Un soupir traverse tes lèvres, un long et silencieux soupir. Il n’y a pas de sourire pour accompagner ce visage pâle, ce rictus si souvent sculpter dans ce sublime marbre semble s’être effacé, comme s’il n’avait tout simplement jamais existé. Seul à une table, il n’y a personne à tes côtés, pas un mot n’est prononcé. Ton regard se perd dans cette couleur ambrée alors que résonnent dans tes oreilles le bruit cristallin de quelques glaçons, qu’entre tes doigts, malgré l’épaisseur de tes gants, tu parviens à sentir cette agréable fraîcheur. L’odeur d’un whisky sucré, le goût de l’alcool sur ton palais, tu te laisses emporter par cette sensation enivrante, bercé par des conversations, de multiples voix qui ensemble créent un orchestre aussi bien symphonique que cacophonique. Une expérience que tu te permets rarement, un plaisir que tu ne t’offres peut-être pas assez souvent. C’est là, l’avantage des vacances. L’occasion de dépenser un peu d’argent dans ce breuvage qui pourrait rendre trop addict, mais, même si ce n’était pas le premier verre, même si tu laissais un peu les effets de ton cocktail caresser ton esprit et ton corps, tu gardais un parfait contrôle. Tu restais maître de toi-même jusqu’au bout, tu avais les idées parfaitement claires, et chaque conversation avait ton intention.

Chaque secret que quelqu’un dévoilait.
Chaque petite information que tu gardais dans un coin de ta tête.

C’était comme si, à chaque petit détail croustillant, tu entendais ton glaçon résonner, tu avais un petit éclat dans le regard.

Et tu continuais d’écouter ce chant, alors que tous ignorent qu’un corbeau les entend. Jusqu’à ce qu’une note particulière attire ton attention.

Ah…
Il était ici.

Aventurine.

Si tes yeux se sont posés quelques secondes sur lui, sur cet… Ancien ami. Oui ancien, cela fait des années qu’une distance s’est installée entre vous. Des années où, vos seules interactions se limitent à des bonjours courtois et quelques autres rares occasions où vous êtes obligés d’être face à face. Il était aisé de ressentir la rancœur qu’il avait à ton égard. Il t’en voulait, oh que oui. Tu savais que s’il te voyait, ce n’est pas comme s’il allait t’adresser la parole. Qu’importe… Tu as mis de côté ces moments où votre amitié rayonnait et tu savais parfaitement ta faute… Vous avez tous les eux changés, tous les deux grandis, et tu ne parvenais pas à savoir si sa présence te manquait réellement. Ton cœur n’était plus aussi candide et chaleureux qu’à l’époque, c’était certain. Tu ne t’étais pas plus attardé que ça sur lui, tu ne lui avais accordé que quelques secondes…

Enfin, tu pensais que tu n’aurais que quelques secondes à lui accorder.

Quelle ne fut pas ta surprise de le voir, lui, aller vers toi ? Ses yeux plongés dans les tiens, les mains dans les poches, te disant un salut presque gênant, alors qu’il te disait qu’il n’y avait qu’à tes côtés que c’était libre. Tu ne croyais pas spécialement à cette fête et ces tables réservées, mais qu’importe, ce comportement inattendu était amusant, t’arrachant un sourire aussi faux que sincère.

Très bien.
Tu allais jouer le jeu.

« Bonjour Aventurine.»

Comme ce nom te paraît si familier et à la fois étranger.

« Ne t’en fais pas, cela ne me dérange pas.»

Délicatement, avec ta main, tu lui indiquais la place avec un ton doux, avec ce sourire figé sur ton visage.

« Je t’en pris prends place. »

Alors qu’il s’installait, tu observais le moindre de ses gestes, tu ne le quittais pas des yeux. Ce garçon… Ce jeune adulte plutôt, avait tellement changé, oh, tu l’as remarqué depuis longtemps, mais à chaque fois, tu ne peux t’empêcher de faire une comparaison avec ce qu’il était. De voir que désormais, il faisait ta taille, qu’il n’était plus ce garçon timide, ce gamin qui cherchait encore et toujours sa place. Comment oublier ce garçon qu’il était avant qu’il ne découvre Vegas, qu’il devienne ce jeune homme excentrique ?

« Comment vas-tu depuis le temps ?»

Tu savais, tu sentais son amertume...
Alors pourquoi…
Tu aimerais le savoir.
Non, tu dois.

@feat Aven 09/04/24

Les secrets ne pouvaient plus se faire entendre, se dissipant dans l’air sans atteindre l’oiseau. Les voix se perdent, les conversations se confondent, le corbeau avait quitté le public de cet orchestre. Un élément retenant ton attention... Non… Retenant toute ton attention. Tes yeux ne quittaient plus cette silhouette familière, observant chaque détail, la façon dont il était habillé, ses gestes, ses yeux colorés qui restaient ancrés dans les tiens. Ses yeux qui semblaient vouloir cacher toute sa haine, sa rancune envers toi, tel un masque qu’il portait pour mieux garder la face devant toi.

Mais ça ne marchait pas.

Il n’était pas difficile de voir au-delà de ce regard imperturbable. Si on parle de reflet de l’âme, les émotions passent à travers tout notre corps, avec notre voix, notre ton, nos mensonges.

Chacun de nos mots.

