Vous étiez trois gamins, près d'une des côtes de l'île, balais en main, et prêts à faire une immense connerie plus que dangereuse, un beau jour de juillet. C'était les vacances, tu avais pour plan de te reposer, mais bien entendu il fallait toujours que le destin ruine ta vie constamment. Tu avais fini par oublier, avec le temps, le projet complètement idiot de cette Star Butterfly -vraiment un nom niais et ridicule qui te donnait la gerbe-. Tout avait commencé quand vous aviez débuté une séance de révision. Ackerman avait parlé du Snargalouf, cette plante considérée comme particulièrement inutile, un ingrédient de potion qui pouvait être facilement contourné. Elle avait pour particularité d'être relativement dangereuse, ainsi que celle de pouvoir être utilisée comme arme à cause de ses tentacules piquants.  Bien entendu, comme ce n'était encore pas assez drôle, la plante était carnivore et se nourrissait des animaux qui passent. Et humains comme sorciers entraient dans cette catégorie animale. L'idée d'aller à la rencontre de ce genre de créature végétale avait apparemment enchanter la petite psychopathe.

Cette psychopathe n'avait pas du tout oublié son projet et sa soif d'aventure, à ton grand regret, et surement à celui d'Ackerman. A peine les élèves de votre âge étaient-ils autorisés à sortir que la blonde s'était jetée sur l'occasion, et était venu vous chercher tous les deux. Vous saviez bien l'un comme l'autre que si vous refusiez, elle allait y aller seule, ce qui était pire que tout.

Tu étais toujours aussi nul en magie, alors tu avais pris avec toi une faucille, car quoi de mieux pour se battre contre un bout de végétal affamé ? God, cette situation était tellement abrutie. Tu aurais aimé te garer dans la "Nobody gives a fuck" zone, mais tu savais au fond de toi que tu ne pouvais laisser une petite inconsciente courir vers ce genre de danger sans agir. Avertir un professeur aurait surement donné encore plus envie à la gosse d'y aller, donc c'était une idée à bannir. Tu ne savais absolument pas si toi et Ackerman suffiraient pour protéger la petite, mais ta camarade Cerviralde semblait être une personne sérieuse et remplie de sang froid. Le tiens était toujours bouillonnant, et ce n'était un secret pour personne : tu étais le roi de l'énervement, de l'impulsion et de la panique.

Il fallait que vous rentriez avant le couvre feu, et si possible avant que le repas soit servi, car tu étais bien trop fauché pour t'acheter de quoi grignoter si tu loupais le dîner, et c'était hors de putain de question. Vous aviez donc décider d'aller chercher la foutue plante vers quatorze heures, après avoir dégusté un bon repas tous les trois en ville pour discuter de votre plan d'action. Spoiler : vous n'en aviez trouvé aucun. Comment prévoir les actions d'un pissenlit démoniaque ?!?? C'était surement le moment le plus gênant de tout le repas de ton point de vue.

Tu saisissais alors ton balai, regardant les deux autres élèves.

-Que l'on résume : on va sur l'île d'à côté, on oblitère cette plante, on récupère le cadavre histoire d'au moins pouvoir vendre ce truc, que ça n'ait pas servi à rien, et on se barre directement. A dix-neuf heure c'est temps mort ! Si on a pas trouvé cette putain de merde chlorophylle, je me BARRE, car il est HORS DE QUESTION que je loupe le repas de ce soir.

Tu montais donc sur le bout de bois. Tu n'étais pas MAUVAIS en vol, mais tu n'aimais pas voler. Tu n'aimais pas accorder ta confiance à un bout de bois magique qui clairement ne la méritais pas. Tu voulais juste finir ceci le plus vite possible. Ton scénario de rêve, c'était d'arriver dans la forêt, et, oh, incroyable, la plante était juste là et OH !, encore plus incroyable, elle était endormie. Plus qu'à prendre son coeur dégueulasse avant de se barrer, et le tour été joué en même pas une demie heure. Mais tu savais parfaitement que si il y avait un Dieu là haut, il te détestait, et il allait tout faire pour te saboter et t'empêcher d'avoir ton après midi relaxation à regarder Netflix -et non Stupeflix, car tu voulais parfois te couper de ce monde de dingue de baguette magique et de balai volant-.

