Que dire ? Astrid a passé une mauvaise nuit. Une de ses périodes d’insomnie. À l’aide des couvertures de son lit, elle s’est formé une tente improvisée. À la lueur de sa baguette, la Norvégienne lit un de ses livres d’aventure. Une peur au ventre suite à ce cauchemar singulier. Cette sensation de n’être jamais à la hauteur. Cet effroi du rejet qu’elle ne connait que trop bien. La pression de la réussite : son image si parfaite pourtant modelée par la culpabilité et sa détermination. Par lassitude et par envie de réussite. À chaque fois qu’elle refait ce songe, elle éclate en mille morceaux coupants comme du verre. Astrid remonte une mèche derrière son oreille, elle n’ose avouer à personne. Par orgueil. Parce qu’on la considère forte et indestructible. Parce qu’elle se demande si elle peut montrer sa vulnérabilité ? Pourtant, elle a bien des amis qui l’aiment. Jake lui fait oublier ses tracas avec ses films. Damen et elle partage les pistes autour de l’établissement. Harold et ses créatures lui font voir des aptitudes sous un autre angle. Ils doivent avoir vu en elle quelque chose de mieux que tous ces doutes. Avec un soupir, la blondinette referme son bouquin. Probablement qu’elle pense trop comme à son habitude. Qu’elle cherche à comprendre ses petites bibittes au fond de ses souvenirs. Avec un murmure, elle éteint son sortilège : posant ses effets personnels sur sa table de chevet. Elle guette l'aurore à travers la fenêtre. Un jour, elle finira par pouvoir le dire et apprécier ses défauts.

Durant la journée, la blondinette détourne toutes les questions sur sa nuit écourtée. Les cernes bleuis sous ses yeux prouvent que cette semaine, elle a moins dormi que les précédentes. Entre ses révisions pour ses cours, entre ses activités sportives et ses sorties entre amis… Il faut dire qu’elle ne semble jamais s’arrêter. En effet, l’Ursirre doit faire mille choses à la fois pour éviter de devenir passive. Elle s’étourdie et s’épuise, mais c’est cette adrénaline qui la fait s’accrocher à un avenir incertain. Parfois, la blondinette estime qu’elle doit lever le frein, mais il ne reste pas longtemps sur cette position. Lors de son cours de créatures magiques, elle repense à ce petit Lupy qu’elle a rencontré la veille. La terre s’accumule sous ses doigts. On lui enseigne comment faire une bouture de mandragore. Bien qu’elle se concentre sur sa tâche, l’étudiante revoit le brunet. Avec un pincement au cœur, elle se dit qu’il ne va pas tenir jusqu’à la fin de ses études. Qu’il a besoin d’aide : il lui donné l’impression de n’être pas à l’aise. Il doit se sentir seul aussi. Ce sont des sentiments qu’elle a éprouvé tôt dans son enfance. Si elle peut lui procurer des conseils et lui permettre d’être plus léger. Dès le cours terminé, la jeune fille retourne à sa chambre. Tempête donne des coups de bec dans son miroir. L’étudiante esquisse un large sourire malgré son air fatigué :


«Hey ma belle, tu as envie de prendre de l’air ?»

Quelques cris stridents répondent à cette invitation : toute contente, son animal vient lui mordiller son oreille, battant des ailes joyeusement. La jeune fille prit un bout de parchemin : il ne lui fallut que quelques minutes pour écrire son invitation. Ouvrant la fenêtre de la chambre : un vent frais l’accueillie à bras ouvert. Sans une ni deux, le perroquet s’enfuit. Astrid l’observe jusqu’à ce que cette silhouette ne devienne qu’un vague point dans son champ de vision. Sa générosité finira par la perdre.
Bon, on se remet au travail pense-t-elle en vidant son sac sur son lit. Elle le remplit de documents vierges, d’un dictionnaire de poche et de sa baguette. Ne sait-on jamais. Des bouteilles d’eau et quelques biscuits de la cafétéria. Elle préfère toujours se compliquer la vie en apportant tout un tas de vivre. Dès que Tempête revient avec la réponse affirmative, la jeune fille referme la fenêtre et lui lance le papier en boulette pour qu’elle s’amuse pendant son absence. Une veste sur le dos et une écharpe en surplus. Le froid ne la dérange pas : puis elle sait bien que les étudiants évitent les flocons quand le printemps pointe son nez. Aucun problème de se faire perturber.