Ah, quel sentiment t’avait traversé lorsque tu avais senti cette petite pique qu’il t’avait lancée aisément. Ce n’était pas la première fois que tu subissais ce genre de blague. Depuis que tu es enfant, ton nom est sujet à des rires, des moqueries ou, comme ici, une certaine provocation. Tu n’étais pas assez stupide pour y répondre, même si c’est agaçant, au moins, c’est une preuve qu’il n’est pas devant toi parce qu’il t’a pardonné. Mais du coup… Cela te rend encore plus curieux… Tu aimerais lui dire, lui demander.

Aventurine…
Pourquoi reviens-tu vers moi ?

Mais tu ne diras rien, dans l’art de la conversation, on ne pose pas des questions, on ne cherche pas les informations avec aussi peu de subtilité. On attend, on prend note des indices, on fait attention à chaque détail pour ensuite saisir la meilleure occasion. Ce n’était pas si différent qu’aux échecs ou même au poker.

Ce n’était qu’un jeu.

Alors qu’il s’installait, tu prêtais attention à son accoutrement si extravagant, à ses lunettes colorées, à ses dés avec lesquels il jouait comme s’il était prêt à les lancer, à parier n’importe quand. Il avait… Bien changé oui… C’était toujours un peu perturbant… Et dire qu’avant, ce n’était qu’un jeune garçon incapable de te lancer la moindre pique… Difficile de ne pas le sentir pas vrai ? Cette petite lame qu’il semble pointer vers toi. De ses lèvres, désormais, ne sortait que rancune et mensonges.

Oh oui, c’était bien un doux mensonge.
Il va bien ?
Dans le meilleur des mondes ?

À qui crois-tu pouvoir faire avaler ça, Aven ?
Certainement pas à toi.

« Oh, ne t’en fais pas, ça arrive. »

Ton sourire ne t’avait pas quitté, pas une seule seconde, figée sur ton visage. Tu ne comptais pas perdre à ce jeu. Et le verre à la main, à sa remarque, un léger rire s’échappe. Un petit rire cristallin, aussi doux à entendre que terriblement faux.

« Vraiment ? Et bien… Il faut dire que nous n’avons jamais bu de verre ensemble. »

Tu prenais une petite gorgée.
Sentant cette amertume se glisser malgré toi.

« Avant, tu n’avais pas l’âge pour boire avec moi. »

Les temps avaient bien changé…
Les choses ont beaucoup changé…

« Et toi, tu as pris un punch passion ? Toutes ces couleurs te correspondent bien, j’imagine. »

Du moins à l’Aventurine d’aujourd’hui.

« S'agit-il de ton cocktail préféré ? Ou bien, es-tu juste à la recherche de simplicité ce soir ?»

@feat Aven 09/04/24

Une statue de marbre a été érigée… Une statue sculptée par des mensonges, par la douleur, la peur, la haine, la rage, la rancune et cet immense sentiment de trahison… Une statue sublime, aussi belle que froide, si glacial malgré ce sourire figé sur son visage. Il y a eu un Sunday heureux, un Sunday naïf, un peu timide mais si gentil… Et pourtant, aujourd’hui, il semblait avoir disparu, un mirage, un simple souvenir, aucun fragment ne semblait être resté, peut-être qu’il avait tout simplement cessé d’exister… Tu n’étais plus ce qu’il avait connu, tu étais aussi faux que le blond, ou du moins, de façon plus malsaine.

Au final, c’est comme si vous rencontrez de nouveau.
Que vous étiez devenus des étrangers.

Pourtant, ça se tutoie, aux yeux du monde, la conversation se fait entre vous naturellement, comme si vous vous connaissiez depuis de nombreuses années. Il n’y a que vous deux pour sentir cette étrange atmosphère. Il n’y a que vous pour savourer l’amertume d’un passé qui prenait la poussière, qui semblait avoir été balayé. Il n’y a que vous pour voir le faux chez l’autre, que ce soit dans les mots ou dans un rire.

« Il est vrai que nous sommes bientôt en mai. »

Tu n’avais pas oublié sa date d’anniversaire…
Le fait qu’il allait avoir 21 ans…
Que tu l’avais rencontré lorsqu’il n’avait que 12 ans…

« Avoir la majorité civile dans le monde est un avantage, c'est certain. »

Il pouvait boire de l’alcool partout… C’était un étrange sujet de conversation d’ailleurs… Étrange oui, parce que c’était banal, qu’on dirait que vous apprenez seulement à vous connaître… D’une certaine façon, oui. Un cocktail coloré… Aussi coloré que lui… Tu ne connaissais définitivement pas cette palette de couleurs. Cet accroc aux jeux d’argent qui sortait un ticket pour le gratter comme si de rien était, alors que les chances de gagner sont minimes, presque inexistantes. Si tu étais capable de jouer et de parier, tu préférais le faire quand tu avais la garantie d’obtenir quelque chose, que ce soit la victoire ou un petit truc ayant ton intérêt. Tu savais que Vegas l’avait changé, mais semblait qu’il cherchait réellement à se confondre, se perdre dans cet univers excentrique.

« Le Bellini est un très bon choix, l’Italie est un pays offrant bien souvent de délicieuses saveurs. »

Tu parlais comme si tu avais l’habitude de boire, comme si tu allais souvent dans ce bar et pourtant… Lorsqu’il te pose la question, la réponse était plutôt évidente.

« Non, je ne bois que très rarement en général.»

Une nouvelle gorgée, ton regard ne se détache pas du sien.

« C’est plus ton genre maintenant, pas vrai ?»

Vous ne vous parlez plus. Votre amitié n’existe peut-être plus.
Pourtant, tu en savais des choses sur lui, malgré cette distance. Rien ne t’avait empêché de faire des recherches, de te renseigner.

