Keith dépose ses affaires sur le sol de son nouvel appartement – de quoi changer de son ancien petit studio. Sa guitare encore sur le dos, il regarde son environnement, comme s’il n’avait jamais fait de visite auparavant, ou n’avait pas encore fait l’emménagement. Il se sent bien ici et ça faisait un moment que ce n’était pas arrivé.

Passant ses mains dans ses cheveux bouclés, il passe un regard sur la fenêtre : cette dernière lui offre une jolie vue sur la rue et ses décorations de noël – c’est la période après tout. C’est animé, pour une petite ville. Bien entendu, rien à voir avec New York, qu’il vient de quitter mais il ne connait pas beaucoup d’endroits qui ressemblent à cette métropole. C’est d’ailleurs la première chose que Kenneth lui a dit pour le convaincre de venir habiter ici.

Il pousse un soupire et s’installe sur son canapé, un neuf, rien qu’à lui, franchement super confortable et il prend le temps de remettre ses idées en place. Cette fois-ci, son instrument est installé juste à côté de lui, à proximité de ses affaires de dessins. Tout s’est déroulé si vite, quand il y pense. Ce qu’il ressent à présent est très certainement le contrecoup du déménagement et du changement total de vie. Combien de temps il a passé là-bas, au final ? Il devait bien avoir 20 ans, quelque chose du genre. Il en a presque dix de plus désormais, le calcul est vite fait. Ah merde, ça fait si longtemps que ça ? Il a bien tenu, mine de rien. Il en est clairement le premier surpris. Il faut dire qu’il était motivé en quittant sa terre natale.

Le rouquin avait terminé ses études depuis un moment, il avait pu faire des stages et formations dans plusieurs journaux ayant besoin d’un dessinateur – ce qu’il est, du coup. Après avoir eu un CV assez solide, il a eu envie de voir ailleurs, un grand changement. « Pourquoi pas les Etats-Unis ? », voilà ce qu’il s’est dit à ce moment. Il a cherché un peu partout et après plusieurs entretiens… on lui a donné sa chance. Ni une ni deux, il est alors parti après avoir dit au revoir à sa famille. A son arrivée, ce qui l’a le plus marqué, c’est l’effervescence de la ville.
Au début, ça l’a émerveillé, bousculé, le rythme est si différent qu’il a mis du temps avant de s’y habituer. Au sein de la maison d’édition aussi rien ne ressemblait à ce qu’il a connu : les employés bougeaient de partout, couraient à tout va, les dates de rendus étaient bien plus courtes, le travail plus exigeant. Oh, plus d’une fois il s’était dit qu’il allait se faire virer. Jamais il n’aurait pensé qu’il finirait par démissionner lui. Après tout, il avait finalement réussi à construire sa vie, il aimait son petit studio, ses rendus, les jours de repos pour profiter de ses nouveaux amis – et, au fur et à mesure, de ses compagnons et compagnes d’un soir ou de plusieurs mois. A vrai dire, il a même fini par se mettre en couple, une relation qui a duré cinq ans.

Ah, il en est certain : c’est sa rupture qui a fini par le faire craquer. Dix ans. Dix ans de pur métro – boulot – dodo, entrecoupé de petits moments agréables mais qui semblaient devenir de plus en plus rares. L’enchantement a fini par le lasser, il est presque devenu morne et trop stressé pour son propre bien. Il a pourtant tenu encore un peu, pour faire plaisir à ses proches, pour rassurer ses parents et ses frères. Mais le jour où son ex-compagnon est parti, il a craqué. Ce qui l’a sauvé est clairement la présence de Kenneth, arrivé quelques temps auparavant, installé aux USA, mais dans un autre état. C’est bien le seul qu’il n’a pas pu tromper – comment tromper son jumeau sur son état après tout ? Il lui a clairement dit qu’il devait arrêter de vivre de cette façon, de se laisser bouffer de cette manière.

Il l’a écouté, a démissionné et l’a suivi chez lui. Littéralement. Pendant plusieurs semaines, ils ont de nouveaux étés colocataires, comme avant. Ce séjour improvisé lui a fait du bien, pas de doute là-dessus. Pendant tout ce temps, il n’a pas dessiné, n’a pas souhaité toucher à un seul crayon, comme s’il était soudainement dégoûté après s’être tant forcé. Il ne sait pas trop si ça lui a fait du bien, mais il s’est reposé en tout cas. Il ne se souvient même plus de la dernière fois où il avait pu souffler de cette façon, c’est pour dire. Cependant, rester comme ça n’était pas une solution définitive. Keith n’est pas comme ça, de toute façon.

Quand il a commencé à se sentir mieux, il a commencé à chercher un appartement et honnêtement il ne s’attendait pas à une telle différence de prix. Merde, pour le même prix que son studio de 20m² à New York, il avait presque un 35m² ici. Il a clairement pensé à une arnaque au début mais Kenneth lui a assuré que c’était normal. Bah putain. S’il s’était renseigné avant, il aurait fait des meilleurs choix.