L’Ursirre sent le froid sur ses joues : si elle a ce sentiment de fatigue, il s’est dissipé. Son esprit est à nouveau fonctionnel. Au loin, elle aperçoit la silhouette du Lupy. Elle esquisse un sourire et lui envoie un signe de la main.

«Salut Seiya. Comment tu vas ? Je suis prête à t’enseigner quand tu le veux.»

Son sourire s’agrandit pour lui donner confiance. Elle réajuste la sangle de son sac sur son épaule. Du bout de sa bottine, elle fait un petit cratère dans la neige collante. Tiens, ça pourrait être un élément intéressant à utiliser.

«Un peu lassée par mes révisions, mais je vais bien.»

Un sourire sans arrière-pensée. L’un de ces sourires simple. Il ne mérite pas qu’elle lui offre un mensonge. Parce qu’elle est honnête. Parce qu’elle sait ce que la solitude est lourde à porter. Parce que quelque part, elle voit une partie d’elle-même en lui. Il possède un tempérament brûlant : ça se voit dans ces prunelles. Il a soif de montrer aux autres qui il est. Seul et envers contre tous. Astrid comprend ce sentiment. Les mots ne veulent pas sortir. Ils restent coincés dans sa gorge. Est-ce trop compliqué de lui dire : «On a tous besoin de quelqu’un qui croit en nous.»

Est-ce trop impulsif de sa part. Trop présomptueux de lire dans les lignes du silence qui s'étend entre eux. La blondinette remonte une mèche de sa frange derrière son oreille. Le garçon lui a fait comprendre la veille alors qu’ils cherchaient sa chouette : il assume être débrouillard et probablement qu'il hait qu'on le juge du haut de ses douze ans. Un Lupy très fier et avide de connaitre ce que lui réserve le monde autour de lui. Le sourire d'Astrid tremble légèrement. Par appréhension et non à cause de la froideur qui les enveloppent. Une étincelle effrayée se glisse pendant quelques secondes dans le regard du brunet. Ressent-t-il de la honte ? Croit-il que la blondinette va s’enfuir à cause de ces enseignements ? Seiya est soucieux. Astrid s’accroupit à sa hauteur. Son faciès est calme. L'une de ses mains vient se saisir d'une poignée de neige qu'elle compacte en boule, tandis qu'elle secoue la tête. Elle plonge son regard limpide dans le sien. Sa voix est douce comme une mère s’adresse à son enfant pour lui expliquer quelque chose d’important.

«Ma première vocation est de devenir Auror. Ma deuxième profession est d'être une enseignante dans mes temps libres pour mon entourage. Seiya, tu ne seras jamais un fardeau tant que tu fais des efforts et que tu cherches à t'améliorer à ton rythme.»

Parce que c’est ce qu’elle aurait toujours aimé entendre ces mots de la part de quelqu'un. Parce qu’elle a toujours foncé à 100km/h dans tous ses engagements. Parce que c’est ce qu’elle croyait qui allait la rendre heureuse : cette admiration éphémère. Si Astrid peut empêcher quelqu’un de faire les mêmes erreurs qu’elle. C’est maintenant ou jamais. Après, c'est à lui de saisir ce concept. C’est à lui qui revient le droit de l’accepter ou pas. La blondine esquisse un sourire tendre à son encontre. D’un geste rapide, elle vient plaquer cette balle de neige de la taille d’une balle de ping-pong dans le cou du garçon. Touché ! Ce qui déclenche une brève hilarité de sa part. Puis elle reprend son sérieux en se redressant et en essuyant sa main contre son jeans. Presque ! Une étincelle rieuse est visible dans son regard.
 
«Tu as un énorme potentiel en toi. Je le ressens. Et que l'on veuille ou non, on a tous besoin un jour de quelqu'un pour nous faire avancer. À mon âge, j’apprends encore plein de choses sur moi ou sur les autres.»

La jeune fille opine. Elle désigne son sac d’un coup de tête.


«J’ai tout un équipement. Boissons, cahiers, crayons… Et un hiver magnifiquement glacial rien que pour nous deux. Faut en profiter ! Faisons des apprentissages en s’amusant.»

Une petite proposition. Elle recule tout en regardant le Lupy.

«Par quoi, nous commençons ? Demande-moi ce que tu veux ! Je vais y répondre de mon mieux.»

Autant commencer par le stimuler de cette manière pour comprendre ce qu'il désire. Un autre sourire éclaircit son minois en plus de son regard déterminé. Un regain d'énergie de sa part. Un peu plus et elle se met à faire un jogging tellement, elle a hâte de lui offrir cet entraide.