« Enfin, j’imagine que tu préfères boire directement dans un casino en pariant ? »

Tu as été ravagé, dévoré, et tu te noies dans ce désir de tout contrôler, de tout savoir.
Tes yeux quittent les siens quelques secondes pour se reporter sur son ticket.

« As-tu gagné quoi que ce soit ? »

@feat Aven 09/04/24

Dissonant.

Toute cette conversation était dissonante, autant que les faux sourires, que cette sympathie amère entre vous. Pourtant, tu n’avais rien contre Aventurine… Tu ne lui en voulais pas, tu n’avais rien à lui reprocher. Tu es le premier à lui avoir parlé et ensuite, tu fus le premier à avoir mis de la distance, à t’éloigner. Tu es celui qui a payé le prix, trop aveugle, trop naïf et sa rancune n’avait rien d’étrange. Tu es toi aussi particulièrement rancunier, tu ne pouvais que comprendre son sentiment. Il n’empêche que tu feintais ce rictus sur ses lèvres, parce qu’au fond, tu te contentais de te montrer cordial.

Il n’y avait rien de plus à faire selon toi.

« C’est l’occasion pour toi de faire une grande fête en effet. Si tu veux vraiment marquer l’événement, pose toi la question, sur ce que tu aimes le plus. »

Las Vegas.
Les paris.
La chance.

« Pense à ce qui pourrait forger un souvenir qui s’ancrera à jamais dans ton esprit, ou bien, si tu préfères plutôt le forger chez les autres. Il y a bien des façons pour procéder, tu trouveras sans doute si tu y réfléchis longuement. »

Tu continuais de te comporter comme son aîné, pas vrai ?
Hier comme aujourd’hui.

Et cet aîné n’était pas stupide, il le savait, pourtant, il mentait malgré tout avec son regard assombri qui le trahissait. À l’époque, ce n’était pas ton genre de trop chercher des réponses, de vouloir tout savoir, même lorsque tu pouvais discerner des mensonges. À l’époque, tu souhaitais épargner ce jeune garçon, tu avais de la considération à son égard. Cependant, tu as changé, et tu aimerais savoir ce qui se cache derrière ces mots dissonants. Parce que tu sais qu’il ne dit pas la vérité. Il te laissait bien trop d’indices.

Ses tics de langage.
Son accent italien qui parfois revenait.
Le fait que tu n’avais jamais parlé de l’Italie elle-même, mais seulement de ses saveurs.

« Je n’ai pas encore eu l’occasion d’y aller, mais j’ai goûté plusieurs plats, boissons ou desserts, cela me donne envie d’y poser les pieds un jour. »

Tu aimerais savoir pourquoi il semblait affecté.
Pourquoi citer ce pays, l’avait touché ?
Pourquoi le cacher…

Tu le sauras.
Un jour.

« Las Vegas est le lieu le plus mythique en ce qui concerne les casinos après tout, ils sont bien plus mis en valeur là-bas qu’ici. »

Tu n’avais aucun intérêt pour ce genre de choses, Las Vegas est une ville colorée, mais qui cache bien des choses. Et puis, tu n’es pas vraiment du genre à dépenser ton argent pour des paris, des jeux, des cocktails ou autres amusements que le blond semblait apprécier. Il avait l’air de prendre du plaisir à gratter ce ticket pour découvrir si sa chance avait frappé ou pas. Et sur son visage, tu y lisais un sourire bien niais, un sourire particulièrement désagréable.

« Cela reste un gain. »

Tu n’étais vraiment pas capable de le comprendre.
Tu préfères lire, boire un thé, observer, cela te correspond mieux c’est vrai.

Parier sans être sûr que tu avais quelque chose à gagner ?
Quelle idée.

Mais un autre ticket se pose sur la table, glissant jusqu’à toi, forçant ton regard à quitter le sien pour se concentrer dessus.

Il voulait te faire jouer aussi.

« J’en doute mais, soit, je n’ai rien à perdre après tout. »

Tu saisissais le ticket, sortant une pièce de ton porte-monnaie et ainsi imiter le parieur. Tu ne t’attendais pas vraiment à grand-chose, les probabilités sont bien trop basses et tu n’as jamais vraiment eu de chance dans ta vie. Preuve étant que lorsque ton souffle a caressé papier, seul l’échec s’est révélé.

« Et bien, je n’ai vraiment pas la chance de mon côté. »

Et tu ne comptais pas sur elle.

« Zéro gallions pour ma part. Je t’aurais fait perdre de l’argent ce soir. »

Le sourire aux lèvres, tu faisais de nouveau glisser le ticket sur la table pour le rendre au propriétaire.

« Mais c’est le risque que tu as voulu prendre n’est-ce pas ? »

@feat Aven 09/04/24

Une fête d’anniversaire… Cela faisait longtemps que tu ne lui avais pas souhaité un joyeux anniversaire, il y a une époque où tu te sentais réellement concerné lorsqu’il en parlait. Une époque où même l’idée de faire une trop grande fête ne lui plaisait guère… Vous étiez peu. Seulement entre ses proches...

Quelle lointaine époque.

