Un ciel bleu, le soleil courant sur la peau, la chaleur environnante vous prenant et vous englobant de sa douceur. Il s’agissait là des signes avant-coureurs d’une période de l’année à la fois synonyme de bonheur et de malheur pour les uns comme pour les autres. Nous parlons évidemment de l’été ! Summer ! Natsu ! Verano ! Era ! La plus merveilleuse, la plus wonderful, la plus incroyable des saisons de l’année ! Du moins, c’était ainsi que Karamatsu la voyait. Il adorait ces mois où il estimait qu’il était d'obligation publique de sortir dehors, d’aller à la plage ou de tout simplement aller prendre de la glace pilée en la mangeant, assis sur un banc. Il y avait certes des choses dans cette liste que le jeune homme ne pouvait pas réaliser ici au Canada. Ou du moins, elles n’avaient pas la même saveur que quand il était chez lui au Japon avec sa famille réunie au grand complet. Cependant, ça ne l’empêchait pas d’apprécier de passer l’été ici.

Une des choses qu’il aimait tout particulièrement aussi était sa guitare. Le bleu adorait en jouer. Il n’était pas incroyablement doué et avait sans aucun doute beaucoup de progrès à faire dans cette discipline. Mais, ça ne l’empêchait pas d’en faire en espérant vite combler ses lacunes. Afin d’en jouer devant ses frères et surtout d’être félicité par ces derniers ! « Félicitation Karamatsu »; « Tu assures nii-san ! »; « Je n’aurai jamais cru ça de toi nii-san ! »; « Bravo Shittymatsu ». Ce genre de compliments qui le remplirait de joie et de fierté comme de bonheur.

Lier les deux et vous auriez un Karamatsu heureux, aux anges. Or, c’était bien ce qu’il était en train de faire en étant assis sur la plage de Bloombury. Le deuxième Matsuno aimait bien ce lieu. Une plage était le symbole même de l’été, on pouvait s’y poser le soir pour y raconter des histoires ou bien pour se baigner. Un endroit qu’il appréciait beaucoup. Il sentait son inspiration affluer comme un torrent enragé quand il était ici. Comme si la muse de la musique prenait possession de lui et le faisait devenir son fidèle prophète en ce bas-monde ! Il s’agissait évidemment là d’une pensée qu’il pourrait exprimer à voix haute sans aucun problème en y rajoutant quelques mots en langue étrangère. 

Il était cependant clair qu’en ce jour de juin; alors que dans deux semaines, l’été reviendrait officiellement comme la reine des saisons qu’elle était; il était bon d’aller se poser dans le sable afin d’atteindre que l’inspiration vienne prendre possession de lui. Enfin, c’est ainsi qu’il voyait la chose.

Karamatsu déposa ses chaussures dans le sable ainsi qu’un sac à dos où il avait pris la peine de mettre une bouteille d’eau, un bout de tissu bleu brillant qui allait lui servir de serviette ainsi que des feuilles et un stylo pour ses idées. La guitare qu’il avait aussi ramené était quant à elle dans un étui à part à cause de sa taille. Le Strixyst commença à tenter de mettre la nappe. Mais la réalité était là. Karamatsu était une personne qu’on pouvait se qualifier de très très très mal chanceuse. De cette malchance découla qu’un coup de vent vint faire voler la serviette un peu plus loin, forçant le jeune homme à se mettre à courir après dans le seul but de la récupérer avant qu’elle ne fasse un plongeon pur et simple dans l’eau, l’obligeant à rentrer à l’école pour se sécher lui comme le bout de tissu.

Pouvait-on naitre sous une aussi mauvaise étoile ? La réponse était oui. Le bleu avait bien évidemment connu pire que juste une serviette dans l’eau. Dans son cas, on parlait de voisin ayant l’intelligence de lancer un objet par la fenêtre alors qu’il passait par là, tombant sous la surprise et finissant à cause d’une réaction en chaîne à l’hôpital. Karamatsu était ce genre de personne subissant l’effet papillon en continue pour toutes les raisons possibles comme imaginable. On aurait pu croire au début d’un mauvais gag mais c’était un fait, il était malchanceux. 

L’incident de cette serviette n’était pas vraiment isolé. Mais pour lui, ce n’était qu’un événement de plus dans sa vie de loup solitaire, comme il affirmait. Et sans étonnement, cela le rendait habitué aux moqueries. Même si pour ce dernier fait, la faute revenait plus au reste de la fratrie Matsuno. Le deuxième fils rougit un peu de honte, reprenant vite son attitude habituelle. Cependant, le plus important restait sa serviette et la voyant finalement aller dans la mer, il remonta son pantalon afin d’aller la chercher. Il faisait certes chaud mais pour autant, l’eau restait froide. Il frissonna de la tête aux pieds tandis qu’il marchait afin d’aller la chercher.