Par contre, niveau travail, il n’y a pas grand-chose dans son métier pour le moment. Cela dit, sans trop d’étonnement, c’est pas le truc qui le dérange le plus : il n’a toujours pas repris l’envie de dessiner, ne serait-ce que gribouiller. C’est même avec un certain dégoût qu’il regarde tout son matériel. Du coup, il a cherché ailleurs, un petit truc tranquille et c’est comme ça qu’il s’est retrouvé serveur dans un café. Rien de bien fantastique, mais au moins c’est calme, exactement ce qu’il souhaite. Et surtout, c’était suffisant pour payer son loyer. Le déménagement c’était bien passé, traverser les états en camion de déménagement est plus amusant qu’il n’y parait. Et long, aussi. Mais bon, maintenant… Tout était bon.

Enfin, presque. Il y a encore pas mal de cartons à défaire, mais rien d’insurmontable. Juste besoin d’un peu de motivation. Mais pour le moment, il doit partir bosser. Allez, c’est reparti. Il se lève, prend de quoi grignoter sur la route et ferme la porte à clé. A l’extérieur, il fait clairement froid. C’est d’ailleurs pour ça qu’il a autant de couche sur lui, il est carrément méconnaissable en fait, mais ce n’est pas grave : il a plus ou moins chaud du coup. Le café n’est pas si loin que cela en réalité, cependant, connaissant sa capacité à tomber malade en un rien de temps, il vaut mieux porter quatre couches et paraître ridicule.

Il arrive enfin et salue les présents, c’est le début d’après-midi, il n’est là que pour couvrir cette partie de la journée aujourd’hui. Il part rapidement se changer et en ressort avec son tablier. Il aime bien l’ambiance : beaucoup de bois, des petits coins avec des coussins et des canapés puis surtout… des chats. A vrai dire, il préfère les chiens, mais il admet qu’il aime bien la présence des félins, surtout qu’ils sont vraiment, vraiment affectueux. Du coup, pourquoi pas ? En tout cas, ça rend le bazar populaire.

Armé de son carnet, il commence à prendre les commandes. Sans surprise, les boissons à la cannelle sont demandées, comme pour se mettre dans l’humeur de la saison. Avec les clients, il sait être bien agréable, même si au départ c’était laborieux, il s’améliore de plus en plus. Puis, ça va que les clients sont cool, il fait parfois de bonne rencontre en plus. Qui sait, peut-être ça va être encore le cas aujourd’hui ?

Il est concentré sur la réalisation d’un chocolat chaud à la cannelle quand il entend soudainement qu’on s’adresse - avec une forte voix - à lui. Si sa carrure et son caractère ne prête pas à le croire, on se rend facilement compte qu’il est finalement très simple de le faire sursauter, surtout quand son esprit est totalement ailleurs. Heureusement, il venait d’éloigner la poudre sucrée loin de la tasse pour la reposer, ainsi, il n’y a pas de dose abusive à l’intérieur, juste sur le comptoir qu’il va devoir penser à nettoyer ensuite. Enfin, tant que la boisson n’est pas gâchée, c’est le principal : il évite de devoir tout jeter et recommencer.  

Keith se tourne finalement vers son interlocutrice et ne peut pas s’empêcher de lever un sourcil quand il voit le serre-tête. Ah, c’est un coup qu’on ne lui a pas encore fait ça. C’est un petit sourire qui se forme ensuite, car il remarqué également qu’aucun des clients ne semblent étonnés. Enfin, après tout ce qu’il a vu à New-York, il ne devrait pas l’être non plus au final. Peut-être est-ce le fait qu’il se trouve désormais dans une petite ville qu’il réagit ainsi.  

“Bonjour, bienvenue. Oui, je suis nouveau au café et... nouveau tout simplement dans la ville, en fait. Je suis Keith.”

Il regarde ensuite un peu plus la nouvelle arrivant et honnêtement, elle est mignonne. Bon, il doit un peu baisser la tête pour la voir, faisant quelques centimètres de plus, mais rien de trop gênant. Elle a de grands yeux verts, ses cheveux bruns sont aussi bouclés que les siens mais sans trop de surprise elle semble bien mieux s’en occuper vu la souplesse, ses lèvres qui s’étirent sont communicatives... Il va sans dire qu’elle fait partie des personnes sur lesquelles Keith peut avoir des vues dessus et apprécier discuter avec.  

Mais là, il est au travail : il n’y a pas le temps pour ça, d’autant plus qu’elle commence à se présenter et lui faire tout un monologue sur ce qu’elle fait dans la vie pour la communauté, sans régler le volume de sa voix. Ah, donc c’est quelque chose de commun ? Ce n’était pas juste pour attirer son attention ? Personne ne semble déranger ou râler à ce propos, ce qui permet de confirmer plus ou moins sa théorie. Bon, si c’est naturel, autant s’aligner avec.  

