HistoireOwen a vécu son enfance avec sa famille en Ecosse, dans une zone assez peu peuplée relativement peu fréquentée des moldus. Ils entretenaient une petite ferme, où ils élevaient quelques poules et faisait pousser leurs légumes ; aussi Owen et sa sœur Jade sont restés relativement coupés du monde moldu comme du monde sorcier lorsqu’ils étaient petits. Leur père restait à la ferme, et c’est comme ça qu’Owen a eu ses premiers contacts avec les animaux et les plantes, et apprit comment s’en occuper. Bien sûr son père utilisait aussi quelques méthodes magiques, mais c’est ce qui a intéressé Owen ; pratiquer certaines activités de moldus avec des moyens de sorciers. C’est là qu’il a commencé à s’intéresser à la conciliation des méthodes des deux mondes.
Sa mère travaillait au Ministère de la Magie, au Département de contrôle et de régulation des créatures magiques. Vers ses huit ans, Owen l’a suppliée de l’emmener lors d’un de ses déplacements, ce qu’elle a fini par accepter un jour où elle devait aller gérer une bande de Niffleurs peu dangereux qui faisaient l’objet d’un trafic. Lui, habitué à considérer les animaux comme des compagnons du quotidien, a été particulièrement choqué de cette considération de ces êtres vivants, et c’est à partir de cet instant qu’il a décidé de s’engager dans la voie des études des créatures magiques, et de mettre à profit tout ce qu’il pouvait apprendre des moldus et des sorciers pour comprendre et protéger ces créatures.
Lorsque Jade est rentrée à Poudlard, les parents d’Owen ont décidé de déménager. Son père commençait à avoir des problèmes de dos à force de travailler à la ferme, et ils souhaitaient rapprocher leurs enfants du monde magique pour pouvoir faciliter leurs études et les contacts avec les autres sorciers. Ils emménagèrent donc à Pré-au-lard, au plus près de Poudlard.
* * * *
— T’es sûr que tu veux aller là-bas ?
Owen leva ses yeux bleus vers ceux noisette de sa sœur aînée. Penchée sur son livre d’Histoire de la magie, il semblerait qu’elle ne soit pas très concentrée. Elle le fixait d’un œil inquiet. A côté d’eux, leur mère regardait Owen en silence, sa baguette magique tournoyant machinalement pour inciter la vaisselle à se laver d’elle-même.
Le jeune garçon hocha la tête.
— Oui. C’est ça que je veux faire.
— Mais tu penses vraiment pas que tu pourrais faire ça à Poudlard ?!
La demoiselle semblait un peu piquée au vif, comme si son frère l’insultait en rejetant ainsi son école.
Il planta son regard dans le sien, bien décidé à lui faire entendre son point de vue. C’était un petit garçon, mais décidé depuis bien longtemps de ce qu’il voulait faire dans la vie : prendre soin des animaux, des plantes, comment fonctionne leur magie et leur corps.
— Poudlard est une bonne école, mais moi, c’est là que je veux aller.
Sa mère prit doucement la parole :
— Owen, tu as dix ans, tu as bien le temps de réfléchir à ce que tu…
Il se mit debout ; il était déjà plutôt grand pour son âge, à peine cinq centimètres de moins que sa mère.
— Je veux aller là-bas. Le Canada regorge d’espèces extraordinaires, et c’est la seule école qui me permette de faire ce que je veux.
C’était ça, avec Owen : il ne parlait pas beaucoup, mais quand il le faisait, il était toujours très clair dans ce qu’il demandait et dans ce qu’il désirait.
Un silence s’en suivit.
— Ilukaan, c’est ça ? répéta sa mère.
Il hocha la tête. Oui, Ilukaan. C’était là qu’il voulait apprendre et vivre. Owen n’avait jamais beaucoup montré ses besoins et ses envies, mais là, la flamme qui brillait dans ses yeux d’ordinaire plutôt inexpressifs était étonnamment brillante. Sa voie, elle était là, il l’avait trouvée, et il ne voulait pas la lâcher.
— Très bien. Nous leur enverrons un hibou dès que possible.
* * * *
— Bois de Charme, crin de licorne, 33.83 cm. Vous possédez un rêve et une pure passion, n’est-ce pas ?
Owen détourna son regard de la baguette finement sculptée de laquelle venait de s’échapper de petits oiseaux, pour le poser sur le visage de l’homme bienveillant. Le successeur de Garrick Ollivander s’y connaissait autant que lui en termes de baguette magique, et savait toujours très bien expliquer pour quelles raisons une baguette choisissait son ou sa propriétaire.
