Quels frissons parcourent la fine colonne vertébrale d’Asami alors qu’elle entend les mécaniques de l’engin gémirent de douleur à mesure qu’Owen continue sa course, toujours de plus en plus vite. Trop vite pour la Dame, qui s’inquiète pour cet individu alors qu’elle ne le connait qu’à peine. Ce qui d’autant plus étrange que les seules informations dont elle dispose à son sujet concerne sa sale manie à courir après les jupons, autant dire que ce n’est pas le genre de personnes pour lequel la Cerviralde éprouve de l’empathie. Pourtant, à le regarder faire ses tours de piste, poussant son vélo dans ses retranchements, elle ne peut s’empêcher d’être effrayée, craignant un déraillement de la chaine, voire pire, un détachement des plateaux. Si un tel évènement se produit, le Rouge sera amené à chuter ! La sorcière ne préfère pas penser aux conséquences les plus désastreuses qui pourraient avenir.  Partageant l’adrénaline avec l’anglais, elle compte les secondes avant que le Loup décide de cesser de rouler sur le fil du rasoir.

Aussi, son soulagement est grand lorsqu’elle le voit enfin descendre de sa selle. Ce n’est pas trop tôt ! Il a eu de la chance de n’avoir aucun incident en vu de l’état de sa monture ! Elle soupire quelques secondes avant de se diriger vers cet élève imprudent ! Décidément, il n’est pas la première personne qu’elle croise à chercher à dépasser ses limites. Ce n’est pas pour autant que cela ne la fatigue pas à chaque fois qu’elle assiste à ce spectacle de funambule, perdant vainement son énergie dans l’inquiétude et la peur de catastrophes.

Toutefois, la brune se ressaisit très vite, désormais habituée. Elle explique alors à Owen qu’elle a assisté à sa course et qu’elle a trouvé sa conduite très dangereuse au vu de l’état de son vélo ! Elle se demande si lui-même ne va pas trop avec lui-même, mais elle garde ce questionnement-là pour elle-même.

Néanmoins, plutôt que de lui passer un sermon et de se montrer condescendante envers le coureur, elle lui propose plutôt de lui faire de ses connaissances et de réparer le vélo. Peut-être même pourra-t-elle l’améliorer, afin de permettre de meilleures performances au Knight, si celui-ci lui donne son accord après les réparations. Après tout, quelques idées lui sont venues alors qu’assistait à la course quelques minutes plus tôt. Si celui-ci est dans un premier temps surpris des suggestions de la jeune femme, il ne tarde pas pour autant à accepter.

Cela ne gêne pas Asami. Cette dernière est habituée à ce que les personnes qu’elles croisent soient surprises lorsqu’elle leur fait part de ses talents en mécanique et en ingénierie, moldues comme sorcières. Il est vrai que la Dame est élégante et raffinée. Seulement, beaucoup de monde semble la résumer à cette jolie poupée de porcelaine, une petite fille à papa qui s’est fait assister toute sa vie. Néanmoins, il n’en est rien ! Elle a bénéficié de cours de self défense dès son plus jeune âge et baigne dans le milieu de la mécanique depuis sa plus tendre enfance ! Surprenant ? Pourtant, Il s’agit là de sa première passion ! L’avantage d’être la fille de Monsieur Sato, c’est qu’elle avait alors accès à tous les livres et tout le matériel nécessaire pour apprendre plus sur ce monde fascinant. Depuis, elle était devenue une jeune ingénieure indépendante, approfondissant encore plus ses connaissances au travers de son cursus universitaire.

Ainsi, ils ont convenu de se retrouver au club de cyclisme, où la Verte pourrait trouver tout le matériel nécessaire pour s’occuper de l’engin d’Owen. Elle repasse alors à sa maison, troquant son uniforme parfaitement lissé pour sa tenue de mécanicienne, plus confortable et ne craignant pas la saleté. Aussi, elle en profite pour se munir de quelques outils qui lui appartiennent. Elle se sent plus à l’aise avec en termes d’utilisation, puis elle sait ce que ces derniers, un plus avancés que le matériel standard fourni aux clubs, lui permettront de réaliser à la perfection ses réparations et ses potentielles améliorations.

D’un pas assuré, elle rentre dans l’atelier du club, dans lequel Owen l’attend avec son vélo.

