Le voilà qui adresse la parole, pour lui proposer une petite collation préparée par ses soins. Colton accepte volontiers et se lève pour se saisir du précieux mets. Le hasard a voulu que son chalet soit occupé par son taciturne ami Louis Amamiya, son cousin éloigné, Moon-Lee Jung, ainsi que lui-même. Il ne croit pas au hasard, il pense que la vie a décidé de joindre leurs chemins durant cette semaine car il doit en être ainsi. Ce ne lui est pas désagréable, chacun a vite pris ses marques. Concernant Moon, cela a consisté à prendre en charge tout ce qui est attrait aux ressources culinaires et à la cuisine du chalet. Autant dire que les deux Violets ne sont pas à plaindre. Enfin, le botaniste n’en a aucune idée concernant Louis, il ne lui a pas posé la question et ce dernier est trop poli pour exprimer son manque de satisfaction. Pour ce qui le concerne néanmoins, il n’est pas malheureux. Certaines saveurs, à l’instar du paysage, lui rappellent encore une fois des souvenirs emprunts d’une certaine candeur.
 
 
« Ne t’en fais pas, je les trouve très bon personnellement. Louis ne s’en est pas plaint donc tu ne dois rien avoir à envier à un pâtissier. »
 
 
Le Wang ne peut s’empêcher de penser à cette pointe d’agressivité, toujours là pour ponctuer les propos de Moon-Lee. Il a entendu parler de son tempérament parfois un peu excessif, voire colérique. Cela le désole un peu. Il en vient à penser qu’il est en colère contre le monde entier, comme si toute la terre entière s’était acharnée sur son sort. Pour Colton, cela ne fait pas l’ombre d’un doute : cela est l’aboutissement de la déchéance de sa famille envers la sienne, le résultat d’un rejet qui parait totalement injuste. Même si la Chouette n’était pas présente au moment des faits, il croit volontiers en l’injustice qui a pu être commise quelques générations auparavant. Après tout, il a déjà été témoin, puis victime, des machineries de la famille Wang, lui aussi. Néanmoins, pour ce qui en est de son cousin éloigné, le porteur de jade nourrit une certaine culpabilité envers sa situation, l’environnement dans lequel il a dû grandir et plus globalement son enfance. Bien sûr, ce ne devrait pas être à Colton de porter ce fardeau, mais peut-être est ce l’un des seuls de son sang qui ait pris conscience de leurs actes passés et des conséquences qui en découlent et qui choisit d’y faire face plutôt que de porter ce perpétuel masque qui ne lui a jamais sied.
 
Lui aussi jette son regard de charbon vers l’horizon.
 
« Moi aussi. J’ai beau avoir grandi dans des paysages similaires à ceux-ci, je pense que je ne m’en lasserai jamais. »
 
Il regrette la formulation qu’il vient d’employer. Selon le point de vue, elle peut sembler vouloir rappeler à son interlocuteur sa condition alors que ce n’est pas du tout son but.
 
« J’aurai aimé pouvoir les partager avec toi. Je pense que tu les aurais beaucoup aimés à l’époque. Avant qu’ils ne se fassent envahir par les stations balnéaires. »
 
Le Wang avait toujours eu du mal à trouver sa place dans sa famille. Il n’avait jamais, et ne sera probablement jamais, comme ses cousins et cousines paternels, toujours plus pédants les uns que les autres, à dénigrer tout ce qui se passe comme s’ils étaient la huitième merveille des deux mondes. De son côté maternel, ce n’étaient pas les caractères qui ne lui convenaient guère mais l’absence. Même la faible distance à l’échelle planétaire, transporter des enfants par voie sorcière était toujours délicat, notamment quand l’un d’entre eux se veut être agoraphobe comme Colton.
 
 
Alors que Moon-Lee, lui, ne vivait pas si loin que chez eux. Et pourtant, jamais il n’a pu le voir jusqu’à ce qu’il rentre à Ilukaan. Alors que, contrairement à ce qu’ils affirmaient, cette famille existait et devait bien avoir sa place ! Pourquoi les enfants auraient-ils à subir les querelles de leurs parents, là se trouvait une autre injustice. C’est d’autant plus pour cela que Colton aurait sincèrement aimé grandir aux côtés de son cousin.
 
« Merci de ne pas me rejeter. Je me doute que cela doit te demander un certain effort. »
 
Un petit rire nerveux mêlé à un soupir s’échappe alors de ses lèvres lorsqu’il évoque son ascendance. Est-ce qu’un jour, sa famille ne finirait pas par le rejeter lui aussi ?
 
