Comment arrêter d'être un danger public ?
Tome 1

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Ciel était pourtant un élève brillant : il avait été élevé ainsi et surtout il faisait tout pour être doué par pure fierté personnelle. Ainsi se plaçait-il dans les meilleurs de sa promotion dans à peu près toutes les matières…

A peu près toutes oui.
Sauf une.

Le sport, plus particulièrement le vol. Ciel n'avait jamais été particulièrement doué dans les activités physiques et c'était bien là quelque chose qui brisait ce tableau de perfection qu'il s'efforçait à avoir. Le seul sport qu'il pratiquait était l'équitation. Et encore, il en faisait peu par manque de temps. Cette lassitude face au sport venait d'abord et avant tout de sa santé fragile. Contrairement à son jumeau, Ciel était très sujet aux crises d'asthmes et attrapait toujours des mauvais rhumes au moindre coups de vent. Cette fragilité l'empêchait de s'entrainer de faire de l'escrime comme le faisait son frère et sa cousine. Il ne pouvait qu'être le simple spectateur de leur combat.

Au fond, cela ne venait pas d'une mauvaise volonté de la part du Troisième année. Si cela ne tenait qu'à lui, il n'aurait jamais eu ce corps aussi frêle et des anti-corps aussi peu efficaces. Cela avait toujours été frustrant de rester à la maison plutôt que de jouer dehors comme les autres enfants lors de son enfance.

C'est pour cette raison qu'une fois à Ilukaan, il avait refusé que ses parents viennent littéralement frapper au bureau du Directeur pour faire en sorte que leur fils soit dispenser d'activités physiques  durant toute sa scolarité. Ciel voulait essayer, tant bien que mal, mais essayer.

Malgré tout, peut-être était-ce la matière qui ne l'aimait pas, plutôt que l'inverse…
Il était ridicule sur un balais et un vrai danger public…Il devait l'admettre (et il détestait admettre sa médiocrité). Le dernier cours de M.Shirogane en était un témoignage affligeant, pitoyable voire grotesque. Il avait bien réussi à faire lever son balais par un "debout !" bien assuré, mais dès qu'il l'avait enfourché, ce dernier s'était levé sans demander. Et cela arrivait souvent, depuis la première année déjà. Sauf que là, c'était l'accident de trop et le plus dangereux. Il avait même, sans aucun doute, blessés des gens sans le vouloir. Cela l'agaçait rien que d'y penser car oui, même derrière ses manières et sa froideur habituel, Ciel pouvait se sentir coupable quand il s'agissait de blesser des élèves qui n'avaient rien demander, encore plus quand il n'avait juste pas eu le contrôle de la situation.

Shirogane l'avait tout simplement collé suite à cet incident. Collé, rendez-vous compte ? Ciel Phantomhive, l'élève modèle. Collé. En. Sport.
Ciel avait honte, très honte. Ses parents n'étaient pas au courant, pas encore. Mais il savait pertinemment que Sebastian, son tuteur, se ferait un malin plaisir — cet homme était le diable incarné — de tout raconter dans une lettre et qu'une beuglante allait, sans aucun doute, arrivée du jour au lendemain dans le réfectoire.

Rien que cette idée lui faisait peur, car ses parents s'énervaient rarement. Et la façon dont Vincent Phantomhive s'énervait était terrifiante : il n'élevait jamais la voix, mais on pouvait sentir toute la déception et la colère qu'il éprouvant dans son intonation et les mots qu'il utilisait. Ce genre de morale qui faisait que Ciel pouvait se sentir coupable. Cela le rendait nerveux rien que d'y penser.

Pour ne pas rajouter de l'huile sur le feu même s'il désirait refuser de venir à cette colle et faire son ronchon, il prit son balais et s'habilla en tenue de sport (à l'aide) en ce samedi matin et alla au lieu de rendez-vous où l'attendait le professeur. Et ils étaient seuls.

Placé devant lui, Ciel se sentait réellement petit, frêle, chétif, même inférieur. Ce n'était pas quelque chose qu'il appréciait spécialement. Mais après tout, la personne en face de lui était un ancien joueur reconnu de Quidditch, il était bien normal que ce dernier ait une aura imposante de champion. Cela dit, refusant de se laisser impressionner plus longtemps, l'Anglais se redressa, droit comme un I malgré une fatigue pré-sportive.

Il osa alors ces mots, un peu las :

— Bonjour Monsieur. Tout d'abord, veuillez encore m'excuser pour la dernière fois. Cela ne se reproduira plus. Il laissa s'écouler un silence. Quel va être l'objet de ma punition ?

Pour être honnête, une colle constituait aux yeux de Ciel à recopier cent fois la phrase "je ne dois pas foncer sur mes camarades avec mon balais", pas un cours particulier de Quidditch ou de vol…
Rien que l'idée qu'il puisse encore être ridiculisé devant son prof le rendait malade.
Il voulait qu'une chose : que cela se termine aussi vite que possible pour qu'il puisse rentrer dans son dortoir et ne plus en sortir.

786 mots ● ft.Takashi Shirogane