C’est à ce moment-là que Karamatsu entendit une voix. Il l’avait sans aucun doute déjà ouïe dans un couloir à l’école. Mais là, il ne pouvait pas dire s’il la connaissait ou pas. Il se retourna vers la personne à qui cette dernière appartenait. Sans surprise, il vit un élève d’Ilukaan. Comment pouvoir affirmer que ça en était un ? Le Strixyst pouvait le dire à cause du fait qu’avec cette chevelure bleue, il était bien impossible de ne pas le reconnaître un minimum même s’il ne s’était que croisé du regard. Le jeune homme vit bien le sourire en coin, montrant qu’il était celui qui avait eu ce rire moqueur.

Est-ce que cela le dérangeait-il ? Pas spécialement, comme dit plus haut, il avait l’habitude de ce genre de rire et l’acceptait. De plus, cela n’allait pas l’empêchait de décliner son offre. Et cela allait bien évidemment se faire avec toute sa classe. Il passa une main dans ses cheveux, faisant ce qu’on nommait tout simplement un hair flip, tourna la tête sur le côté, se donnant un air mystérieux et absolument pas du tout dans la merde en ce qui concernait sa serviette qui commençait déjà à aller vers le fond en étant emporté par les vagues. 



— Don’t worry ! Je peux le faire ! Everything is okay ! 

Le Japonais se tourna vers sa serviette la voyant déjà presque au fond de l’eau, se maintenant à la surface par un petit bout encore sec et bleu brillant. Le Matsuno lâcha un cri avant de marcher le plus vite possible vers cette serviette. Garder la classe en tout temps et en toute occasion . Finalement, c’était bien plus compliqué que cela semblait l’être. Karamatsu tendit le bras vers le bout de tissu qui commençait à disparaître dans les infinités marines. Précisons que malgré ce que ça semblait être, il avait pied et l’eau lui arrivait à peine à la taille. Il brandit la serviette fièrement pour montrer à l’inconnu qu’il pouvait le faire, se mouillant au passage.

Même si Karamatsu tentait d’être le plus classe possible, il ne l’était pas. Il ne l’avait jamais été que ce soit maintenant ou quand il était jeune adolescent pré-pubère envahi par l’acné. Or, ce n’était pas dans ce genre de situation qu’on pouvait se montrer sous son bon jour. Il aurait sans doute dû accepter l’aide de l’autre élève, ça l’aurait sans doute bien aidé à ne pas être dans cette situation ou à ne pas se montrer dans ses aspects les plus ridicules. Cependant, ça ne l’empêchait pas de garder son sourire de façade. 

Il aurait pu utiliser la magie, oui. C’était une certitude que tout aurait été plus simple avec la magie. Mais le deuxième fils était quelqu’un qui ne s’appuyait pas forcément dessus. Elle pouvait être utile mais pas au point qu’il fasse tout en l’utilisant. Du moins, le bleu n’était pas le genre à l’utiliser sans raison pour un fait aussi ridicule que ça. Il n’en avait pas vu l’utilité et n’avait pas pensé que cela le serait. Évidemment, l’autre pouvait se moquer autant qu’il le voulait dessus mais ça ne l’empêchera pas de ne pas l’employer. En parlant de magie, il regarda sa serviette voler jusqu’à son homologue alors qu’il commençait à sortir de l’eau, certes plus lentement qu’il n’y était rentré. Karamatsu sourit à l’autre en lui adressant un pouce en l’air assorti avec le clin d’oeil et le « Thanks » qui allaient avec.

Cependant, il fallait que le karma s’acharne sur lui. Sans doute était-ce une manière de lui faire payer son côté très painful, si c’était bien le cas alors les dieux étaient bien cruel. Le bleu fut mouillé presque de la tête aux pieds. Heureusement, dans son malheur, il n’avait pas pris ses lunettes de soleil, s’épargnant un nouveau passage à l’eau. Mais ça ne l’empêcha pas de garder le sourire même si on voyait à son regard qu’il était désespéré pour son haut à manches courtes bleu.

Le Japonais se dépêcha de rejoindre la plage, reniflant déjà à cause de l’eau qui venait de l’éclabousser. Karamatsu hocha la tête à ses dires, le ponctuant d’un : « oïh ! » pour acquiescer aux paroles du Grec. Et malgré le fait qu’on était bientôt en été, ça serait mentir de dire qu’il ne commençait pas déjà à avoir froid à cause de l’eau.