Quand elle lui donne son propre prénom, il est directement pensif à ce sujet : effectivement, il semble tout du moins avoir vu son nom apparaître dans l’un des mails de son supérieur, pour expliquer ce qui va se passer à Noël et donc au niveau des décorations aussi. Même si ce n’est pas ce qui a le plus retenue son attention, ce vague souvenir parvient à lui revenir en tête. D’accord, donc c’est elle qui a préparé la devanture. Cool.  

“J’ai entendu parler rapidement d’vous, oui. C’est sympa c’que vous avez fait pour les décors. Ça met une ambiance festive, un truc assez cosy, j’crois c’est ça qui attire encore plus que d’habitude en c’moment. Vous êtes donc la responsable du monde à gérer actuellement.”

Il finit sa phrase avec un sourire, montrant qu’il plaisante, bien entendu. S’il y a plus de monde actuellement, c’est surtout car la température prête à se poser quelque part. Est-il seulement censé dire cela à une possible cliente, en fait ? Ou peut-être elle vient simplement pour vérifier que tout tient ? Il prend un torchon pour se nettoyer les mains et prend la tasse qu’il vient de préparer. Il appelle le nom de la personne qui vient directement le récupérer après un remerciement. Une fois cela réglé, il se tourne de nouveau vers Meulin.

“Plaisanterie mis à part, j’trouve ça vraiment cool. Vous faites donc pour toutes les fêtes ? Ça fait un sacré travail de préparation, non ? J’vous prépare une commande pour vous poser et travailler ici ?”

Vérifiant un instant ses commandes, il se trouve le dos tourné à la brune mais ne s’arrête pas de parler pour autant, ne connaissant pas pour le moment sa condition.

“Du coup, vous faites ça d’puis combien de temps ? Vous êtes originaire d’la ville ?”

Même s’il ne la regarde pas tout le temps quand Meulin répond à ses quelques questions, se concentrant également sur ses boissons, il n’empêche que Keith ne perd pas un seul mot de ce qu’elle lui raconte, à la fois par politesse, bien évidemment, mais aussi car ça l’intéresse, tout simplement. C’est aussi un autre point qui change, dans cette petite ville : oui, forcément il y a des personnes qui viennent simplement commander avant de s’installer ou juste de repartir comme ils sont venus, ce qui ne change pas de New York, mais il y a principalement des clients qui discutent avec les serveurs, les vendeurs. Peut-être est-ce aussi l’ambiance du café qui s’y prête, mais c’est plutôt sympa. Il n’a jamais été un grand bavard, mais ça ne l’empêche pas d’apprécier les discussions ou parfois des monologues de personnes qui aiment ou ont envie de parler. Il écoute à chaque fois, réagit, relance au besoin. Il trouve ça bien plus simple à faire en préparant des cafés qu’en dessinant, donc il se le permet plus facilement aussi. Tant qu’il ne perd pas du temps sur ses préparations, ça n’a pas l’air de déranger ses collègues – d’ailleurs, ces derniers font de mêmes.

« Un chocolat chaud, c’est parti. C’est cool c’que vous faites, puis ça a l’air ambivalent, du coup. Jamais tout le temps pareil même quand les fêtes reviennent. »

Alors qu’il prépare la commande, il entend rapidement les miaulements du chat qui s’approche de Meulin. C’est toujours amusant de les voir s’approcher sans crainte, montrant qu’ils aiment sincèrement l’affection qu’ils reçoivent ici. Au départ, il était un peu surpris de sentir soudainement une boule de poil se frotter à lui, il en a fait couler plusieurs gouttes de café, mais c’est désormais une habitude qui ne lui fait plus rien, il se permet même de rendre la caresse demandée quand il a les mains libres, ou de jouer avec eux. Généralement, ça fait toujours une petite « attraction » à regarder pour les client.e.s.
La question de la jeune décoratrice le met un instant de pause. Mince, on lui a déjà fait cette remarque, mais il ne parvient plus totalement à s’en souvenir. Il fronce un peu les sourcils, non pas car il se sent frustré, mais tout simplement qu’il se concentre pour fouiller dans ses souvenirs. Finalement, plus qu’une réponse directe, il parvient à se rappeler l’existence d’un classeur qui comprend une fiche à propos des questions récurrentes qui sont posées ici. Forcément, il devrait pouvoir savoir en lisant dedans.
Trouvant rapidement l’objet souhaité, il l’ouvre et cherche la fiche en question. Une fois cela fait, il trouve la catégorie qui l’intéresse avant de se tourner vers Meulin à nouveau, lui donnant au passage son chocolat chaud.

