Les cheveux attachés en deux chignons, son tablier personnel propre attaché autour de sa taille, les ustensiles nécessaires sortis sur le plan travail - qui vient d’être bien nettoyé... Keyne est prête pour la leçon du jour !  Et comparé à ce que l’on peut s'attendre, c’est la jeune Cervirald qui prend le rôle de professeur.  

Oh, elle est loin, bien loin de se considérer comme une professionnelle et elle ne compte pas non plus partir dans le cursus de cuisine l’année prochaine, mais cela ne l’empêche pas d'aimer la pâtisserie et de s’y connaître un minimum, ce qu’il faut pour plaire à ses proches ! Il faut croire d’ailleurs que ses préparations sont appréciés, compte tenu des compliments qu'elle reçoit en général. De quoi lui faire plaisir ! Preuve supplémentaire: on lui demande également son aide.  

Bon, d’accord, ce n’est que la première fois que cela arrive, mais ça compte non ? Reprenons tout dans le contexte.

Il y a de cela, quoi, trois mois environ ? Atsushi Nakajima, un élève de 8ème année strixyst, est venu à sa rencontre pour lui demander de l’aide : il souhaitait faire du chocolat pour ses amis et visiblement, il avait dû entendre parler d‘elle après la petite compétition de pâtisserie organisé par Alfred. Bien entendu, la jeune femme avait accepté avec plaisir et ils avaient passés un bon moment tous les deux. Depuis, ils se donnaient de temps en temps rendez-vous dans les cuisines du campus lors des week-end. C’était un bon moment, de la détente en vue, des discussions agréables aussi !  

Keyne en avait d’ailleurs bien besoin, après les récents événements liés à Dimitri. Elle était contente que ce dernier ait compris ses sentiments, son erreur, mais ait aussi commencé à lui parler de ses propres ressentis et surtout de son état. Qu’il lui ait “véritablement” déclaré ses sentiments lui a aussi fait presque un choc – dans le bon sens, bien entendu ! Elle a désormais l’impression qu’ils ont franchis un cap, qu‘ils doivent s‘adapter ensemble à de nouvelles choses. Si le principal est positif, il n’empêche que ses émotions ont été secoués. Se poser, faire autre chose le temps d’une après-midi ne peut lui faire que du bien ! C’est bien pour ça qu’elle a immédiatement accepté quand son ami lui a envoyé un message il y a deux jours, pour lui demander de lui apprendre la forêt noire.  

Pour être honnête, ce n’est pas l’entremet qu’elle fait le plus souvent. Mais elle connait chaque partie individuellement. Alors, les mélanger, ça devrait le faire non ? Elle a à ses côtés son livre de recette, prêt à tout suivre à la lettre. Elle n’est clairement pas du genre à improviser des gâteaux, elle en reste au basique, ce qui lui convient amplement. Pour les décors, cependant, essayer des nouvelles choses lui plait, il y a moins de pression aussi par rapport au goût !  

Enfin bref. Étant venu en avance pour tout préparer et relire la recette, elle attend désormais Atsushi qui ne doit maintenant plus tarder. Elle profite de ce moment pour répondre à quelques-uns de ses amis et, quelques instants plus tard, elle entend une porte s’ouvrir puis se refermer. La cervirald offre alors un sourire au nouvel arrivant.

“Bonjour Atsushi ! Tu vas bien ? Cela faisait un moment, j’espère que tu es prêt ! On va se donner à fond pour réussir !”

Elle espère avoir choisi la bonne recette pour aujourd'hui, est-ce un peu trop pour un dessert avec des amis ? Mmh... Non, ça devrait aller ! Après tout, elle sait que les personnes auprès de qui elle va apporter l'entremet vont être ravi ! Ce devrait être le même cas pour Atsushi. Elle compte bien donner le meilleur d'elle-même pour le faire réussir !

“On va en faire une chacune, d’accord ? Alfred est capable de m’en vouloir si je ne lui apporte pas une part de gâteau à la fin !” Lance-t-elle en plaisantant.  