« Bien, je vois que tu es déjà là, c’est super ! Ca fait combien de temps que tu as pas appel à un mécanicien pour entretenir ton vélo ? »

Elle s’installe alors près de l’engin, l’examinant de plus près.

« Je ne dérangerai pas longtemps dans tous les cas, ne t’en fais pas ! D’ici une demi-heure, il sera comme neuf ! »

Asami a beaucoup ri à la proposition de l'anglais concernant une potentielle rémunération. Pas un rire hautain, un rire simplement amusé, comme il devrait toujours en être. Cela s'entend d'ailleurs à son ton chaleureux, qui réchaufferait n'importe quel coeur malgré le froid environnant. Oh, elle ne veut pas vexer son interlocuteur, aussi cache-t-elle son rire cristallin derrière l'une de ses mains gantées, avant de s'excuser. Non, la proposition est loin d'être ridicule, elle est plutôt insolite, ce qui a pris la brune au dépourvu.

Après tout, elle ne cache pas ses nobles origines. Certes, elle n’en a pas gardé le langage châtié mais sa garde-robe, son apparence en général, traduisent parfaitement son aisance financière. Certains que son assurance aussi s’explique par une enfance réduite à des cuillères en or dans la bouche. Oh, ils ne sont pas rares, celles et ceux qui ont assumé que Asami n’était qu’une fille de la haute, bien maniérée et écervelée. Une image assez hautaine d’elle, qui agissait comme bon lui semblait car elle n’avait pas grandi avec les mêmes limites que les autres. Finalement, une vision assez réductrice de la Dame. Mais ces mêmes personnes n’ont jamais vraiment pris le temps de la connaître non plus. Elle est habituée, le même discours lui est servi depuis son arrivée à Ilukaan. Aussi, qu’une autre personne juge bon de la récompenser financièrement, cela a de quoi surprendre.

Toutefois, elle a accepté la proposition à la condition que les gallions reviennent à une association humanitaire sorcière. Après tout, ils en ont plus besoin qu’elle et si elle peut le sensibiliser à sa cause au passage, tout est gagné.

Alors que l’anglais répond présentement sur le passage d’un technicien pour l’entretien de son véhicule, la Verte ne peut s’empêcher de s’arrêter pour le regarder et hausser un sourcil.

«Tu fais des compétitions mais tu ne fais pas entretenir ton matériel ? Voilà qui est surprenant... Que se passerait-il si jamais ton vélo te lâche durant les compétitions ? D’autant plus si tu l’uses rapidement ? »

Elle soupire alors légèrement. Il n’y a rien de logique dans les propos du Rouge, qui doit bien avoir les moyens d’engager un technicien pour entretenir le matériel d’entrainement, ce serait le minimum… Enfin, elle ne compte pas pour autant le laisser continuer à s’exercer de manière aussi dangereuse son hobby.

«Tu sais quoi, je suis désormais la mécanicienne attitrée de tes vélos. Ce n’est pas négociable. Puisque tu as mon numéro, tu n’auras qu’à me communiquer tes horaires d’entraînement et de compétitions, je m’arrangerai pour le reste. Je te vois arriver avec le salaire, je n’ai besoin de rien. Si tu veux dépenser ton argent, continue de le dépenser dans les actions humanitaires sorcières et moldues.»

Elle prononce ces mots avec assurance et fermeté. Cela va lui demander assez de travail maintenant. Cependant, si Owen collabore avec elle à l’avenir, les visites d’entretien ne devraient pas prendre énormément de temps. Une fois qu’elle est assurée que le passage est passé, elle retourne à son travail. Décidément, il y a d’avoir plus à faire que prévu…

« Longtemps ? Assez oui. Mon père est à la tête de Future Industries, donc j’ai pu grandir dans ce monde. Je suis passionnée depuis mon jeune âge !»

Une pointe de mélancolie se fait ressentir alors qu’elle mentionne son père. Leurs opinions divergent à mesure que la Fleur s’épanouit et grandit, entraînant avec le lot de conflits. Puis, même si son père a tenu à lui donner la meilleure enfance possible, ce n’est pas pourtant qu’elle fut heureuse. Elle n’a pas grandi qu’avec des engrenages et des machines, surtout depuis le décès de sa mère. Non, elle a grandi avec la peur grandissante de son père envers la magie et toute la surprotection dont il a pu faire preuve pour que sa fille soit toujours sauve.