« Alors, de c’que j’vois là, la plupart le sont, sauf un qui appartient au propriétaire. Ce sont des chats qui ont été abandonnés, récupérés par des refuges, qui acceptent qu’on les récupère pour faciliter le contact, voire justement les adoptions. Quand une personne souhaite en avoir un, faut prendre rendez-vous pour qu’un soigneur vienne faire les modalités et tout expliquer. Voilà, si jamais ça vous tente. Et pourquoi pas ouais pour la ville, ce s’rait cool. J’essaye d’voir un peu plus d’temps en temps mais c’pas totalement ça encore. Ce serait plus pratique d’être accompagné. »

Après tout, il est loin d’être une personne solitaire, alors avoir une bonne compagnie, il ne va pas le refuser. Bien sûr, il a aussi prévu des trucs avec Kenneth, mais Keith a tout de même besoin d’avoir des nouvelles rencontres pour se familiariser avec les lieux et les boutiques et éviter de faire une routine sans jamais avoir de réelles soirées. Ce n’est pas pour retomber dans ses travers qu’il est venu ici.

« Je suis pas trop chiant, niveau boutique. Ah, s’il y en a une de musique, j’aimerais juste savoir où elle s’trouve. J’ai une guitare, donc au moins si une corde pète je sais où partir. Sinon, les cafés, bar du coin où on peut passer des moments tranquilles. J’ai vu y’a un parc aussi, il est grand ? On peut voir quoi ? »

Pendant un instant, il pense à demander s’il se trouve une papeterie ou quelque chose pour les arts créatifs mais il se retient. Après tout, ce n’est pas comme s’il allait recommencer tout de suite à dessiner, alors il n’a pas besoin de s’y intéresser tout de suite. Si ça se trouve, il n’en aura jamais la nécessité, ha. Enfin bref.
Il reporte son attention vers son interlocutrice – sa future guide – qui lui fait une précision plutôt importante à savoir. Ah merde, il n’arrive pas à se souvenir s’il a été tout du long face à elle quand il lui répondait. Bon cela dit, ça ne doit pas être le cas si elle ne le précise que maintenant, hein ?

« Ah, je ferais gaffe du coup ouais, merci de me le dire. »

Il ne dit pas plus à ce sujet, ne précise rien d’autre, il se dit qu’elle doit suffisamment être questionné ou quoi à ce sujet quand elle travaille et il vient tout juste de la rencontrer, ce serait plutôt indiscret. Quoi qu’il en soit, alors qu’il s’apprête à poursuivre sur un autre sujet, la cloche d’entrée sonne, laissant apparaître un petit groupe qui se dirige vers lui. Bon, apparemment la suite est compromise, étant donné que la conversation va devoir s’arrêter. Cela dit, il récupère une carte et un stylo puis écrit au dos de cette dernière, avant de la tendre à Meulin et faisant attention cette fois-ci d’être en face d’elle.

« C’est mon numéro, pour qu’on voit quand vous êtes libre pour la visite. Ce sera plus simple de parler comme ça, en attendant profitez de la boisson et des chats. »

Après un sourire moins ‘commercial’ qu’il offre généralement, il se tourne vers les nouveaux venus et se penche sur leurs boissons. Il ne sait pas si la décoratrice compte réellement lui montrer la ville, mais au moins, le numéro est donné. On verra la suite.

Entre la première rencontre et le rendez-vous pour découvrir la ville, Keith n’a pas chômé, une habitude qui lui reste de la ville où on ne dort jamais. A côté du travail, il s’est effectivement renseigné sur ce fameux orchestre, car après tout, pourquoi ? Il est aussi ici pour créer d’autres liens, différents de ceux qu’il avait auparavant et sans aucun doute participer aux activités de la ville ne peut être que bénéfique, normalement.
Ayant rapidement trouvé un numéro pour contacter la personne en charge ces musiciens, il l’a noté de côté, préférant tout de même encore un peu réfléchir avant de se lancer. Il recommence doucement à gratter et n’a pas perdu beaucoup, mais il ne sait pas s’il va vraiment être capable de durer tout un concert sans que ses doigts ne crient à la douleur. Mais pour sûr, il est content qu’on lui ait proposé cette option, il ne manque plus qu’à saisir l’occasion.

En attendant, il termine de se préparer pour rejoindre sa guide locale, devant un lieu qu’il connaît bien, ce qui est plus pratique comme point de repère pour lui. Etant donné que c’est en dehors de ses heures en tant que serveur, il peut se vêtir autrement, avec ses vêtements réellement quotidiens. Forcément, il fait des efforts quand il sert, mais là, il s’est autorisé à ressortir son jean troué, large, surmonté d’un sweat à capuche sombre. Son bonnet sur la tête, ça cache une bonne partie de ses oreilles largement troués de bas en haut et il en va de même pour ses colliers et ses bracelets. Au final, ce qui se démarque, ce sont ses mains et les bagues dessus plus particulièrement, toutes en argent. Après tout, il ne les met pas au Cat Café, par souci d’hygiène, mais il a toujours cette impression de manque. Pouvoir les remettre ensuite est presque un soulagement pour lui.

En tout cas, il salue Meulin en la remarquant, faisant désormais attention à se poster devant elle avant de lui répondre.

