Après être restée un petit temps à la bibliothèque, j'ose pointer le nez dehors pour m'apercevoir que le soleil est rayonnant à en être presque aveuglant. Je ne pense qu'à une seule chose, me mettre à l'abris, mais je dois d'abord passer récupérer Ratatosk qui attend à l'extérieur, sur les branches d'un arbre, cueillant quelques noisettes.

- Alors petite boule de poils, toujours aussi gourmand ?

Il me toise d'un oeil provocateur, comme s'il avait compris mes paroles, et ne pensant qu'à une seule chose : protéger ses noisettes.

- Ne t'en fais pas, va, je ne vais pas te les prendre. Je ne suis pas noisettovore.

Finalement, il descend de l'arbre, avec quelques fruits à coque entre ses pattes et son ventre, puis saute sur mon épaule, non sans en faire tomber quelques unes derrière lui. Je sens son regard triste posé derrière mon dos, à l'idée de voir son précieux repas partir en fumée. Je lui caresse la tête, puis après un peu de marche, j'ouvre une des portes vitrées du dôme, avec comme ferme intention de trouver une place pour lire et écrire quelques notes, en mangeant mon repas ; un petit bout de pain.

Je dépose mes affaires sur une table, et observe plus attentivement les livres que j'ai empruntés. Du nombre de trois, leur titre est respectivement ; Arbres carnivores du monde, Créatures abominables des profondeurs, et Forces obscures : comment s'en protéger. Je feuillette celui sur les forces obscures, me souvenant avoir aperçu un passage parlant des loups garous. Est-ce vraiment vrai ? me demandais-je. Il est vrai que je suis censée avoir du sang de sorcier mais pourtant, cela fait à peine trois mois que j'ai découvert l'existence de la magie... Tout me semble si nouveau, si invraisemblable. Je suis plongée en plein coeur de tout cet univers, et pourtant, j'ai encore du mal à totalement réaliser.

Me voilà sur la page des loups garous. Mes petits yeux scintillent et je me mets à rêver... J'aimerais tellement en rencontrer un, peut-être qu'il me comprendrait mieux que les autres élèves. J'en oublie presque mon écureuil de Corée qui tend ses petites pattes vers mon livre. Tellement plongée dans ma lecture, je n'ai pas le temps de réagir lorsqu'il arrache la feuille et s'enfuit dans le dôme avec la page entre la gueule.

- YaAAaaaHH
M'écriais-je en me mettant à sa poursuite, jusqu'à ce qu'il saute sur le premier homme venu, se retrouvant sur sa tête, pour que je ne puisse pas l'atteindre. L'homme en face de moi est plutôt grand et mince, et quelque part, il m'impressionne. Ce qui est sûr, c'est qu'il doit être bien avancé dans les études, contrairement à moi... Je m'arrête brusquement face à lui, puis en regardant de droite à gauche, je remarque que j'ai attiré le regard sur moi. Je commence à me sentir toute petite et je me mets à rougir.

- Oh .. Euh... Pardon, c'est... Mon écureuil sur votre tête, et il... a volé une page de mon livre.

Comme première présentation, on pouvait mieux faire ! Je regarde le sol en vascillant d'une jambe à l'autre. Si je pouvais m'enfuir à toute vitesse, je le ferais.

Je vois alors le grand homme se baisser à mon niveau, l'air toujours très sérieux, jusqu'à ne rien laisser transparaître sur son visage. J'oscille entre la fascination et la peur, mais quoiqu'il en soit, ces deux émotions me sont captivantes. C'est à partir de ce moment que j'ai l'impression que le monde autour de moi s'est arrêté, et que les personnes qui fixent la scène, sont restés figés dans un autre espace-temps. Je suis comme enfermée dans une bulle totalement hermétique à tout ce qui m'entoure, et seul ce qui se passe présentement face à moi me semble avoir de l'importance.

Pourtant, cette scène est loin d'être calme, les battements d'ailes et les petits cris de l'oiseau contrastent avec le silence de mort qui règne dans la pièce. Ratatosk me regarde d'un air méfiant et ne semble pas décidé à se déloger de la tête de son nouveau propriétaire. J'essaye de l'attraper, mais il m'esquive, et au fur et à mesure que l'homme en face de moi baisse la tête, il semble planter ses petites griffes dans ses cheveux pour essayer de rester sur place. Jusqu'au moment où les deux petites pattes arrières de mon écureuil pataugent dans le vide, pendant que les pattes avant sont décidément bien enracinées sur le crâne de l'individu.