Ainsi, passaient les jours avec les cours à la maison, cours incluant du self-défense sans magie, sans qu’Asami ne puisse jouer avec d’autres enfants. Son seul refuge était devenu avec le temps la bibliothèque, où elle dévorait tous les traités de mécanique qui lui passaient sous la main, puis l’atelier, où elle avait pu commencer ses premières expérimentations.

«Dis-moi, tu dois pratiquer le cyclisme depuis longtemps aussi, non ? Tu filais à toute allure lorsque je t’ai vu. »

Asami ne peut s’empêcher d’avoir quelques interrogations sur la situation du garçon auquel elle vient en aide. De l’assurance, il a l’air d’en avoir à revendre. Il s’était lancé un pari risqué à se lancer dans la haute compétition sans avoir une solide équipe pour l’assister. Bien entendu, elle comprend le désir de collaborer avec des personnes avec lesquelles on a des affinités, le travail accompli n’est que plus grand.

Toutefois, depuis le temps qu’il construit son projet, n’a-t-il vraiment trouvé aucune personne digne de confiance ? D’autant plus pour entretenir un vélo, une tâche qui ne requiert aucune connaissance particulièrement technique ? D’ailleurs, est ce qu’Owen connait les mécaniques de son véhicule ? Probablement, au vu des dangers qu’il court chaque fois. Mais si tel est le cas, pourquoi ne prend-t-il jamais soin de sa monture ? Oh, peut-être compte-t-il sur son assurance pour lui rembourser les pertes et s’acheter un autre vélo. Quel gâchis, ce serait … Vraiment, si ses soupçons se trouvent être avérés et qu’elle apprend de tels agissements, il n’a pas à dire qu’elle considérera son interlocuteur comme un véritable idiot, peu digne de son attention.

Elle n’a pas le temps de pousser ses réflexions plus loin alors qu’il lui saisit le menton d’un doigt assuré, comme pour lui faire lever le regard vers lui.

Ce qui déplait fortement à la jeune femme, fronçant alors les sourcils tout en chassant son doigt d’une main de fer dans un gant de cuir. De l’assurance, non, c’est de l’arrogance qui se dégage de ce Rouge. Quel toupet ! Quelle est cette façon d’essayer de la prendre de haut de la sorte ? Parce qu’il est dans la haute compétition, cela le place au-dessus ? La Verte est consciente que l’esprit de compétition peut monter à la tête, mais ô grand jamais elle ne comporterait de la sorte, même avec son compteur de victoires élevé. Il aimait sa philanthropie ? Pourtant, il ne semble aimer que son propre égo. Bruh, voilà qui la dégoûte. Aussi le foudroie-t-elle du regard.

Les compliments, maintenant ? Oh, il allait falloir être plus original que cela pour l’atteindre. Le clin d’œil ? Déjà vu et revu. D’autant que des compliments sur sa beauté, ce n’est pas ce qui a manqué à sa vie. Parfois, elle se demande si elle devrait maudire ou bénir sa mère pour lui avoir laissé un tel héritage.

«Ne te permets de telles familiarités, on se connait à peine. Garde ton air hautain pour toi, ça ne m’impressionne pas pour un sou. Et tes compliments, tu ne m’intéresses pas du tout.»

Une fois, la distance mise de nouveau entre les deux étudiants, la Dame retourne à sa tâche, ne pouvant s’empêcher d’être exaspérée. Elle pense réellement ce qu’elle a dit, la carrure du blond ne lui fait pas peur. Il a beau être grand et avoir du muscle, Asami est certaine de pouvoir s’en sortir face à lui. Sur ce point, elle peut remercier les cours de self-défense prodigués durant son enfance, qui lui ont permis d’acquérir une assurance suffisante pour ne pas se laisser avoir par ce type de personnalité. Qui plus est, elle est tout aussi confiante sur ses capacités sans magie qu’avec magie. Elle est une très bonne duelliste et sa réputation au sein de l’école n’est plus à faire.

«Je compte sur toi mais je m’occuperai du matériel moi-même. Tu n’es pas en mesure d’imposer tes conditions dans cette situation, alors si jamais je ne trouve insupportable, je cesserai d’être ta mécanicienne. Tu es prévenu.»

Elle se détend un peu plus après cet échange.

