Physique

Il a le teint particulièrement hâlé par les grâces du soleil généreux du Nouveau-Mexique. Sitôt que l'on appose l’œil sur la carrure de ce garçon de ferme, il n'est pas bien complexe d'en venir au fait que ce sont ses nombreuses années de dur labeur qui lui ont conféré une constitution loin d'être négligeable. Ainsi paré d'une musculature certaine, Jesse n'en demeure pas moins apte à porter diverses charges que des bras maigrelets seraient incapables de soutenir  - il est à noter qu'il a encore la fâcheuse d'habitude de transporter ses effets plutôt que de les faire léviter par l'intermédiaire d'un sortilège adéquat. A son passage, de discrètes effluves de fumée émanent de sa silhouette et, très occasionnellement, celles plus sucrées d'un savon.

Il est également quelqu'un de plutôt grand et ne voit aucun inconvénient à abaisser le chef pour aviser ou parler à qui que ce soit - et lorsqu'un petit gabarit lui en fait la remarque, il se plaît à répliquer d'un sourire joueur. Il est un fervent porteur de rictus aux nuances taquines par ailleurs - toujours est-il que la façon singulière dont ses lèvres s'animent relève parfois d'un air patibulaire et provocateur. Son timbre de voix conserve des nuances graves et s'élève en intonations rauques. Peu intimidé par ce qui l'entoure, il trouve toujours quelque chose à répliquer à autrui.

Certains lui trouveraient les traits bruts - et pour cause, depuis que ses nuits se hérissent du souvenir du soir où il fut hélas gratifié d'une des morsures de ces saletés de bêtes nocturnes, son épiderme tend à se parer ici et là de plis peu rebutants au premier abord; et pourtant ces marques sont les preuves nombreuses de la fatigue et de la crainte qui peuvent lui hanter l'esprit quotidiennement - quoi qu'il paraît être passé expert dans le domaine des cachotteries. User d'un mensonge pour se tirer d'affaire lorsqu'il est question de sa lassitude visible dans un échange est devenu monnaie courante.

Ses yeux, bien peu souvent mis à l'honneur par l'ombre engendrée par le port de son couvre-chef, n'ont de cesse de toiser ceux qui viennent à sa rencontre. Particulièrement animés par une lueur permanente de défi, ses iris sombres sont témoins de l'aspect mutin qui caractérise Jesse. Les sourcils qui lui surplombent les prunelles paraissent plus ou moins épais, sans pour autant dépasser les limites de l'exagération. Il est le détenteur d'un nez à la racine un brin proéminente. Les pointes de sa tignasse brunâtre chatouillent le bas de sa nuque, et bon nombre de mèches épaisses prennent l'initiative de lui couvrir une majeure partie des oreilles; il a toujours favorisé de séparer sa frange de façon symétrique malgré le peu d'importance qu'il accorde, en général, à sa crinière. Le fait est qu'il y passe souvent une main pour y rétablir un semblant d'ordre.

La barbe lui a orné la mâchoire inférieure plus tôt qu'il ne l'aurait cru - et si autrefois on le voyait arborer le duvet innocent d'un adolescent pareil aux autres, la pilosité excessive dont il est la cible depuis très récemment paraît avoir la faculté de lui faire gagner bien des années aux yeux de ses congénères. Il en va de même pour les rouflaquettes imposantes qui lui accentuent la figure. Le temps lui a donné l'opportunité de laisser ces poils lui convenir - il s'en est habitué, et de toute évidence, un conquérant de l'Ouest sans barbe n'est qu'un simple vagabond dénué de charisme, n'est-ce pas ? Il l'a drue - et particulièrement rude au toucher pour quiconque entreprend de la lui effleurer.

C'est un homme à la silhouette mésomorphe - quoi qu'il est aisé de prendre en compte la présence d'excès de chair à divers endroits lorsque le tissu le découvre. Ce n'est pas là un point à retenir absolument, mais l'on sait qu'il est amateur de nourriture. L'américain apprécie simplement faire bonne chère, comme beaucoup d'autres jeunes gens. Si l'on parlait plus tôt de la présence importante de pilosité sur son faciès, son torse, ses bras et ses jambes en sont aussi parées.