Mon visage devient blanc livide, j'empoigne alors le ventre de mon écureuil qui doit être entrain de vosciférer des mots d'injure dans sa langue, et j'essaye de le prendre avec moi. Sous le coup de l'angoisse, je m'écris :

- Lâche-le !  

Puis il termine par lâcher prise et je le tiens fermement pour qu'il ne s'échappe pas car celui-ci se débat comme un diable. Au bout de quelques minutes, il se calme, et je décide enfin de le relâcher. Il boude et va se cacher de lui même dans mon sac à dos qui est à moitié ouvert. En regardant le sol, je vois la feuille de mon livre qu'il avait apporté jusque là, couvert de baves et de morsures. Je m'en empare... Pour une page sur les loups garous, c'est plutôt comique. Je commence à stresser face à l'excuse que je devrais donner à la bibliothécaire pour expliquer son état, quand soudain mon attention revient sur le grand homme. Il a les cheveux complètement ébouriffés, et des petites griffures sur le front. Je m'affole.

- Il vous a abimé.

Je ne sais pas comment m'exprimer face à lui et de la froideur en ressort. Pour autant, au fond de moi, je bouillonne d'énormément d'émotions contradicatoires. Je me sens tellement désolée. Je prends un mouchoir de ma poche et je le lui tends un peu gênée, sans même remarquer que mes avants bras sont couverts eux aussi de petites griffures.

- J'ai une dette envers vous.

Ai-je terminé par lui dire en le regardant droit dans les yeux.
Un calme s'installe, qui me semble interminable.

J’ose enfin relever la tête, et je ressens à ce moment là une étrange intuition, comme une nouvelle présence de magie dans l’air ambiante. Le grand garçon aux cheveux blonds me dit qu’il est nullement blessé, et je me mets à tendre davantage ma tête vers lui, pour m’en assurer. Je l’observe sous toutes les coutures, je remarque chaque ondulation de son visage et ses traits que je trouve très fins pour un grand homme.

Je ressens aussi chez lui une certaine prestance qui fait que j’ai l’impression d’avoir un professeur en face de moi. Je pense que cela réside dans le fait que je vois un grand écart entre nos savoirs et nos âges. En ce moment, certes, j’ai une baguette magique entre les mains, mais elle ne semble pas m’obéir, ou alors, je n’arrive simplement pas à m’en servir. C’est comme si, la magie en moi n’existe pas. Cette idée me fait froid dans le dos. Est-ce seulement possible ?

- Tu n'as pas de dette envers moi, enfant.

Je lève la tête, surprise par la douceur de sa voix. Je remarque même alors, son visage un peu moins fermé. Il me prend le bras, et je le vois parsemé de marques rouges ; nous sommes donc deux blessés, le dôme s’est transformé en champ de bataille. Mon esprit s’égare dans la rêverie. Je pense ; rayée comme un chat de Cheshire. Je souris.

- Tu as un nom, je pense. Comme cette vile bestiole qui s'est établit sur ma tête. Voici Rosta, et je suis Lukas.

Je me remémore alors la première phrase qu’il m’a dite. Lille Völva … Völva, je connais ce mot. Oh. Dans la mythologie nordique ; les prophétesses d’Odin. Son accent ...

- D’où viens-tu ? Tu n’es pas Canadien, si ? Tu es du Nord ? De quel Nord ? Tu connaitrais quelqu’un qui s’appelle Páll ?

Je réalise alors que j’ai parlé un peu trop vite, prise d’un enthousiasme sans frontière. Je dis pardon, je me redresse, l’air d’un petit soldat qui se reprend de lui même, et je lui dis :

- Ásla, je suis Ásla, et la cause de toutes ces misères, c’est Ratatosk.

Je jette alors un regard de reproches au niveau de mon sac, où il s’est caché. Il ne semble pas vouloir sortir. D'un autre côté, il a déjà assez fait de bêtises pour aujourd’hui… Je regarde alors le petit oiseau, j’aime bien son prénom, et je comprends son énervement de tout à l’heure. Je le dis à Lukas. Je soupire.