Elle n’aime pas la façon dont il présente les choses. Est-ce qu’elle arrivera à le supporter longtemps ? Elle l’espère, si ses prouesses sont aussi épatantes en entraînement qu’en compétition. Puis, cela l’embêterait de devoir lui laisser à sa charge l’entretien de son vélo, au vu du peu d’attention qu’il lui a accordé jusque-là. Après tout, en s’attelant à le réparer, moulte idées lui viennent à l’esprit pour pouvoir améliorer l’engin de course. Le modèle qui se tord sous ses doigts est assez basique, donc les pistes d’amélioration et de personnalisation sont multiples.

Elle essaie d’écouter du mieux qu’elle peut la réponse de son interlocuteur, bien que son comportement quelques instants plus tôt l’ait invité à se concentrer sur les chaînes. Il se qualifie comme un bébé ? Bizarrement, elle trouve cette comparaison sensée. Elle aurait même rajouté avec une cuillère en argent dans la bouche.

«Je vois.  Ton manager n’a donc jamais jugé bon de te dégoter quelqu’un pour assurer son jeune prodige miraculeux. Je veux bien que ça ne fasse qu’un an, mais il peut se passer bien des choses en une année. Enfin bref. Tu n’es pas le premier à me qualifier de la sorte. Je dirai simplement que je suis spontanée et que je sais ce que je vaux. Dans le cas présent, en tant que mécanicienne. Je ne tiens pas à ce qu’il t’arrive malheur sur la piste à vrai dire.»

Avoir du caractère pour s’être simplement dressée face à lui ? Elle n’a pourtant rien fait grand-chose. Certes, Owen a raison et n’est pas la première personne à lui témoigner de sa force de caractère. Néanmoins, elle peut se montrer bien plus hargneuse et téméraire que ce dont elle vient de faire preuve à l’instant. Elle a réalisé bien plus osé comme défis. Par exemple, se confronter aux meilleurs duellistes de l’école, ou encore décider de travailler en groupe avec les plus grandes têtes de mule qui courent le campus. Là, toutes ses capacités à en découdre sont mises en valeur et peuvent surprendre.

Vraisemblablement, il lui aura fallu moins que cela pour émoustiller le Rouge. Il prétend aimer les femmes caractérielles, mais il semble que tous deux ne considèrent pas de la même façon ce qu’est une forte tête. Les standards du Lupy apparaissent à Asami comme plus bas que les siens en termes de personnalités. Cela étant, après réflexion, elle n’est pas surprise plus que cela. La réputation de son interlocuteur lui arbore les traits d’un coureur de jupons, aussi les personnes qui tombent sous son charme sont nombreuses. Ainsi, dès qu’une personne se montre un moins sensible à ce qu’il dégage, cela lui apparait comme une personne au fort caractère. Tout s’explique, même si la brune trouve cela un peu triste.

Elle chasse alors ses excuses d’un revers de la main. Il n’est pas habitué à ce type de réponses de la part de la gent féminine, elle ne peut pas lui en vouloir. Pour la peine, elle se retourne de nouveau vers lui, avec un visage plus apaisé, presque amusé de la situation. Elle n’avait pas pensé lui faire perdre ses moyens aussi facilement. Ce n’était même pas son intention première, elle s’est seulement défendue. Elle n’ose imaginer l’attitude qu’il aurait si elle avait vraiment cherché à le déstabiliser. Sa présumée arrogance semble cacher bien des failles. Au moins, il n’est pas aussi pédant qu’il n’y parait. Elle espère cependant que cette carapace ne se fendra en aucun cas lors d’une compétition. C’est un coup à complétement dérailler, voire vriller.

«Oh, ne fais pas cette tête, je t’en prie ! Tu n’as besoin de t’excuser. Je n’ai fait que mettre les choses au clair entre nous, rien de plus. Tu n’as pas l’habitude qu’on ne te mange pas dans la main, n’est-ce-pas ? »



«Ne t’en fais pas, je n’ai rien contre toi-même après ça. Je suppose que c’est ta manière de te comporter envers une femme que tu ne connais pas parce que c’est ce qui a toujours marché jusque-là. Mais pas besoin de toutes ces fioritures ni de cette armure d’ego avec moi. Je ne mords pas. Je suis venue t’aider uniquement parce que cela fait partie de ma personnalité. J’aide toutes les personnes dans le besoin, sans arrière-pensée. Cela fait partie de ma philanthropie, comme tu le dis.»