Il finit par en ressortir se frottant les bras, prenant la serviette à l’autre élève. 



— Thanks !

Karamatsu écouta ce dernier en se séchant avec la serviette, commençant par ses cheveux. Il frottait bien. C’est vrai qu’il avait raison. Il aurait peut-être dû lancer un sort pour aller chercher la serviette dans l’eau, ce qui lui aurait évité bien du désagrément. Cependant, ce n’était pas une question d’être doué ou pas. Parce que oui, d’une part, il n’excellait pas dans l’art des sortilèges et d’une autre part, il préférait bien mieux s’en sortir sans magie qu’avec. De plus ! Son année n’avait rien à voir là-dedans ! Mais bon, il sourit tout de même, de manière tout aussi narcissique que d’habitude même si les observateurs verraient un peu de gêne dedans.

— Yeah ! Maybe ! Mais, je ne pense pas qu’il fallait forcément que j’aille utiliser la magie pour ce genre de choses !  Karamatsu passa sa main dans ses cheveux avant d’ajouter. Je suis en 7éme année !

Même si, cela semblait surprenant, c’était bien le cas. Même si…On ne pouvait pas pour autant dire qu’il était le plus brillant de son année ou même de sa fratrie.  

Il est vrai qu’il aurait sans doute été plus juste que le Cervirald lui demande son nom plutôt que son année. Ce n’était pas comme si Karamatsu s’en souciait réellement. C’était sans doute dans un but d’humiliation mais avec la naïveté dont pouvait faire preuve le jeune homme, il ne s’en préoccupa pas . Après tout, ce n’était pas comme s’il était même pas au niveau d'un premier année. Il avait tout de même les connaissances d'un septième année… Juste qu’il n’était pas bon et qu’il estimait qu’il ne devait pas utiliser la magie pour tout comme pour rien. Après tout, serait-il toujours récompensé de la même manière en l’utilisant ? Pas vraiment, c’était la solution de faciliter et pourquoi faire simple quand on pouvait faire compliquer ? Alors, autant ne pas l’utiliser et être d’autant plus fier de nos efforts ! Du moins, c’était ainsi que Karamatsu pensait.

Il se doutait qu’on pouvait se méprendre sur ses intentions ou sur la vérité. Après, cela ne voulait pas dire qu’il était parfait en sortilège, loin de là…Mais il avait plus que le niveau d’un premier année !

Le septième année continuait de se frotter les cheveux commençant à se couvrir avec la serviette quand il entendit celui à coté de lui rire. Il le regarda, surpris et étonné…Qu’y avait-il de marrant ? C’était le fait qu’il était déjà en dernière année de son cycle et qu’il utilisait peu à la magie. En tout cas, il avait un regard étonné. On voyait bien qu’il ne savait pas comment réagir face à la réaction du Grec. Il avait ce regard d’incompréhension totale face à celui qu’on pourrait croire entrain de devenir fou. Cependant, la raison de son rire était bien celle qu’il pensait..L’accio, le fameux et l’unique.

Karamatsu regarda la main et sourit, malgré la moquerie certaine du Grec face au fait qu’il n’utilisait pas la magie à tort et à travers. Donc, l’inconnu se nommait Milo. Le Japonais serra la main de ce dernier, toujours en gardant son éternel sourire. 



—  Karamatsu ! Ravi de te rencontrer. You know, je sais utiliser un accio. But, j’utilise peu la magie !

Il mit sa main devant son visage, deux doigts posés sur son front comme pour se donner une prestance et une justification face à sa non-utilisation de la magie. Cependant, malgré la moquerie du jeune homme, il était quand même heureux de rencontrer quelqu’un. Le deuxième fils était assez sociable malgré le fait qu’il avait eu du mal à l’être quand il était plus jeune. Karamatsu se sécha un peu plus avant de sentir le regard de Milo sur lui. 

Il se tourna vers ce dernier avant de voir le regard du Grec. Un regard en soi terrifiant du point de vu du jeune homme qui s’il avait été un animal aurait été plus proche du chien que du tigre ou même du loup. Karamatsu voulait se donner une prestance même si face au public, il en avait peu. Même s’il aurait eu ce même regard face à Milo si ce dernier s’en était pris à sa famille. Cependant le contexte était différent. Là, c’était une rencontre. Là, c’était du jugement… Là, c’était un chasseur qui venait de voir sa proie. Même s’il se disait qu’il n’avait rien à craindre, qu’il espérait n’avoir rien à craindre.