- Je ne ressens aucune magie en moi. Je me demande même si les moldus ne seraient pas plus doués que moi.

Je pense ; peut-être qu’un jour, je serais telle une véritable Völva ! Mais, ce jour n'est pas encore aujourd'hui... Mes yeux s’égarent dans le vide. Ai-je vraiment du sang de sorciers, au fond ?

Mon regard s’est assombri, passant d’une humeur joviale et aventureuse à une tristesse et mélancolie non feintes. Mes préoccupations sont revenues trotter dans ma tête, doutant de l’intérêt de ma présence ici, moi qui pourtant aime tellement ce nouveau monde qui s’offre à moi. Je le regarde terminer son bandage, quand il me répond :

- Le Vrai Nord, jeune demoiselle. Le Nord Sauvage qui bat en toi. Les terres gelées de Norvège.

C’est d’un air rêveur que je revois les longs chemins enneigés de mon pays natal, les conifères qui sous leurs duvets blancs de neiges, restent aussi verdoyants en été comme en hiver. Je ne peux imaginer la Norvège, mais je sais qu’il s’agit d’un lieu pouvant être encore plus ancré dans le Nord que l’Islande, terre de mes ancêtres. J’éprouve le mal du pays, loin de mes origines, de cet air frais vivifiant, de ce blizzard qui donne un effet de brume autour de toi. Le savoir proche de moi, d’un pays tel que le sien, me rassure, et me fait éprouver un profond respect pour cet homme.

Enfin, il m’avoua ne pas connaître l’existence de mon père. Je me suis emportée tant et si bien, que j’ai fini par espérer. La chute, savoir qu’un nordique ne le connaît pas, est encore plus rude alors que pourtant, elle sait au fond d’elle même que l’inverse aurait été étonnant. Qu’il est dur d’être une enfant pleine d’espoirs et de désespoirs. L’oiseau me fait sortir de mes songes, je le regarde, je l’aime bien cet oiseau. Je vois alors la plume qui s’est déposée sur ma main, et ni une ni deux, Ratatosk sort de sa cachette pour s’aventurer le long de mon bras et récupérer la plume d’une patte agile.

Le voilà de nouveau sur mon épaule à toiser d’un sale oeil Rosta, qu’il ne semble pas beaucoup aimer, apparemment. Pourtant, il se met à déposer la plume dans mes cheveux, une petite étincelle s’est alors allumée dans la prunelle de mes yeux. Gentil chenapan, me suis-je mise à penser d’un air amusé. Mon regard se retourne de nouveau vers Lukas. Il semble étonné de mes paroles, et pendant qu’il me touche les marques rouges sur ma peau, je les vois disparaître.

- Pas de magie ? Je n'aurais pas pu faire ceci si tu n'étais pas touchée par la Magie, enfant. Pas plus que Rosta n'aurait laissée tomber une plume dans ta main. Et enfin je ne pense pas que l'on t'aurait laissé entrer ici.

Je ne peux m'empêcher de rester émerveillée par ce qu'il vient de faire, cette magie qui m'attire autant. Me voilà pensive. C’est vrai, ce qu’il dit est censé. Peut-être suis-je trop anxieuse, mais pourtant, mes camarades de classe semblent tellement plus doués, comme si c’est naturel, chez eux. Comme si, la magie qui coule dans leur veine est semblable au flux rapide et insatiable d’une rivière. Il a dû ressentir mon appréhension, puisqu’il reprend :

- Les temps sont durs, surtout quand l'on découvre encore ses dons. Ne les rends pas plus compliqué en ne croyant pas en toi, jeune Völva.

Il posa alors son index sur le bout de mon nez. Mes joues arborèrent une teinte rosée par le manque d’habitude, et je posa mes deux mains sur mon nez pour les recouvrir. Je ne pense pas me souvenir qu’on puisse avoir touché mon nez un jour. Un peu intimidée de nouveau, il continue avec une dernière parole :

- Ne t'en fais pas. Je reste là pour t'aider. Tu n'es pas seule.

