Vagabondage d'hiver

C’était un samedi matin. Assez tôt. Le rythme loisir/travail du jeune homme était totalement décalé. Il se couchait tard, après avoir pris du retard sur ses devoirs, préférant trainer longuement dans le dôme. Il avait du mal à se concentrer. Beaucoup trop de sujets de distraction lui occupaient l’esprit. Ce qui n’allait pas s’améliorer avec l’arrivée du marché de Noël. Pourtant, il avait déjà des cadeaux pour toute sa famille. A l’exception de ses parents. Il avait encore le temps d’y penser. A part ça il n’avait aucune raison d’aller se perdre dans les méandres des étalages une fois ces derniers ouverts.

Par ailleurs, l’arrivée du froid marquait aussi l’arrivée des maladies. Son frère n’allait pas y échapper et il prendrait, comme à son habitude, beaucoup de son temps pour s’occuper de lui. Il se remettrait même à la cuisine sans doute.
De toute façon, le mois de décembre était le pire mois de l’année pour être scolairement productif. C’était toujours là qu’on se rendait compte de tout ce qu’on n’avait pas fait, de toutes ses résolutions qu’on n’avait pas tenues… Alors pourquoi diable avait-on fait en sorte d’y caler les examens blancs ?
Lovino avait besoin de souffler et de faire le point sur lui-même. Il y avait trop de choses qui se bousculaient dans sa tête : travail, amour, avenir. Il avait besoin de se recentrer un peu sur ce qui était vraiment important pour lui. C’était dans ce but qu’il était venu au jardin d’automne.

Les camaïeux de rouges et d’oranges de l’espace offraient une atmosphère chaleureuse. C’était le jardin préféré de l’italien. Loin de la pureté et du froid de celui d’Hiver, du débordement de couleurs et de pollens de celui du Printemps et pas aussi chaud que celui d’Eté. Certes il y pleuvait souvent, mais la canopée des arbres, plantés dans un savant mélange d’aléatoire organisé, offrait un semblant d’abris. Parfait pour se reposer l’esprit.
La forêt automnale avait déjà vu passer le jeune homme maintes fois depuis sa première année. De moins en moins cependant. Signe que sa vie se simplifie non ? Pourtant, ce n’est pas ce que lui indiquait sa tête.

La pluie lui avait fait grâce de sa présence. Les feuilles d’automne crissaient doucement sous les pas du brun. Il ne connaissait pas sa destination exacte, se laissant guider par les couleurs. Après les feuilles rouges, il suivait les oranges, puis les jaunes pour revenir aux rouges. Se prenant au jeu, il zigzagua un moment au cœur du jardin.
L’esprit du jeune homme se libérait petit à petit. Sans savoir pour autant comment les résoudre, les problèmes prenaient place sur une liste bien rangée par ordre de priorité. Son imagination clarifiée prit le pas. Dans sa bulle il oublia le temps qui passait et les autres rares étudiants qui s’égaraient dans le petit parc.
Comme souvent une histoire commença à prendre place dans un coin de sa tête pour finir par occuper tout l’espace. Il voyait ses personnages se mouvoir dans son monde qui avait remplacé tout ce qui l’entourait.
L’italien finit par s’allonger à même le sol sous un grand châtaigné donc les feuilles jaunes aux pointes rouges tombaient régulièrement sans que la densité du feuillage de l’arbre ne semble diminuer. Il avait une nouvelle histoire à raconter à son frère.

Codage par Libella

Vagabondage d'hiver

Dans un sursaut de surprise, le jeune homme vient se fracasser le front contre celui de la fille qui venait de lui tomber dessus.

« Raiponce, empaffée ! » Il roule sur le coté en se massant le front. « Ca va ? »

Est-ce qu’elle était tombée de l’arbre ? Si c’était le cas, ça voulait dire qu’elle était là depuis un moment et qu’elle l’avait sans doute aperçu jouer avec les feuilles et suivre des chemins imaginaires. Un vrai gosse vu de là haut, il en était sûr ! Surtout qu’elle n’avait pas pu assister à la scène épique qui se déroulait dans sa tête. Il partagerait bien son histoire avec elle mais Feliciano avait la priorité.

Il avait rencontré la jeune femme en première année et prenait plaisir à lui raconter les contes et récits qu’il avait déjà narrés à ses petits frères. Il avait rapidement constaté qu’ils pouvaient s’entre inspirer. Les tableaux que peignait la jeune fille était très choyant, et ouvrait l’esprit de Lovino. Son discours, ses descriptions étaient plus douces, certaines scènes plus précises.

La voir ici alors qu’il se pensait seul aurait pu l’agacer mais au contraire. Maintenant que son esprit était libre de toutes pensées parasites, la liste de ce qu’il devrait mettre en place établie, il était content d’avoir de la compagnie.
Certes, il avait eu plus de facilité avec les gens au fil du temps. Surtout depuis le début de sa cinquième année. Ca avait pris du temps mais on commençait à se faire à sa Tourette. Mais avec Raiponce, s’était autre chose. Une vraie amitié. Pour commencer, elle n’avait presque pas de différence d’âge avec lui. Et ça parmi les personnes qui le supportaient c’était rare. Les grands avaient cette fâcheuse tendance à faire comme si tout allait bien. Pourtant, leurs yeux trahissaient souvent un inconfort, un méprise ou tout simplement de l’exaspération. Elle, elle ne lui lançait pas ce genre de  regard, elle ne lui rabâchait pas les oreilles avec son symptôme. Non avec elle, il avait vraiment l’impression de juste ne pas avoir de problème.

Se redressant un peu, il jeta un coup d’œil à l’arbre. Tsss, il aurait du s’en douter. Les branches y étaient nombreuses, ce qui facilitait l’escalade. Elle qui adorait les hauteurs... Il était mauvais pisteur, ça il le savait. Ca n’empêchait qu’il aurait pu être plus attentif. Les couleurs automnales avaient dû attirer la jeune fille. En y regardant de plus près, elle avait quelques tâches de peinture dans ses mèches de cheveux. A moins que les marques ne soient un peu plus vieilles que ça, elles étaient très ténues. Autant demander.

« Qu’est-ce que tu faisais là haut ? »

Il détail la jeune femme et tout en attendant sa réponse. Tiens, son écureuil était là aussi. Evidemment, l’un n’allait pas sans l’autre. Tout comme lui et Sara, sa meilleure amie tableau. Sauf que Sara c’était un peu plus compliqué de l’apporter partout. Justement parce qu’il fallait la porter.
L’italien tendit une main amicale pour aider la jeune fille à se relever, espérant ne pas l’avoir congé trop fort.

Codage par Libella