Tu étais particulièrement contente d'être présente durant ces vacances à la ferme. C'était un moment agréable où l'on pouvait décompresser tout en s'amusant avec plein de personnes. Tu avais pu sociabiliser avec beaucoup de monde, et autant dire que sociabiliser est ton mot préféré. Tisser des liens, découvrir de nouvelles personnalités toutes aussi différentes les unes que les autres... Ce sont des notions que tu aimes vivre, elles font parties de ta philosophie. Mais au-delà du fait de profiter des contacts humains que ces vacances pouvaient t'apporter, tu pouvais aussi apprendre à te reconnecter avec la nature. Bon, tu avais bien compris que la nature ne vous voulait pas que du bien avec les chaleurs accablantes que vous aviez durant votre séjour, mais tout de même. Tu avais pu faire la "rencontre" de créatures magiques que tu n'avais jamais vu en vrai, comme les eemci par exemple. Ces petits moutons sont vraiment adorables, mais tu n'as pas très envie de t'en approcher sous peine d'être bloquée dans leur laine... Tu aimes l'aventure, mais il y a des limites.

Aujourd'hui ne fait pas exception aux jours d'avant : un soleil magnifique, une petite et légère brise et des choses à faire pour mettre la main à la pâte. Heureusement pour toi, cette semaine tu ne devais que ramasser les fruits et les légumes avec Moon-Lee et Bennett... Après cela fait, tu pouvais flâner comme tu le voulais, et c'est d'ailleurs ce que tu allais faire. Tu avais quand même pris soin de mettre de la crème solaire, car ta peau originaire du Japon était bien trop pâle pour ce soleil omniprésent. Tes cheveux attachés en une queue de cheval haute, tu venais marcher sans but précis dans la ferme, peut être que tu pourras croiser quelques personnes pour leur faire la causette ? Tu as tellement de choses à raconter ! Et il ne suffisait que de demander, car voilà que tu reconnaissais, de dos, une silhouette particulièrement familière. Pourquoi une ombrelle ? Cela ne doit pas être très pratique, puis très utile...

Lâchant un petit rire discret, tu venais t'avancer sur la pointe des pieds, dans le dos de Kazuha. Ton sourire espiègle témoignait de la petite farce que tu voulais faire, mais ton mouvement fût coupé par ton ami qui avait déjà deviné ta présence sans se retourner. Tu te figeais sur place, faisant une légère moue.

« —  ... Kazuha ! Quel hasard ! Je ne t'avais absolument pas vu haha ! »

Comment a-t-il fait pour deviner que j'étais là ? Et mon effet de surprise dans tout ça ?!

Quand ton ami s'était retourné, tu venais croiser les doigts, feintant une mine boudeuse. Il a gâché ta petite blague, c'est un outrage. - Enfin non, tu ne lui en voulais pas, tu es juste très enfantine et taquine avec tes proches -. Quand il t'avait demandé si tu étais dépaysée ou pas, tu penchais la tête, un doigt sur ta joue pour réfléchir.

« —  Pas trop, on s'habitue vite ! Puis je n'ai pas vraiment eu le temps de regarder le paysage, j'étais occupée à parler à touuuut le monde ici ! Ah et animer mes activités de cons- »

Tu t'arrêtais. Oui Kazuha était dans le conseil adversaire. Mais qu'importe, il restait ton ami ! Tu venais approcher ta main pour tapoter son ombrelle.

« —  Ca te protège vraiment du soleil ça du coup ? Oh et tu vas bien ? Tu faisais quoi ? »

Tu esquissais un sourire, toujours bourrée d'énergie.

C'est un secret pour personne ; ton entourage, tes proches, amis ou famille, étaient très importants pour toi. Tu es une personne extrêmement sociale, qui a constamment besoin d'être entourée d'humains pour se sentir bien. C'est pour cela que tu ne comprends pas trop la façon de penser de toutes les personnes qui se disaient solitaires. Peut-on réellement vivre sans connaître un peu de sociabilité ? Sans parler aux personnes qui nous entourent ? Découvrir de nouvelles passions ? Tu avoues être intriguée et tu aimerais tant comprendre ces personnes qui avaient besoin de solitude pour se sentir bien. Après, ce n'était pas un reproche, loin de là. Toi aussi, parfois (très rarement), tu as besoin de tranquillité, surtout quand tu révises notamment. Enfin, tu divagues. Riant légèrement, tu venais poser tes mains sur tes hanches.

« —  Après, je ne critique pas ! Au Japon, c'est courant les ombrelles ! Mais je n'en ai jamais utilisé, donc je ne sais pas réellement si c'est efficace... Puis si tu as mis de la crème, je me dis que tu es déjà assez protégé ! »

Aucune idée de si ce que tu avançais était réel ou pas, mais cela venait de tes pensées sur l'instant T. Tu avais entendu ton ami marmonner quelque chose avant de parler de manière plus audible. Tu supposes qu'il a sorti encore une de ses belles phrases bien dîtes, une belle phrase poétique, mais malheureusement, tu ne l'avais pas entendu, c'était un peu triste.

« —  Oui tu as raison, on a de la chance de pouvoir voir de près différentes créatures magiques ! Et tu as vu les Eemci ? Ils sont trop mignons ces petits moutons, j'en veux un miniature, qui pourrait rentrer dans ma poche... Comme ça je pourrais le montrer à mon père quand j'irais au Japon ! Mais bon, je suppose que l'on ne peut pas... »

Ca y'est. Te voilà lancer dans de longs monologues dont seule toi peut suivre le rythme et le sens. Effectivement, avoir un mouton de poche n'était pas encore possible, ou alors tu n'étais pas au courant. Mais une chose est sûre, tu avais pris énormément de photos de la ferme, au point où tu avais peur que ton téléphone n'ai plus de stockage. Mais tu avais tellement de choses à dire et à montrer à ton père ! Ton pauvre père allait finir par souhaiter d'être totalement sourd vu le débit de paroles que tu allais avoir quand tu retourneras au Japon. Tu penchais doucement la tête à son gloussement, esquissant un grand sourire aux paroles de ton ami aux cheveux immaculés. Ca pour une nouvelle !