Je hoche la tête, il semble tellement gentil, alors qu’en plus, je l’ai blessé. Je sors alors ma baguette magique qui, lorsque je tente de lancer le sort Avis censé faire apparaître une nuée de petits oiseaux, me donne une décharge électrique qui me fait lâcher la baguette sur le sol. Je le regarde, d’un air d’incompréhension, en lui avouant :

- Et c’est comme ça, avec tous les sorts que j’essaye de lancer. Je n’ai que des mauvaises notes… à ce rythme, je vais redoubler.

Je me sens un peu honteuse d’avouer ainsi mes problèmes à une personne que je connais à peine, mais les élèves avec qui je suis auront plutôt tendance à me rejeter, me traitant de sang de bourbe, étant donné que je ne connais même pas mes origines. Je prends quelques instants pour trouver les mots que je veux lui formuler :

- Je ne suis pas quelqu’un d’utile aujourd’hui... Ai-je déclaré avec une tristesse ne pouvant se dissimuler de ma voix. Mais si un jour je le suis, je t’aiderai à mon tour. Toi non plus tu n’es pas seul.

Ratatosk s’agite sur ma tête, comme pour montrer que lui aussi est là, et je le remercie en lui faisant une petite flatte dans le dos.

Ma baguette se retrouve entre les mains de Lukas et entre les yeux de Rosta. On peut dire qu'elle est bien gardée, me suis-je dit avec un brin de malice. Je la suis des yeux, je me demande s'il est normal qu'il soit si simple de s'échanger des baguettes entre sorciers. Ne devrait-elle pas avoir ne serait-ce qu'un faible lien avec moi ? J'ai lu quelque part qu'il fallait que la baguette nous choisisse. Il s'agit de mon père qui me l'a donnée par lettre, peut-être qu'elle ne veut tout simplement pas de moi. Je la récupère entre mes mains, l'observant toujours avec attention.

- La magie, ce n'est pas toujours très rassurant, pas vrai ?
Me dit-il juste avant de s'assoir par terre.

Non en effet... Mais j'irais même plus loin, on ne vit pas dans un monde très rassurant. Et en y réfléchissant bien, la magie peut être un moyen de protection contre ce monde parfois dangereux. Il s'agit là de mon unique raison de vouloir la maîtriser, si on exempt la curiosité qui y est mêlée, et une sorte de féérie de l'âme. Tout enfant aurait rêvé de ce monde, si on écarte les nouvelles épreuves qui y sont mêlées. S'il existe de nouvelles épreuves, alors il y a de nouvelles armes, il faut juste arriver à les maîtriser, je dois être capable de lancer un sort, et même plusieurs ! Sinon, je dépendrai toujours de quelqu'un d'autre, et cette pensée me fait horreur.

Je le regarde fermer les yeux, et il m'invite à en faire de même, avant de s'élancer :

- Rappelle toi, dans les moments de peur, dans les moments où tu te sentais si seule que même les pierres semblaient plus pleine de vie que toi. Dans ces moments là, n'y avait-il pas une vive chaleur dans ta poitrine ? N'y avait-il pas une force qui semblait tout équilibrer. Tout lier ensemble. Humanité, Règne Animal, Terre-Mère, Cieux, Etoiles. Tout unis dans un même dessein.

Mes yeux sont clos, je me perds dans ses mots. J'essaye de visualiser, comment définir la solitude, est-ce qu'elle peut s'exprimer à travers le manque d'une personne ? Quand je me revois seule face à la nature, je n'ai ressenti qu'une incroyable liberté, mêlée à de la fragilité, comme une goutte d'eau dans la mer. Je pense que pour ressentir de la solitude, il faut avoir vraiment aimé une personne. Moi qui suis encore si jeune, ai-je vraiment quelqu'un autre que ma mère si distante, sur qui compter ?

J'ai Ratatosk, mais je n'ai jamais été séparée longtemps de lui. Je pense que ce serait un immense chagrin si cela devait arriver un jour. Je repense à cette fois où j'étais seule, contre les forces de la nature, sans eau ni nourriture. Oui j'ai eu peur, seule comme un insecte pris au piège dans une toile d'araignée, loin de toute forme de vie. Je commence à comprendre, et pourtant dans tout ce froid, il y avait toujours une flamme à l'intérieur de moi, qui me reliait à la terre, à l'air, et qui luttait contre la cendre.