« Je ne suis personnellement pas un amateur de pizzas… Je parlais plutôt de leur excellent risotto, leur carpaccio ou leur tiramisu. Et si, je n’ai jamais goûté, on peut aussi parler de la Bruschetta ou du minestrone. Même sans parler de plats ou de desserts, le prosecco est aussi un bon exemple d’une bonne saveur italienne, bien que ça ressemble au champagne. »

Sans le vouloir, tu étalais tes connaissances, comme tu le fais assez souvent, on voit que sur ça, tu n’as pas changé. Tu restais cet homme de grande culture, qui avait lu plus de livres que vu la télé, tu restais et resteras à jamais ce rat de bibliothèque pas vrai ? Non pas que ça te passionnait, mais c’était juste naturel chez toi… Par contre Aventurine semblait avoir trouvé une véritable passion pour Las Vegas. Dans ses yeux étincelants, s’effaçaient alors les souvenirs de ce jeune garçon, ne dévoilant que ce nouvel homme extravagant.

Enfin…
Tant mieux s’il avait trouvé sa voie…

« Ma foi, tu sembles réellement admirer cette ville. »

Admirer les jeux d’argent et les paris… Face à ta malchance, tu te confortais à l’idée qu’il ne fallait pas tout baser sur elle, qu’il y avait trop de risques inutiles. Mais le blond ne semblait pas de cet avis, il déchirait ton ticket perdant sans aucun remord, sans aucune hésitation, t’affirmant qu’il n’y avait aucun risque. Le dos droit, tu l’observais silencieusement, écoutant attentivement ses mots, ses explications. En effet vu de cette façon, il n’avait pas vraiment perdu quoi que ce soit… Même si, à tes yeux, cela restait un jeu, un pari sans réel intérêt.

Mais voilà, ton sourire se fige à ses dernières paroles.

« Un test à mon insu ? »

Ton regard devient vide alors que ce rictus ne semble pas partir. Cela rendait ton expression toujours plus étrange, comme si, la simple idée qu’il avait pris le contrôle te déplaisait, qu’elle te dérangeait. Il avait touché un point sensible…

« Je pense que… Tu sais que je ne suis pas assez stupide pour ne pas l’avoir remarqué. »

Tu t’abreuvais des dernières gorgées de whisky avant de poser le verre sur la table.

« Dès l’instant où tu m’as montré ce ticket, en me demandant d’essayer pour voir à quel point j’avais de la chance, je me suis douté que tu voulais me… Tester… Même si je me demande si c’est une notion évaluable. »

Ton humeur semblait un peu avoir changé, bien que tu restais élégant, cordial et avenant.

« Mais soit, es-tu satisfait de savoir que tu es né sous la bonne étoile contrairement à moi ? »

Quelques secondes ton regard se pose sur le barman, d'un simple geste, tu lui demandes un autre verre.
Jamais deux sans trois après tout.

@feat Aven 09/04/24

Tout comme Aventurine n’appréciait guère qu’on parle de l’Italie, qu’il avait les yeux devenant plus sombres à chaque mot prononcé en rapport à ce pays… Toi, il y avait un peu sujet, un petit mot dans ce contexte, un petit sous-entendu qui t’insupportait. Retirant tout lueur dans ton regard, malgré ce sourire toujours figé sur ton visage… C’était un contraste particulier, presque effrayant… Ton expression en disant long… Ce rictus est faux, ton ego blessé, tu cachais bien des choses aujourd’hui pas vrai ?

Un masque.
Tu as un masque.
Comme lui.

Ah, son comportement commençait un peu à t’agacer, il est vrai…

Une corde sensible ?
Il n’avait pas idée…

Tu l’observais lever les mains tel un criminel, comme s’il avait remarqué que ses mots t’avaient déplus. Il s’excuse, mais ça ne semblait pas sincère, sa façon de parler semblait si ironique…

«… Je ne suis pas vexé... »

Vexer ne serait sans doute pas le mot en effet… Pourtant, il était vrai que tu as été affecté… Tu n’as pas supporté l’idée qu’il fasse quelque chose à ton insu, comme si tu étais inconscient de ce qu’il avait derrière la tête. Tu avais parfaitement compris qu’il voulait juste montrer qu’il avait plus de chance, qu’il voulait juste voir ce que tu pourrais gagner sur ce ticket pour mieux rire derrière de ta malchance… Non, tu n’es pas vraiment né sous une bonne étoile, c’est vrai… Malgré ce nom que tu portes.

Sunday.
Jour du Soleil.

Sunday…
Lorsqu’il t’appelle par ton prénom, avec ce ton…
Qu’est-ce que tu ressentais au plus profond de toi ?

« … Je ne vois pas de quelle expression tu parles. »

En effet, tu ne savais pas, après tout, il n’y avait pas de miroir.

« Mais oui parlons franchement. »

Un léger soupir.

« Tu n’as pas besoin de te faire pardonner, comme je l’ai dit… Je n’ai pas été vexé… Tu n’as rien fait de mal, c’est vrai… Tout comme je n’ai pas été testé à mon insu, je le rappelle.»

Tu insistes.
Tu insistes tellement sur ce point.

Le barman arrive apportant ton troisième verre de whisky, et la vodka pomme d’Aventurine, tu lui donnes l’argent nécessaire pour ce breuvage… Cela ne te ressemble pas vraiment de boire plus de deux verres d’un alcool aussi fort. Tu avais toujours le contrôle, l’esprit parfaitement clair, mais… Tu savais que trois verres cela restait un peu risqué non ? C’est un alcool particulièrement fort, toi qui ne supportes pas la perte de contrôle, pourquoi ne pas t’arrêter ? Tu allais devoir boire bien lentement… Manger aussi.

Ah… Au final...
Peut-être que tu étais influencé par ce jeune parieur.

« Et même si c’était le cas, je doute que tu aies voulu te faire pardonner… Après tout, ne cherches-tu pas à me rappeler que je t’ai blessé par le passé ? Que.. »

Quelques secondes de silence.