« Un grand enfant de la famille Wang, dis-tu ? Cela n’a rien de très joyeux. Je dirais même que c’est une période perfide et assez perverse. Comme tu te doutes, l’éducation est très stricte et couvre de multiples domaines. Mais bon nombre de calomnies sont alors implantées dans les jeunes cerveaux. Des bêtises sur le sang, l’honneur, les non-maj… Excuse-moi je me suis peut-être trop emporté et j’ai laissé ma propre opinion prendre le dessus. »
 
Cela a pourtant été plus fort que lui. Il n’en peut plus de ce qui peut être dit, chuchoté, murmuré, pratiqué, insinué au sein du clan des Wang. Il a fermé les yeux pendant des années, prétendant ne rien voir. Mais depuis qu’il les a ouverts, il a l’impression d’être témoin d’un gouffre sans fin rempli de péchés. Un gouffre qu’il devrait destiner à rejoindre un jour ou l’autre, s’il ne parvient pas à échapper aux griffes du dragon. La nature humaine le dépasse parfois profondément tant elle tend à l’injustice.
 
 

 Est-ce que Moon était la meilleure personne pour partager cela avec lui ? Désormais, la réponse à cette question n’a plus grande importance, trop floue qui plus est. Néanmoins, Colton pense que, si les familles avaient décidé de replanter la bouture sur l’arbre, d’essayer d’avancer comme le font leurs enfants, peut-être que cela aurait été le meilleur choix à faire.
 
Hélas, le Wang n’a jamais senti la moindre attention de renouer le dialogue avec la, les familles déchues chez sa famille directe. Non, sa maisonnée, son clan, semblent encore être rempli de haine, pour la plupart implantée dans leurs cerveaux dès leurs plus jeunes âges, les autres à cause de commérages et ne cherchant pas plus loin que le bout de leurs nez. Pour une famille qui se vantait de mettre le progrès et les bonds en avant dans leurs valeurs, leur descendant les trouve pourtant encore bien ancré dans le passé, tous autant qu’ils soient. Avec des nuances bien sûr, il n’est pas proche de toute sa généalogie. Il sait par exemple que sa sœur ne cautionne pas non plus tout cela, bien que silencieuse sur le sujet. Cependant, ce dont il est certain est le fait que personne n’ose bouger pour changer les choses de ce côté. Oh non, cela serait prendre trop de risques, voire peut-être se retrouver à partager le même sort que la famille de Moon-Lee. Les seules petites résistances observables, dont la sienne lorsqu’il avait été sujet des conséquences de l’échec de son mariage arrangé, n’ont jamais vraiment eu de répercussions notables ni sur l’avenir ni sur la maison des Wang.
 
« Je ne sais pas non plus. Cela n’a pas d’importance puisque nous ne le saurons jamais. »
 
 
Il se demande toutefois quelle enfance a pu avoir son cousin éloigné. S’il est conscient du mépris que possède la famille du cadet envers la sienne, est ce que cela l’a suivi durant toute son enfance. Des moqueries à l’école ? Où est ce qu’il allait d’ailleurs ? Est-ce que sa famille elle aussi colportait des rumeurs sur la sienne ou cela était-il un secret de famille à ne jamais dévoiler ?
 
 
« Ce n’est pas ce qu’il y a de plus sain effectivement pour un enfant. Mais je suis là aujourd’hui. Est-ce que ton enfance s’est avérée être plus saine ? Elle n’a pas dû être toute rose non plus je me doute mais je n’imagine pas vraiment jusqu’où. »
 
 
Il confie ne pas lui envier et il ne peut pas le blâmer. Au portrait qu’il en dresse, lui aussi n’envierait pas sa situation. Il est encore en colère contre eux, ayant du mal à reconnaître les bénéfices dont il a pourtant bénéficié, dont certains encore aujourd’hui. Au moins, Moon-Lee ne semble pas le plaindre, ce qui est une bonne chose. Avec sa vie avec une cuillère en argent dans la bouche, il estime être loin d’être à plaindre. Au contraire, il a toujours eu ce dont il avait besoin en termes de matériel, n’a jamais eu à se plaindre de quoique ce soit. Il mangeait et buvait toujours comme il en avait besoin, le besoin devant toujours primer sur l’envie. Il a eu un cadre d’apprentissage exceptionnel, avec des professeurs reconnus dans le pays. Ses nourrices ont toujours veillé sur lui, la liste peut s’étendre encore longtemps. Mais tout cela, il est encore trop en colère pour l'évoquer.
 
Même encore aujourd’hui, il s’estime bien chanceux d’avoir la vie qu’il a sur cette planète, d'avoir encore un toit sous lequel dormir et se restaurer sans crainte, de pouvoir gâter sa nouvelle famille autant qu’il le souhaite, cette famille qui lui apporte tout ce qui lui manque cruellement en Corée : du soutien et de l’amour.
 
 

Hélas, le récit que lui narre son cousin coréen, aussi déplaisant qu’il lui est, ne l’étonne guère. Bien entendu que les branches principales ont du en profiter pour renforcer leur pouvoir, il a fallu aussi qu’elles coupent tout échappatoire aux déchus. Elles se sont senties si puissantes qu’elles ont décidé de leur imposer un destin et qu’elles ne pourraient pas en suivre d'autres. Colton redoute toujours ses réactions disproportionnées de la part de sa famille. Si l’honneur est une valeur si importante à préserver, le bannissement et le rejet ne suffit donc pas ? Faut-il vraiment enfoncer les clous en les plantant autour d’autant de portes pour les verrouiller à jamais ?
 