Elle l’écoute par la suite parler de sa manager. De la façon dont son aîné la décrit, elle a l’air d’être elle aussi un sacré personnage… Décidément, il doit s’agir là d’un duo pour le moins atypique. De ce qu’elle comprend, cette personne fait toutefois parti des rares individus qu’Owen apprécie assez pour réussir à travailler avec, ce qui est un exploit vraisemblablement. La Verte est très curieuse de savoir quelle personnalité possède cette manager désormais.

Néanmoins, elle se pose quelques questions à son sujet. Si l’équipe marche caractériellement, est ce que cette femme possède réellement les compétences pour s’occuper d’Owen dans les compétitons à haut niveau de cyclisme moldu ? Après tout, l’équipe n’est composée que d’un manager et d’un coureur. Où sont les mécaniciens, les chargés de communication, kinésithérapeutes, médecin et autres ? Ce ne sont pas les moyens qui manquent aux dires du cycliste pourtant. Est-ce qu’elle n’a pas réussi à convaincre son poulain de cette nécessité ? Ou bien alors partage-t-elle son opinion et estime qu’il n’a pas besoin de tout cela pour le moment ? Asami penche pour la seconde option, se basant sur les propos de son interlocuteur. Elle ne s’y connait pas plus que cela en compétition de cyclisme non-maj, mais cela ne doit pas être guère différent des systèmes de compétitions sorcières.

Au moins, ils ont l’air de s’amuser. Si cela n’incluait pas quelques dangers évitables, ce serait l’essentiel. Est-ce qu’ils s’amuseraient toujours autant si Owen finissait par chuter et terminer à l’hôpital ? Il est donc du devoir de la Sato de s’assurer qu’une telle chose n’arrive pas, puisque le reste de l’équipe semble prendre tout cela pour une vaste blague.

Un dernier coup d’huile de coude, et voilà l’engin réparé. Maintenant, c’est à son tour de s’amuser, sans prendre la peine de demander au propriétaire ce qu’il souhaite. Elle n’est pas certaine qu’il y ait réfléchi. Puis, l’ayant déjà vu courir, la Dame a d’ores et déjà une idée de ce qui conviendrait au mieux au blond, tout en restant dans le monde non-maj.

«Je suppose que c’est l’essentiel. Je ne savais pas que le milieu non-maj du cyclisme était si léger qu’on puisse se permettre de telles négligences techniques et profiter autant en même temps. J’aurai pensé qu’il y aurait plus de requins.»

Calmer le jeu ? Voilà qui la rend de nouveau perplexe. La scène qu’il vient de lui faire ne colle pas vraiment à ce qu’il lui déblatère. Il prétend avoir l’habitude d’avoir à faire à ce genre de situations. Pourtant, à son timbre de voix, Asami a bien pressenti que ce ne devait pas être le cas, à moins qu’elle ne l’ait vraiment surpris à ce point.

Enfin, cela n’a pas d’importance, le voilà de nouveau couvert de ce voile d’arrogance qui le caractérise tant. Il peut bien dire ce qu’il veut, la brune sait que si elle avait continué sur cette voie, elle aurait alors touché un point sensible. Personne n’utilise autant de dédain sans avoir quelque chose de plus fragile à cacher aux yeux du monde. Même les plus valeureux ont des faiblesses, la sorcière le sait mieux que quiconque.

Aussi, elle ne prend pas la peine d’écouter plus ses explications. Le discours de l’anglais ne lui est que peu intéressant drapé de tant de fierté mal placée à son goût.  Elle lui répond par un vague « hmhm », peu convaincue. Elle préfère plutôt s’atteler aux améliorations du vélo, qui lui, reste bien aimable et silencieux sous les manipulations de la mécanicienne.

Parfois, elle se dit que les machines sont plus sympathiques que certains êtres humains, totalement abjects. Oh, Owen ne fait parti de cette catégorie-là, qui regroupent des individus aux comportements exubérants. Seulement, son attitude lui rappelle sous certains aspects ces personnes, incapables de se servir de leurs grandes capacités pour répandre le bien dans le monde.

De la chance ? Oui, ce devait être sûrement cela.

«J’espère que vous ne faites pas de Felix felicis, au moins. Sinon, je plains ces pauvres non-maj qui n’ont effectivement aucune chance.»

