"De los cuatro diferentes,
Tres serán similares.
El que quede se distinguirá de ellos por una reliquia familiar que llevará en su sangre."
La petite fille contempla avec distraction son reflet miroitant dans les ondulations limpides, ceintes par les bordures de pierre de la vasque. L'officiant, dont la silhouette inspirait sans mal la bonhomie, sourit à la demoiselle - alors heureuse captive de l'étreinte réconfortante de sa génitrice. Sa robe vaporeuse et bordée de dentelles accueillait, grâce à la blancheur de son tissu, les rayons diffusés par les oculi jusqu'au chœur de la Cathédrale de Sainte Catherine, à Carthagène.
Installée sur l'un des bancs boisés de l'édifice, son aïeule Alejandra porta sur sa descendante un regard empreint de sagesse. Le timbre du voix du prêtre s’éleva, percutant les murailles de la nef.
"Catalina, yo te bautizo en el nombre del Padre, del Hijo y del Espíritu Santo."
Les échos du carillon pulsèrent dès lors que l'eau atteint la tête encore frêle du nourrisson. Dehors, un chahut commémoratif avait retenti; le Hasard, bienfaiteur, voulut que la première enfant du couple Gómez célèbre sa première année de vie lors des festivités liées à l'Indépendance du pays. María, sa tendre mère, couvrait sa fille de la lueur de son sourire.
L'humidité gagnait ses iris : Catalina faisait montre d'une santé merveilleuse, en plus d'être un bébé réceptif aux risettes qu'on lui adressait. En ce 20 juillet 2002, soit un an après sa naissance, cette toute-petite était prête à s'ouvrir au monde comme il se devait.
☼
Abuela Alejandra - comme son arrière-petite-fille se plaisait à la surnommer avec une affection toute particulière, faisait partie intégrante de la famille tout au long de la croissance de la fillette.
Vieille sorcière, voyante et clairvoyante, elle avait réalisé son éducation à l'école de magie de Castelobruxo, et faisait preuve d'une perspicacité parfois perturbante pour qui n'y était pas accoutumé. Elle avait dévoué toute sa vie à l'étude de la Divination, en dépit des penchants quelque peu aléatoires de ce domaine, et avait fait de la chiromancie sa spécialité. Son grand âge l'avait soumise à des distractions et autres étourderies; aussi fut-elle confiée aux soins des Gómez. Tenir compagnie à cette matrone parfois extravagante ne leur avait jamais inspiré le moindre ennui - elle avait par paradoxalement un don lorsqu'il s'agissait de rendre le foyer plus vivant qu'il ne l'était déjà.
Ses élans ésotériques avaient tourmenté bon nombre de ses comparses du temps de sa jeunesse et, quoiqu'elle fasse, il ne lui était aucunement envisageable de passer outre le potentiel qu'elle pensait déceler chez la jeune fille. Les cartes s'étaient de toute évidence exprimées bien avant la tant attendue naissance de Catalina; à l'aube de la grossesse de sa petite fille, la devineresse lui avait soufflé quelques présages.
"Des quatre tous différents,
Trois seront semblables.
Celui restant se distinguera d'eux par un héritage familial qu'il portera dans son sang."
Élément étrange qu'était cet héritage; les plus réceptifs à cette vague promesse se mirent à l'esprit qu'il s'agissait d'une particularité physique ou caractérielle délaissée par un membre de la génération précédente. La sage adepte de mantique ne pouvait davantage éclaircir cet augure. Ses décennies de pratique lui assurèrent cependant que le patrimoine dont il était question ne concernerait pas uniquement l'allure de l'enfant, ou l'un des traits de sa mentalité.
Ainsi, non sans une certitude sibylline prompte à susciter l'intérêt profond de celle qui serait sa future héritière, la doyenne quémandait souvent à cette dernière de tendre l'oreille lorsqu'elle avait des choses à lui révéler.
Les intentions de l'Ancienne se voulaient bienveillantes, bien que vaines; dès lors qu'elle s'essayait à lui présenter un enchantement à l'aide de sa vieille baguette à l'allure défectueuse, María entreprit de mettre fin à chacun de ces débuts de démonstration - d'une manœuvre assez ferme, parfois. C'est qu'elle se refusait à voir sa propre grand-mère inspirer de cette manière son enfant. Moldue dans un cercle de moldus, elle avait fini par associer les exploits magiques d'Alejandra à des historiettes d'antan modulées, et vouées à lui inspirer un certain sens de l'imagination.
