qu’elle faisait toujours habituellement, ne lui échappa pas, et son cerveau se mit à chercher tous les éléments qui pouvaient expliquer cela, en soit, il n’y en avait que deux : son couple et les rumeurs. Toutefois, par pure politesse il se garda toute remarque pour lui, préférant lui répondre d’un simple sourire amusé, le blond n’avait jamais pu s’empêcher d’être ainsi avec elle, sa politesse était une chose importante pour lui, il l’exagérait simplement pour le plaisir de la demoiselle à ses côtés, rien de bien important, rien de bien dérangeant. En revanche, ses paroles l’interloquèrent quelque peu, et il ne put qu’hausser un sourcil pour le démontrer.

« Tu aurais souhaité rentrer en cursus d’Auror et Défense magique ? »

Très sincèrement, ce n’est pas un cursus où il voyait la jeune femme rentrer, sans la dénigrer, elle n’avait pas le physique pour, ni même le mental — aussi forte qu’elle pouvait être, il fallait sincèrement s’accrocher pour faire face à leur professeur, spécialement monsieur z Rivii, qui n’avait aucune pitié pour personne. Satan, habitué du calvaire d’avoir six frères, tenait bon, gardait la tête haute et prenait même la tête de sa promo avec assez de facilité, bien évidemment, il travaillait très dur pour cela et ne s’arrêterait jamais, il se le devait, il le devait à l’enfant qui avait souffert d’être dans l’ombre, il le devait au pré-adulte qui y était encore.

Cette pensée lui arracha presque un grognement, seulement il le retint alors que Carmilla eut un petit rire tandis qu’il lui ouvrait la porte avec l’air du parfait majordome. Le Chapristi chassa toutes ses pensées négatives, tout ce qui remontait la colère qu’il contenait avec dureté au fond de lui, ne souhaitant pas la voir exploser, surtout pas devant qui que ce soit. Son cursus avait au moins, de bien, la possibilité de le laisser se défouler lors des entraînements, ce qui était un petit avantage qu’il n’aurait pas eu en Justice Magique ou Communication et Littératures sorcières, deux cursus qu’il avait envisagé en septième année. Seulement, son envie de devenir inspecteur l’avait conduit dans le cursus des aurors, métier qu’il ne souhaitait pas poursuivre, ce n’était pas pour lui, il préférait nettement résoudre des enquêtes plutôt que de traquer tout et n’importe quoi — lui aussi aurait sûrement affaire à des mages noirs ou des créatures magiques durant ses enquêtes, qui pouvaient le savoir.

Dans le café, son regard se porta sur les différents chats qui les entouraient, il appréciait cet endroit par amour des félins, mais également pour le calme y régnant, il s’agissait d’un établissement confortable, qui lui rappelait de bon souvenir, qui lui en donnait chaque fois qu’il venait et qui continuerait bien évidemment. Sa main s’attarda non loin de l’un des animaux qui s’était approché de lui, il tendit ses doigts pour le laisser le renifler, reconnaître son odeur et se rappeler que le blond était un habitué de cet endroit. Ce n’est que lorsque Carmilla se mit à parler qu’il détourna son visage de la boule de poil qui s’était recouché sur le buffet, préférant écouter ce qu’elle avait à dire plutôt que d’attendre après l’attention d’un chat, qui pourrait ne jamais venir connaissant ces animaux.

Le Strixyst dû se contrôler pour ne pas couper la parole à sa comparse, car elle lui causait une certaine peur avec ses premières paroles, mais plus elle les débitait, mieux il comprenait, entre les rumeurs et la distance qu’il y avait eu entre eux-deux en raison d’une montagne de travail, des vacances, mais également de cette mise en couple dont il avait entendu parler — il était normal de passer du temps avec l’être aimé et Satan n’en tenait pas rigueur à l’aristocrate pour cela, bien au contraire. Un petit sourire orna doucement ses lèvres, pour la rassurer avec calme et sérénité.

« Il est vrai que je ne connais pas tout de toi, de qui tu étais comme enfant, de qui tu as été avant notre rencontre et même de qui tu es dans l’instant même » Il prit une pause, parce qu’il fallait tout de même digérer tout ce qu’elle venait de lui dire, lui qui pensait qu’ils parleraient de livre, il s’était bien trompé pour une fois, évidemment, il s’était tout de même douté que les rumeurs seraient mises sur le table pour être démenties ou confirmées, qu’elle parlerait peut-être de son couple, mais ce qu’elle venait de lui avouer, il ne s’y était pas réellement attendu.

« Tout de même, tu as fait l’effort d’être la première à envoyer un message pour me demander de choisir un rendez-vous, parce que tu sais à quel point je peux être occupé, c’était une attention appréciable de ta part, tu n’es pas que passive à présent, Carmilla. »

L’appeler par son prénom était quelque chose d’assez rare, généralement, il ne l’utilisait que lorsque la conversation était particulièrement sérieuse, comme à cet instant même. La femme qu’il avait en face de lui était bien loin de la timide jeune fille qu’il avait rencontré dans la bibliothèque de l’école, le jour où il avait critiqué son choix de livre et conseillé une bien meilleure lecture dans le même genre, un souvenir cher à ses yeux.

« Si tu désires t’ouvrir plus au monde, ce n’est pas moi qui t’en empêcherais, bien au contraire, je trouve cela admirable, surtout si tu y parviens. »

Car lui était toujours assez secret, cacher des choses, ses colères, sa rancœur, rester dans l’ombre des autres, c’était bien plus facile que de se mettre sur le devant de la scène, un jour il y parviendrait mais le jour n’était pas encore arrivé.