« Hey, ça va merci. Et toi ? Et t’en fais pas, on peut traîner, je suis en repos aujourd’hui, ça va être une bonne occasion si on se perd un peu.  »

Et puis, ils doutent qu’ils peuvent se perdre ici. Au pire, il y a les GPS sur les portables, ça suffira pas mal au besoin.
D’ailleurs, quand elle sort le sien, il écoute l’ensemble du programme qu’elle a prévu et hoche à chaque fois la tête, intéressé. Il est bien content d’être tombé sur une personne qui apprécie autant parler, car même s’il sait tenir une conversation, il n’est pas le premier à avoir les sujets, ni forcément à les tenir trop longtemps. Du coup, écouter lui convient plutôt bien et il espère au moins le montrer, histoire qu’on pense pas qu’en fait il se fait chier, quoi.

« Ouais, on peut carrément se tutoyer, pas de problème ça me va. C’est plus simple en plus. Et le programme est cool, t’as vraiment pensé à tout. Si on a pas le temps de tout faire, on continuera un autre jour, ça me dérange pas, si ça te va aussi.  »

C’est donc sur ces mots qu’ils partent pour commencer ce qu’il y a à faire, à commencer par le luthier. Enfin, à ce moment, Keith explique rapidement qu’il n’y a pas trop de raison d’entrer, mais qu’il apprécie de savoir où est-ce qu’il se trouve s’il a des soucis avec sa guitare. Après tout, ce n’est pas vraiment une boutique où il y a particulièrement des choses à regarder et prendre son temps comme bon nous semble. De ce fait, ils partent rapidement en direction du centre commercial pour découvrir un peu plus de boutiques et la grande enseigne. Cette fois-ci, ils entrent sans hésitation et Keith se dirige vers les diverses guitares qui sont accrochés sur les murs.

« J’adore celle que j’ai, mais ça donne toujours envie quand j’en vois d’autres. J’ai fais un peu de guitare électrique, mais j’ai jamais continué. Peut-être un moment. J’pourrais te faire… Euh… Ah bah non du coup. Pardon.  »

Voilà aussi pourquoi il parle pas trop longtemps, pour ce genre de boulette. Passant une main dans ses cheveux pour tenter de faire passer la gêne, il jette ensuite un coup d’œil vers les CDs et les partitions présentent. Pour sûr, il y a du choix et ça doit se voir que ça lui plaît.

« C’est cool de me montrer l’endroit, mais du coup tu dois un peu t’ennuyer non ? Je reviendrais plus tard, j’ai vu des trucs cools mais je dois réfléchir. On est aussi là pour toi, je peux te suivre si tu veux voir des boutiques quitte à être ici. Je crois j’ai vu qu’il y avait une boutique d’accessoires ? Y’a de tout ? Genre des bijoux aussi. »

Que ça ne soit pas la même taille que New-York, ça, il l’avait bien remarqué et… tant mieux. Cela dit, il ne s’attendait pas non plus à ce que tout soit possible de faire en une journée, pour découvrir le « gros du gros ». Il a presque failli être déçu à l’idée de se dire que la sortie n’irait pas plus loin qu’aujourd’hui, jusqu’à l’ajout des petites boutiques supplémentaires à découvrir pour vraiment être au courant des bons plans ici. Après tout, il a senti que sa compagnie était agréable, il a bien envie d’en profiter un peu plus.

Il hoche aussi la tête quand elle lui annonce avoir l’habitude qu’on se trompe comme il vient de le faire. En soi, ça ne l’étonne pas, mais bon, s’il avait pu éviter de faire lui aussi la bourde, il aurait quand même préféré.

« Ah, donc… Tu as perdu l’audition au fur et à mesure ? Enfin, pardon, j’t’oblige pas à répondre t’as peut-être pas envie d’en parler, oublie. »

Pendant un instant, il se demande comme il réagirait s’il ne pouvait plus entendre ‘du jour au lendemain’. Ce qu’il pourrait ressentir à l’idée d’un monde de silence définitif, tout en restant en vie. Est-ce qu’il le supporterait réellement ? Il n’en est, honnêtement, pas sûr. Alors, au lieu de se concentrer là-dessus, il préfère se concentrer sur le présent et les questions que lui posent Meulin en regardant ses bagues. Il sourit un peu plus franchement, cette fois. Oh, sa collection surprend toujours, généralement. On ne s’attend pas à ce qu’il en ait autant, à ce qu’il en achète autant, mais il n’a pas envie de se priver quand il en croise une qui l’intéresse, il a toujours peur d’ensuite perdre l’occasion, de ne plus retrouver la même ensuite. Résultat, au fur et à mesure…

« Oh là, ce n’est qu’une petite partie que tu vois. J’ai carrément une boîte à bijoux chez moi, j’te raconte pas la taille et j’hésite à m’racheter un truc car ça commence à être chaud. J’aime bien avoir l’choix, tu vois ? Varier selon mes humeurs, après c’est surtout en argent ou des bijoux noirs, le doré c’pas trop mon truc. »

Il va sans dire qu’il apprécie les piercings que lui montre Meulin, les regardant un peu en détails. Il les avait rapidement vu durant la première rencontre, mais il n’avait pas plus fait attention à ce moment. Il faut dire ça aurait été un peu bizarre de fixer les oreilles durant la première rencontre… Mais du coup, il a bien fait d’attendre. Il décide donc de retirer également son bonnet, laissant dévoiler ses propres piercings, qu’il doit là aussi, pour la plupart, mettre de côté pour le travail. Autant dire qu’il se sent vraiment souvent nu au boulot. Il les remet rapidement le soir, les jours de congés, comme aujourd’hui. Là-dessus, cependant, il ne les change pas tant de ça, il trouve généralement ça s’associe plutôt bien avec le reste. Enfin, il sort un peu plus ses colliers de ses couches de vêtements.