Cela lui rappelle ses propres déboires lorsque son histoire de fiançailles est tombée à l’eau. Là encore, les actions entreprises ont été non négligeables, mais jamais Colton n’a été considéré comme le responsable de cette histoire et n’a donc jamais payé le prix qui devrait aller avec. Au fond de lui, il est persuadé qu’il a une certaine responsabilité dans cette affaire et que son comportement devrait faire l’objet de sanctions. Néanmoins, les Wang n’ont rien voulu entendre, écoutant une fois de plus ce qui les arrangeait et béninisant leur aîné.
 
Il laisse Moon-Lee continuer son histoire, buvant son thé. L’eau chaude ne circule pas très bien au fond de sa gorge, nouée par un tel désastre qu’il redoutait à entendre.
En plus, de ne pas avoir eu un environnement d’enfance confortable, son aîné a été confronté aux mêmes difficultés sociales que le Violet, à en juger par son récit.
 
« Je suis sincèrement désolé de ce qui est arrivé à ta famille. Vous n’auriez jamais dû avoir à vivre dans des conditions pareilles, c’est désolant. Le véritable déshonneur de ma famille est d’avoir provoqué la misère de la tienne sans redresser le tir par la suite. »
 
Peut-être est ce de là que vient cet enclin persistant de Colton de vouloir s’excuser auprès de chacun de ses interlocuteurs. Parce qu’il sait que sa famille n’a pas toujours été aussi droite qu’elle le prétend, et ce, malgré l’éducation qu’elle fournit à sa descendance. Il sait combien elle peut se montrer cruelle, inhumaine, se prenant parfois comme un dieu sur le socle terrestre. Sans scrupule ni regret, ils ne semblent avoir aucun mal à se regarder dans une glace. Pourtant, il faut bien que quelqu’un porte les remords, la honte et toute la négativité qui ressorte de tels agissements. Cette personne-là, c’est Colton Wang, l’héritier d’une longue lignée de sang-pur qui se demande comment vivre avec toute cette culpabilité qui ne devrait pas être la sienne. Si cela se trouve, peut-être est ce que cela sera différent lorsqu’il aura ses propres enfants, et que ce seront eux qui porteront ce fardeau. Il ne le souhaite pas, bien entendu. Mais qui sait si la culpabilité peut devenir héréditaire par magie et que cela est déjà le cas chez les Wang. La science possède tant de mystère.
 
« N’hésite pas à me faire signe s’il y a besoin de quoique ce soit. Cela peut paraître précipité, j’en conviens. Mais détourner la fortune de la famille vers la famille, je ne vois pas où est le problème. »
 
Il le pense véritablement. Il est vrai que les liens de sang ne font pas tout, il ne le sait que trop bien. Cependant, il a l’impression de mieux connaitre son cousin éloigné et de partager avec lui les mêmes valeurs plutôt qu’avec des fratries plus directes.  Comme quoi, tout n’est pas une affaire de génétique mais bel et bien d’éducation. Même si les deux coréens n’ont pas reçu la même, ils ont réussi à développer des valeurs similaires, alors que leurs environnements respectifs étaient radicales opposés. Colton apprécie vraiment tout ce qu’il voit chez le Jung, en dépit de sa tendance aux jurons.
 
« Je comprends tout à fait. Certains amis avec des problèmes financiers ou des situations modestes comme la tienne m’ont fait part d’un tel ressenti. C’est aussi pour cela que je n’ai jamais hésité à leur donner plus que ce qu’ils doivent avoir besoin. Ma famille ne peut pas garder tout cet or pour elle toute seule dans le monde dans lequel on vit. Du moins, je ne peux pas garder tout cet argent sur moi sans le donner à qui en aura plus besoin que moi. »
 

 
Moon-Lee semble lui demander de ne pas s’excuser. Ce qu’il ne sait pas est le fait que lui demander de ne pas s’excuser revient à lui demander de fournir des efforts conséquents. Plutôt surprenant, puisque la majorité des personnes aurait plus une tendance à avoir mal à présenter des excuses plutôt que des difficultés à ne pas le faire. Colton est ainsi, rongé par une culpabilité qui ne devrait pas être la sienne, mais qui le saisit tout autant.
 