Owen plissa très légèrement les yeux.
— Oui.
Il ne s’exprimera pas plus. Il n’explique pas ce qu’il ressent à ceux qu’il ne connait pas.
Le vendeur de baguette magique lui sourit.
— C’est une baguette qui vous sera particulièrement fidèle, jamais elle ne vous trahira. Elle vous permettra aussi de ne pas vous trahir vous-même, elle protègera votre rêve et vos ambitions. Faites-en bon usage.
Il lui remit la baguette dans les mains. Le jeune homme paya le vendeur, et retourna sur le Chemin de Traverse. Son rêve, ses ambitions. Ah ça, il en avait…
Il ne manquait plus grand-chose à sa liste d’achats pour la rentrée scolaire –à Ilukaan, où il avait fini par être accepté. Le Portoloin qui devait l’y emmener partirait dans trois jours.
Il s’arrêta net en voyant dans son champ de vision un… un quoi ? Un truc marron, ou noir, ou gris, il n’aurait su le dire ; trop tard : ce fut la collision. Owen recracha quelques plumes –oui, des plumes. Une boule de plumes lui avait foncé dessus, et était manifestement maintenant empêtrée dans les cheveux en bataille du jeune homme.
— NOCTUA REVIENS ICI !
La femme qui sortit en courant d’Au Royaume du hibou s’arrêta brusquement en voyant sa petite protégée mordiller l’oreille d’Owen. Elle eut un moment de surprise, avant de reprendre son chemin :
— Je-je suis désolée jeune homme, cette chouette est un peu turbulente et elle ne tient pas en place et…
Mais son interlocuteur ne l’écoutait pas vraiment. La chouette s’était à nouveau envolée et s’était perchée au sommet d’une pile de chaudrons de la boutique voisine.
— Je vous la prends.
— …je suis vraiment confuse et… pardon ?
— Je vous achète cette chouette. Une chouette de Tengmalm, c’est ça ?
— Vous avez l’air de vous y connaître. Oui, c’est ça. Mais, vous êtes sûr ? Les hiboux grands-ducs sont souvent plus adaptés pour les élèves de Poudlard, ils sont plus pratiques pour envoyer des courriers et colis et…
— Vous aimez ces oiseaux seulement parce qu’ils sont pratiques ? Alors vous ne méritez pas de travailler avec eux.
La femme s’arrêta, muette ; Owen lui mit dans les mains une poignée de gallions, probablement plus que ce que ne valait Noctua sur l’étiquette ; mais il s’en fichait, cette femme l’avait agacé. Un animal, cela s’aime pour ce qu’il est, pas pour ce qu’il fait.
La petite chouette était intelligente ; aussi, quand Owen s’éloigna, après avoir croisé son regard, elle le suivit.
— Et puis, je ne vais pas à Poudlard, marmonna-t-il en levant les yeux vers le ciel ; il rêvait déjà de s’envoler pour Ilukaan.
Dans trois jours, il y serait.
* * * *
— Taylor, Owen !
Dépassant d’une tête la plupart des autres premières années, Owen se redressa à l’entente de son nom et franchit la ligne invisible que les autres élèves ne dépassaient pas. Une fontaine trônait au milieu de la salle, et ainsi qu’il l’avait vu faire par les premiers apparus dans l’alphabet et passés avant lui, il se pencha au-dessus de l’eau claire. Il n’était pas particulièrement inquiet, Jade lui avait fait des pronostics de maison. « Ah oui, Ursirre ou Cervirald ce serait par-fait !! ». Peu importe en fait, il s’en fiche un peu. Bon. D’ACCORD il avait quand même un petit nœud au niveau de l’estomac.
Son reflet se modifiait, peu à peu, en une forme grise. Tiens, ça ressemblait à…
Lorsque le cri du loup retentit dans la salle, Owen reste un peu perplexe et un peu con devant sa fontaine. Alors, typiquement, Lupy c’était LA maison dans laquelle Jade ne l’aurait pas mis. Owen offensif, ah oui ? Cette blague. Owen finit par se redresser ; en fait, c’était juste que sa sœur raisonne sur les personnalités comme à Poudlard, et pas les types de magies. Le jeune homme ne savait pas trop quoi en penser.
Lorsque le directeur vint épingler le rubis à sa chemise il se dit que, de toute manière, ça n’allait pas être un type de magie qui allait déterminer ce en quoi il serait bon ou pas.
Il s’assit à la table de ses camarades et leur accorda même un plutôt rare sourire. Peu importe si sa maison était surprenante ou non, il était heureux d’être là.