Lorsqu'il n'est pas vêtu de l'uniforme masculin d'Ilukaan, il n'est pas rare de le voir habillé de chemises aux tons ocres, d'autres à carreaux, ou de pantalons simples. Sa gorge d'autre part se laisse parfois  couvrir par l'étoffe d'un bandana rougeâtre. Depuis son admission en huitième année, la pierre de sa maison est montée sur un bolo tie dissimulé sous son veston  ou sa chemise lorsqu'il n'a pas à la présenter. Durant les temps froids, il apprécie se vêtir d'une veste de cuir aux bords rembourrés et de simples gants en cuir. En addition à son chapeau, il est rarement vu sans son poncho au tissu rouge vif.

Il n'apprécie pas particulièrement se compliquer le quotidien avec la recherche d'atours d'exception. L'américain prend toujours soin, cependant, de priver son bras gauche de la vue en se couvrant l'épiderme par le biais de sa manche - toutefois, lorsque cette mesure étrange manque à l'appel sous le coup de la fatigue ou de la distraction, il est possible de tristement discerner sur sa peau les cicatrices de balafres et de crocs ravageurs. Ses dextres larges sont dotées de phalanges musculeuses, bien que loin d'être épargnée par les signes d'usure - un coup d’œil attentif saurait néanmoins remarquer la férocité et la détermination avec laquelle il empoigne sa baguette quand l'utilisation de la magie s'avère nécessaire. La tournant avec dextérité entre ses doigts dans les moments où elle est de sortie, il apprécie la glisser à sa ceinture.

Et lorsque la lune est haute, et que les nues disparaissent à la vue, c'est tout son épiderme qui s'éprend d'un pelage basané - les membres, tout comme les canines, s'allongent et les mains deviennent des pattes dévastatrices sous les rayons nocturnes. L'espoir lui souffle qu'un jour, quelqu'un arriverait peut-être à reconnaître l'âme humaine qui demeure malgré tout inlassablement ancrée dans ses iris, piqués ici et là de nuances ocres.

C'est qu'il arbore tout de ces protagonistes de films anciens dont le contexte se déroulerait dans les plaines typiques du Far West - le port altier, la braise éternelle dans le regard, les requêtes de règlement de compte par le biais d'une œillade éloquente, et l'éternel chapeau dont il peinerait à se séparer. Il a la démarche rebelle, le pas lourd et la gestuelle furtive, bien qu'appliquée - Jesse McCree est un insurgé impétueux, et se plaît à endosser le rôle d'insoumis face aux ordres qu'on lui cède; bien souvent à ses dépens, avec le corps professoral.

Caractère


Autant le dire d'emblée - saisir le comportement qui s'ajoute à cette déroutante apparence se révèle être une épreuve particulièrement assidue.

Il a, de prime abord, la parole libre - et ne s'encombre pas à demeurer taciturne. Bien au contraire amateur de logorrhée, il s'agit là d'une figure oratrice, qui débite étonnamment des propos aléatoires lorsque le silence prend l'avantage dans une conversation où il est mêlé. L'humour et la taquinerie lui dynamisent les propos; et pourtant, il est un fervent partisan de la réserve lorsqu'un sujet touche, même partiellement, le monde lycanthrope qu'il redoute tant.

Si votre projet est d'étudier durant un cours, et non de promouvoir le chahut, prenez soin de vous tenir à l'écart de celui qui se prend pour un malfaiteur des couloirs d'Ilukaan. Ce n'est là qu'une façade qu'il se plaît à donner; il n'est pas à considérer comme un délinquant, ni comme un véritable cancre à part entière. Le travail qu'impose l'établissement le pousse à fournir un minimum ses efforts lors des examens; alors ainsi débarrassé momentanément de ses dissipations, la plupart des enseignants pourrait amplement dire qu'un peu plus de rigueur serait la bienvenue lors des épreuves, en dépit de ses capacités notoires. Un certain membre de la maison de l'Ours s'occupe déjà très sûrement de lui céder un coup de pied au postérieur afin de lui faire comprendre qu'il peut davantage se dépasser, en terme d'apprentissage.