 
Son cousin n’est ni le premier et assurément ni le dernier à émettre ce genre de remarques. Tout au long de sa vie, cette proposition lui a été répétée. Il doit être fier et digne d’être un héritier de la fabuleuse et mythique famille des Wang, sorcière à la pureté préservée depuis des générations. Cette lignée de sorciers et de sorcières qui auraient, au fil des années, bénévolement contribué à l’évolution de la sorcellerie chinoise et de sa société, mettant tous les sorciers sur le même pied d’égalité. Un tel discours devrait rendre le cœur du Violet flamboyant et le doter d’une assurance sans faille, tel le masque qu’il devrait porter. Cela a ensuite continué à l’école au vu de ses capacités intellectuelles et parfois manuelles, il ne lui manquait qu’une condition physique exceptionnelle pour être le parfait enfant modèle. Les parents d’élèves l’adoraient, ce qui n’était pas toujours le cas de certains camarades qui se servant de son introversion pour le chahuter. Puis, lorsqu’il a appris à s’ouvrir un peu plus à Ilukaan, ses amis lui ont également fait mention de sa tendance à s’excuser. Pourquoi s’excusait-il donc ? De vivre ? Personne n’a jamais su vraiment d’où tout cela lui vient, en fin de compte.
 
 
 « Je tiens tout de même à le faire. Pour ce qui est de ma famille … »
 
Lui aussi aimerait qu’elle l’oublie complètement, qu’elle le laisse agir comme bon lui semble. Après tout, il connait la ligne de code à tenir sur le bout des doigts. Il a vu où cela a mené. Il a senti de tout son être où ça l’a mené : une descente aux enfers difficilement évitable au vu des chaînes qui le trainent vers le fond. Pourtant, son Dieu sait combien il aimerait s’en débarrasser, fuir loin de tout ce venin et du mal-être qu’il lui provoque. Néanmoins, est ce qu’il peut réellement leur tourner le dos aussi facilement ? Il a déjà essayé de faire entendre sa voix, mais cela n’a guère marché. Il pourrait retenter l’experience, s’il ne craignait pas les réactions colériques des siens. Ils pourraient se sentir trahi par ce qu’ils pourraient percevoir comme un affront. Courroucés ou meurtris, il n’est pas impossible qu’il se voit alors lui aussi déchu, devenant une honte de sa famille. Bien sûr, il est loin de vouloir en arriver là et de faire souffrir des membres de sa famille pour s’être montré plus conciliant et intelligent que le reste. Enfin non, il n’y a que de sa petite sœur dont il se soucie vraiment, le reste peut bien disparaitre de son horizon… Finalement, peut-être est-ce là une porte de sortie ? Certes, pas de la manière la plus douce qui soit, mais le sorcier se demande parfois une telle solution existe réellement.
 
« … Je vais essayer. Ma parole ne porte pas beaucoup mais je ferai tout mon possible concernant les fantômes des Wang. »
 
 
S’il se voit refuser sa proposition de financements complémentaires pour sa famille, il n’en est pas offusqué pour autant. Il comprend assez bien, il aurait eu la même réaction. L’argent se mérite, c’est pourquoi il dépense celui qui ne lui revient pas par le dit mérite pour aider son prochain. Ceux qui malgré tous les efforts qu’ils peuvent fournir, ne peuvent pas joindre les deux bouts et qui accepte d’être soutenus financièrement. Jamais, il n’imposera ses dons aux potentiels receveurs.
 
 
« A vrai dire, je ne doutais pas de ta bonne utilisation de l’argent que j’aurais pu te fournir. Mais je respecte ta décision. Cela dit, si tu as besoin de moi pour autre chose, je suis là aussi. Je ne suis pas qu’une personne aisée. »
 
 
Peut-être est ce là ce que les autres nobles prétendent aussi. Cela n’a aucune importance aux yeux de charbon. Il n’est pas comme eux, pas dans le sens où il veut se démarquer de la foule. Au contraire, il s’y mélangerait volontiers. Non, il agit de la sorte car c’est ce qu’il est au fond de lui. Peu importe sa situation, il aura toujours des hobbies et des supposés talents qui pourront dépanner dans certaines situations.
 
« Cela est tout à fait possible. Je ne parle pas trop aux autres supposés nobles. Je ne me considère pas l’un des leurs, j’ai l’impression d’être un mouton noir parmi eux.  Je crois que peu importe l’environnement dans lequel j’aurai grandi et ma condition sociale actuelle, la Vie a décidé que je serai comme ça, à tendre la main à mon prochain dès que je le peux. »
 
 
Il énonce cela en toute humilité, il n’a jamais vu l’intérêt de se vanter de son caractère puisque chacun a ses spécificités. Sur ces mots, il reprend une gorgée de thé.
 
