Don't be scared to fly high, 'cause it will inspire others

C'était la première fois en trois semaines que je terminais ce que j'avais à faire aussitôt. On était en fin d'après midi, la plupart des élèves avaient quitté les serres depuis bien vingt longues minutes. Les serres étaient rangées - pour une fois - c'était agréable à voir. Ayant profité du week-end pour corriger toutes les copies que j'avais à rendre aux élèves, ma soirée s'annonçait comme calme. Je pouvais déjà sentir le chocolat chaud de la cafet' à pleine narine. M'habillant chaudement, je sortis des serres avant de recevoir une bouffée d'air frais qui vint déranger mes cheveux plaqués en arrière. Une moue se traçait sur mon visage tandis qu'un frisson parcourait mon corps entre les mailles de mon manteau grisâtre. Il faisait vraiment froid.

Je comptais rejoindre mes collègues dans la salle des professeurs, mais mon téléphone se mit à retentir dans la poche de mon jean un peu trop serré. Je passais mes doigts avec difficulté dans les poches de ce dernier pour récupérer mon téléphone. C'était un rappel : j'avais proposé mon aide à un élève de septième année, au terrain de quidditch. Ah.. Ouais, ça. J'avais complètement oublié. Retour en arrière : Direction l'espace sportif. Bon, je n'allais pas souvent dans cette partie de l'école, malgré ma curiosité. C'était l'occasion de visiter un peu. J'essayais, tout en visitant, de me souvenir des dires de mes collègues et de certains élèves. De ce que j'ai pu comprendre, l'entrée du stade ne devrait pas être trop loin de ma position, si on se basait aux structures des différents bâtiments.

- On se les gèle, ici, pensais-je à voix haute. Le temps était couvert, mais pas au point d'empêcher le vol sur balai pourtant le stade était vide : j'avais prêté attention à ne pas empiéter sur un entraînement d'une équipe de quidditch ou un cours de vol.

Je cherchais, en vain, l'élève en question. C'était un jeune homme de taille moyenne à la peau bronzée, Lance McClain. Où pouvait-il se trouver ? J'aurais plus de chance en m'encloîtrant en hauteur, dans les gradins, de l'apercevoir. Puis, il faisait moins frais ici. Bon, il y avait toujours cette brise légère mais.. Ce n'était pas trop désagréable.

Une silhouette au loin finit par m'interpeller. J'arrivais sans l'ombre d'un doute à discerner les formes du jeune homme que j'allais entraîner. Je lui fais signe de manière à ce qu'il me voie. Je m'écrie quelques mots - Par ici ! - pour que le jeune m'entende. Puis bon, il n'y avait personne d'autres dans le stade de toute façon, pas besoin d'abstenir mes cordes vocales.

Codage par Libella sur Graphiorum

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J'avais fini par descendre des gradins dans un bruit de grincement qui ne manqua pas de se faire remarquer tant ce dernier était désagréable. Mes pauvres oreilles souffraient clairement le martyr sans parler des quelques souvenirs des craies grinçant sur le tableau. Je me repris, secouant légèrement la tête pour m'en remettre avant de rejoindre le jeune homme en lui souriant. Un sourire de ma manière toujours aussi niaise et bienveillante de le faire. Ce sourire qui faisait tout mon charme, du moins, je l'espérais ? C'était celui qui venait naturellement quand je voulais rassurer un élève ou que j'enseignais à ses petits loupiots d'élèves. C'était donc sans grande surprise qu'on le retrouve quand je m'apprêtais à donner mon premier cours de vol à un élève. En parlant de ça, je n'étais clairement pas sûr que je pouvais le faire – j'aurais peut-être du consulter Shiro en y repensant.

Quoique, peut-être l'aurait-il pris personnellement et penserait que je remettais en question ses manières de faire son métier. Et clairement, un conflit avec bon ami japonais n'était pas spécialement ce que j'avais envie dans l'immédiat. Puis, en y repensant, j'étais agrégé à enseigner et avais clairement les qualifications requises vu mes grandes connaissances sur le quidditch et tout le tatouin qui vient avec – mais en tant que chercheur, il était naturel que de me diriger vers une branche correspondant mieux à mes aptitudes. En effet, un docteur en botanique, malgré sa bonne volonté, serait clairement plus utile dans des serres que sur un terrain de sport.