« Et j’ai encore des bracelets, mais quand on s’ra installé dans un café ou quoi, c’s’ra plus pratique d’les voir ! »

Et encore, lorsqu’il était plus jeune, des piercings, il en avait aussi sur le visage et même un sur la langue. Durant une courte phase, il avait hésité à se faire la fameuse « langue de serpent » mais… Il se remercie aujourd’hui de l’avoir évité.
Ensemble, ils se dirigent vers la boutique d’accessoires et il y en a effectivement en tout genre. Le rouquin apprécie l’ambiance que ça dégage, c’est à la fois rangé, à la fois on a l’impression qu’il y en a de partout à perte de vue. Plus encore que des bijoux, il repère des sacoches, des serre-têtes, des ceintures, des porte-clés même. L’ensemble paraît plutôt de bonne qualité, ce qui le rassure à ce propos. Des bijoux qui se cassent au bout de deux jours, il a déjà donné et ça l’a plus agacé qu’autre chose.

« T’passes souvent dans cette boutique ? Ou j’ai p’t’être rêvé en voyant la vendeuse te faire un coucou. »

L’auburn hoche simplement la tête quand Meulin accepte de lui répondre, ne cherchant pas plus loin dans les explications. Pourquoi il le ferait, à part passer pour un mec insensible qui veut juste des ragots sur des trucs sensibles ? Ça va allez, ce serait con d’avoir ce genre de réputation dans une ville pas bien grande, hein. Surtout que ce n’est absolument pas son cas, il est plutôt du genre à être le dernier au courant des histoires. Si ça lui parvient un jour aux oreilles, ce qui est rarement le cas.
Résultat, il remercie intérieurement la jeune femme quand elle change de sujet et suit le mouvement sans plus se poser de questions. Quand elle lui explique sa passion pour les accessoires, mais surtout le fait d’être calmée sur ses achats à ce niveau, il ne peut pas s’empêcher de souffler du nez, amusé par ce point presque similaire.

« Franchement bravo pour avoir trouver le moyen de moins acheter là-dessus. J’y arrive toujours pas, quand je vivais encore chez mes parents, mes frères arrêtaient pas de se plaindre quand ils trouvaient mes bagues ou quoi éparpillées dans la maison quand j’oubliais de les ranger. Surtout quand je revenais de soirée et que j’étais trop bourré pour penser à les mettre dans leur boîte. »

Bon, ça arrivait pas à chaque fois non plus mais…. Ouais, il admet que ça avait dû être vachement chiant pour Arthur de s’asseoir dès le matin sur une bague abandonné sur un siège (il n’avait pas pris que de l’alcool ce soir-là) avec quelques piques dessus. Pour autant, ça ne l’avait pas arrêté dans ses achats. Il écoute d’ailleurs toutes les explications de Meulin et hoche la tête, notant là où ça va le plus l’intéresser.

« J’ai pas trop d’envie de changer mes piercings actuels, mais des bracelets pourquoi pas. Tu peux me suivre, j’aime bien avoir des avis mais après si tu veux prendre un nouveau sac, qui suis-je pour t’arrêter ? T’as pas encore vu comment je peux dépenser. »

Bon, en vrai, depuis New York, il fait nettement plus attention. Il ne peut, ne veut pas se ruiner et contempler un frigo vide à la fin du mois ou enchaîner les nouilles instantanées pendant dix jours. Même s’il n’est pas un grand cuisinier, il n’apprécie pas pour autant manger15 fois la même chose. S’il veut pas que ça arrive ici, il doit faire attention.
Résultat, il regarde attentivement tout ce qui se propose à lui, juge la qualité, les attaches, vérifie si ça tient bien. Il n’a pas trop de mal à faire ça, depuis le temps et après avoir décelé plusieurs petits bijoux, il se fixe simplement sur deux bracelets, un noir et un en argent, pour un prix plutôt raisonnable. Satisfait, il se tourne vers Meulin, vérifiant si elle a pu trouver elle aussi son bonheur.

Finalement, la journée continue aussi bien qu’elle a commencé et après l’arrêt au café, Keith salue Meulin, repartant chez lui, bien content de la découverte d’aujourd’hui.