Quoi que. Il peut la bouder.
Elle se concentrera là-dessus plus tard. Maintenant, aux fourneaux !

“Tout va bien merci ! Je suis ravie d’être ici, j’étais tellement impatiente que j'ai fini par venir en avance. Enfin, ça en plus du fait que je n’avais pas non plus grand-chose à faire aussi.”

Un léger la prend et elle arrange ensuite son propre tablier quand son ami met le sien. Une fois tous les deux prêts, la petite Canadienne montre de la main les ingrédients et les bols à côté.

“Nous allons commencer par les pesées pour la génoise au chocolat. Tu le sais maintenant, c’est bien plus facile de réaliser un gâteau si on prépare bien tout correctement en avance. On va aussi mettre deux grands bols dans les congélateurs, un chacun ! Ça va être pour notre chantilly, pour qu’elle monte bien plus aisément.”

Ah ! Elle ne compte plus le nombre de fois au début où elle a raté sa chantilly car son procédé n’était pas correct. Elle en a usé de la crème pour réussir, heureusement ses parents étaient patients avec elle. Puis désormais, elle y arrive du premier coup ! Plus besoin de s’inquiéter, ni de gaspiller. Adieu le beurre sucré.
Quand tout est mis au frais, les pesées se font rapidement, en suivant bien la recette. De la farine, du cacao, des œufs et du sucre ! Elle fait ensuite doucement chauffer deux casseroles d’eau et met aussi le four à préchauffer.

“On va mélanger les oeufs et le sucre d’abord dans un bol qu’on va ensuite mettre au bain-marie ! On va les faire chauffer jusqu’à 50°C environ, c’est-à-dire il faut un peu ressentir la chaleur avec notre doigt. Après, on y met directement au robot-mixeur avec le fouet pour faire monter et refroidir le tout ! Ce n’est qu’après qu’il va falloir ajouter le cacao et la farine.”

D’ailleurs, elle lui explique qu’ils doivent tamiser en premier les deux dernières denrées citées en dernier pour qu’elles se mélangent correctement et éviter au maximum les grumeaux. Quand tout est prêt pour cette première préparation, Keyne relève une nouvelle fois ses manches, attrape le fouet et commence à battre le mélange œufs-sucre en évitant d’encombrer son ami pour qu’il puisse faire de même.

“Oh, fait moi penser à chemiser nos moules aussi ! Sinon, nous allons galérer à retirer le cake après cuisson !”

Normalement, c’est à faire au début mais Keyne l’oublie une fois sur deux. Enfin, ça n’empêche en rien de bien réussir, mais tout de même ! Depuis le temps…

“J’espère que tu as de la force dans les bras, il va falloir continuer de fouetter un bon moment. Normalement, étant donné que les oeufs ne sont pas en contact direct avec la plaque, ils ne devraient pas brûler ! Mais c’est pour que la génoise soit bien mousseuse avant de la mettre au four.”

Si Atsushi est attentif, il a certainement remarqué que mis à part pour les mesures, Keyne n’a pas vraiment regardé la recette. Il faut dire qu’elle sait presque par coeur ! Il faut tellement de ce biscuit pour des entremets, qu’à force le geste est automatique.

“Je suis désolée, nous n’avons parlé que de la recette ! Que fais-tu en ce moment ? Bientôt les examens pour ta neuvième année c’est cela ? Tout va bien se passer tu penses ? Le stress pour mes ASPICs commence à se faire ressentir de mon côté, je révise beaucoup. Il y a tellement de choses à savoir. C’est difficile de savoir ce qu’il faut absolument savoir.”