Il paraît parfois comme étant un concentré parfois étrange de contradictions - et pour cause, en dépit de son goût pour le baratin constant, il est une personne plutôt flegmatique . Lorsque vient le temps des tensions, Jesse n'a aucun mal à garder un sang-froid remarquable et ce malgré le manque de sérieux qu'il peut prouver par le biais d'une utilisation, quelques fois abusive, d'un humour dont il est parfois le seul à rire. De temps à autres caustique, il se complaît dans la dérision et le sarcasme; disons qu'il n'est pas rare que le personnel de l'académie le prenne en grippe lorsqu'il a l'audace de rétorquer face aux remontrances, plaisantin. Or, bien qu'il mette un point d'honneur à ce sens de l'humour déroutant, il n'est pas réellement difficile de deviner que blesser l'honneur d'autrui n'est clairement pas l'un de ses projets - sauf si le sien est en jeu. En contrepartie de ses moqueries, il renvoie à qui veut bien le compter parmi ses amis une grande sympathie - et, la plupart du temps complice, Jesse est quelqu'un de profondément empathique. Toujours est-il qu'il ne témoigne jamais directement de son don à saisir et identifier les sentiments de son entourage; si on le connaît principalement pour sa capacité à se faire remarquer, il n'en demeure pas moins doté d'une oreille attentive quand on l'autorise à être l'auditeur de quelconques confessions.


Il est à noter, par ailleurs, qu'il développe une courtoisie tout à fait remarquable à l'égard des dames sans jamais exagérer; d'ailleurs, il vous ferait volontiers remarquer que, de son point de vue, la différence entre la loi et les femmes est qu'il respecte les femmes. Sa galanterie, néanmoins, paraît tout à fait innée chez lui. Il est le cowboy le mieux élevé de l'Ouest.


Ce né-moldu semble avoir sa propre conception de la Justice - et bien qu'il apprécie tendre sa paume à quelqu'un en difficulté sans rien demander en retour, prendre parti pour qui que ce soit lui apparaît comme étant une difficile épreuve. Lors des temps de confrontation, il favorise l'effacement - et il est alors fréquent de le revoir pointer le bout de son nez lorsque les accrochages s'achèvent. Ce n'est pas là une question de couardise - mais loin de lui l'idée d'offrir son temps à des animosités. Il n'apprécie pas devoir se ranger auprès d'un camp afin de contrer l'autre - ainsi, quand Jesse est lui-même engagé dans de mauvaises relations avec un camarade, il favorise la singularité et préfère, de loin, régler les choses à sa manière. La solitude lui colle à la peau depuis son plus jeune âge, et il ne paraît jamais s'en plaindre. On lui attribue une indifférence notable à la réputation qu'il peut se construire; en ce sens, il n'est pas bien regardant de ses actions sur le monde qui l'entoure. Néanmoins, il cultive en douce un idéal d’héroïsme qui pourrait sembler similaire à celui démontré par les justiciers solitaires des vieux films.

Si Jesse a l'approche plutôt amicale, il est à noter qu'il est parfois responsable de quelques élans arrogants voire cyniques. De nature plutôt fière, être soumis aux commandements est un véritable obstacle à ses yeux - il réprime néanmoins ses réflexions lorsqu'un professeur de l'école lui touche deux mots de son comportement. Depuis qu'il est le porteur de ce défaut de loup-garou, il éprouve certains soucis à avoir le même répondant qu'autrefois; le jugement des autres sur le prédateur qu'il est devenu le conforte bien souvent dans l'idée qu'il est béni d'une quelconque divinité pour avoir développé naturellement en grandissant cet aspect solitaire. En dépit de son attrait pour l'irrévérence, il est quelqu'un de relativement sympathique, prompt à libérer de vieilles remarques vouées à détendre l'atmosphère si les tensions se font croissantes. Humble, bien que bon vivant, il a grandi avec ascétisme et ne s'offusquerait pas d'un quelconque manque de confort.