« Ne vous excusez pas, ce n'est rien, Mcclain – en fait, pour tout vous avouer, je viens moi-même d'arriver il y a à peine cinq minutes. »

Je frissonnais à son tour - il était vrai que le temps n'était clairement pas des plus agréables dans les jours d'hiver canadien mais c'est aussi ça le sport, devoir se bouger dans les conditions plus ou moins extrêmes. Je ne me fis non plus nul doute que si le cubain pouvait réussir dans ses conditions, le refaire dans des conditions plus favorables seraient un jeu d'enfant. Je hochai donc la tête de manière négative suite à sa question pour lui faire comprendre que j'étais déterminé à poursuivre ce cours particulier.

« Je travaille à l'extérieur toute la journée, vous savez ? » disait-je tout en prenant mon temps pour glousser un instant avant de reprendre, mes joues et mon nez toujours aussi rougeâtre à cause du froid. « … Vous savez ce qui pourrait vous réchauffer ? Un bon entraînement avant d'essayer de faire voler votre balai. Enfin, si vous voulez toujours bien sûr – je suis là pour vous aider, pas pour vous forcer. »

Je frottai mes mains entre elles pour me réchauffer tout en regardant le matériel que l'Ursirre avait ramené, c'est à dire tout ce qu'il fallait pour un bon entraînement et sa tenue pour s'assurer que la sécurité – sur laquelle je mettais tout le temps un grand point d'honneur – était de la partie elle aussi. Je pus clairement voir qu'il manquait quelque chose dans son matériel – de la confiance en lui. C'était pourtant le B-A-BA de ce sport. Je me rapprochai donc avant de poser ma main sur son épaule.

« Hey, et vous le faites pour vous, pas pour moi. J'ai besoin que vous croyez en vous car, je pèse mes mots – je sais que vous en êtes capable. »

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Je me positionnais de manière à pouvoir agir à tout instant si l'élève perdait l'équilibre. Ma main droite se trouvait proche de ma baguette, cette dernière accrochée à ma ceinture, une mesure de sécurité nécessaire si je ne voulais pas devoir l'amener à l'infirmerie. Je regardais - ou plutôt, j'analysais le spectacle que l'Ursirre me présentait avec minutie. Savoir garder son aise était une des clés pour réussir que ce soit en cours de botanique, ou dans le cas actuel, sur un balai. Je pouvais cependant noter une bonne maîtrise de son balai. En même temps, en tant que premier cours de vol, l'enfourchement devait être un entraînement maîtrisé, voir un automatisme pour quelqu'un qui inspirait rejoindre une équipe de Quidditch.

« Je vous l'accorde, les conditions ne sont pas parfaites pour un entraînement.»

Bien. L'entraînement pouvait commencer. Je levais mon pouce, celui de ma main gauche pour lui signaler que tout était bon. Je récupérais ma baguette, la tenant fermement dans ma main avant de lancer un simple acio informulé à ma droite en direction d'une malle gravée de pourpre et vert. La malle renfermait le nécessaire au jeu. Un souafle, donc l'utilité première était de marquer les points, les cognards, des balles ensorcelées et fermement attachés par des chaînes, celles qui se firent remarquer sans même à avoir à ouvrir la malle. Le bruit de ces derniers était facilement identifiable tant les maillons des chaînes qui se fracassèrent les un contre l'autre était distinct par un cliquetis sourd. Le Vif d'Or, pour terminer une beauté. Cette petite balle permettant de mettre fin au match tout en offrant 150 points pour l'équipe qui l'attrape : en soi, la balle la plus importante. Après avoir ouvert cette dernière, je récupérais le souaffle de manière à le tenir dans mes deux mains.


« Bien. Votre posture est la bonne. Gardez juste le dos bien droit et ne vous mettez pas la pression. Ce n'est qu'un entraînement.» Je me demandais si Shiro' serait fier de moi. Il était ce qu'il y avait de meilleur en terme d'entraîneur, certes, mais je suis sûr que je me débrouillais. J'espérais qu'il l'était s'il... le savait. Je reprenais mes esprits avant de regarder l'élève d'Ursirre dans les yeux, un sourire bienveillant sur mes lèvres.


« Vous me faites deux tours de terrain tranquillement pour vous échauffer et on se fait des passes ?»

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C’est à partir du moment où l’élève de la maison Ursirre commença à faire des tours de terrain que le professeur de botanique se mit à se préparer pour le prochain exercice. Les passes. Darren aurait aimé prendre la place d’un poursuiveur à l’époque, dans une équipe de Quidditch. Mais ressasser de vieux souvenirs n’était pas le but de la démarche, on parlait ici de la réussite d’un de ses élèves ; il s’était donc préparé en conséquence pour l’occasion. Il descendait des gradins, après avoir déposé son téléphone et tout ce qui pourrait se briser en cas de chute sur le siège où il s’était installé. Bien sûr, il surveillait toujours Lance du coin de l’oeil, prêt à agir au cas où. On n’était jamais assez prudent.

