Suburban Legends

Robin Swift

Tu n’avais pas abandonné. Avais-tu abandonné ? Cela ne faisait même pas une semaine complète que tu étais revenue à Ilukaan que tu t’étais déjà perdue dans un bar. Assise sur le tabouret à côté du comptoir, tu as entre tes mains une boisson alcoolisée, que tu bois assez rapidement. Urgh, il ne manquait plus que ça… Que tu te retrouves à te morfondre à l’Another Round, en plein Bloombury, alors que tu pourrais retrouver tes potes. Ah ! Tes potes… L’étaient-ils vraiment, après tout ce qui s’était passé ? Toi qui avais ignoré leurs appels. Et même après que tu sois revenue, tu avais ignoré complètement leur présence. Tu avais fait comme s’ils n’existaient pas… Et ton cœur souffrait chaque fois que tu les voyais. Tu te haïssais, d’agir comme ça. Mais tu ne voulais pas souffrir. Tu ne voulais pas les faire souffrir.

Alors prenant une grande inspiration, tu vins terminer la boisson avant de la reposer assez brutalement sur le comptoir. Tes yeux se perdirent assez rapidement sur la foule de personnes derrière toi. Ils paraissaient tous heureux… Heureux sont les ignorants, tu supposais. Ignorants de la mort qui pourrait survenir et les attaquer sans crier gare… Tu soupirais, avant de redresser la tête devant toi. Finalement, tu te levais pour te diriger vers la sortie, après avoir payé, et tu te plaçais devant le bâtiment, regardant autour. Bon. Qu’est-ce que t’allais faire, maintenant ?

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Alizée Moreau

Robin était nerveux. Malgré son âge, il n’avait pas été souvent confronté à l’alcool ou à des lieux tels que des bars. Il préférait flâner l’après-midi, lorsque le soleil était encore haut. La nuit était consacrée aux révisions, à l’étude. Elle était une compagnie calme, apaisante. Son concept de la nuit détonnait avec le lieu dans lequel il se trouvait : un bar qui puait l’alcool et le bonheur, rempli d’étudiants euphoriques.

Bien évidemment, il ne serait pas venu de lui-même dans cet endroit qui ne lui était nullement familier. Un camarade de classe l’avait invité à « prendre un verre » après les cours et, n’osant pas dire non de peur de perdre tout intérêt à ses yeux, il avait accepté poliment. Mais il s’ennuyait. Ça allait même au-delà : il étouffait dans cette chaleur conviviale à laquelle il n’était pas habitué. Il préférait largement l’euphorie intime des petits groupes d’amis que ce grand rassemblement d’inconnus. Il resta un long moment avant de devoir s’excuser auprès de son camarade et de chercher la sortie, d’un pas plus précipité qu’il ne l’aurait voulu.

Lorsqu’il passa la porte, ce fut comme une délivrance. Il ferma les yeux pour profiter de l’air du soir, libéré. Certes, on entendait toujours les bruits de l’intérieur mais il n’était plus à l’intérieur, lui. Lorsqu’il rouvrit les paupières, ce fut pour distinguer une silhouette plus ou moins familière. Comment s’appelait-elle, déjà ? Ah oui. Alizée. C’était le type de connaissance à qui l’on disait bonjour dans les couloirs, avec qui on échangeait quelques mots. A vrai dire, il la trouvait particulièrement sympathique. Il serait impoli de sa part de ne pas aller la saluer.

« Salut Alizée. Comment tu vas ? Ça fait un moment qu’on ne s’est pas vus ! En pleine révision de partiels, toi aussi ? »

A vrai dire, Robin était constamment en révision de partiel. Il faut bien prendre de l’avance sur le programme pour exceller, non ?