« —  Oh ! Voilà que notre cher Kazuha veut faire de la musique ! C'est quoi comme instrument ? Tu en fais depuis longtemps ? J'ai moi aussi voulu apprendre à jouer d'un instrument, mais déjà depuis petite, mon instrument, à moi, c'est les feu d'artifices !  »

Tu riais légèrement à ce que tu disais, regardant le grand sourire de Kaedehara, sourire que tu lui rendais avec la même lueur. A sa question, tu venais hausser les bras, levant un bras pour le passer sur ses épaules, apposant une main sur le coin de ta bouche, comme si tu allais dire un secret à ton ami.

« — J'avais envie d'embêter quelqu'un, et tu as croisé ma route, maintenant tu es bloqué avec moi. »

Tu riais, te détachant avant de regarder autour de toi.

« —  Non pour être honnête, ce matin je devais ramasser les fruits et les légumes avec Bennett et Moon-Lee, et maintenant que j'ai fini, je flâne... Puis quand je t'ai croisé de dos, je me suis dit autant rentabiliser ce temps libre avec un trèèès bon ami à moi !  »

Tu venais esquisser un sourire taquin avant de croiser tes mains dans ton dos, te penchant légèrement tout en regardant ton ami.

« — Tu veux bien jouer de ton instrument en face de moi ? S'il te plaît s'il te plaît s'il te plaît !! »

Oui, tu avais tendance à être un réel moulin à paroles, qu'importe qui était en face de toi ou de quoi il parlait. Tu avais tant de choses à dire, mais si peu de temps que tu te sentais presque obligée de parler si vite, d'avoir un débit de paroles extrêmement élevé. Au moins tu es sûr d'avoir le temps de tout dire, d'expliquer ce que voulais raconter sans être coupée d'une manière ou d'une autre. Cependant, quand ton ami avait parlé, une petite pique comique, tu avais apposé une main sur ton coeur, prétextant une blessure à ce dernier tout en faisant une fausse grimace.

« —  Kazuhaaa voyons !!! Cela me blesse que tu prennes cela pour un malheur ! Je suis pourtant d'excellente compagnie !!  »

Après ta fausse comédie, tu venais lâcher un rire avant de l'écouter par la suite. Il te parlait de sa famille qui lui avait offert une shakuhachi. C'est une sorte de flûte dirons nous. Un joli instrument de musique que l'on entendait souvent dans les musiques traditionnelles japonaises ou dans les musiques japonaises tout court, ou même dans les festivals. Tu aimais beaucoup cet instrument : quand il était bien manié, il sortait de très jolis notes et c'était un bon accompagnement musical durant un feu d'artifice... Quand on était assez proche du musicien pour entendre son shakuhachi, notamment.

« —  C'est vraiment un joli cadeau !! Haha, je suis sûre que mon père ne m'offrira jamais un instrument de musique, il ne pourra pas l'entendre, il serait triste. Et je suis sûre que c'est comme le vélo, cela ne s'oublie pas !  »

Des étoiles dans les yeux, tu regardais ton ami sortir la flûte en question. Tes mains jointes comme si tu t'attendais à être témoin de quelque chose d'incroyable, tu hochais doucement la tête, tes cheveux blonds se balançant tandis que tu lui signais que tu étais certaine que ton ouïe allait survivre aux tentatives de l'homme aux cheveux blancs. Devenant silencieuse (chose étonnante te connaissant), tu regardais ton ami, le soutenant dans ta gestuelle quand il te regardait de manière désolée après quelques fausses notes. Garde espoir, Kazu ! Et voilà que ton sourire s'était agrandit en constatant qu'il avait réussi à jouer une mélodie. Une très jolie mélodie d'ailleurs, et tu ne l'avais même pas arrêté, c'était agréable à entendre ! Et même que quand il avait arrêté, tu étais presque déçue. Sautillant sur place, tu venais l'applaudir doucement.

« —  Qu'est-ce que tu racontes !! J'ai adoré! Je suis presque triste que tu t'arrêtes maintenant, c'était vraiment doux ! Et tu vois, comme j'ai dit, c'est comme le vélo, cela ne s'oublie pas.  »

Tu venais lui tapoter l'épaule de manière rassurante.

« —  Je ne perds jamais mon temps avec mes amis voyons ! Eeeeh, tant que l'on parle de musique !!!  »

Tu venais t'agenouiller au sol, prenant une feuille que tu venais plier en deux avant de te relever.

« —  Moi je sais faire de la musique avec une feuille ! C'est surprenant oui, mais c'est trop drôle ! Je voulais faire ça pour surprendre ma copine hahaha ! Car... Oui, j'ai une copine, enfer bref ! Et donc je voulais faire ça pour la surprendre, je suis sûre que cela peut la faire rire! Et imagine un duo avec ma petite feuille et ta flûte !!! Il faut qu'on essaye tu ne trouves pas !  »

Enfin, tu disais ça, mais en essayant de souffler dans la petite feuille, aucun son ne sortait. Tu lâchais un petit rire gêné.

« —  ... Enfin. Quand je saurais faire du son avec haha ! »