Elle se permet de plaisanter sur le sujet, espérant que ce ne soit pas le cas. Au vu des prouesses du Rouge, elle ne le pense pas. Toutefois, il faut toujours envisager toutes les possibilités dans ce monde qu’est celui des compétitions. Se servir de moyens sorciers pour accroître ses chances de victoire dans le monde non-maj, aussi fourbe que ce soit, cela reste une technique efficace. Les non-majs n’ont pas les moyens de déceler toute trace de magie.

Elle n’est pas non plus étonnée d’apprendre que toutes ces victoires sont perçues négativement par les autres équipes. Après tout, aux yeux de ceux qui sont depuis des années dans le milieu, un tel positionnement sans que personne n’ait pu le prédire et qui sort de nulle part, cela parait forcément suspicieux. Qui plus est, cela fait les mauvaises affaires des parieurs… Autant dire, pas de quoi se faire apprécier dans son entrée dans la compétition. Enfin, peu de personnes participent à de tels concours dans le but premier de plaire aux autres. Au contraire, les compétiteurs ont plutôt tendance à se manger les uns les autres, sauf exceptions.

«Rien d’étonnant. Faites attention à ne pas vous créer trop d’ennemis tout de même, surtout si votre équipe n’est pas entière. D’ailleurs, vous avez d’ores et déjà une idée de la direction que vous souhaitez lui donner ? »

Certes, ce n’est pas quelque chose dont ils ont l’air besoin pour le moment, puisqu’ils recherchent avant tout à s’amuser. Cependant, leur aventure ne vient qu’à peine de commencer. Peut-être que leurs objectifs et leurs attentes vont évoluer au fil des courses. Si tel est le cas, Asami sait qu’elle préférerait avoir un plan de route avec des objectifs à long terme, lui permettant de tenir le cap. S’ils ne sont pas prêts à se fixer sur ce qu’ils veulent, la brune le fera pour elle-même en tant que mécanicienne, sinon elle sait qu’elle perdra patience et risque de rendre son tablier.

Elle soupire à la mention des sponsors. Bien sûr qu’il en avait, ce n’était pas sa question. Non, c’était plutôt qui a la charge d’être en contact permanent avec eux et de planifier les shootings.

«Je ne doute pas que les sponsors se font un malin plaisir à utiliser comme modèle contre une bonne rémunération. Mais qui a la charge de prendre en contact avec eux et d’organiser tous les rendez-vous ? Ta manager ne doit pas avoir le temps vu tout ce qu’elle a déjà à faire. Je te vois mal non plus t’en occuper. Après, avec les cours, les entrainements de cyclisme et de Quidditch ainsi que les tournois qui vont avec, cela ne doit pas te laisser beaucoup de temps pour t’occuper de choses pareilles. Sans compter le fait d’avoir une vie à côté. A moins que tu n’utilises un retourneur de Temps ? Enfin, mais avec un tel outil, cela me parait plutôt compliqué. J’y pense mais ces derniers sont conscients de ta nature sorcière ? Je veux dire, je vois mal des marques sorcières te contacter si tu exerces dans le monde non-maj…»

Ses soupçons se voient alors avérés, à son grand soulagement. Asami ne voit pas venir en aide à une personne usant de ses dons de magie pour parvenir à ses fins dans le monde non-maj. Non, quitte à concourir dans cette société sans fantaisie, autant se mettre au même niveau que les autres pour commencer. La brune ne trouve pas l’idée d’un sorcier chez les non-maj comme absurde, malgré ce que lui dit son éducation. Après tout, si les sorciers excluent les non-maj de leur univers, l’inverse n’est pas réciproque, bien qu’ils n’en aient pas conscience.

Au contraire, la Verte trouve là une opportunité de se surpasser. La compétition est rude, y compris chez les moldus. Toutefois, prendre part à ce monde sans les avantages magiques avec lesquels les sorciers et sorcières ont pu grandir, cela relève véritablement du défi ! Pas de là à considérer débuter avec un bras en moins, loin de là ! La sorcière ne considère pas la magie aussi nécessaire que cela. Toutefois, elle y voit là l’occasion de se surpasser, d’être amené à penser autrement et à s’adapter à son environnement, peu importe sa nature. Aussi partage-t-elle la pensée énoncée par son camarade.