Les jours passent, Keith prend de plus en plus ses marques, reconnaît les clients réguliers, discutent, se fait inviter à une première soirée bar où il passe un bon moment. Il ne regrette pas d’être venu ici, d’avoir tout recommencé.

Il se rapproche aussi de Meulin, continue de la voir, de lui parler quand ils se croisent. Il est désormais certain qu’il apprécie sa compagnie, et peut-être, peut-être bien qu’il a développé un crush, bien que léger. Cependant, il n’y pense pas plus que cela, profite simplement du temps passé ensemble. Il n’essaye pas d’aller plus loin, car il ne se sent tout simplement pas encore capable de partir dans une relation. Il sait lui-même qu’il a encore des choses à régler, avec lui-même, principalement, avant de se lancer dans autre chose qui demande de prendre trop soin d’une personne. Pas encore.
Noël se rapproche petit à petit, l’ambiance prend de plus en plus la ville et si d’ordinaire depuis qu’il est ici, il apprécie cette atmosphère, aujourd’hui, il aimerait plutôt rester chez lui toute la journée que d’être au café à accueillir les clients.
Oh, rien contre eux, sur les faits, tout se passe bien. C’est plutôt son humeur qui est au plus bas à cause d’un coup de fil ce matin, dont il n’avait absolument pas besoin.

Son ancien boulot – rien que ça – l’avait contacté, pour lui demander des informations, s’ils se souvenaient où il avait mis ça avant de partir, dans quel dossier, où se trouvaient les dessins… Bien qu’agacé, il avait malgré tout répondu, partant loin dans ses souvenirs pour aider. L’appel aurait pu se terminer ainsi, mais non, il avait fallu que son ancien boss parte plus loin, en demande toujours plus, jusqu’à lui demander s’il lui serait possible de dessiner encore une fois pour un point en particulier, car apparemment ils avaient absolument besoin que ce soit lui qui réalise la demande.

Bien entendu, Keith a refusé sans hésitation. Non seulement car il n’a pas envie, mais en plus car il ne parvient toujours pas à reprendre un crayon et se poser avec devant une feuille. Trop tôt encore, trop dégoûté. Il n’a rien dit de tout ça, ne souhaitant pas en faire part plus que ça, mais c’est à ce moment que la remarque ait tombé, sans prévenir.

« Keith tu pourrais faire un effort non ? Tu nous as abandonné au pire moment et tu le sais, maintenant tu refuses de nous dépanner après tout ce qu’on a fait ? »

Il a raccroché, bloqué le numéro, mais le mal était déjà fait. Et depuis, les mots raisonnent dans sa tête, il a envie d’exploser, de hurler, de l’insulter… Tout, tout sauf être au travail, où il ne parvient pas – ou à peine – à cacher son état du jour. Il manque d’enchaîner les erreurs et même son sourire n’est là qu’à un quart.
Il a envie de partir.

Et voilà que Meulin arrive. Bien sa veine.

Il n’a pas vraiment le temps de lui « mentir », ou au moins de répondre un banal « ça va » même si ça ne va pas, juste par pure politesse. Apparemment, elle est parvenue à voir au travers de son état sans aucun souci. Si habituellement il pourrait se faire la remarque qu’elle est bonne observatrice avec une pointe d’admiration, aujourd’hui, sans trop de surprise, ça a surtout tendance à l’agacer. Il n’a franchement pas prévu de parler de lui ici et maintenant et même s’il apprécie Meulin, il ne la connait clairement pas assez pour lui dire quoi que ce soit de trop personnel.

« Salut, Meulin. Je te fais ton chocolat. »

Il ne continue pas plus sur le sujet, se tournant vers le comptoir pour récupérer ce dont il a besoin pour préparer la commande. Un des chats vient se frotter à ses pieds, il se baisse alors un instant pour le caresser, appréciant lui-même ce petit geste. Même dans une mauvaise humeur comme aujourd’hui, il reste différent avec les félins car après tout, ils n’ont rien fait à part être là. Honnêtement, s’il pouvait fermer le café et rester avec eux, il le ferait sans hésiter.
C’est en étant plus bas qu’il entend Meulin parler de l’eau qu’elle met de partout. Urg. Il souffle un coup, puis se remet droit, face à la jeune fille pour qu’elle puisse lire sur ses lèvres.

« Si, mais c’est comme ça. Je vais m’en occuper. De toute façon, c’est comme ça depuis ce matin. La serpillère est à côté à ce stade. »

D’un côté, il se dit que c’est tant mieux si elle n’entend pas le ton de sa voix, trahissant bien son état. Cependant, son corps doit aussi parler pour lui, donc est-ce vraiment mieux. Il se doute que la jeune femme est loin d’être bête ou inconsciente. Tant pis, pour cette fois. Au moins, ça évite d’en attendre trop de lui.

Keith, tu pourrais faire un effort, non ?

Urg, encore cette phrase qui lui revient. Non, non, il n’en a pas envie, il ne veut plus s’obliger à faire des efforts, il en a marre de tout le temps en faire. Et très certainement, il ne veut pas reconnaître qu’il mélange tout à cet instant.