Quand bien même il ne le prouve pas face au grand public, Jesse est un jeune homme qui ressent, au fond de lui, le besoin indicible et incessant d'être entouré. Être rassuré et recevoir des propos conciliants lui réchauffe toujours l'intérieur du buste, et ce malgré la carapace dont il semble s'être accaparé depuis un moment déjà. Il rebute avec hargne ses doutes et ses craintes par l'intermédiaire d'une assurance perpétuelle; d'aucuns diraient que le manque de confiance en soi se traduit quelques fois par une audace excessive.


L'on dirait que le brun est en permanence porteur d'une culpabilité camouflée derrière une barrière enjouée - lorsque la mascarade touche à sa fin, l'on devine une douleur camouflée qui s'empare de ses yeux lors de ses mauvais instants. La découverte de sa manipulation de la magie ne lui avait jamais parue comme étant bénéfique - c'est à franchement se demander s'il n'aurait pas préféré être épargné du monde sorcier. A coup sûr, il a toujours favorisé la vie tranquille des plaines de sa terre natale, là où il se sentait bien plus à l'aise, et le bouleversement qui résulte de son don d'aujourd'hui n'arrange en rien. Il est désolé d'être devenu l'un des leurs - et lorsqu'il voit le dégoût et la rancœur de certains, il n'en devient que plus douteux de sa nouvelle condition.

Histoire

Né de l'union entre deux éleveurs de bétails tout à fait moldus, Jesse fut le témoin de ses premières lueurs un jour d'avril - l'astre solaire inondait la clairière familiale de ses généreux rayons et gouvernait les cieux de toute sa grandeur. Il était midi pile lorsque le garçon prouva à sa mère toute l'intensité trouvable dans ses cordes vocales. Déjà petit il était bien bruyant, et criait à s'en époumoner afin de témoigner de sa bonne santé.

Son mois de naissance était prémonitoire quant au tempérament que l'enfant allait entretenir dans les jours futurs; il fallait avouer que le signe du Bélier lui seyait à la perfection. Bien que ridiculement petite, la progéniture s'évertuait à donner le meilleur de lui-même quant à l'entretien du ranch dans lequel on lui avait offert la vie. Il s'agissait là d'un petit garçon à la bravoure et aux volontés intrépides inégalées. Il fallait être bien ignorant pour ne pas se rendre compte qu'il allait, sans aucun doute, devenir quelqu'un de bien indépendant; et pour cause, dans ses jeunes années encore il lui arrivait d'aller à contre-courant de l'autorité parentale. Il ne fut jamais réprimandé pour cela - à quoi bon tenter de raisonner l'héritier de l'exploitation de sa famille, surtout quand il prend si tôt la décision d'aller là où le vent le porterait ?

Ils ne pouvaient qu'être admiratifs de la façon avec laquelle le bétail et les équins accouraient auprès de leur fils avec tant de facilité - et quelque chose leur disait qu'il était bel et bien né pour devenir un véritable garçon de ferme. Leurs hypothèses ne firent que se confirmer davantage quand ils se rendirent compte à quel point la vie marginale ne le dérangeait pas; bien au contraire, Jesse leur affirmait bien trop souvent son goût pour le grand air et sa proximité complice avec la faune. Et, en dépit de ses allers et venues à l'école de son patelin, il ne favorisait que trop bien ses retrouvailles avec Bessie - le poulain avec lequel les liens s'étaient tissés plus rapidement que les autres.

Parfois il arpentait les sentiers voisins, les brides de Bessie coincées dans l'une de ses paumes gantées - il était davantage le guide de son destrier que l'inverse. Lorsque la nuit entamait le dépôt de son voile sur la ferme, sa mère accourait alors à l'extérieur pour hausser le ton; et, toujours retardataire, Jesse revenait, la chevelure enchevêtrée de brindilles et autres morceaux de paille. En plus d'être un fugueur du jour, il s'avérait être un aventurier des plaines avoisinantes. Son envie de liberté ne fit qu'accroître à mesure que les jours filaient comme la brise - pour ceux qui lui avaient donné naissance, ce côté de sa personnalité apparaissait désormais comme un défaut - il ne paraissait plus comme un intrépide, mais comme un fuyard. Et sa mère, qui avait attendu avec tant de patience et d'affection sa venue au monde, regrettait de ne pas passer davantage de temps avec son fils. Le fait est qu'ils continuèrent tous les trois d'offrir et d'unir leurs efforts pour parachever l'entretien de la clairière. Leurs liens prirent bien plus d'importance avec le temps; et, encore aujourd'hui, il maintient en mémoire l'image de sa mère lui couvrant les joues, alors devenues cramoisies, de baisers maternels.