Pour María, les chances de donner vie à un petit sorcier avaient toujours parues plus que faiblardes, et elle-même, dans ses jeunes années, n'avait su surmonter la déception inexprimable résultant de son incapacité à témoigner ne serait-ce qu'un soupçon de magie, à contrario de sa parente du quatrième âge. Les aléas de l'ascendance, dirons-nous.
Un mécontentement délicat prenait source dans ses prunelles lorsqu'elle croisait le regard pourtant conciliant d'Alejandra, alors désireuse d'aiguillonner la conscience de sa protégée dans l'optique, on ne peut plus prévenante, de la préparer au mieux pour ses épreuves futures. Sans doute était-elle consommée depuis bien des années par un sentiment amer de jalousie et de rancune. Il n'était pas nécessaire qu'elle la berce d'illusions et autres simulacres comme elle l'avait été.
Il était d'autre part impensable pour María d'assister à pareille évolution de Catalina et, persuadée qu'elle serait une fille comme les autres, s'engagea à la faire rejoindre une école avoisinant leur petite résidence, contrecarrant ainsi les prédictions de l'aînée de la famille.
Pour autant, ce même cadre familial n'était pas chaotique - il se révélait même empli de joie. Julian et sa femme María exerçaient la profession d'artisans à proximité de la place Santa Teresa, laquelle connaît encore aujourd'hui une reviviscence perpétuelle; le jour, la musique s'entendait depuis les balcons et, à la tombée de la nuit, les sources lumineuses égayent les allées de la bourgade.
Chez les Gómez, indomptables profiteurs du présent, il était nécessaire d'élever le ton afin d'être entendu par les autres habitants de la maisonnée. Le chahut, couplé à toute cette dynamique, ne dérangeait pas nécessairement Catalina - alors âgée de cinq ans. Tandis qu'elle effectuait avec une précaution insoupçonnée son éducation à la petite école, l'on décelait en elle un attrait tout particulier pour la lecture, ainsi qu'un goût prononcé pour l'apprentissage.
Ils avaient désappris à se lamenter de leur situation monétaire pour favoriser une vision plus optimiste des choses; le manque d'argent n'était pas un problème lorsqu'une véritable famille unie constituait à elle-seule une authentique richesse. Celle du cœur, sans aucun doute, qui ne s'appauvrit jamais.
Force était de constater que l'animation qui liait les membres de sa famille entre eux lui a toujours été bénéfique. Demoiselle guillerette, elle profitait des spectacles de rue et des mélodies de son père, joueur de
tiple colombien à ses heures. Rien n'était plus épanouissant, pour lui, que de voir l'enfant frapper des mains au rythme de ses cantates passionnées. Ces sérénades égayaient à chaque fois María; un nouvel enfant rejoint la fratrie, dont Catalina devint l'aînée. La vue de ce petit Julio, bien qu'il ne fasse que séjourner simplement dans ses langes, suffit à révéler à la fillette un émoi qu'elle ne soupçonnait pas : celui d'être grande sœur.
Jusqu'à ce qu'elle atteigne l'âge de huit ans, deux autres naissances se suivirent; celles de Fernando, puis d'Alma, qui naîtront comme le reste de la fratrie au sein d'une vie rythmée par les traditions et bien de modestes festivités. Les années se succédèrent.
☼
Il vint un jour où quelques infimes indices mirent progressivement en lumière une anomalie chez la jeune fille. Une journée entamée de façon bénigne s'était achevée d'une manière si déconcertante que la filature des événements qu'elle avait vécus lui marquait encore l'esprit aujourd'hui. Les rayons solaires avaient envahi la place du village, invitant les musiciens de rue à composer leurs habituelles ritournelles avec plus d'engouement que d'ordinaire.
Prêtant l'oreille aux agréables sonorités créées par les instrumentistes, l'attention visuelle de Catalina s'était cependant toute tournée vers l'étalage d'un vendeur itinérant. Elle y avisa les marchandises exubérantes qu'il avait fait le choix de monnayer, et, inévitablement, la Colombienne prit connaissance de la présence d'une cage présente parmi ce bazar.