Lukas m'évoque alors quelques paroles dont je comprends à peine le sens, étant concentrée à ressentir cette chaleur, ce feu qui brûle. Quelques bribes me parviennent à l'oreille, tels que les mots sorcière, informulés, certitude, réalité. Comme si, à les réunir ensemble, ils semblent tous se regrouper pour me donner de la volonté, la force d'y croire. Alors que mes yeux restent fermés, ma baguette magique devient de plus en plus chaude, jusqu'à commencer à me brûler la main. Je m'en rends compte lorsqu'en ouvrant les yeux, je vois un jet de flammes sortir de ce bout de bois magique, et s'échouer sur le sol en y laissant une trace noire de suie.

Prise de peur et par la douleur, je la lâche au sol, voyant Ratatosk bondir à l'opposée de cette scène, effrayée par ce qu'il vient de se passer. Je regarde ma main, j'ai une brûlure à l'intérieur de la paume, comme la marque linéaire d'un crayon de papier. Mes yeux retournent se fixer vers le sol. Je regarde ma baguette, presque méfiante, essaye-t-elle de se jouer de moi ? Je regarde Lukas, d'un air interrogateur. Je ne sais même pas si je dois la récupérer, peut-être est-elle encore brûlante.

Complètement hagard, je lui dis d'une voix dubitative :

- Ça... C'est une première par contre.

Dois-je m'en émerveiller ou m'en offusquer ? Je ne sais même plus quoi en penser.

Mon regard vide restait figé sur la baguette gisant sur le sol, inerte. Mes bras étaient ballants le long du corps, ma tête baissée, et mes yeux vitreux. Mon esprit était toujours plongé ailleurs, quand le contact de Lukas sur ma main me fit revenir à la réalité. Il était là, il semblait s’être allumé, il rayonnait d’une lueur nouvelle.

Finalement, il laissa tomber ma main, la blessure n’étant pas grave. Il se concentra sur autre chose, et le voir passer d’une préoccupation à une autre avec une telle aisance, me fit l’impression d’avoir en face de moi un individu qui savait analyser et prendre des décisions en conséquence.

En m’attardant sur son regard à cet instant, il semblait différent. Je me demandais ce qui pouvait bien l’atteindre, le préoccuper. Une personne si grande, si expérimentée dans la magie, de quoi ce genre de personne pouvait-il avoir peur ?

Il me regarda dans les yeux avant de terminer par me montrer du doigt une de mes plus grandes craintes, mon manque de confiance. Pas seulement en moi, mais aussi en ce qui m’entoure, et dans ce cas précis, ma propre baguette. Je pris conscience que ce n’était pas normal, et prenant une grande inspiration, je m’abaissa pour la récupérer.

D’une voix faible, je lui fis la promesse de ne plus douter d’elle de nouveau. Lukas m’adressa alors une flatte et je baissa la tête, comme gênée. L’oiseau fit acte de présence, et son piaillement me réconforta. Les animaux avaient le don de m'apaiser. Mes cheveux cachaient mon visage rouge et je tourna légèrement la tête pour qu’il ne le remarque pas. Quand je me redressa, c’était pour entendre de nouveau sa voix :

- Le chemin pour devenir une sorcière accomplie sera difficile, je pense que tu le sais. Néanmoins tu as fais de ton mieux. Et tu continueras de travailler dur, j'en suis convaincu. N'abandonne pas, Ásla.

Je cligna des yeux et après une courte pause, je lui avoua :

- Je suis réellement heureuse de t’avoir rencontré.
Rien que pour te le prouver, je n’abandonnerai pas, Lukas.

Je regarda alors mon écureuil qui restait à l’écart, toujours méfiant et préoccupé par la flamme de tout à l’heure, et je lui fis d’un air chaleureux :

- Alors, tu viens sac à puces ?

Le petit animal me regarda avec une expression sévère puis, d’un air badaud, retourna sur mon épaule. Je récupéra mes quelques livres, puis j’adressa une dernière parole à Lukas :

- À la revoyure !

Et d’un air plus léger, je repris la route pour ne pas être en retard à mon prochain cours.