« Nous avons changé, toi comme toi.»

@feat Aven 09/04/24

Aucun de vous ne pouvait reconnaître l’autre… Aucun de vous ne retrouvait des souvenirs du passé, comme s’il était bien trop lointain. Devenu de la simple poussière. À quel point votre amitié était effritée ? Oh, pour être franc, tu es persuadé qu’il ne persiste qu’un petit grain de poussière de celle-ci, une persistante, juste pour dire que vous aviez créé un lien autrefois. Après tout, à tes yeux, cet Aventurine reste un étranger que tu dois encore découvrir. Et ses mots, des petites piques qui te mettent bien vite sur la défensive. Tu n’avais aucune idée de ce qu’étaient ses intentions, tu essayais de te mettre à sa place pour mieux comprendre sa façon de penser. Tu essayais de comprendre ce qu’il cherchait. Et tu pourrais presque laisser tes émotions prendre le contrôle. Tu pourrais presque laisser la colère prendre le dessus.

Mais tu ne le fais pas.
Tu gardes ton sourire.
Tu tentes de rester calme.

Et puis c’était une blague, pas vrai ?

Tu n’avais rien répondu, ni à cette soit disant blague, ni à cette question, au pourquoi tu as peur d’être testé à ton insu. Être testé ne te faisait pas peur… Ce n’était pas le problème ici… C’étaient les mots qui suivaient… C’était l’idée d’être un pion, qu’on te manipule sans que tu ne le saches, sans que tu ne puisses y faire quoi que ce soit. Tu n’as rien contre l’idée que des gens se servent de toi si cela t’est bénéfique, mais dans l’ignorance, comment savoir si cela peut t’apporter quoi que ce soit ? Et tu ne le supporterais pas…

Silencieux, tu prenais quelques gorgées.
Avant de mettre sur la table autre chose.
Une autre carte.

Un fait… Vous aviez changé.
Que tu étais persuadé qu’il voulait te rappeler que tu l’avais blessé.

Mais sa réaction est inattendue. Il retire ses lunettes colorées, te permettant de mieux voir ses yeux, ses lentilles roses et bleus, si vives. Alors que de ses lèvres, de bien tristes mots s’échappent.

Et ton sourire disparaît.
Quelques secondes.
Juste, quelques secondes.

« Je sais que je t’ai blessé… Je m’en rends bien plus compte que tu ne le crois. »

Une nouvelle gorgée amer.

« Mais si tu ne veux pas me rappeler ce fait… Pourquoi chercherais-tu à me parler ? »

Tu semblais réellement ne pas comprendre ses intentions, bien que ton expression ne permettait pas de s’en rendre vraiment compte.

« Ce qui est fait est fait oui. Cependant, depuis toutes ces années, je sens bien que tu as une certaine animosité à mon égard. Sois honnête Aventurine, je ne pense pas que tu cherches à retrouver mon amitié après ce que je t’ai fait. »

Ton regard s’ancrait profondément dans le sien.
Tu allais peut-être enfin avoir des réponses sur son comportement.

« Alors pour quelle autre raison viendrais-tu à cette table ? Pour quelle autre raison, viendrais-tu boire devant moi en feignant une excuse ridicule, même si je dois admettre qu'elle était bien tentée. »

Tu cherchais à le mettre à découvert.

@feat Aven 09/04/24

Cette question se répétait encore et encore.

Pourquoi ?

À chaque gorgée.

Pourquoi me parler ?

À chaque minute.

… Aventurine, pourquoi agis-tu de cette manière ?

Son regard n’était plus masqué par des lunettes, comme s’il cherchait à mettre fin à cette mascarade, avouant son excuse ridicule. Mais le jeu prenait-il vraiment fin ? Avait-il vraiment décidé de poser toutes ses cartes sur la table ? D’ancrer ses yeux dans les tiens, avec honnêteté, prêt à se mettre à découvert… Tu n’attendais que ça, depuis le début de votre échange, ton seul intérêt a été de comprendre, de savoir pourquoi… Répondre à cette question… Pour mieux dissiper les mystères autour de lui, ces mystères que tu n’avais pas parvenu à identifier après toutes ces années à simplement l’observer de loin.

Cet autre Aventurine.

« Je t’en prie. »

Alors…
Qu’allait-il répondre ?

En entendant ses mots, ton sourire s’efface, les lèvres légèrement entrouvertes, comme si tu ne t’attendais pas à ce qu’il te dise une telle chose. Il n’y avait rien d’étonnant à ce qu’il ne veuille rien renouer avec toi, et ça, tu le savais déjà… Mais vouloir comprendre ce qui s’était passé ? Que l’adolescent qu’il avait été serait déçu d’apprendre qu’il avait perdu ton amitié ?

Aventurine veut des réponses.
Il a besoin de tes réponses.

Et soudainement, ton sourire réapparaît.

« Pourquoi on s’est éloignés hein... »

Tu poses ton regard sur ton verre, tu le fais tourner laissant le bruit du glaçon résonner dans la conversation.

« Tu sais très bien pourquoi. La réponse, tu la connais depuis longtemps. Je me suis éloigné de toi parce qu’il ne voulait pas que je passe trop de temps avec les autres. J’étais stupide et je ne me rendais pas compte du fossé qui s’est créé… »

Même s’il y avait vers la fin, d’autres détails, comme la peur de l’entendre te crier dessus encore parce que tu prenais du temps avec ton ami, la peur oui… Elle t’a pétrifié longtemps, le désir de préserver tes proches aussi… Fut un temps, tu étais une bonne personne, bien trop naïf hein…

Fut un temps.