Un oiseau aux couleurs épatantes s'y trouvait. Là, dans cette échoppe errante, ce volatile au plumage exotique paraissait attendre un aléa favorable à son destin. Le manque de confort de l'animal n'avait pas étonné la fillette; assujetti à un espace aussi fin où il ne détenait pas même la capacité de déployer ses ailes, il ne faisait qu'attendre dans sa geôle. Sans doute aurait-il préféré se laisser dépérir à petit feu.
Avec faiblesse, il libéra un pépiement. La détresse de l'oiseau encouragea la demoiselle à concentrer l'entièreté de son attention sur lui, et une peine lui prit d'assaut le buste. Il chantait sa liberté perdue. Le propriétaire de l'étalage n'avait que peu de considération pour le bien-être de sa récente trouvaille; seule sa valeur marchande paraissait susciter son intérêt. Alors, Catalina approcha. D'une gestuelle un brin fébrile, sa paume réussit à atteindre ce qui servait de petite porte à cette cellule insoutenable, laquelle était fermée par le biais d'un tour de clé probablement enfouie dans l'une des poches du responsable de ce cas de détention. Si l'oiseau avait voulu s'extirper hors de cette cage, il l'aurait fait depuis des lustres; le fait est que l'ouverture était bel et bien condamnée.
A cet instant, elle n'eut pas conscience de la conséquence d'une simple caresse faite à l'encontre de cette loge. Le marchand avait suivi son avancée vers l'oiseau mis en exergue sur le recoin de sa devanture par le biais d'une mise en hauteur effectuée avec une vulgaire caisse de bois permettant à la cage de réceptionner les regards des passants. L'adulte esquissa un sourire négociateur à Catalina; toujours est-il que celle-ci ne lui accorda aucune œillade, bien trop impliquée dans le réconfort qu'elle apportait à l'être ailé.
La stupeur le frappa lorsqu'il constata l'ouverture lente de la cage; c'est qu'il était prêt à mettre sa main à couper qu'il avait verrouillé la serrure. Abasourdi, il n'eut aucunement le cran de réagir, tandis que l'oiseau poussa avec un espoir retrouvé le portillon. Bien vite, il grimpa sur les phalanges de la petite danseuse dont le sang n'avait fait qu'un tour. Elle-même était incertaine quant à la situation qui venait de se dérouler, et laissa le volatile récemment captif savourer la sensation de l'air sur ses plumes. Il se mit à tournoyer autour de la silhouette de Catalina, la marquant de sa jovialité retrouvée, avant de s'envoler au-delà des toitures. Gouverné par la stupéfaction, le marchand itinérant l'accusa aussitôt d'un acte de sorcellerie, et parut enclin à la poursuivre pour lui quémander des explications; or elle-même troublée de ce qui venait de se passer, elle favorisa la fuite. Son petit gabarit se perdit dans la foule, empêchant le boutiquier de la retrouver.
De fortes émotions inspirèrent un trouble chez Catalina. Bien que ravie de son acte de miséricorde, ses pensées éprouvèrent une difficulté conséquente à l'idée de chasser le mot avec lequel ce marchand l'avait désignée. "
Sorcière", avait-il prononcé dans sa fragile superstition, d'un ton horriblement âpre et prompt à s'ancrer dans la psyché d'une fille aussi jeune. Son chagrin poussa l'enfant à se précipiter jusqu'aux genoux de la vielle matriarche et d'y verser bon nombre de larmes. Désemparés, le reste de la famille contempla la scène, tous sujets à un désarroi jusqu'alors jamais ressenti.
"Pourquoi pleures-tu ?"