Elle s’imagine alors que c’est peut-être pour cela qu’il a choisi de participer aux compétitions animées par ces êtres dépourvus de magie plutôt que de concourir à celles de cyclisme magique. Il faut dire que, là aussi, cela lui semble être une sacrée ambiance. Si la Sato préfère les motos et autres véhicules bruyants pour faire la course, elle a déjà eu l’occasion d’assister à quelques tournois du côté sorcier de la planète. Autant dire que de ce côté-là, Owen se serait mangé tout cru par les autres concurrents. Enfin, pas lui en tant que tel, mais son équipe. Son vélo n’aurait probablement pas tenu le coup au vu du nombre de Bombarda et autres sorts auxquels il aurait été confronté.  Finalement, il est mieux que le Rouge roule du côté non-maj de la barrière.

«J’apprécie ton fair play. Au-delà d’une question d’égalité, tu dois bien t’amuser avec tous les défis à relever en étant sorcier, non ? C’est une bonne façon de se surpasser. Pour toi comme pour toute ton équipe ! Tu vas devoir trouver de sacrés caractères pour la constituer dans les années à venir !  Ne t’en fais pas pour moi, j’adore les challenges, au contraire ! C’est aussi pour ça que je suis venue t’aider !»

La sang-mêlé ne ment pas. Lorsqu’il est question de se surpasser et de faire preuve d’imagination, elle est la première à mettre la main dans l’huile de coude. Déjà toute petite, elle savait se servir de sa tête pour faire face à quelques casse-tête conçus par son père, réputé dans l’industrie automobile et autres technologies. Très vite, elle n’était plus capable de se limiter à ce genre de jeux. Elle ne voyait pas la finalité de résoudre de telles énigmes. Aussi, elle s’était penchée sur les plans qui trainaient sur le bureau de son paternel. Oh, il lui fallut bien quelques années avant de les assimiler correctement. Néanmoins, elle ne manquait pas d’idées et faisait part de ses propositions innovantes au patron de Future industries, toujours impressionné par la perspicacité de sa fille. Il n’était pas inquiet pour sa succession au sein de l’entreprise. A vrai dire, il était plutôt inquiet pour les autres, qui auraient intérêt à suivre d’Asami Sato, une jeune femme d’affaires en devenir perspicace et au tempérament bien trempé.

«Je vois. Tu vis au jour le jour, en somme. Il n’y a pas de mal à ça, surtout que tu me dis que tu viens de commencer dans le monde de la compétition. Je peux comprendre que ce soit difficile de se projeter.»

Bien qu’elle n’en dise pas plus, elle n’en pense pas moins sur le sujet. La question de l’organisation est inévitable pour les personnes en quête de victoire. Cependant, il n’est pas impossible qu’elle applique le cas de ses propres triomphes à ceux en devenir d’Owen. Après tout, elle est persuadée que s’il existe toujours une part d’improvisation et d’adaptation dans la victoire, cela nécessite tout de même, soit de l’organisation, soit de l’expérience. Quand ce n’est pas les deux à la fois …

«J’espère que je ne perturbe pas trop avec toutes mes questions, au moins ? Tu te doutes que ton cas est atypique et ne peut que susciter la curiosité des amateurs de compétition comme moi ! Même si je n’ai pas vu disputer réellement de tournoi jusqu’à présent... Enfin, je suppose qu’on peut considérer comme une préparation aux futures interviews qui vont suivre, non ? Après tout, avec les améliorations que je te prépare et plus généralement le fait de m’avoir comme mécanicienne, tu ne pourras qu’enchaîner les victoires ! »

Au moins, une chose lui parait indéniable : le cycliste a été mordu par la compétition à partir du moment où il y a goûté la première fois. Asami connait bien les effets de cette morsure, ayant elle-même succombé à ses effets il y a de cela bien des années. Cela laisse une trace indélébile. Pas comme une cicatrice. Non, cela s’apparente plus à ce que les non-majs considèrent comme une transformation de simple être humain en vampire. La victime, une fois son sang en contact avec les canines de la créature, est amenée à devenir elle-aussi une suceuse de sang. Dans ses veines coulent alors le besoin d’hémoglobine. Dans le cas de l’acquisition d’un esprit de compétition, les concernés ont alors la nécessité de sentir l’adrénaline circuler à travers leurs corps, stimulant de ce fait leurs muscles et leurs neurones plus qu’à l’accoutumée. Quelle sensation satisfaisante aux yeux de la brune !

