Né à Téhéran Sindibad n’y passa pas beaucoup de temps avant que ses parents ne décident de déménager à Babolsar dans le Mazanderan d’où sa famille était originaire. En effet, le coût économique de la vie dans la capitale avait vite drainé les quelques économies de ses parents qui avaient décidé de retourner dans le nord du pays. Fils unique, l’enfance de Sindibad fût dans l’ensemble joyeuse. Tous les matins, il se rendait à l’école avant de profiter de l’après-midi avec sa mère et ainsi s’enchaînaient joyeusement les semaines avant que son père ne disparaisse de leur calme cadre de vie pour un temps, un long moment. Suite à la disparition de son père sa mère se retrouva seule à assumer le foyer familiale, à assumer son fils et sa vie. Tous les soirs, elle pleurait, tous les soirs Sindibad entendant sa mère de l’autre côté du mur imploré au retour de son cher et tendre époux.

Les souvenirs de Sindibad quant à cette époque sont confus, un jour son père était là, un jour il n’était plus pr évent dans le tableau familial et durant des mois l’enfant resta seul avec sa mère sans aucune nouvelle du chef de famille. L’enfant innocent jouait sur le porche de sa maison attendant le retour de son père en jouant avec le chat de la famille. Tous les soirs, il fixait la rue en attendant le retour de son papa avec qui il aimait aller pêcher. Le jour où sa mère perdit espoir son père revint au foyer. Sindibad courra vers lui en hurlant et se jette sur son père qui le réceptionna tant bien que mal.

Le retour du père de Sindibad ne ramena pas pour autant l’insouciance et l’innocence de l’enfant, mais son père était de retour… blessé, mais enfin chez eux. L’homme qui était en si bonne forme avant avait besoin d’une canne pour se déplacer, sa mère avait une mine plus sombre et semblait plus fatiguée et bien qu’ils tentaient d’être discrets à cet égard l’enfant n’était pas stupide. Il avait vu d’autres personnes se faire emmener par les gardiens de la révolution dans leurs camionnettes blanches loin des regards.


C’est ainsi que Sindibad grandit dans une espèce de secret, de non-dit. Il participa à ce non-dit en restant silencieux et en gardant ses questions pour lui. Il continua d’aller pêcher sur la mer Caspienne avec son père, il continua d’accompagner sa mère aux courses jusqu’au moment où il intégra son école pour garçons. Bien que l’école tente de l’éduquer il passait plus de temps à regarder par dehors qu’à écouter Hâfez, les mythes du Shâhnâmeh ou Darius et Alexandre. Il s’endormait lorsque la Révolution arrivait, il dessinait lors des cours d’éducation à l’enseignement des mollahs et il rêvait en cours de mathématiques. L’école n’était pas le fort du jeune garçon. Si l’apprentissage l’ennuyait il adorait en revanche parler à ses camarades, se socialiser et s’amuser avec ses amis. Souvent à la sortie des cours il courrait en ville avec ses amis acheter des DVD vendus à la sauvette sur le trottoir, manger des Mexican corn et jouer dans le parc non loin de chez lui.

En dépit de la morosité de son foyer le jeune homme avait réussi à se créer un environnement heureux, il s’en allait à la pêche dès qu’il avait un instant le vendredi plutôt que de faire bonne figure comme tant d’autres qui allaient prier pour obtenir les bonnes grâces de leur patron ou de se faire bien voir par la société le jeune garçon s’en allait pêcher sur la plage, il s’embarquait sur une petite barque pour naviguer, il allait revendre ses DVD visionnés et autres objets dont il n’avait plus usage pour gagner quelques tomans. Sindibad avait toujours été bon pour s’occuper avec un rien et il profitait largement de la liberté offerte par ses parents.

Jusqu’au jour où tout s’arrêta. Le jour où toute sa liberté se stoppa fût le jour où sa magie se déclencha. Sindibad était parti pêcher comme à son habitude en embarquant avec son père sur sa petite barque. Il n’avait jamais tendance à bien s’éloigner de la côte, mais ce jour-là les vagues et la mer étaient plus agitées que d’ordinaire et son embarcation fût rapidement éloignée des côtes. La mer se déchaîna, les vagues se firent dangereuses jusqu’au moment où une vague plus haute que les autres s’abattît sur eux et le bateau se brisa sous l’impact. Tétanisé de peur le jeune garçon hurla à son père alors qu’ils commençaient à se retrouver ballottés dans l’eau salée et soudain alors qu’il paniquait le bateau se reconstitua sous leurs yeux pour leur permettre de remonter à bord et de fuir jusqu’à la côte pour rentrer chez eux. Lorsqu’enfin ils arrivèrent aucun des deux n’osa parler de ce qui était arrivé pendant quelques heures. Sindibad tout comme son père étaient mutuellement effrayé par ce qui leur était arrivé aussi bien de finir à l’eau que l’évènement hors du commun qui s’en était suivi. Quand son père l’appela et lassera dans le salon avec sa mère ils furent silencieux pour encore un long moment avant que sa mère ne s’exprime d’une voix tremblante pour demander ce qu’il était arrivé durant leur escapade. Le choc laissa place à la peur qui laissa place à l’incompréhension avec que la peur ne revienne. Et si quelqu’un les avait vus ? Sindibad fut effrayé d’être accusé d’un quelconque crime contre Dieu, toute la famille l’était. Aussi ils tentèrent de dissimuler l’incident, ils se devaient de rester discret, de n’en parler à personne.

Quelques jours plus tard quelqu’un frappa à leur porte. Une nouvelle vague de panique s’empara de la petite famille alors que tous regardaient la porte et qu’un nouveau bruit se fît entendre, quelqu’un frappa à nouveau à la porte. Ce fût la mère de Sindibad qui ouvrit tremblante d’autant plus lorsqu’elle vit les deux hommes et deux femmes entièrement vêtues de noir. La famille se glaça d’autant plus quand ces personnes entrèrent dans leur foyer. Une tension régnait entre les deux parties avant que l’un du groupe d’intrus ne dévoila son visage et retira sa cape tout en se présentant et en présentant la situation. Ces personnes appartenaient au Conseil de la Magie Iranien et avaient ressenti l’utilisation de la magie de Sindibad. Ils lui expliquèrent qu’aucun lieu dans le pays ne pouvait l’accueillir en toute sécurité et lui proposèrent de la documentation sur différentes écoles étrangères. Le CMI offrait de généreuses bourses pour les élèves qui décidaient d’étudier à l’étranger. C’est ainsi qu’en regardant toute la documentation le jeune Sindibad se décida d’intégrer l’école canadienne d’Ilukaan.

(c) Ilukaan