« Quant au pourquoi je ne t’ai pas écouté… Tu te poses réellement la question ? »

Une gorgée, et ton regard s’ancre de nouveau dans le sien.
Avec encore et toujours ce sourire.

« …. Dis-moi, te souviens-tu de la première fois où tu es tombé amoureux ? Des émotions que tu as ressenties avec cette personne ? Saurais-tu me les décrire ? »

@feat Aven 09/04/24

Tu n'étais pas seul.
Il pensait que tu le savais.

Tu le regardais silencieusement, le regard se faisant plus sérieux. Oh... Bien sûr, tu avais lui, ton "ami", tu avais Robin, ta sœur adorée. Si tu étais en danger ou autre, tu aurais pu leur en parler. Si tu avais besoin, tu aurais pu chercher du soutien auprès d'eux... Tu aurais pu. Tu ne l'as pas fait. Pourquoi ? Était-ce par manque de confiance ? Oh, s'il savait, c'était bien plus complexe que cela, bien plus difficile à expliquer que par des simples mots.

"Un manque de confiance ? Non... Ce n'était pas ça, mais tu ne pourrais sans doute pas comprendre."

Tout comme il ne pouvait pas comprendre ce que c'était d'être amoureux.
Amoureux à ce niveau.

Il t'expliquait comme quoi il n'avait jamais rien eu de sérieux, que parfois, il se rendait compte que ce n'était que de l'attirance physique... Qu'au fond, il trouvait cela trop dangereux comme émotion... Parce qu'il savait comment ça pouvait finir. Que cela pouvait finir comme ta relation, ce que tu avais vécu, cette drogue si toxique à en étouffer, qu'on continue de prendre malgré le mal que ça nous fait.

"Et bien, tu n'as sans doute pas tort et je ne te souhaite nullement de connaître ça."

Le sourire sculpté sur le visage, tu regardais ton passé avec dépit... Tu regardais cet adolescent que tu étais, si naïf... Oh, comme tu aimerais que personne n'ait à vivre ce que tu as vécu, cette humiliation, cette trahison. Les forts l'emportent toujours sur les faibles, ainsi est le monde, injuste et terrible. Ton rictus disparaissait alors que ton regard croisait le sien, son air provocateur bien que sérieux. Il attendait que tu l'éclaires, que tu joues ton rôle d'aîné comme tu avais l'habitude de faire avant...

"... Ce que j'ai ressenti avec lui..."

Ah, que d'amertume.

"... Beaucoup de choses, de simples mots ne pourraient pas vraiment le décrire. L'amour est un sentiment bien trop complexe. Disons simplement qu'il m'a fait goûter à la liberté, il m'a fait goûter aux plaisirs de la vie, c'est auprès de lui que j'ai découvert beaucoup de choses, comme ma sexualité par exemple... Quand tu es amoureux... Véritablement amoureux..."

Un soupir, tu prenais une gorgée avant de reprendre.

"Tu veux toujours être à ses côtés, sa simple présence semble ensoleiller tes journées, le moindre petit compliment pourrait te faire fondre. Chaque émotion ressentie auprès de lui, était tout simplement décuplée, tout est ressenti de façon plus intense, un simple sourire de sa part et c'est comme si mon coeur battait soudainement plus vite... J'étais tout simplement... Chambouler pour un rien... Il me faisait rêver à une période où j'étais naïf, influençable et..."

Fragile.

"Et parce que toutes ces émotions étaient si intenses, comme une pierre précieuse, un trésor que je découvrais... Même en voyant à quel point cette pierre était en réalité laide et terne, je ne parvenais pas à oublier la façon dont elle brillait la première fois, la façon dont elle m'avait parue si éclatante et colorée."

Tes yeux quittèrent les siens quelques secondes, pour te concentrer sur le fond de whisky, cette couleur ambrée qui se reflétait dans le glaçon alors que tu entendais toujours son bruit faisant écho.

"Si on parle de relation toxique, ce n'est pas pour rien... C'est comme de l'alcool, du tabac ou de la drogue. Au début, on en prend, car c'est agréable, ça nous aide à nous sentir mieux et on continue, encore et encore, en se laissant emporter par cette addiction, par les effets que ça procure sur l'instant, alors que le mal grandit toujours plus et qu'on sait pertinemment que ça nous mènera vers des regrets. Malheureusement, l'espoir peut parfois trop s'accrocher."

Ce sont des métaphores et pourtant... Cela décrivait plutôt bien ce que tu avais vécu.
Et tes yeux venaient retrouver les siens.
Et tu terminais ton verre, le posant sur la table, sans quitter son regard.

"Enfin comme dit, il est difficile de décrire un sentiment aussi complexe. J'espère cependant avoir réussi à t'éclairer un minimum. "

Ton sourire réapparaissait.

@feat Aven 09/04/24

Dans ta gorge, l’amertume ne partait pas. Ce n’était pas l’alcool, c’était tout simplement raconter ce passé, ce sentiment que tu aurais préféré oublié, cet amour qui autrefois t’avait intoxiqué et ronger. Raconter cette émotion intense, te souvenir de ce que cela t’avait fait, car malgré tout ce temps, malgré toute cette peine… Tu ne pouvais pas tout jeter. Tu ne pouvais pas mettre à la poubelle, cet adolescent que tu as été… Et puis si tu oubliais, comment nourrir tes idéaux, tes pensées et tes rêves ? La trahison, la souffrance, la peur, c’est ce qui te donnaient la force, le courage d’avancer dans cette voie que tu voyais déjà toute tracée.