Suburban Legends

Robin Swift

Tu étais perdue dans tes pensées. Tes yeux se posaient d’un endroit à un autre, naviguaient sans même vraiment que tu n’y réfléchisses. Simplement posée là, devant la porte de sortie les bras croisés. Tu réfléchissais à ta vie, à ton avenir, à ce que t’allais faire… Il faudrait bien que tu retournes sur le terrain assez rapidement, après tout. Tu devais montrer à tous que tu étais la meilleure ! Que tu n’avais pas perdu de ta splendeur malgré ta disparition et ton absence. Finalement, alors que tu allais t’élancer dans les rues, tu fis interpellée par une voix.

Ta tête se tourna avant ton corps et tu remarquais alors Robin Swift. Un ami, avec qui tu avais déjà révisé par moments. Tu devais avouer avoir un peu oublié son existence jusqu’à aujourd’hui… Il ne faisait pas partie de tes amis les plus proches, après tout. Mais peut-être qu’il pourrait te tirer de tes mauvaises pensées… Celles qui n’arrêtaient pas de te hanter depuis ces derniers mois. Tu te retournais alors dans sa direction, croisant les bras. Le vent était toujours frais en ce mois de février, et tu lui adressais alors un sourire quelque peu forcé.

« Robin. » Tu fronçais cependant les sourcils en l’entendant parler déjà de partiels. « …C’est encore dans plusieurs mois. On a le temps. » Ouais, tu n’avais absolument pas pensé à réviser depuis tout ce temps… Pourquoi faire, après tout ?

Tu haussais les épaules et ignorais complètement sa question quant à ton état. « T’as pas autre chose à faire que de réviser, déjà ? Genre, je sais pas, t’amuser avec des potes ? »

Toujours aussi tendre.

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Alizée Moreau

Robin n’avait jamais été très bon pour décrypter les émotions des autres. A vrai dire, il était franchement nul pour ça. Il passa outre les sourires forcés d’Alizée, ses mouvements crispés. L’agressivité de son attitude. Après tout, elle n’avait pas vraiment tort. Robin passait effectivement la majorité de son temps le nez dans ses livres, à apprendre un maximum. On n’excelle pas en se distrayant et en passant du temps avec ses potes.

« Pour être honnête, j’en reviens » avoua-t-il en tournant son visage vers le bar, dans une grimace évidente. « Et toi ? Tu faisais la fête comme les autres ? » Il parvenait toujours de l’intérieur les rumeurs de joie des étudiants alcoolisés. Un bruit de verre qui casse retentit même, ce qui fit sursauter légèrement Robin. Quelle joie de s’être extirpé de cette situation. Il espérait seulement que son camarade ne tiendrait pas rigueur de sa fuite, il avait tenu aussi longtemps qu’il le pouvait.

« Tu comptes y retourner ? » demanda poliment Robin. Il ne voulait pas non plus accaparer tout le temps d’Alizée. Elle avait sans doute mille choses préférables à faire que de lui parler alors que tout le monde s’amusait à l’intérieur de la bâtisse.  

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Robin Swift

Il était vrai que les bars n’étaient pas des endroits où tu aurais l’habitude de voir Robin… Il était plus souvent dans sa chambre, ou au sein d’Ilukaan. Parfois dans le Dôme, à réviser, encore. Que faisait-il à part ça, au juste ? Tu laissais un petit rire échapper en entendant sa remarque, et en voyant sa grimace très peu dissimulée. Tu avais ta réponse : Absolument rien. Croisant les bras, tu le regardais à nouveau, d’un air un poil souriant. Il faut dire que tu arrivais tout de même à te détendre auprès de gens que tu appréciais. Et tu l’appréciais, n’est-ce pas ?

« Ouais. Clairement, c’est pas ton truc, les bars. » Tu ne pouvais pas t’empêcher de lui répliquer ça, avant de simplement regarder la porte du bar derrière lui. « Et ça m’étonne pas du tout. »

Finalement, tu soufflais du nez. « Nan. J’ai pas vraiment envie de faire la fête en ce moment. Je crois que… J’avais juste envie de sortir un peu. » Étonnant, vu que tu avais passé les trois derniers mois enfermés dans ta chambre. Tu avais vu un peu de monde, oui, mais… Tu ne voulais pas y penser. Tu soupirais. « Ça fait bizarre d’être revenue ici. » Étaient finalement les mots que tu sortais. Depuis combien de temps n’avais-tu pas mis les pieds à Bloombury, au juste ? Tu ne t’en souvenais plus. Trop longtemps.

