Si seulement ce n'était que les battements d'aile qui se donnaient la peine de retentir dans les couloirs.....mais non. Il faut toujours que j'en fasse trop. J'entends déjà dans ma tête l'insupportable voix de Jack à me dire d'un ton un peu trop paternel à mes oreilles : "Oh t'es vraiment too much! Espèce de dramaking! Tu le fais exprès!". Bon peut-être pas si insupportable sa voix finalement, je vais pas cracher sur ce qui me sert de vide-....de petit-ami. Ca va je rigole, lui dites juste pas que j'ai dit ça. Mais entre nous, l'urgence n'est pas vraiment à si je vais me faire gronder par Daddy Morrison ou pas mais plus si je vais sincèrement sortir vivant de cette course poursuite. Ah oui, une course poursuite oui. Je vous raconte. Portrayez-vous un peu ça dans le crâne;

Moi sur mon balai, à hurler de toutes mes forces et sans aucun doute d'un ton que je ne qualifierai pas de viril avec des, que dis-je, un troupeau, une armée de pixies à mes trousses.

Alors la question qui se pose c'est pourquoi ai-je décidé d'y aller seul alors qu'il était convenu que je le fasse avec le blond? Et bien j'ai plein d'excuses. Ou de raisons plutôt. Parce que déjà, de un, faire une insomnie, c'est ennuyant. Et de deux, il a la flippette des pixies! Il peut que être content que je fasse le sale boulot à sa place finalement. Pretty blondie n'irait pas se salir les mains après tout. Tsk.

Mais maintenant que les bases sont posées, on peut enfin entrer dans le feu de l'action. J'en étais où déjà? Ah oui, la course poursuite. Je file à toute vitesse dans les couloirs, non sans me prendre des coups de griffe alors qu'elles essayent de s'accrocher un peu partout. J'ai l'impression que leur vrombissement commun ne fait que se rapprocher un peu plus chaque seconde et je suis presque sûr que si je me fais attraper, elles me boufferont vivant et j'ai vu assez de films de zombie pour savoir que se faire bouffer vivant par un groupe d'individus plus ou moins monstrueux, c'est dans le top 3 des morts les plus douloureuses. Donc pas mon premier choix.

Devant moi, je finis par apercevoir un tournant serré. Beaucoup d'entre elles pourraient se retrouver assommées pendant assez longtemps si je gère bien le truc mais moi aussi...Cela dit, pas le temps de réfléchir que d'un grand coup de balai, j'entendrai presque les poils crisser dans l'air et réussit heureusement mon virage avec brio. Comme prévu, un bon quart d'entre elles n'ont pas eu la même chose et s'écrasent en de petits couinements contre le mur. Je ne peux m'empêcher de lâcher un ricanement alors que je regarde derrière moi pour admirer leur misère. Mais c'est sans compter sur Jack Morrison en personne, qui se tient là à quelques mètres de moi, en plein milieu du couloir. Quel con. C'est vrai qu'on avait rendez-vous. Ici même. J'ai de toute manière toujours été un homme d'actions plutôt que de promesses. Tant pis, il va falloir le prendre en un passage éclair. D'une voix rauque qui ne saurait cacher la panique même de la situation, j'hurle:

-"CHAUD DEVANT, BARBIE!! PRÉPARE-TOI A SAUTER SUR LE BALAI!!!"

Comme si j'allais attendre qu'il m'en donne l'autorisation. Ça serait mal me connaitre. Arrivant à une vitesse folle sur lui, je tends un bras, l'autre bien accroché à mon balai et saisit sa main avec force pour littéralement le catapulter à l'arrière de mon balai. Avec une chance que je qualifierai de cocu, bien que ce ne soit pas le moment de se poser des questions sur la fidélité de Jack, j'hurle cette fois-ci d'euphorie pour mieux me rendre compte que c'est un couloir qui se finit par une fenêtre. Dans ma naïveté la plus totale, je ricane, je me permets de tourner la tête vers Jack pour lui jeter un sourire narquois:

-"Votre Uber est arrivé~ Pensez à me mettre 5 étoiles quand on arrivera à bon port.....et vivant."

Bonjour la fenêtre qui se brise en mille morceaux qu'on traverse en un fracas de verre, le manche à balai en premier et au revoir tout espoir de ressortir de cette histoire vivant ou du moins-...En entier.