Sans cesser les caresses délicates qu'elle offrait à la chevelure de sa descendante, Alejandra atteignit d'une main fragile le réceptacle trônant sur sa commode, et l'ouvrit. Les yeux de sa petite-fille entreprirent de s'écarquiller à la vue nouvelle de l'objet qu'elle avait saisi; une baguette réalisée en bois de tilleul argenté. En dépit du grand mysticisme prouvé par la doyenne à de maintes reprises durant son enfance, Catalina peina à s'assurer de l'existence de réels pouvoirs au sein de cet instrument. Perspicace même dans les pires instants, la vieille femme n'éprouva aucune complication lorsqu'il s'agissait de saisir le doute chez sa protégée et, d'un geste léger de baguette, fit sécher les larmes perlant au recoin des mirettes de l'enfant. Les ultimes marques de ses sanglots effleurèrent ses tempes avant de s'évaporer dans l'atmosphère quiète de la chambrée. La pleureuse en resta muette.
"Cet enfant à l'héritage familial .. Il s'agit bel et bien de toi, ma petite Catalina. Bien que fruit de l'union de deux nés-moldus, tu as réceptionné en toi le sang de tes ancêtres sorciers. Mes présages étaient nébuleux, mais ton instinct t'a soufflé de venir en aide à cet oiseau en cage ... et cette prédiction s'est faite plus nette."
Alejandra tourna le regard en direction des deux parents; si Julian peinait à saisir les paroles curieuses de la bisaïeule, sa femme fit le choix sage de ne pas contrer les propos on ne peut plus conséquents de celle qui l'avait vue grandir. Le sérieux d'Alejandra n'aurait su être remis en cause malgré l'obstination et la force de caractère de María.
La devineresse quémanda à Julio, Fernando et Alma d'approcher. Le couple se refusa à les retenir, et leur laissa la liberté d'intéragir avec leur aïeule. Cette dernière confia un instant sa baguette aux enfants; aucun ne fut en mesure de manifester la moindre once de magie. L'outil tomba finalement entre les mains de Catalina, laquelle fut incapable de la faire réagir à son sens du toucher dans un premier temps. Lorsqu'Alejandra lui intima de se concentrer et de laisser la baguette parler, sa poigne s'intensifia quelque peu. Prise de quelques secousses perceptibles, une brise absconse venue d'ailleurs fit ondoyer les mèches de la libératrice d'oiseaux ainsi que ses jupons.
La baguette avait réagi.
☼
Ses frères, tout comme sa sœur, peinèrent à concevoir que la plus âgée du quatuor puisse être l'unique membre de la fratrie à être dotée de tels pouvoirs. Catalina refusa de tirer profit de cette capacité pour consolider sa fierté, et évita par conséquent de se vanter de ces aptitudes merveilleuses. Aux yeux de ses parents, il y avait pire preuve de sorcellerie que la libération bienveillante d'un volatile. Peut-être que tout ceci n'était pas si malfaisant qu'on ne pouvait le penser ...
La diseuse de bonne aventure lui évoqua à nouveau l'existence de Castelobruxo alors qu'elle approchait de ses onze ans. L'incertitude de la fillette, qui s'affligeait toujours de la découverte de ses pouvoirs, ne fit que s'accroître lorsqu'on lui confia qu'elle devrait se contraindre à suivre une éducation particulière aux côtés d'autres jeunes sorciers pourvus du même potentiel magique que le sien.
En ces temps, Alejandra approchait du Repos. Les conversations se faisaient plus fatigantes, et l'effort l'était davantage; aussi fut-elle rendue captive de son propre lit. Ses sens affinés lui permirent néanmoins de notifier la présence régulière de la sorcière qui prendrait sa relève à ses côtés. Elle se trouvait là, à son chevet, à chacun de ses retours de l'école. L'ancêtre jugea bon de lui confier ses quelques objets liés au monde magique, parmi lesquels se trouvait un ouvrage rédigé en anglais; les
Contes de Beedle le Barde. Tandis qu'elle laissa l'âge la rattraper, et reconnaissante envers le Destin pour lui avoir légué le temps suffisant pour s'entretenir avec Catalina, Alejandra s'endormit avec le sourire.
"Elle accueillit la Mort comme une vieille amie qu'elle suivit avec joie, et elles quittèrent cette vie comme des égales."☼
La disparition de sa conseillère lui inspira un second chagrin. Poussée par l'envie simple de s'adonner à ses pensées, et dans une volonté de prendre un peu de recul vis-à-vis de sa famille l'espace de quelques instants, elle laissa ses pas la guider jusqu'à l'orée d'une clairière assez éloignée de la vie citadine. Ce jour-ci, elle crut distinguer une silhouette équestre parmi toute cette arborescence.