Il descendit les marches et une fois au pied des escaliers, le professeur se dévêtit de son gros blouson pour dévoiler une tenue adaptée pour l’activité tout en le protégeant un minimum du froid. Et d’ailleurs, il faisait vraiment froid. Peut-être un peu trop à son goût. Le mois de février ne pardonnait pas dans les contrées de la Nouvelle-Écosse. Il souffla donc longuement du nez avant de frotter ses mains entre elles pour les réchauffer. Une fois cela fait, bien que l’action fut rapidement vaine à cause de l’air frais, Darren se dirigea dans le coin où étaient entreposées quelques affaires. Du matériel de base : balai, gants... Des protections de toute sorte.

Tandis que l’élève finissait ses tours avant de le rejoindre de nouveau, le professeur s’était équipé puis échauffé. Cet entraînement était pour lui une nouvelle occasion de monter sur un balai. C’était comme le vélo, ça ne se perdait pas, mais c’était toujours aussi agréable de sentir le vent venir hérisser ses poils une fois sur l’engin. C’est donc non sans appréhension que ce dernier était désormais en train de s'élever dans les airs. Il se tenait droit sur ce dernier, sans trop grande difficulté, bien qu’on pouvait voir qu’il n’avait plus spécialement l’habitude de se tenir dessus.

“Bien, je vois que vous pouvez au moins avancer et faire quelques tours de terrains ! C’était déjà plus que ce que je pouvais faire à l’époque.” dit-il tout en laissant s’échapper un petit rire.

Il se positionna dans une position lui permettant de contrôler son balai plus efficacement. Il semblait s'élever un peu plus dans les airs avant de jeter un oeil à Lance, non loin.

“On peut commencer l'entraînement. Prenons un peu d’altitude. Vous allez m’envoyer le souafle plusieurs fois, et je vais vous le renvoyer en échange. J’espère que ça vous va, McClain !”

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Cela faisait un moment qu’il n’avait pas volé, mais comme on le disait souvent, le balai c’était comme le vélo, ça ne se perdait point. Les jambes en l’air, il regardait de temps à autre le sol, un frisson parcourant son corps tandis que l’adrénaline grimpait elle aussi. Il aimait sincèrement ce sport, et bien qu’il gardait son sérieux le plus possible en tant que professeur, ça pouvait facilement se voir qu’il avait sauté sur l’occasion pour se trouver une raison de remonter sur un balai. Après tout, ce n’était une surprise pour personne. Tout le monde savait que Darren était un grand enfant. On pouvait se demander si cette recherche constante de paraître jeune était liée au fait de vouloir revenir en enfance. Enfin, on pouvait dire avec plus de sûreté que c’était simplement sa crise de la quarantaine. Cependant, il n’avait pas spécialement tout le temps de son élève, surtout qu’ils venaient dès lors de commencer les fameuses passes que ce dernier lui avait commandés de faire.

Ces échanges durent un moment, et le professeur remarqua que bien que Lance n’y arrivait pas avec la plus grande élégance, le résultat était là, et c’était ce qui comptait, au final. Darren lançait donc quelques encouragements de temps à autre, récompensant par les meilleures passes par des simples “Continue !” ou encore des “Bien !” simplistes mais efficaces. Il remarquait rapidement que ce dernier semblait déjà plus à l’aise avec le temps, une grande amélioration. Les échanges se faisaient presque naturellement au bout d’un moment. Quelques minutes eussent suffi pour qu’une progression se fasse remarquer, c’en était presque impressionnant. Peut-être un peu déconcentré de son côté aussi, le professeur fut surpris par le manque de réponse de la part de son partenaire et surtout élève. Le souaffle venait de tomber. Le professeur finit par ralentir pour se rapprocher bien plus longtemps de l’élève, remarquant au passage le froid qu’il avait quelque peu ignoré - bien que ne pas le réaliser serait plus exact, une fois dans les airs et en mouvement constant.

“Ce n’est rien, ça arrive. C’était déjà très bien.”

Il marquait une pause avant de lui offrir un sourire qui se voulait chaleureux, et quelque peu accueillant, comme il le disait c’était déjà un bon travail. Il se demandait cependant si ce dernier voulait marquer fin à l’entraînement, surtout que les conditions n’étaient pas les meilleures.

“Si vous le souhaitez, on peut continuer en s’entraînant au tir, mais on peut aussi s’arrêter. C’était définitivement un bon entraînement et dîtes-vous que même les professionnels du sport manquent des passes. C’est comme vous le voulez, surtout qu’il fait bien frais aujourd’hui.”

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