La vie qu'il menait ne prit pas de tournant particulier, jusqu'à cet instant précis où il prit conscience de l'agitation anormale de l'eau des abreuvoirs à son passage. Quand il pencha le buste pour y entrevoir son reflet, le liquide entreprit de répéter sa même prestation sibylline. Certain d'avoir affaire à un instant de rêverie, il ne se perdit aucunement dans une éventuelle recherche du phénomène aqueux et manqua pourtant le second indice de la magie naissante en lui, après celui de la venue hâtive des animaux du ranch autour de lui. En ces temps, il ne l'aurait de toute évidence pas cru..

Jusqu'à l'élévation clairement perturbante des bovins, alors suspendus dans les airs à l'approche de Jesse un jour de printemps. Si la scène a tout du ridicule à l'écrit, il est à savoir que son sang n'a fait qu'un tour ce jour-là - c'est qu'il était craintif d'une chute douloureuse pour les ruminants qui résulterait d'une collision entre eux et le sol. Or, bien que baignés dans l'incompréhension, les mammifères firent à nouveau connaissance de la terre ferme à l'arrivée rocambolesque de sa génitrice dans l'enclos. A 8 ans, faire léviter des vaches contre son gré n'a rien de bien reluisant.

Ils contraient l'éventuelle idée que leur unique enfant avait, comme qui dirait, un souci évident - et l'opération se répéta à plusieurs reprises jusqu'à ce que le garçon décide de sa propre initiative de ne plus approcher les bêtes afin de leur éviter les risques de sa présence.

Un individu en provenance d'un soi-disant Ministère de la Magie vint au domaine - dans le but, clair, de fournir davantage d'explications sur l'éveil de magie chez l'enfant. La preuve de l'admission mystérieuse de Jesse au sein d'une académie toute aussi étrange située dans le pays voisin leur avait été apportée. On lui parla de l'école d'Ilukaan, apparemment célèbre pour sa maîtrise des nouveautés survenues dans le "monde magique". C'est en écoutant les palabres de l'agent que son père pencha d'abord vers l'idée de mettre un terme à l'échange.

Une plaisanterie de mauvais goût qui ne faisait naître aucun sourire - et notre cowboy non plus ne trouvait pas cela réjouissant. Plus anxieux que joyeux à l'idée d'une potentielle maîtrise occulte, il trouva même que la réaction de son géniteur lui était favorable. Il ne s'attendait cependant pas à ce qu'on se mette à lui parler d'enchantement et autres évocations du surnaturel avec tout le sérieux de l'Univers. N'ayant aucune connaissance de l'Autre Monde - et quand bien même l'envoyé s'appliqua à demeurer le plus simple possible dans ses dires et autres informations, Jesse ne lui prêta pas réellement une oreille attentive tant il avait trouvé cela saugrenu.

Ainsi, il ne se douta pas vraiment de l'existence d'Ilvermorny, plus proche de lui géographiquement parlant - et ne l'apprendra donc que bien plus tard, d'après les propos d'un camarade sorcier également natif des Etats-Unis.

L'on finit par accepter, avec énormément de difficulté, sa différence. Et Jesse, qui avait toujours pris les histoires de sorcellerie pour des sottises, fit bientôt ses premiers pas dans cette société à laquelle il n'était absolument pas familier. Le départ et les liens rompus avec sa terre natale lui hantaient l'esprit, mais il reconnut que c'était bénéfique - pour lui, ses parents, et le bétail qui ne fut plus confronté aux baptêmes de l'air redoutés. Il lui arrive encore de se demander s'il n'est pas dans un de ses songes.