Pour revenir sur le balai en question, d'ailleurs, celui-ci commençait déjà à s'élever, et tu regardais les autres, pour les encourager à faire de même. Vous commenciez donc la route pour aller sur l'île la plus proche. Aucun de vous ne savait vraiment si vous alliez trouver la plante ou non. Comme à ton habitude, tu décidais de te plaindre. Te plaindre, c'était ta manière de respirer.

-J'espère au moins qu'on aura pas fait toute ces conneries pour rien. Je déteste voyager en balai. C'est la pire invention de l'univers, qui est l'attardé qui a eu cette idée ?! Il n'aurait pas pu utiliser un lit volant où une connerie du genre ? Le confort aurait été bien meilleur que d'avoir un bout de bois dans le cul !!

C'était vraiment à prévoir : à peine aviez-vous posés les pieds sur le sol, Star s'était lancée à la recherche de la stupide plante. La pauvre blonde ne réalisait certainement pas que la plante la trouverait surement avant qu'eux ne la trouve. Ces ronces tentaculaires étaient fortement réputées pour être dangereuses et agressive. Tu avais de nombreuses craintes, et l'une d'entre elle était qu'une liane vienne s'enrouler autour de toi pour t'emporter rapidement vers une mort certaine, ou un hentai. Tu ne désirais vraiment aucun des deux, et tu te retrouvais très attentif de ton entourage, sur tes gardes. La seule chose de positive, c'était que vous étiez sur la terre ferme, et non plus sur un balai inconfortable.

La fôret était ce typique paysage de conte de fée, ou de roman fantastique pour adolescents. Les branchages des arbres montaient haut, les feuilles recouvrant le ciel, ne laissant que quelques rayons de soleil passer, tâchant le sol de lumières mouvant au rythme des courants d'airs. Le sol était couvert d'herbe, de plantes, de fleurs comme de feuilles. Des roches et de vieilles souches rendaient le chemin difficile à naviguer, glissant, les tout étant couvert de mousses vertes et jaunâtre. C'était dans ce genre de moment que ton trouvais ton balai enfin utile : celui-ci te servait de canne. Tu te sentais comme Gandalf, ou n'importe quelle vieux mage muni de ce genre de soutien. Il te manquait juste les connaissances pratiques.

L'odeur était humide, et tu pouvais presque dire que l'air alentour avait un goût de verdure. L'endroit était si féérique que tu t'attendais presque à voir de vieilles ruines magiques au tournant d'un grand tronc. La seule chose hors du commun que tu avais pu remarquer, cela dit, étaient quelques écureuils, par-ci par là, se baladant de branche en branche. Pas de temple recouvert par le lierre. Pas de créature magique les espionnant derrière quelques buissons. Pas de centaures protégeant leurs terres.

Pas de snargalouf.

C'était surement le mieux, d'ailleurs, vu comment la blonde fonçait dans chaque buisson qu'elle voyait, nez le premier.

-Tu devrais VRAIMENT être plus prudente, Butterfly. Tu vas te faire arracher la gueule si ce qu'on cherche est vraiment dans un putain de buisson.

Tu pris la décision de prendre ta faucille dans ta main, au cas où. Ca allait être à toi d'être le leader : tu devais passer devant, ou la plante allait certainement détruire cette foutue gosse. D'un signe de tête à Mikasa, tu lui indiqua de rester près de la plus jeune, t'avançant alors pour loin dans la forêt. Le moindre bruit te glaçait le sang, mais tu voyais la peur que tu ressentais comme une qualité. Tu étais celui le plus apte à réagir au moindre signal. Ackerman ne semblait pas avoir peur, et Star... Était Star. La peur ne devait pas exister dans son dictionnaire.

C'est la peur qui te fit réagir rapidement quand une liane pointue t’agressa. Tu eus le réflexe de la trancher d'un coup sec. Le problème était le suivant : tu étais réactif, oui.

Mais tu n'étais pas fort, ni rapide.