En dépit de la distance qui la séparait de la scène, elle fut persuadée d'avoir vu une créature aux yeux livides et à l’échine revêtue d'une paire d'ailes. Une certaine appréhension eut raison de la Colombienne, qui rebroussa chemin sans même mentionner cette rencontre lointaine à qui que ce soit.
Ils reçurent bientôt la visite d'un homme se déclarant inspecteur. Toutes ces récentes bizarreries convainquirent les Gómez de ne pas chercher à remettre en doute les dires de cet agent du "ministère de la magie". Ses hôtes lui prouvèrent leur hospitalité en le recevant à leur table - partager le gîte et le couvert suffisait à leur mettre du baume au cœur, peu importe la provenance de cet homme à l'allure bienveillante. Tandis qu'ils rompirent le pain, nul ne fut surpris de son annonce lorsqu'il explicita que sa venue concernait l'avenir de Catalina. Entre deux étouffements liés à l'ingurgitation de sa portion de plat chargé d'épices, il fit glisser un dépliant sous le nez de celle qui serait bientôt sous sa tutelle jusqu'à son admission en académie magique.
La première pensée de la concernée fut toute tournée vers Castelobruxo; toutefois, un doute parut lui parvenir alors qu'elle s'affairait à la contemplation des autres écoles dispersées dans le monde. Avait-elle seulement l'ambition claire de suivre le chemin d'ores et déjà tracé par son arrière grand-mère ?
Dans toute sa sympathie, il lui indiqua qu'elle n'était pas forcée de rejoindre les rangs de Castelobruxo en raison de la proximité de ladite école, et leur apprit que les trajets étaient bien plus faciles à réaliser lorsque l'on était sorciers. Il dressa bien des éloges lors de la présentation qu'il fit d'Ilvermorny, mais l'évocation de l'académie d'Ilukaan retint l'attention de la danseuse. "
A Ilukaan, tout le monde, peu importe son origine, son ascendance ou ses préférences, est convié à participer à cette grande aventure magique !" : cette annotation joua sur son choix. Les mentions de partage et du but multiculturel visé par cet établissement réussirent à la convaincre. Lorsqu'on lui confirma que le grand prestige de cet établissement n'était pas un obstacle face aux revenus de ses parents en raison des bourses d'études proposées par le système scolaire, elle libéra un soupir de soulagement.
Elle sentit la main de sa mère s'alléger un peu sur son épaule, et échangea un regard avec elle. La jeune sorcière saisit la pensée de sa génitrice par le biais de son geste; si intégrer un tel environnement pour y étudier les subtilités de sa magie était possible, et pouvait lui éviter les mauvais regards d'un voisinage trop bondieusard, alors soit.
☼
Lorsqu'il lui venait l'envie de jeter un regard à travers la fenêtre de son dortoir, les souvenirs lui revenaient en mémoire. Il ne lui était pas difficile de se figurer à nouveau sa première entrée à l'école.
Elle se souvenait du sentiment admiratif qui lui était venu lors de son avancée dans le dôme, sous cette large coupole de verre, ainsi qu'à l'observation qu'elle avait fait dans le reflet que lui renvoyait la fontaine magique de répartition. Elle se souvenait de sa rencontre singulière avec Dame Tekakwhita, dont le mutisme et les œillades lui inspirèrent une certaine émotion familière, avant de laisser sa propre baguette la choisir.
Elle se souvenait du chahut qu'elle avait provoqué par mégarde à plusieurs reprises lors des concoctions de potions, tout comme le bonheur que lui apportaient les séances de Divination - malgré les quelques failles provoquées par l'imprécision constante et les hasards de cette matière. Son cœur s'était tourné vers la filière dédiée à l'apprentissage de la littérature sorcière, bien qu'il ait balancé pendant un temps vers l'initiation aux sciences occultes ...
Et, bien qu'elle se soit accoutumée à l'atmosphère d'Ilukaan, Catalina mettait un point d'honneur à rédiger de nombreuses lettres qu'elle envoyait jusqu'à chez elle, à Carthagène. Malgré sa positivité et son attrait pour ce nouveau monde, elle avait le corps au Canada et l'âme en Colombie.