Un sourire.
Toujours ce même rictus, aussi charmant qu’agaçant pour certains.

Et tu écoutais, calmement, sagement, tu buvais ses paroles, son avis sur ce que tu venais de lui expliquer… Sans que cela ne t’étonne réellement, il n’avait pas compris, et sa perspective n’était en rien fausse. Au contraire, comment se mettre à ta place ? Comment imaginer quelque chose d’aussi fort, si on ne l’a jamais vécu ? C’était une bonne chose qu’il n’ait jamais connue une telle chose, qu’il ne soit pas capable de comparer. Tu pouvais être un vrai connard, mais, au fond, tu ne lui souhaitais pas tout ça.

Enfin…

« … Tu ne peux sans doute pas comprendre en effet… Si tu n’as pas d’expérience similaire, si tu n’as pas les sentiments pour user de ton imagination, alors tu ne seras point capable de te mettre à ma place. Ou bien alors tu pourrais possiblement imaginer si quelqu’un de cher à tes yeux actuellement du jour au lendemain te trahirait, et là, tu te rapprocherais.

Peut-être. »

Peut-être qu’au final, tu étais à ses yeux cette trahison.

Tu ne t’attendais pas à ce qu’Aventurine te pose ces questions si soudainement. Est-ce que tu comptais revenir vers lui ? Est-ce qu’il était passé à la trappe ? Est-ce qu’il était devenu un inconnu ?

Tes yeux ne quittaient pas les siens, un silence, des lèvres scellées quelques instants. Tu réfléchissais à la question, ton sourire disparu, le visage plus sérieux. Tu n’avais pas l’intention de dévier son regard, tu comptais bien lui faire face, tout comme tu lui avais fait face il y a des années pour lui dire que tu avais quitté cet homme, que tu t’étais trompé… Pour t’excuser… Pour ensuite partir, le laisser derrière.

« Tu ne pourras jamais être un inconnu… Ou du moins, j’ai connu un Aventurine. »

Tout comme il avait connu un certain Sunday.

« …. J’ai bien vu que tu ne me voyais plus de la même façon, ce qui est bien évidemment compréhensible. Ton amertume, même une pointe de colère, un peu de rancœur, ou bien un simple sentiment de regret… Il n’y a rien d’anormal à ce que tu me vois négativement... »

Un soupir.

« Ce n’est pas mon cas par rapport à toi… »

Devrais-tu avouer que tu n’avais jamais vraiment songé à lui revenir vers lui ? Bien que l’idée t’était revenu plusieurs fois, tu ne l’avais jamais poussé…
Mais Aventurine a changé… Tu n’étais plus capable de le comprendre…
Et si tu ne le comprends pas, comment contrôler ? Comment pouvoir deviner ses pensées, ses actions ?

Tu n’étais pas sûr qu’il y ait d’autres occasions qui viennent se présenter, d’autres ouvertures pour chercher à comprendre ce qu’il était devenu aujourd’hui. Ce nouveau masque.
Ce nouvel Aventurine.

« … Je ne m’imaginais pas vraiment que tu accepterais de me parler de nouveau. Que tu voudrais que je vienne te voir, discuter… Je me suis dit que tu préférais sans doute que je sois loin de toi… Alors, non, je n’ai pas tenté de revenir vers toi un jour... »

Un sourire.

« Cependant, tu n’es jamais passé à la trappe dans mon esprit… Et je ne serais jamais capable de jeter nos souvenirs…
Ou l’affection que j’avais… Que j’ai toujours malgré tout pour toi. »

Dans ces mots, il y a des mensonges, des vérités, mais difficile de savoir quand commençait l’un ou l’autre.

@feat Aven 09/04/24

La trahison.

Un sentiment immonde, qui peine notre cœur, qui pourrait le pourrir et le ronger, lui donner bien trop de noirceur. C’est une plaie qui souvent, est bien trop profonde, difficile à soigner, parce que c’est intérieur… Tout dépend des gens. Ah, et quand tu entendais ces mots, quand tu pouvais voir ce sourire piquant. Tu n’avais plus aucun doute. Tu ne pouvais que comprendre le sous-entendu.

À ses yeux, tu l’avais trahi.
Et peut-être que c’était vrai finalement.

Et pourtant, tu cherchais maintenant à le récupérer ? Voulais-tu avoir un nouveau pion ? Voulais-tu encore avoir ce contrôle permanent sur tout ? Et pour cela, tu étais persuadé que tu devais passer plus de temps avec lui, pour mieux l’analyser, pour mieux comprendre à quel point il avait changé. Pour savoir ses nouveaux traits de caractères, lesquels il avait gardé, lesquels ils cachaient au plus profond de son être. Dans tes mots, se confondent vérités et mensonges, dans tes paroles, toi-même était incapable de voir, de savoir à quel point tu étais sincère… Ou à quel point tu étais mauvais.

Mais voilà, tu ne pouvais pas faire autrement…
Tu étais comme ça maintenant.

Cependant, tu te doutais que cela n’allait pas être aussi facile. Pour lui, il était difficile de savoir si tu te foutais de sa gueule ou non ? Et tu ne détournais pas le regard, alors que ses yeux restaient dans les tiens, observant chacun, dans l’un et l’autre, le reflet d’un inconnu.

« … Je vois… »

Un soupir.