 

 
Il écoute avec attention son cousin lui expliquant son rapport à l’argent et plus généralement celui qu’il entretient avec ses problèmes. Oh, cela lui parait bien familier. Pour cause, Colton gère ses problèmes sensiblement de la même façon que celle énoncée par Moon-Lee. Ses problèmes sont les siens et il ne souhaite pas qu’ils deviennent par la suite ceux des autres. Il ne veut pas dérange aux autres ses propres difficultés, ses défauts, tout comme il ne le souhaite tout simplement s’imposer aux autres. Si cela lui arrive, alors il doit parvenir à régler tout cela à la source, sans que personne d’autre ne soit impliqué. Les obstacles que la vie peut mettre sur son chemin ont une raison d’être, pour le faire grandir et l’amener à réfléchir. Il sait qu’il dispose le plus souvent de toutes les ressources nécessaires à la résolution du conflit qui vient perturber le cours de sa journée. Les leçons de la vie sont précieuses, alors il ne doit pas se reposer sur les autres pour les apprendre. Autrement, il ne pourra jamais s’élever et évoluer. Bien que parfois, certains enseignements qu’il a pu tirer de ses expériences relèvent de l’ordre social, tel que ne pas se renfermer sur soi-même et s’autoriser à recourir à l’aide d’autrui, tant que le plus gros du chemin est entrepris par le Wang. Peu à peu, c’est sûrement cela qui lui a permis de réussir à mener ses travaux de groupe sans grande vague et à s’épanouir légèrement plus socialement.
 
Même si, le domaine social dans lequel il se sent le mieux n’est pas celui encore celui de pouvoir compter sur les autres, mais celui dans lequel il peut aider toute personne dans le besoin. Qu’il demande de l’aide, cela lui est difficile, mais que quelqu’un vienne lui en demander, il trouve cela parfaitement dans l’ordre des choses.
 
Il veut être cet ami parfait, cette épaule sur laquelle pleurer ou au contraire s’appuyer pour remonter la pente. Il est dévoué aux gens qui acceptent de lui adresser la parole s’il ne les connait pas ou bien s’ils font partie de son cercle social. La dévotion est d’autant amplifiée dans le second cas. Colton est persuadé que chacun mérite de ce qui lui arrive dans sa vie, mais aussi que se repentir est pour la plupart du temps possible. S’il peut parvenir à améliorer la situation de son prochain, alors il le fera, telle une nonne.
 
Cependant, il ne faut pas se méprendre, ceux qui le débecquent peuvent aussi recourir à son aide, à condition en revanche que les efforts qu’il doit fournir soient moindre que pour les autres.
 
« Je partage aussi cette vision des choses. Je m’autorise rarement à recourir à l’aide d’autrui. Les autres ont déjà suffisamment de problèmes. »
 
Voilà qu’il en vient aux réflexions sur les familles nobles, qui ne le surprennent guère au vu de son passif avec ces dernières. Toutefois, elles ne lui paraissent pas authentiques à ses oreilles. Non parce que Moon-Lee n’a pas grandi dans l’une de ses familles, plutôt parce que les témoignages qu’il a recueillis proviennent exclusivement d’Ilukaan.
 
Il faut remettre les choses dans leur contexte. Après tout, l’école de sorcellerie internationale se vend comme une école progressiste, il n’est donc pas étonnant que les valeurs traditionnelles soient bâchées dans ces lieux. Parfois, certains issus de noble-sang affirment détester leur famille uniquement pour se fondre dans la masse, Colton en a déjà croisé -ce n’est pas son cas-. Dans d’autres institutions de sorcellerie plus traditionnelles, il y a fort à parier que les nobliaux n’éprouvent pas de telles rancœurs envers leurs semblables, qu’ils pourraient même en être fiers.
 
Aussi, certains amis du Violet, sont eux aussi issus d’une telle ascendance magique et ne nourrissent pas une telle haine envers les leurs. Généralement, il s’agit plus d’un membre en particulier. Il pense, par exemple, à Laurent et son oncle peu vertueux. Il en va de même pour Damianos, si sa mémoire ne lui joue pas de tour, seulement un membre en particulier.
 
De même, ce genre de sentiments peut également être présents chez des sang-mêlé ou encore des nés-moldus, pour qui la transition entre les deux mondes peut s’avérer d’autant plus conflictuelle. Finalement, cela n’est pas une question d’ascendance à son goût. Toutefois, le sujet semblant si sensible chez son cousin, il ne va pas chercher à lui faire entendre raison, d’autant qu’ils ont quelques interrogations communes sur le sujet.
 
« Je dirai seulement qu’il y a de bonnes et de mauvaises familles, peu importe l’ascendance. Pour ma part, j’aurai souhaité que la mienne ne soit pas aussi exigeante, bien que rien n’aurait garanti que les choses soient différentes de ce qu’elles sont aujourd’hui. Cela étant, je me demande parfois aussi comment une telle unité peut encore subsister dans certains clans. »
 
 

 
Il hoche la tête lorsque son cousin conclut sur leurs rapports avec leurs problèmes. Il ne l’aurait pas formulé d’une meilleure façon. Leurs problèmes respectifs ne regardent qu’eux.
 