Une autre liane avait déjà eu le temps de s'enrouler autour de ton mollet, te tirant d'un coup sec. Tu ne pu empêcher d'hurler "HOLY FUCK-" en te faisant emporter, tombant au sol d'un coup sec. Ta faucille te permit te t'accrocher à une branche, le temps que les deux filles remarquent ton problème, avant que la dîtes branche ne se casse. Tu ne fis pas vraiment attention à la suite des événements, tout était très confus : ta vision était remplie de terre, de feuille, d'herbe. Tu te faisais traîner dans la boue à une vitesse ahurissante ! Ce truc avait réussi à te chopper de si loin ?! Ta course ne s'arrêtait pas, elle ne s'arrêtait jamais, et ton nez se cogna sur le sol, sur une pierre, dans une fucking flaque d'eau. Ta tête te faisais mal, à force de rebondir sur tout ce qui passait en dessous de toi.

Soudainement, plus de soleil, plus de lumière. La surface sous la peau de tes mains t'indiquais que tout autour de toi était fait de pierre. L'echo te donna un indice supplémentaire quant à ta location, mais tu pu vérifier celle-ci une fois que le mouvement s'arrêta.

Tu étais suspendu par un pied, la tête à l'envers, dans une petite grotte. Quelques cadavres d'animaux t'indiquaient que tu allais passer un très mauvais moment. L'odeur était affreuse, mais heureusement, et ce malgré le bruit aigu et constant dans tes oreilles, tu entendis les filles arriver à l'entrée de la grotte en courant. Elles avaient du te courser.

Tu n'étais pas en état de te battre : mais tu allais faire de ton mieux.

Tout ce qui était en train de se passer était si flou. Tu entendais des cris, des bruits de pas, voyais des formes floues bouger devant tes yeux. Tu avais du sacrement te cogner quand la plante avait décidé de te traîner au sol, car toutes tes sensations étaient comme amoindrie, chacune de tes pensées difficiles à formuler. Tu mettais même du temps à comprendre ta situation : la tête en bas, les pieds en l'air, retenus par quelque chose (tu te souvenais vaguement qu'il s'agissait d'un végétal). Tu sentais un liquide couler sur ton front, jusqu'à tes cheveux, sous l'effet de la gravité, mais n'avait aucune idée de la nature de celui ci. Tu avais mal au crane, et tu avais justement peur que ces deux choses soient étroitement liées, surtout avec ta peur du sang. Tu fermais les yeux un moment, tes paupières lourdes, et ta tête comme pressée par un manque de force.

Tu tentais de te concentrer sur d'autre choses, mais la douleur était ce qui revenait le plus : tu la sentais dans ses bras, tes jambes, ton dos. Tu avais du te cogner sur pas mal de roche durant le brusque chemin. Ton coude te picotait, signe surement qu'un peu de peau était partie, et donc surement un peu d'uniforme. Génial. Mais ce n'était surement pas le plus alarmant.

Le plus alarmant était la soudaine chaleur.

Tu avais beau avoir les yeux fermés, tu pouvais voir une lumière danser derrière tes paupières, ton visage devenir de plus en plus chaud, et le bruit de crépitement. Tu te rappelais vaguement avoir entendu un "Incendio", et c'est grâce à ce dernier indice que tu avais pu faire le lien. Mikasa Ackerman avait du lancer un sort, en te voyant prisonnier de la plante... Et n'avait pas du très bien viser. Tu ne pouvais toujours pas bouger non plus. Cette dernière information te fit réagir. Tu commençais à paniquer, et heureusement, d'ailleurs, car c'est le rush d'adrénaline qui te permis de reprendre tes esprits, et d'ouvrir les yeux. Tu étais en effet tête à l'envers, et la grotte, remplie de végétaux sur les parois, avait en effet commencer à prendre feu. En tournant la tête légèrement, tu pu apercevoir ton ami Cervirald, dans une situation tout aussi "retournée" que la tienne. En regardant sous ses pieds (ou plutôt, sa tête), tu remarquas sa baguette, ainsi que ta faucille, tous deux abandonnés sur le sol. La plante qui vous avez prit en otage, aussi étrange que cela puisse paraître, tentait de parer les coups d'une jeune fille munie d'un sabre laser : Star, te murmurait ton cerveau.

