Mads est un bébé de l’été, mais il n’a connu que le froid. Il est né à Copenhague, en bon danois, mais ce n’est pas sa ville ; il a grandi auprès de ses parents, au Groenland, à Nuuk, au milieu des ours, des poissons et des expériences plus ou moins réussies de son père et sa mère. En effet, ses parents font partie des sorciers convaincus que la magie n’exclue pas la science, et vice versa. Depuis leur lecture de livres de science, ces deux sorciers farfelus se sont mis en tête de concilier science moldue et magie, et quoi de mieux qu’un lieu de science et assez peu habité pour faire cela ?

Seulement, voilà : Mads n’était pas un érudit. C’était un enfant impulsif, tourné vers l’activité physique, qui enchaînait bêtise sur bêtise. On lui disait de ne pas toucher à ceci, il se débrouillait de le faire tomber et de faire rater une expérience dont on attendait les résultats depuis des mois. Le balai de maman ? Volons-le pour suivre des ours, ça paraît être une merveilleuse idée. En bref, Mads était un casse-cou et une catastrophe. Son sourire édenté le sauvait régulièrement d’une bonne fessée, mais son but était clair : faire tourner le monde en bourrique. Lui apprendre la discipline semblait être une tâche impossible pour ses parents désespérés. Non pas que l’enfant ait mauvais fond ; mais il se mettait constamment en danger sans penser aux conséquences. Il a même failli mourir plusieurs fois en tombant dans des trous destinés à la pêche dans la banquise.

Malgré ses penchants pour les bêtises, Matthias était fasciné par le travail de ses parents. Lui aussi aurait voulu avoir un talent inné pour mêler science et magie, ou même un talent tout court. Son attitude de trompe-la-mort était juste une preuve de sa recherche personnelle ; il n’avait pas beaucoup d’enfants avec qui jouer, et encore moins des sorciers qui pourraient partager ses références à ses histoires préférées, ou avec lesquels échanger la tonne de cartes qu’il avait en double des Canons de Chudley. Naturellement, il fallait bien qu’il trouve de quoi se distraire, et courir partout semblait être une bonne alternative afin de passer le temps.

Il rêvait de ses ancêtres Vikings, grands, barbus, bourrus, qui plaçaient l’honneur avant tout autre valeur. Ainsi, un jour, il décida que voler à nouveau le balai sous clef de sa mère pour découvrir des terres nouvelles serait une merveilleuse idée, et qu’il reviendrait, victorieux, à la maison, avec un trésor sous le bras pour enfin prouver sa valeur à ses parents. Bien sûr, rien ne se passa comme prévu : bien trop jeune pour contrôler un balai correctement, Mads vola droit dans le toit de leur maison, passa à travers la toiture, brisa les poutres, et tomba pile dans le lit de ses parents, complètement assommé et vaguement sanguinolent de sa mésaventure. Il porte aujourd’hui encore la cicatrice qui témoigne de ce jour, fort heureusement cachée par ses cheveux.

Cette obsession pour les Vikings ne s’arrêta pas pour autant. Il était persuadé qu’un jour, il entrerait à Durmstrang, mais ses parents ne l’entendaient pas de cette oreille. Soucieux des tendances auto-destructrices et irréfléchies de leur fils, ils craignaient qu’une école dont les matières les plus célèbres étaient le duel et les arts occultes l’influencent de manière négative, et décidèrent de l’envoyer à Ilukaan par facilité. C’était plus sûr, plus près de Nuuk, et moins rempli de raisons qui pourraient tuer leur fils par inadvertance, ou par son propre fait.

Aujourd’hui encore, parfois, il lui arrive de regretter d’être entré dans cette école. Il se rêve encore sur ses langskip, en grand enfant immature qu’il est. Mais le destin a mis de précieux amis sur son chemin, et surtout un certain suédois, et au final, il se dit qu’il n’est peut-être pas plus mal ici qu’ailleurs.

(c) Ilukaan