 
Un léger soulagement saisit le Strixyst. A vrai dire, il a craint que cette conversation tourne autour de la famille et des classes sociales. Plus précisément, il a envisagé que l’autre Coréen aurait pu passer l’entièreté de leurs échanges à le blâmer de tout ce qui a pu se passer et son manque de réaction face à tout cela. Après tout, sa réaction aurait été légitime, au vu de son récit. Il aurait parfaitement eu le droit d’être en colère contre lui et de le passer à tabac. Toute cette haine et toute rancune, il doit bien la consumer en s’en prenant à quelque chose, ou à quelqu’un. Colton, représentant de la famille Wang, à l’origine de tous leurs malheurs, serait le parfait punching-ball. Le botaniste s’est préparé à cette éventualité et à encaisser si cela se déroulait de la sorte. Il n’aurait même pas cherché à se défendre.
 
 
Pourtant, Moon-Lee a l’air d’avoir fait un choix différent, pris une option plus pénible mais moins violente : celle de faire la paix avec tout cela, et surtout avec lui-même. Si le sang-pur lui en ait reconnaissant, il sait que ce choix est semé d’embauches. Lui-même vient tout juste de commencer à emprunter la voie qui le mènera à termes à se détacher des Wang et à s’accorder le pardon qu’il ne devrait même pas avoir à s’accorder. Heureusement qu’il peut serrer la main d’une certaine personne lorsqu’il se sent dérouté ou déboussolé.
 
 
« Je suis d’accord. Inutile de s’attarder là-dessus. »
 
 
Le voilà qui lui demande ce qu’il aime dans la vie. En bon introverti, le sino-Coréen n’est pas très à l’aise dans cette situation. Néanmoins, il ne voit pas de raison de ne pas en parler à son interlocuteur. Il le voit mal utiliser ce genre de choses contre lui ou ses proches. A dire vrai, la Chouette a des difficultés à le visualiser essayer de lui faire du mal tout court. Surtout, après tout ce qu’ils ont pu se dire, cela lui semble assez invraisemblable.
 
« J’ai un attachement très fort avec la botanique, effectivement. Les plantes font parfois de meilleurs compagnons de vie que les êtres humains. »
 
Il n’a rien contre son animal de compagnie. Il l’aime beaucoup, au contraire.
 
Seulement, les plantes représentent pour lui la vie sans tout le jugement que d’autres formes de vie pourraient avoir. Même si les animaux ne peuvent pas parler le langage de l’Homme, cela ne les empêche nullement de communiquer avec ces derniers et de leur faire comprendre ce qu’ls veulent. Pour le monde végétal, le silence est la meilleure forme de communication qui puisse exister, à quelques exceptions près dans le monde magique. Même pour les cas particuliers, le Wang trouve que les végétaux font savoir ce qu’ils pensent de manière plus subtile, d’une certaine façon.
 
C’est ce qu’il lui convient le mieux lorsqu’il rentre le soir dans sa chambrée. Il peut alors se confier à ses amis verts sans que parfois aucune réponse lui soit fournie. Au moins, il est certain d’avoir été écouté.
 
« J’aime beaucoup les arts aussi, sous toutes leurs formes, bien que je possède une affection particulière pour le fusain. »
 
Les traces de charbon qui ornent régulièrement ses mains en témoignent. Telle est sa façon d’essayer de capturer l’instant présent de la vie d’un être. La magie l’aide plutôt bien dans sa retranscription. Elle corrige visuellement ce qu’il n’arrive pas à apporter à son œuvre, mais aussi contribue aux odeurs, aux aspects de ces illusions tenues chaudement dans l’une des carnets que le Violet possède à Ilukaan. Il dessine depuis son plus jeune âge, son amélioration résidante dans la pile de recueils de cuir planquée dans son armoire.
 
« Aussi, je mets souvent mes connaissances en botanique dans le domaine des potions et de l’alchimie. Généralement, je concocte des soins avec un groupe d’étudiants de tous horizons. »
 
La médicomagical squad, comme certains les appelle. Une étrange association, il est vrai qu’il est facile de se demander comment tous ces jeunes étudiants ont réussi à s’entendre. Ils ne sont pas tous issus du cursus de Médicomagie et, viennent de toutes les maisons hormis celle des Lupys. Peut-être bien parce qu’il s’agit de la maison à laquelle ils apportent le plus leur aide. Ainsi, ils évitent à la pauvre infirmière, jeune maman, d’être débordée pour quelques plaies ou autres blessures du quotidien. Personne ne sait vraiment quand ni où se retrouve cette fine équipe, bien que leurs noms soient connus de tous. Une sorte de ligue de jeunes soigneurs en quelques sortes, il est donc naturel pour Colton d’en faire partie.
 