La situation était ridicule. Si tu n'étais pas si assommé, tu aurais même pu rire d'à quel point tout semblait invraisemblable.

Quand tu vis une branche enflammée près de la créature chlorophylle, tu compris. Ton cerveau marchait de mieux en mieux, et tu réussi à tirer la conclusion que c'était la jeune Strixyst qui avait foutu le feu à la grotte. Parfait, quoi de mieux que d'avoir des mouvements restreints dans un endroit en pleine auto-destruction ? Il te fallait agir, et vite. Tu attiras à nouveau ton attention vers ta faucille, et tendit le bras au mieux que tu pouvais. Ta petite taille était un gros désavantage, et tu savais que si tu avais fait cinq centimètres de plus, tu aurais pu l'atteindre. Inspirant un grand coup, tentant d'ignorer ton état, ton fronça les sourcils, et commença à te balancer d'avant en arrière, d'arrière en avant, pour essayer d'obtenir de l'élan, un élan qui te serait nécessaire à l'obtention de ton arme, et donc surement de ta liberté.

Quand tu rouvris les yeux à nouveau, ta tête tournait. Il faisait chaud, des flammes dansaient devant toi dans la souche de la plante, tu étais couvert de boue et de poussière. Au sol. Apparemment, quelqu'un t'avait libéré de l'emprise de cette créature chlorophylle, et tu n'avais aucune idée de s'il s'agissait de Mikasa, ou bien de la plus jeune Star. Cette connasse aux lianes magique t'avait complètement détruit le crâne contre un mur, et tu avais perdu connaissance pendant un bon moment, te laissant devant les deux jeunes filles, la vision floue, et aucun souvenir de comment vous vous étiez débrouillés pour vous libérer. Tu te relevais lentement, et faisait face au chaos.

La plante faisait bouger ses tiges gigantesques et des branchages dans toute la grotte, alors que ses feuilles prenaient feu petit à petit. Elle mourrait silencieusement, mais votre mort, à vous, n'allait pas être silencieuse si vous restiez juste planter là sans rien faire. Il vous fallait fuir. Tu récupérais enfin ta faucille, et grognant, tu pris la première tige passant devant vous pour tenter de la couper. Tu n'avais plus de force, et luttait contre un évanouissement qui serait certainement bien plus long que ton précédant, mais avec des efforts, tu réussis à la couper, avant de faire de même pour les autres, aider de Mikasa et de Star, qui elles aussi avaient de quoi se défendre : leur baguette.

La lumière du jour te fit mal aux yeux quand vous réussirent enfin à sortir de la grotte. Le crépitement et la lumière du feu étaient encore visible du fond de la grotte, et tu ne put t'empêcher de penser que couper les lianes avait été une bonne décision : au moins, l'incendie ne se propagerait pas plus loin.

Le chant des oiseaux et le bruit du vent dans les feuilles était bien trop calme par rapport à ce que vous aviez affronté dans cette grotte. Obscurité, feu et blessure, opposé à la douce odeur d'herbe et de nature silencieuse. Le changement de paysage t’apaisa. Un peu trop, d'ailleurs. Ton corps te faisait passé le message que tu devais t'évanouir. Ca allait arriver. Tu le savais. Tu saignais, et tu ne supportait pas le sang, hemophobe depuis ton plus jeune age. Tu pointas d'un signe de main faiblard, sans un mot, la poche de Mikasa, dans le but de lui indiquer qu'appeler à l'aide serait certainement une bonne idée, mais tu ne pu prononcer la moindre parole. Tout ce qui s'échappa d'entre tes lèvres fut le souffle le plus ridicule et pitoyable que tu n'ais jamais fait, et la seconde d'après, tu étais par terre, devant la grotte et face dans la boue, évanoui dans la position la plus grotesque jamais vu, bras écartés et jambes pliée. Bonne nuit, Karkat Vantas. Ou plutôt : joyeux petit coma.