« Tu as raison, j’ai pas trop l’envie d’en parler. Y’a rien à dire, juste attendre que ça passe. C’est sympa, mais là… J’ai juste besoin d’être un peu tranquille, je ne te serais pas de bonne compagnie, honnêtement. »

Il fait vraiment de son mieux actuellement pour lui donner une telle réponse, lui faire comprendre qu’elle n’a rien fait mais aussi qu’elle ne peut rien faire. Ce n’est pas de sa faute, clairement, mais il n’est juste pas d’humeur et il espère qu’elle va le comprendre. Il préfère vraiment la revoir quand il sera en meilleure forme, pour vraiment apprécier un temps avec elle.
Il ne continue pas plus, se concentrant sur le fameux chocolat chaud. Mais visiblement, la vie en a décidé autrement, surtout quand par inadvertance, il lâche la tasse, venant de se brûler avec le lait. D’un léger cri de surprise, de douleur, il regarde le contenant s’éclater au sol, se brisant, laissant également le contenu s’étaler de partout. Exactement ce qui lui manquait.

« Parfait. Juste. Parfait. »

Faisant fit de sa blessure, il prend un torchon et récupère les morceaux, repousse les chats qui tentent de venir lécher le lait. Bordel, ça brûle. Quand il termine de nettoyer, il annonce au manager qu’il termine pour aujourd’hui son service, tant pis s’il gagne moins.

Heureusement, il n’a pas fallu si longtemps que ça pour qu’il se calme et retrouve son humeur habituelle. Enfin, ça lui a demandé d’abord de rester frustré et énervé une journée entière, puis de recevoir un appel de son frère qui avait bien compris qu’une chose n’allait pas en voyant la façon de répondre à ses messages et enfin une grande discussion avec ce dernier. Au bout de deux jours, il est parvenu à reprendre ses esprits et prendre conscience à quel point il avait bien fait de quitter ce boulot assez toxique pour le culpabiliser des semaines après sa démission.

Ses collègues ne lui ont pas retenus l’attitude de la dernière fois, assez compréhensif. Après tout, tout le monde peut avoir des mauvais jours, ça arrive. Qui plus est, ils ont remarqué les efforts de Keith pour ne pas trop s’en prendre aux clients ou aux employés, justement, ce qui a été assez apprécié. Clairement, il est dans un endroit plus sain qu’avant, il n’y a pas à dire.  
Le plus compliqué, au final, a été avec Meulin. Même si elle n’a pas cherché à insister quand il lui a dit qu’il ne voulait pas en parler, il semble quand même qu’elle ait eu une pointe frustration, qu’elle n’ait pas su exactement comment réagir face au refus du rouquin. Après ça, Keith a eu des hésitations pour la recontacter, ne serait- ce que des messages pour prendre nouvelle. Après tout, ça pouvait devenir étrange, un moment un peu gênant sans trop savoir quoi dire, comment s’excuser ou reprendre comme si de rien n’était. Ouais, le rouquin est du genre social mais avec ses petits moments où il ne sait quand même pas comment interagir avec les autres.

Alors, forcément, quand il reçoit un message de Meulin, il en est plus que surpris. Ah, bon, c’est… Une bonne nouvelle. Devant son portable, il se sent sourire, rassuré de voir que cette dernière ne semble pas (ou plus ?) lui tenir en compte son comportement de la dernière fois. Ainsi, il s’empresse de répondre, pour ne pas la laisser trop longtemps se demander de son côté si elle a bien fait.

‘Hey. Ouais, carrément, c’est une bonne idée. Je crois j’en ai entendu parler. 19h30 ce soir, ça te va ?’

Une fois les commodités réglées, la journée se déroule sans encombre. D’ailleurs, il trouve qu’elle passe même rapidement, peut-être grâce au rendez-vous de ce soir. Il quitte son travail à l’heure, lui permettant au moins de se changer chez lui avant de partir jusqu’au restaurant. Il arrive, comme à son habitude, à l’heure et salue Meulin une fois qu’il l’aperçoit.

« Hey. Je suis content de te voir. Tu vas bien, depuis la dernière fois ? »

Bien entendu, il fait en sorte de montrer son changement de ton, un plus joyeux que lors de leur dernière rencontre, sans aucun doute. Ils continuent de discuter tout en s’installant à table.

« Bordel, heureusement on a réservé. Quand j’ai pris les réservations en ligne, y’avait presque plus rien en horaire. Faut un peu s’y attendre il faut dire avec les nouveaux restaurants, c’est blindé à mort. »

Il ne sait pas encore si c’est le moment de s’excuser, si ça ne va pas mettre un malaise dès le début. Peut-être qu’il va pouvoir le glisser au cours de la soirée ? Ou à la fin, pour la remercier de l’avoir contacté à nouveau… Ça paraît pas mal, comme dit.

« Au fait, je t’ai pas demandé si ça allait ? »