« Justement, je me disais, puisque tu es dans le cursus de Restauration et d’Hotellerie Magique. Est-ce que cela n’est pas trop compliqué d’établir les menus qui sont servis aux élèves et au personnel de l’école ? Entre les différents régimes et la diversité culturelle, j’imagine que ce ne doit pas être facile et que vous devez être une sacrée brigade. »
 
 

 
Il hoche silencieusement la tête alors qu’il l’écoute parler. Il comprend que son cousin éloigné n’ait pas la fibre artistique. Les goûts et les couleurs ne se choisissent pas. Notamment en matière d’art, où tout est si complexe et varié, sans attache particulière, Colton trouve qu’il est facile de s’y perdre ou de trouver cela ennuyant.
 
Il ne qualifierait pas le fait de mettre ses connaissances au service des autres comme quelque chose de « cool ». Au contraire, il reste assez modeste sur le sujet. Pour son cas, il pense que cela relève de son devoir. Le sino-coréen se trouve être très chanceux d’être doté d’une condition sociale et magique aisée, bien qu’il ne soit pas persuadé la mériter pour le moment. Alors autant répartir, ce qu’il estime de manière égale mais surtout juste, les denrées et les savoirs que la vie lui a mis à sa disposition. Peut-être est-ce qu’un jour prendrait-il conscience de sa véritable valeur ? La route est encore longue pour lui sur ce terrain.
 
« Il est vrai que c’est très généreux de la part de mes coéquipiers de mettre les connaissances à profit pour aider ceux dans le besoin. Ou bien ceux qui ont trop de fierté pour aller consulter Madame Nordskov. »
 
Avec cette fine et mystérieuse équipe, le Violet a espoir que le nombre de visites liées à des blessures bénignes à l’infirmerie. Cela permettrait, dans un sens, de soulager la rousse, devenue Mère depuis plus d’un an désormais. Si le botaniste n’a qu’une vague idée de tout ce dont un nourrisson pour s’épanouir dans son foyer, il reste certain que cela doit être très chronophage et fatiguant. Même si, avec la magie et les potions, ces effets doivent être plus faciles à contrer.
 
« Est-ce aussi simple que cela ? J’aurais pensé que les régimes particuliers bénéficiaient de plats adaptés à leurs pathologies. Après tout, en termes d’allergies et maladies digestives, j’ai cru entendre qu’il y en avait pour tous les goûts sur le campus. J’imagine que cela doit demander beaucoup d’organisation pour ne pas mélanger les assiettes et leurs spécificités. »
 
Entre les diabétiques, les intolérances au lactose et tout un tas d’autres maux, cela doit nécessiter beaucoup de préparation. Le pire reste aux yeux de charbon, les sorciers issus de familles non-maj qui se découvrent, une fois plongés dans le monde magique grâce au campus, des problèmes de santé liés à des aliments présents uniquement dans la société sorcière. Le nombre d’accidents lié à l’alimentation des nés-moldus en première année, fort heureusement, semble être rester stable au cours des dernières années. L’étudiant se rappelle encore, lors ses premiers jours à Ilukaan, de l’incident durant lequel son camarade de cantine, issu d’une famille turque ne pratiquant pas la magie, a été contraint par son corps de régurgiter sa tarte à la mélasse … Lui qui se faisait une joie de découvrir les spécialités culinaires de ce monde si nouveau pour lui…
 
« Je suppose que vous devez avoir aussi une sacrée main d’œuvre pour pouvoir délivrer tout cela sans que cela refroidisse ou, au contraire, se réchauffe par l’air ambiant. Est-ce qu’Ilukaan a encore recours aux elfes de maison ? Ou bien vous enchanter les meubles ? »
 
Il doute qu’un institut qui se veut moderne et sophistiqué utilise à ce jour de telles méthodes pour tourner. Néanmoins, il a appris que le campus lui réserve bien plus de surprises qu’il ne peut le penser.
 
Du moins, il n’espère pas que ces êtres chétifs soient exploités ici. Durant son enfance, ce sont leurs comparses coréens qui ont été chargés pendant des années de le nourrir correctement. Cependant, cela l’a intrigué et l’a incité à cuisiner par lui-même. Oh, il reste encore loin d’être un grand chef ; après tout, il n’a pas suivi le parcours universitaire dédié. Néanmoins, le Wang se débrouille correctement en cuisine et maitrise même quelques plats, qui dépassent le niveau des typiques pâtes et autres plats préparés de l’étudiant. Rien de très impressionnant, mais suffisamment élaboré pour être équilibré et nourrissant. Il a même appris à l’une de ses amies l’une des spécialités de chez lui, une spécialité non-maj. Comme quoi, quand il dit que les deux mondes ont à s’apporter mutuellement, il le pense vraiment.
 
 

 
Il devrait profiter de mériter d’être félicité ? Comme il l’a évoqué plus tôt dans la conversation, Colton n’est pas certain d’avoir du mérite en raison de l’aide qu’il apporte aux autres. Est-ce que cela ne devrait pas être vers ce que tout être humain devrait tendre, aider son prochain ? Si cela n’est pas le cas, l’homme est un cas désespéré. Enfin, le Violet connait déjà cette réalité, aussi déplaisante qu’elle lui soit.
 