Qui aurait cru qu'il se serait un jour servi d'un morceau de bois propre aux magiciens pour s'en servir à sa juste valeur ? Une chose était cependant certaine; les phalanges blanchies par la férocité avec laquelle il maintenait l'outil magique dans sa senestre, il semblait prêt à user d'un sortilège récemment appris au cours de sa première année. Le cadrage de la scène se prêtait volontiers à une scène de confrontation - deux de ses aînés, membres de la maison illusoire, s'amusaient de l'expression agressive dont Jesse s'était paré. Visiblement saisi dans une bagarre infantile, le né-moldu vociféra un début de sort offensif - qui aurait bien pu mener les plus âgés dans une situation gravissime tant la prononciation de Jesse était faussée et aurait pu causer des incidents irrécupérables. Une voix extérieure à l'escarmouche s'éleva - et une silhouette plus imposante que la sienne s'immisça entre le trio afin d'y former une barrière.


Le campagnard leva les yeux à son encontre - s'il eut certaines difficultés à laisser sa conduite se faire dicter, il reconnut au fond de lui l'effet bénéfique de l'intervention de celui dont il apprit tardivement le nom - Gabriel Reyes le sauva, ce jour-là, d'une bête altercation qui aurait pu très mal tourner. Sa personne parut aux yeux de Jesse comme un modèle à suivre - et il ne fallut que peu de temps avant de le voir suivre l'Ursirre à l'intérieur de l'école comme à l'extérieur, à l'instar d'un poussin marchant sur les traces de sa génitrice. Il se fit l'illusion d'une attitude paternelle émanant de l'attitude du mexicain lorsqu'il était en sa présence. Si l'apprentissage à Ilukaan le perturbait dans un premier temps, il fallait bien avouer que la présence de Gabriel arrangeait grandement les choses - les résultats de Jesse s'améliorèrent même grâce à son amitié avec lui, et le goût de la pédagogie lui revenait enfin. Gabriel était son mentor, et il était le seul dont  les conseils étaient appliqués par le garçon de ferme. A tel point que lorsqu'ils estimèrent que leurs liens s'étaient suffisamment tissés avec le temps et les échanges, le jeune McCree parut volontiers accepter l'idée de le suivre dans l'optique de passer les vacances ensemble.

Il était né aux Etats-Unis, avait mis les pieds au Canada, et ce fut désormais au Mexique d'être exploré par le jeune étudiant. Que peut-on craindre des découvertes nouvelles lorsqu'on est doté de pouvoirs et que l'on a Gabriel Reyes à ses côtés ? Lui qui n'avait jamais été bien agité à l'idée des voyages, passer du temps en compagnie de l'Ours protecteur lui ravissait l'esprit - aussi prit-il le soin d'envoyer quelques écrits chez lui afin d'informer sa tendre maman sur son évolution. Il espérait en recevoir afin de, surtout, s'enquérir de l'état de Bessie.

Vint alors le temps de changer de paysage - la nation des tortillas ne faisait que gagner en ampleur à mesure que l'américain vagabondait sur les sentiers. Il avait toujours apprécié les soirs d'été, et admirer les étoiles en compagnie de celui qui aspirait à devenir Auror ne faisait que parfaire son séjour. Lui qui avait été mis au courant de la disparition des géniteurs de Gabriel, il se risqua à le questionner sur la cause de leur décès - en espérant que l'air vespéral parvienne à maintenir la sérénité de la conversation. Lorsqu'il apprit que le couple Reyes avait été décimé par les griffes destructrices de ces créatures lupines dont il ne lisait l'existence que dans les contes avant son admission à Ilukaan, Jesse apposa une main complice sur l'épaule de son ami, et l'accompagna jusqu'à l'ofrenda érigée en l'honneur du couple disparu. Paré ici et là de clichés, la triste splendeur de l'autel de la famille de son camarade poussa Jesse à se séparer de son couvre-chef qu'il plaça une première fois contre son buste comme on le faisait dans les instants de funérailles.  Pour une première fois mutique, il écouta sagement ce que son modèle avait à dire. Il en voulait à ces "bâtards de chiens" - et il le comprenait amplement, quand bien même il n'était pas bien placé pour le lui dire; sa famille à lui était intacte, et en dépit de son éloignement vis-à-vis du ranch, il avait passé une enfance plutôt heureuse.