« Et non, je compte pas y retourner. Trop bruyants pour moi, là-dedans. » Tu avais besoin de calme, surtout en ce moment.

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Alizée Moreau

Il piqua un fard face à la remarque d’Alizée. Certes, il savait que les bars n’étaient pas son lieu favori mais il ne pensait pas que ce serait si évident. Il avait presque honte, en réalité, de son manque d’attrait pour les lieux de fête. Il aurait aimé être plus passe-partout, être comme les autres. S’amuser, boire, se faire des amis. Ne pas passer tout son temps dans ses études, à penser constamment à un père qui n’est jamais là. A faire comme si ce père absent observait le moindre faits et gestes, et culpabiliser dès qu’il s’éloigne ne serait-ce que de quelques centimètres de la route tracée devant lui. Mais il aimerait aussi se laisser aller, comme lorsqu’il avait ses plus proches amis au lycée.

C’est sans doute ce qui motive Robin à inviter Alizée à passer plus de temps avec lui, après lui avoir demandé : « Oh, tu es revenue ? Mais revenue d’où ? » sans penser une seule seconde que la jeune fille ait pu quitter Ilukaan. Sans même lui laisser le temps de répondre, il enchaîna. « J’avoue, c’est trop bruyant pour moi aussi. Ça te dit de marcher un peu ? » Il voulait le calme, mais il ne désirait pas être seul. Ce sentiment de connexion, qu’il partageait quotidiennement avec ses amis d’adolescence, lui manquait. Alizée n’avait rien en commun avec eux, peut-être, mais elle avait l’air… gentille. Agréable. Quelqu’un dont Robin pouvait apprécier la compagnie. Il espérait qu’elle dise oui, sans quoi il rentrera sans doute dans sa chambre. Pour étudier avec la nuit. Comme tous les soirs.

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Robin Swift

Alors là, tu t’y attends pas. C’est quoi cette question ? Tu te figes un peu en le regardant, haussant les sourcils et ouvrant les yeux grands comme des ballons. Comment ça, revenue d’où ? Il a bien remarqué que t’étais absente pendant plusieurs mois non ? Non…. ? Quand même ! C’est pas comme si t’étais partie trois jours ! Enfin, pas que ça te dérange qu’il ait pas remarqué, ça te choque plus qu’autre chose.

« …Ça fait trois mois que je suis pas venue à Ilukaan. Tu vas pas me dire que t’as rien remarqué ? » Est-ce qu’il passait à ce point son temps dans les études ? Il faisait attention à rien d’autre ??? « T’étudies vraiment trop, mon pauvre. » Tu laisses un ricanement échapper et hausse simplement les épaules en guise de réponse à sa question.

« Ouais, pourquoi pas. J’avais pas prévu grand-chose, de toutes façons. » Alors, te balançant d’une jambe sur l’autre, tu commences à marcher en direction des petites ruelles de Bloombury. Ça faisait vraiment longtemps que tu n’avais pas pu poser tes yeux sur cet endroit… Et ça t’avait un peu manqué, à dire vrai. Mais juste un peu.

Marchant en tête de file, tu lançais quand même quelques regards vers Robin. « J’ai hâte de reprendre le Quidditch, aussi. » Tu ricanes. « Ça fait vraiment des plombes que j’ai pas joué ! J’espère que tu viendras me voir la prochaine fois. » Tu lui fais un clin d’œil.

Peut-être que tu pourrais le pousser à sortir un peu plus de sa chambre. Ça lui ferait du bien, de perdre ce teint blanc comme neige !