« Peut-être qu’à tes yeux ce ne sont que des mensonges… Mais, quand je dis avoir des restes d’affection pour toi, je suis sincère… Nous avons après tout traîné ensemble plusieurs années, et pour moi, tu as toujours été un cadet que je souhaitais soutenir…. »

Ton sourire disparaît.

« Je l’admets, je t’ai laissé pendant tout ce temps sans chercher à faire le premier pas vers toi… Même si j’y ai songé… Je me suis simplement persuadé avec mes propres idées. Je me suis dit que c’était mieux ainsi… Peut-être avais-je tort… »

Tes yeux se posaient de nouveau sur ce verre vide, ce glaçon qui lentement, mais sûrement, fondait, ses quelques éclats se reflétant dans tes yeux.

« Et....Peut-être qu’au fond, je t’associe à une page de ma vie que je préférais tourner. Non pas que tu aies quoi que ce soit à te reprocher, mais parce que tu étais présent à cette période… Disons simplement que pour moi, que nos chemins se séparent était la meilleure solution. Je me suis excusé de ne pas t’avoir écouté, j’ai vu ta rancœur et je me suis dit que le mieux pour nous, c’était juste de tout mettre de côté. De juste partir sur une nouvelle base… Tourner la page.»

Quand commençaient les mensonges ?
Quand étais-tu sincère ?

« C’était ma vision des choses. Pourtant, tu m’as parlé de nouveau… Tu es venu à cette table ce soir, en trouvant une excuse particulièrement mauvaise…. »

Tes iris se replongent dans les siens.

« Et peut-être qu’à ce moment-là, je me suis rendu compte que j’avais tort… Et que j’aimerais au fond de moi tenter de savoir si t’avoir mis de côté était pour nous le mieux… Ou si, malgré nos différends, malgré à quel point nous avons changer.. Il y a une chance de se reparler, ne serait-ce qu’un peu comme avant. »

Ah, quelle expression avais-tu à ce moment-là ? Tu n'avais plus de rictus pour étirer tes jolies lèvres, tu n'avais ni d'éclat dans les yeux, tu paraissais si sérieux... Quelles émotions passaient à travers tes pupilles ? Dans ton âme, qu'est-ce qui se disait ?
Difficile à dire.

@feat Aven 09/04/24

Tu revoyais encore ce cadet…
Ce jeune adolescent qui semblait un peu perdu, qui ne savait pas où il allait, qui il était. Toi, le grand-frère, voyait en lui, quelqu’un que tu devais soutenir comme Robin, pas à la même échelle, pas avec le même amour profond, mais une affection pure et sincère… Oui, tu y repensais des fois… À ce garçon que tu aidais dans ses devoirs, à qui tu expliquais tant de choses, partageant tes nombreuses connaissances, toi, l’élève trop sérieux. Toi l’oiseau qui avait tenté de s’envoler.

Pour finalement te faire couper les ailes.
Et te voilà cloué au sol.
Changé.

Et sans doute que plus rien ne sera comme avant.

Pourtant, il avait fait le premier pas vers toi, pourtant, il avait décidé de te parler ne serait-ce qu’une dernière fois.

Finalement, toi qui cherchais uniquement à avoir toutes les informations nécessaires, à avoir un nouveau pion, à mieux dessiner la carte d’Aventurine pour mieux la contrôler après… Tu te retrouvais à être plus sincère que tu ne l’avouerais. Car c’était vrai, tu l’associais d’une certaine façon à cette période, à la fois, tu ne cherchais pas à tourner la page, après tout, ce que tu avais vécu était inoubliable et nourrissait tes ambitions. Cependant, tu avais en effet, pensé que ce serait mieux de ne plus vous voir, de vous éloigner… Il y avait bien des raisons à cela… Comme tu l’avais dit, tu avais senti sa rancœur, et tu t’étais persuadé que c’est ce qu’il préférait, que s’oublier était plus simple et plus sain…

Ce que tu n’avais pas dit, ce que tu ne pouvais pas avouer…

C’est qu’une part de toi redoutait ses capacités, car même s’il joue l’idiot, il ne l’est pas. Il est intelligent, intuitif, chanceux et clairement pas stupide… Il sait déceler certaines choses… Et tu ne voudrais pas qu’il voie, qu’il sache, toute la vérité sur ce que tu avais vécu.
Et une part de toi, savait que tu n’étais pas devenue vraiment la meilleure des personnes, non pas que tu te dirais mauvais, tu diras simplement que tu es ambitieux et que tu aspires à un monde meilleur pour Robin, les faibles, les innocents, les gens bons… Et pour cela, certains sacrifices sont nécessaires, avoir le contrôle est nécessaire… Et finalement, peut-être qu’au fond, tu avais aussi tenté de le préserver de toi-même…

Le préserver… Il n’en avait pas conscience, mais tu l’avais fait bien souvent, en lui épargnant les détails qui font mal.

Mais voilà, en ce jour, les choses changeaient.
Tu te décidais à laisser ce désir de contrôle constant prendre le dessus, mélanger à ces souvenirs, ces restes d’affection que tu éprouvais pour lui. Un mélange pas très sain, un peu trop complexe.

Et tout d’un coup, il te dit qu’il était prêt à te pardonner ? Tu restais silencieux quelques instants, l’écoutant, observant cette main qu’il te tendait.

« … Ce ne seront que mes mots…. Je pourrais confirmer que je suis sincère, te le promettre, sans que cela ne soit vrai... »

Tu le regardais, droit dans les yeux alors que tu saisissais sa main, l’air sérieux.

« Ou bien est-ce un autre pari risqué que tu veux tenter ? »

@feat Aven 09/04/24