Le souffle lui était lourd; peinant à régulariser sa respiration, il offrit tous ses derniers efforts au lien qui le maintenait physiquement à l'orphelin. La main droite appliquée contre la veste de son comparse, il fallait être aveugle pour ne pas relever les tremblements incessants de ses doigts sur le tissu qu'il s'adonnait à serrer.





Ce fut la première fois qu'il fut aussi blessé et qu'il débita de tels propos - et il avait de quoi. Installé de façon grossière contre le torse de Gabriel, Jesse prit l'audace de glisser l’œillade sur son second bras - qu'il craignait de mouvoir. La vue des plaies marquées sur sa peau rebutait la vue, à l'instar des marques vermeilles ayant pris la forme de crocs sur son membre gauche. Il avait été férocement mordu - et la pression avec laquelle son ami s'évertuait à couvrir ladite morsure par le biais de poudre argentée mêlée au dictame ne faisait que l'enfoncer dans l'idée qu'il allait bientôt rejoindre le bestiaire. La salive lycanthrope avait rencontré le sang; c'était bien trop évident.


Une excursion nocturne entreprise par Jesse - ignare qu'il était. La lune gouvernait de sa lueur ce soir-là, et Gabriel avait eu le bon sens de ne pas sortir car il veillait toujours aux phases de l'astre clair. Lui s'était laissé animer par le désir de lui montrer les merveilles des étendues célestes, pourtant difficilement remarquables à l’œil. La joie de retrouver les mêmes constellations que celles qu'il voyait depuis son ranch avait pris le dessus sur sa méfiance. Et, privés de l'instinct humain, les canidés étaient de sortie; ils l'avaient pris en cible, couvrant son bras gauche de griffures épouvantables - l'un deux avait même pris toute l'initiative de le gratifier du passage de ses puissantes mâchoires.

Malgré tout l'effet bénéfique des sorts curatifs de Gabriel, Jesse ne put ôter de sa mémoire les images horrifiques de cette nuit dont il avait été le triste protagoniste. Il était devenu l'un de ces satanés chiens. Que dirait ses parents ? Et Gabriel avait-il encore toute son affection à son égard ?




Aujourd'hui encore il est le triste porteur des séquelles de cet événement. S'il portait une aversion profonde pour les lycanthropes après ce qu'ils avaient fait aux parents de son acolyte, force était de constater qu'il était devenu comme eux à cause d'une bête faute d'attention. Il était devenu l'un de ces bâtards, l'une de ces saletés. On le voit aujourd'hui se tendre sous l'anxiété quand le nom de ces créatures lui parvient aux oreilles - parfois même il force un sourire navré afin de mieux paraître parmi ses congénères non-hybrides. Louées soient finalement les études, qui lui permettaient toutefois d'oser oublier cette imperfection qui le rebute - l'esprit encore embrumé par l'anomalie qui l'habite, il obtiendra tant bien que mal des résultats standards à l'examen de sa cinquième année. S'il avait l'habitude de revenir au Nouveau-Mexique durant les vacances scolaires, il semble dorénavant avoir fait le choix de rester dans l'établissement et de retarder ses venues au pays depuis l'incident.

Jesse fit cependant exception à la règle au beau milieu de l'année scolaire censée le menée aux examens de la septième année. Il avait tenu bon jusqu'ici; or, les troubles le prenaient d'assaut au fur et à mesure de son évolution dans l'école. Contraint de garder pour lui sa véritable nature, les tensions lui furent insoutenables; brusquement, il quitta Ilukaan. Le travail qu'il fournissait pour mener à bien ses études se vit interrompu : rentré chez lui, la tête fracassée d'idées lugubres, il entama une relation épistolaire avec l'un de ses plus proches amis. Pour celui-ci, comme pour beaucoup d'autres, Jesse avait disparu de la circulation sans s'annoncer à cause de "problèmes familiaux". Nul ne sait si le fermier a évoqué à ses proches sa lycanthropie, qui le terrorise; le fait est que d'obscures raisons l'incitèrent à rebrousser chemin. Indécis qu'il était, et au fond bien incapable de faire une croix sur ses objectifs personnels, il remit les pieds à Ilukaan aux alentours de Janvier, après avoir quémandé l'autorisation de passer ses examens de septième année.