 
Le Wang examine la gestuelle de son cousin, y prêtant bien plus d’attention qu’à son discours. D’ordinaire, lorsqu’il est amené à croiser le Jung, sa carrure imposante semble être tendue, crispée, comme distordue dans un environnement dans lequel elle n’aurait pas sa place. Loin d’égaler ses deux mètres, le sino-coréen est pourtant capable de comprendre la raison d’un tel malaise. Tout comme son aîné, il n’a pas la sensation d’être, le plus souvent, à sa place au milieu des groupes d’élèves. Bien que ses problèmes sociaux ne soient pas de la même nature que ceux de son interlocuteur, eux aussi se manifestent sur sa posture.
 
Certains disent que malgré tout, il dégage une certaine prestance, qui leur inspirerait une force calme de la nature. D’autres, s’accordent un peu plus avec la perception du sorcier sur lui-même et le décrivent comme une personne timide et réservée. Bien qu’au fond, il soit probablement un mélange de tout cela, Colton Wang continue à pencher vers la dépréciation de sa personne.
 
Pour ce que lui raconte le langage corporel du Rouge en compagnie d’autres personnes, il a la sensation qu’une grande colère gronde en lui. Une colère, telle, qu’elle lui donne le sentiment que Moon-Lee en veut au monde entier, comme si tous et toutes sont ses ennemis. Cela étant, le cadet n’a jamais eu à chercher très loin pour deviner la cause de cette impression. Après tout, compte tenu de l’histoire de leur famille, une émotion aussi forte n’a rien d’étonnant. Lorsque tous les engrenages se mettent en place pour que toutes les personnes qui vous entourent se mettent à vous prendre le vilain petit canard, le fautif avant sa naissance, le besoin de prouver sa véritable valeur doit être conséquent.
 
Pourtant, durant leur discussion, le botaniste n’observe pas les signes de nervosité d’ordinaire si présents chez le Lupy. Non, à la place, ses traits sont plus détendus, moins anguleux. Le sujet de leur discussion l’a désormais emporté dans son élément, dans cette bulle qu’il s’est construite avec le temps, dans laquelle il peut être totalement assumer qui il est sans crainte d’être jugé. Cela rassure Colton, aussi bien sur son discours que sur son attitude.
 
 
« En effet, tout cela semble relever d’une question d’organisation très précise. Vous devez savoir ce que vous faites et quel est votre rôle, puisque tout cela marche bien depuis des années. »
 
 
Etrangement, le portrait qui lui est dressé des cuisines d’Ilukaan ne lui paraît pas si effrayant que cela. En remplaçant les meubles par des elfes de maison, ce fonctionnement correspond en tout point au ballet qui prend place chez les Wang au moment des repas. Même s’il préfère l’emploi de meubles plutôt que de créatures magiques pour servir les êtres humains, bien évidemment. Les autres créatures vivantes ne devraient pas avoir à servir les sorciers, cela ne devrait relever que des inventions conçues pour leur faciliter la vie en premier lieu.  Maintenant qu’ils se trouvent dans une ère historique plus moderne, ils ont bien plus d’outils qu’ils n’ont réellement besoin pour assouvir des besoins primaires tels que ceux de s’alimenter et de se désaltérer.
 
 
« J’aurai probablement décliné par politesse. Cela étant, si cela te permet de t’exprimer et montrer au monde ce que tu ressens, ce sera un plaisir de découvrir ton univers. »
 
L’artiste le sait mieux que quiconque, chacun possède sa propre façon de communiquer et de s’ouvrir au monde. Si le préfet lui fait alors assez confiance pour partager un pan de son monde dont il ne connait rien, il laisse la curiosité l’emporter, ce qui est plutôt rare. Colton songe alors lui aussi à la façon à laquelle il pourrait l’introduire dans sa bulle végétale. Hélas, le cheminement de ses pensées n’a pas le temps de s’étendre suffisamment pour lui apporter la réponse qu’une vibration insistante dans sa poche se fait alors ressentir. Il tourne alors le regard vers cette dernière, en proie à la gêne, avant de jeter un coup d’œil à sa montre ornée d’un dragon de jade et d’or. Oh, il comprend mieux la raison de cet appel.
 
« Excuse-moi, loin de moi l’idée de te fausser compagnie. Mais je n’ai pas vu l’heure passer et me voilà en retard pour une autre entrevue. Que dirais-tu que nous nous retrouvions de nouveau demain soir, à la même heure, au même endroit ? »
 
Joignant les mots à la parole, il lui fait glisser son numéro de cellulaire par technologie magique.
 
« N’hésite pas à me joindre si jamais quoique ce soit te vient en tête, de quelque nature que ce soit. »
 
D’un élan pressé, il se lève, s’époussète avant de passer dans la salle de bains.
 
« Bonne soirée, Moon-Lee. Encore désolé de mettre fin aussi rapidement à notre discussion. »