Cela confère parfois le sentiment d’invincibilité, de pouvoir rire au monde entier sans se soucier du reste. Dans ces moments-là, la Sato sait qu’il est possible que certains se laissent submerger par cette galvanisation. A ce moment-là, ils perdent pied. Flottant sur leurs petits nuages, ils oublient tout ce qui les entoure et par conséquent les risques qu’ils encourent à perdre totalement de vue leur environnement pour ne voir que leur objectif premier : celui de gagner. Bien sûr, cela n’arrive fort heureusement pas à tous les férus de compétition. Certains d’entre eux, comme la Verte, savent garder la tête sur les épaules et les pieds sur terre au lieu de se voir s’envoler au ciel. Oh, avec le temps, cela devient de plus en plus difficile de pas succomber à cet appel. Néanmoins, la sorcière possède un fort caractère et un esprit raisonné qui la protège pour l’instant de cette insouciance. Ce qui ne semble pas le cas d’Owen, d’ores et déjà consumé par la flamme de la première place.

«Je ne  vais pas te contredire, il est plus qu’important que de s’amuser sur le terrain. Cependant, ne prends pas trop de risques s’il te plait. Je l’aurai dans l’os si mes inventions ne peuvent pas être mises en valeur par tes talents innés à cause d’une mort prématurée ou des désagréments qui auraient pu être évités. Même si ton esprit de compétition et ta détermination me plaisent beaucoup, n’en profite pas pour faire n’importe quoi non plus. Après tout, même si j’améliore au maximum ta sécurité sur un vélo d’un point de vue mécanique, cela est loin de garantir le risque zéro une fois en selle. »

Si la Cervirald s’est portée volontaire pour venir en aide au Rouge, ce n’est pas seulement par pur altruisme. Enfin, cela est son intention première, il ne faut pas s’y méprendre ! Toutefois, compte tenu du talent du Knight pour les tournois de courses de vélos dans le monde non-maj, elle y a assez vite vu dans la conversation une opportunité de relever de nouveaux défis. De nouveaux défis, qui plus est, qui lui semblent aisément à sa portée. En apparence, cela peut paraître simple, puisqu’il s’agit de se limiter à appliquer de la mécanique sans magie sur un vélo dépourvu de tout attribut sorcier et le tour est joué.

Néanmoins, la sorcière a décidé de voir les choses autrement pour la faire réfléchir un peu plus. Comment incorporer la magie dans un appareil non-maj sans que pour autant cela lui confère des propriétés magiques qui le catalogueraient alors comme un engin sorcier. La tâche est ardue, d’autant plus lorsqu’on est amené à évoluer dans un monde où la magie est perpétuellement présente.

Cependant, ce n’est pas cela qui va arrêter Asami Sato, loin de là ! La mécanicienne étant la digne fille de M. Sato, l’actuel CIO de la célèbre Future Industries, société reconnue dans le monde sorcier pour ses avancées technologiques et mécaniques, elle a bien eu le temps de se pencher sur ce type de problématiques. Ayant beaucoup observé les schémas de conception étalés sur le bureau de son paternel, elle a alors pu comprendre que ce dernier s’inspire des technologies moldues pour concevoir ses propres inventions. D’autant plus qu’au cours des années, il a veillé à ce que la magie laisse le moins d’impacts possibles sur le support non-magique de base, si bien qu’il a commencé à étendre son commerce au monde non-maj.

« D’expérience, les journalistes ne savent jamais poser les questions les plus pertinentes. Ils se contentent seulement de ce qui va intéresser la majeure partie de leur lectorat ou de leur audimat, sans jamais vraiment se pencher sur ce qui fait la personne ce qu’elle dans la compétition. Ils préfèrent vendre des titres « L’homme derrière le compétiteur » ou des choses comme ça pour appâter les jeunes filles, je me trompe ? »

« Moi, ça ne m’intéresse pas. Du moins, pas pour le moment. Ce que j’ai besoin de savoir, si le cycliste qui se trouve face à moi possède toutes les qualités requises pour se servir correctement de mes services et rendre grâce à mes améliorations. D’où mes questions plus pointues. Cela étant, rassure-toi, tu y as bien répondu. Je ne vais pas te lâcher de sitôt.»

«D’ailleurs, en parlant de mécanique, je viens justement de terminer tout ce que j’avais prévu pour ton vélo. Tu vois, je t’avais dit que cela ne saurait pas long. »

Lui dit-elle en souriant, avant de lui expliquer avec le vocabulaire technique comment elle a procédé.