Aah, voilà que sa petite angoisse revient. La Cervirald n’est pas spécialement connue pour être une personne anxieuse, loin de là. Mais les examens qui approchent sont bien plus importants que tout ce qu’elle a connu jusqu’à maintenant (enfin, en termes d’études !). Voilà qu’elle va pouvoir commencer ses études dans le domaine qui lui donne envie depuis si longtemps. Elle place beaucoup d’espoir et souhaite donner de son mieux pour réussir. Résultat, elle a l’impression de porter une lourde charge sur ses épaules. Peut-être ne devrait-elle pas ? Il est certain qu’elle panique un peu trop, mais bon ! Elle sait que dans son cas, ce n’est que temporaire. Il lui faut simplement des occupations pour tenir le coup ! Comme ce superbe après-midi.

“ Je suis bien heureuse de savoir que tu te plais dans tes études ! Tu es en Justice magique, c’est cela ? C’est incroyable, c’est un cursus compliqué non ? Tu dois apprendre tellement de choses en peu de temps... Je ne sais honnêtement pas si j’en serais capable !”

Tout en lui répondant, elle place son mélange dans le robot et indique à son ami d’en faire de même. Elle met ensuite le fouet et lance la machine qui va terminer de monter le mélange et le refroidir à bonne température. C’est un processus qu’elle adore voir, la manière dont tout se transforme car le mélange s’est effectué d’une certaine manière, c’est vraiment incroyable ! Ou alors, elle s’extasie pour un rien. C’est peut-être ça aussi.

“ Dans mon cas, je souhaite entrer dans l’Education magique, tu sais ? C’est sûrement bien moins glorieux...! Mais ce sont des études qui m’attirent tellement tu sais ! Je rêve de pouvoir travailler avec les enfants, c’est pour ça que je fais du babysitting, pour avoir un premier contact. Ce n’est certes pas suffisant mais à mes yeux c’est un bon début. Il y a tellement à apprendre sur eux, et je suis persuadée qu’ils ont beaucoup à nous apprendre.”

Bien que lancée dans son discours, elle n’en oublie pas de vérifier la température et la texture, d’ailleurs, quand ça lui convient, elle arrête les robots et reprend son bol en indiquant une nouvelle fois à Atsushi de faire de même.  

“ La consistance est parfaite ! Maintenant, tu vas commencer à verser ma farine pendant que je mélange avec la farine et le cacao. Il faut doucement retourner le mélange, ne surtout pas aller vite, sinon, la pâte va retomber et ça peut aller très vite dans ces moments. Du coup, je te montre le geste d’abord !”

Doucement, comme énoncé, la farine et le cacao se fondent et disparaissent sous l’amas de pâte. Elle fait en sorte de râcler le fond, que tout soit bien homogène. Là encore, c’est tout un procédé mais ce n’est rien d’infaisable, bien heureusement ! D’ailleurs, elle réussit sans aucun problème, ce qui la rassure quand même. Ça l’aurait tout de même mal fait de rater alors qu’elle est là pour lui apprendre !

“ Quand c’est fait, on prend le moule et on verse tout le mélange dedans. Ensuite, pour retirer les bulles d’airs, laisse retomber légèrement sur le plan de travail, mais pas plus de trois fois ! Et après, on y enfourne et on y laisse cuire environ dix minutes, le temps de faire la vaisselle avant d’enchaîner !”

Eh oui, que tout soit propre d’une préparation à une autre, c’est même plus facile de s’y retrouver ensuite ! De toute façon, elle n’aime pas le bazar. Légèrement maniaque sur les bords, elle aime que tout soit bien organisée. C’est d’ailleurs pour ça que mes ses feuilles d’origami sont rangées dans une boîte, pour ne pas qu’elles s’éparpillent ! Il en va d’ailleurs de même pour ses cours et ses autres affaires de DIY.  

“ C’est à ton tour désormais, si tu penses un moment ne pas t’en sortir, ce n’est pas grave, je prendrais ton relais. Si tu savais le nombre de génoise que j’ai dû faire avant de réellement m’en sortir...! Mais c’est comme dans beaucoup de cas : quand on rate, l’important, c’est de savoir où se trouve l’erreur et de recommencer en faisant attention !”