L’explication que lui fournis sa comparse, fit hocher la tête du blonde, agitant légèrement quelques-unes de ses mèches rebelles, pour dire vrai il ne s’agissait pas de la première fois que quelqu’un le plaçait dans le cursus de Communication et Littérature Magique que celui dans lequel il étudiait réellement, par moment on le voyait dans celui de Justice Magique, à l’instar de son frère aîné. Un simple sourire orna ses lèvres, tout de même amusé de la confusion.

« Je pense simplement que tu es préoccupée, pas que tu perds la tête. D’autant plus que tu n’es pas la première, ni ne sera la dernière je suppose, Satan ferma la bouche pour expulser un léger souffle de son nez. Je dois avouer que j’ai songé à y entrer, il s’agissait de mon troisième choix après tout, suivant celui de Justice Magique. Ainsi, la confusion n’est pas dérangeante, ne t’en fait pas. »

Le Hellborn préférait la rassurer sur sa confusion, cela ne l’agaçait pas qu’on le pense dans un autre cursus — sauf quand il s’agissait de professeurs évidemment —, de plus il comprenait bien que sa camarde de maison avait bien des choses à l’esprit, qui passait bien avant une méprise aussi bégnine que celle-ci. Ce qui fut confirmé peu après par ses paroles légèrement hésitantes, si elle changeait, il restait tout de même en elle des traces de son éducation, tout ne pouvait partir d’un seul coup, en une seule fois pour une simple relation ; le changement prenait du temps, des efforts aussi constants que conséquents, sa relation amoureuse pouvait l’aider, ses relations amicales également, mais tout devait venir d’elle, car personne ne pouvait le faire à sa place.

« J’ai moi-même été bien occupé dernièrement, je suis tout aussi fautif que toi, l’important est d’y parvenir maintenant. A ce qui se dit, une amitié n’est pas réelle parce que deux personnes se voient tous les jours, mais bien parce qu’elle est entretenue des deux côtés. »

Un adage qu’il trouvait quelque peu bancal, mais Satan n’irait pas le nier, car lui-même ne conversait pas tous les jours avec les personnes qui parvenaient à rentrer dans son entourage proche, ni même ne les croisait au détour d’un couloir et pourtant cela ne les empêchait pas de tisser un lien fort, car les moments partagés prenaient bien plus de valeur de simples paroles échangées fréquemment, surtout pour n’avoir rien à se dire. Peut-être que passer son temps avec les êtres appréciés pouvaient les lier, dans son cas, cela ne changeait pas plus que lorsqu’il prenait des mois à trouver un moyen de prendre un rendez-vous avec un membre de son cercle proche.

Ses talents d’observations ne pouvaient lui faire rater les ongles colorés de la Mauve, qui n’abordait pas leur couleur rouge ou noire habituelle, mais quelque chose de plus discret, qui ne se remarquait réellement qu’en y prenant grande attention. Tout comme il n’avait pas raté la longue chevelure relâchée de son chignon coutumier, lui donnant alors un air bien plus libre, et non celui d’une personne prisonnière des restrictions familiales ; Carmilla ouvrait lentement ses ailes mais avec une sûreté durement gagnée après des années à être prisonnière d’une cage dorée, à l’apparence parfaite mais qui cachait bien de sombres secrets.

Toutefois, par politesse, il conserva tout commentaire pour lui, et ses yeux glaz restaient parfaitement concentrée sur la demoiselle en face de lui, pour qu’elle ne se doute de rien — la vision périphérique lui permettait de voir ce type de détail aux apparences inutiles, mais qui avait le don de tout changer dans bien des circonstances.

« J’ai appris à savoir comment tu es au fil des années, il est vrai, mais je ne saurais jamais tout, et personne ne le pourra outre toi. »

Il était même possible que Carmilla ne sache pas tout d’elle-même également, car toute personne grandissait, changeait au fur et à mesure des étapes, des difficultés et des pavés de la vie ; Satan consacrait un temps régulier à l’introspection, pour être le plus maître de lui-même que possible, pour ne pas laisser ce qu’il gardait au fond de lui sortir dans des moments inappropriés, le blond se devait d’être en capacité de contrôler toutes ses émotions, toutes ses mimiques ou gestes, il était tout simplement hors de question de se laisser aller face à qui que ce soit — du moins, plus maintenant.

La question le laissa silencieux quelques longues secondes, non sans qu’il sache pourquoi il avait prononcé ces paroles, mais bien car il fallait les formuler convenablement, Satan ne pensait pas pouvoir froisser Carmilla avec ce qu’il pensait d’elle, puisqu’il ne s’agissait que de bien après tout. Son regard s’échappa légèrement dans le vide, sans s’accrocher à un quelconque objet, endroit ou personne alors qu’il laissa ses pensées se former en phrase.

« Lors de notre première rencontre, je t’ai pratiquement arraché un livre des mains pour t’en conseiller un meilleur dans le même genre, t’en souviens-tu ? » La question est bien évidemment rhétorique, et il ne lui laisse pas le temps de verbaliser une réponse. « Si je le faisais à l’heure actuelle, tu me reprendrais, tu ne te laisserais pas marcher sur les pieds. Tu as décidé de te mettre en couple avec cet Owen Knight alors même que tu étais déjà fiancée, un choix de ta famille que tu as, par cet acte, refusé d’accepter. Je suppose que cela n’a pas été bénéfique pour toi, ou ta réputation, et pourtant tu l’as tout de même fait. »

L’ami des chats vint apposer son coude sur la table, pour déposer son menton dans le creux de la paume de sa main, ramenant alors son regard sur sa camarade de lecture et il haussa un sourcil en posant une simple question, dont il connaissait pourtant déjà la réponse, mais Carmilla devait y répondre elle-même, comprendre ses actes et qui elle devenait petit à petit, par sa propre volonté.

« Tu trouves que c’est une action passive, toi ? »