La tête penchée dans le vide, allongé sur son lit, l’italien réfléchissait. Il avait senti une boule d’angoisse grandir tout le long de la journée au creux de son ventre. L’aubrun essayait difficilement de se rassurer afin que cette dernière ne prenne pas de proportion inconsidérée et qu’il ne fasse pas la bêtise de poser un lapin à son camarade lupy. Lequel  avait, sans putain de doute, organisé l’intégralité de la soirée de manière scrupuleusement parfaite.

Pourtant, il était ami avec Aaron. Il n’avait pas de raison rationnelle d’avoir peur de ce qui l’attendait. Seulement, les garçons avaient beau être proches depuis l’année de leur cohabitation dans la même chambre, l’éloignement dû au départ du coréen avait petit à petit creusé comme un écart. Du moins, pour Lovino. Peut-être que tout ça se passait uniquement dans sa tête mais plus il y réfléchissait, plus il avait l’impression de devoir prendre des pincettes les rares fois où l’occasion de passer du temps avec le jeune homme se présentait. Rester lui-même devant Aaron lui avait toujours semblé simple, avant. L’italien avait réussi à s’adapter sans problème aux particularités du brun. Ils avaient même des discussions profondes qui changeaient agréablement de ce que le lupy pouvait rencontrer au quotidien.

Plus Lovino prenait le temps d’y réfléchir et plus il était clair qu’il avait, petit à petit, placé beaucoup trop d’estime en la personne d’Aaron. Alors forcément, en contrepartie, il avait sans cesse peur de le décevoir… Lui et son cœur d’artichaut recollé de toute part. Lui à la chambre en bordel et aux capacités magiques versatiles.

Le lupy soupira. Son regard atterri sur l’écran de son PC, posé plus bas, et toutes ses pensées négatives s’envolèrent. Il allait être en retard ! Lui qui avait appris à ne jamais faire attendre les personnes qui lui sont chers.

A croire que le stresse était source d’énergie chez le jeune italien. Il fut en prêt à partir dans les minutes qui suivirent.

Sa préparation expresse ne le sauva cependant pas d’un léger retard, durement compensé par une conduite qui lui aurait valu un retrait de permis si une quelconque forme d’autorité s’était trouvée sur son trajet. Le jeune homme vérifia une dernière fois ses cheveux dans le rétroviseur du véhicule, ainsi que le reste de sa présentation. Il s’assura également d’avoir avec lui la petite compensation pour la soirée. Un cadeau qui ferait sans doute plus plaisir à Carmin qu’à Aaron mais qu’il avait choisi expressément pour être utilisé en cuisine, afin qu’il profite aux deux. Il fallait bien qu’il arrive à refourguer les bouteilles que son père lui envoyait encore, malgré l’interdiction d’introduction d’alcool sur le campus. A croire que le vieux cherchait uniquement à tester sa capacité à se sortir de situations merdiques.

Une fois devant la porte, son angoisse laissa la place à un semblant d’excitation. Il n’avait jamais fait de soirée film. C’était la raison première de la proposition d’Aaron. Lovino n’avait qu’une vague idée du déroulé de ce genre de soirée mais elles devaient bien différer d’une soirée en amoureux devant la télé. A commencer par les câlins et les baisers en moins.

Sans se poser plus de questions, le lupy pressa la sonnette. Il n’eut pas à attendre avant qu’Aaron ne vienne lui ouvrir.

Son cœur commença à battre un peu plus vite bien que ça ne soit pas la première fois qu’il pénètre dans l’appartement de son ami. De ce qu’il avait compris, ils seraient seuls tous les deux. C’était intimidant, mais Lovino n’en montra rien car si la colère et la gêne étaient visibles à des milliers de kilomètre sur son visage, la peur et l’admiration avaient du mal à transparaitre.

L’appartement était impeccable, peut-être même plus que d’ordinaire. Aaron n’aurait pas eu besoin de le demander que l’aubrun aurait retiré de lui-même ses chaussures. C’était le moins qu’il pouvait faire pour que sa présence ne soit pas importune.

« Bonsoir. »

Il se permit un demi-sourire en direction du coréen, hochant la être à la demande et cherchant les chaussons du regard. Il doutait fortement qu’Aaron le laisse se balader pieds nus ou en chaussettes sur son sol immaculé.  

« Je t’ai apporté une bouteille. Elle est meilleure utilisée dans une préparation mais tu pourras la goûter avant de faire un choix. »

Lovino sorti de sa poche une bouteille en verre, estampillée Vargas, emballée dans un sac de papier soigneusement scotché pour épouser la forme de l’objet. Il avait fait de son mieux pour prendre en compte la phobie de son ami même s’il savait que le coréen nettoierait surement la bouteille avant de la ranger où que ce soit. Il ne pouvait pas lui en vouloir. Le contenant était passé dans bien des mains avant de finir entre celle de l’italien.

La boule d’angoisse avait définitivement disparu. L’appartement d’Aaron lui paraissait pour ce qu’il était, impeccable et accueillant par la simple présence de son ami. Avec quelques règles spécifiques, que Lovino avait acceptées sans les remettre en question, vestige de leur ancienne colocation. Les petits tocs d’Aaron, liés à sa phobie, l’avait fait tiquer autrefois, voir secrètement blessé à de très rares occasions mais c’était comme tout avec les gens qu’il appréciait : ça faisait parti du personnage avec qui l’italien avait appris à être ami. Sans ça, Aaron n’aurait pas été Aaron et le lupy l’aurait relégué au statut des anciens camarades de chambre oubliables.

Le jeune homme glissa ses pieds dans les chaussons, appréciant le confort qu’ils apportaient. Dans un autre monde, il aurait rêvé d’un dortoir où chacun se voyait contraint de suivre cette règle mais une trop grand part de lui appréciait le chaos de sa maison et le merdier qu’on trouvait dans certaines chambres. Une règle comme celle de porter des chaussons en intérieur était bonne pour les cervirald qui s’y plieraient plus volontiers.  

« J’ai jamais goûté au soju. »

Ca avait l’air d’être un alcool un peu fort mais si le coréen pensait que c’était la boisson adéquate à manger avec un bibimbap, alors Lovino acceptait. Surtout si c’était LA boisson du plat. Qui était-il pour remettre en cause une coutume culinaire ?

« T’emmerde pas avec du vin, je veux bien en prendre. »

A l’évocation du piment par contre, son lui intérieur fit la grimace. La plupart de son expérience se situait dans les dégustations culinaires offertes par Lélio. Peut-être que plus tard, il serait amené à goûter un plat préparé par sa famille, en attendant, la brulure que lui provoquait l’épice avait uniquement dégradé son expérience gustative. Il ne voyait pas comment une épice aussi forte pouvait être utilisée en grande quantité. Ca retirait toutes les subtilités de saveurs des plats.
Le brun vient s’installer sur le canapé, n’ayant pas encore répondu à la second question.

D’ailleurs, il trouvait Aaron bien causant ce soir. En y réfléchissant, c’était la première fois que Lovino allait goûter à un repas fait de la main du jeune homme. Est-ce que la préparation d’une soirée complète avait excité le coréen au point de lui délier la langue ? Ca promettait des surprises pour le reste de la soirée.

« Je … sais pas doser le piment mais je te fais confiance »

Il pouvait ouvrir cette porte si Aaron ouvrait quelques une des siennes.

Quand son ami fit léviter le repas jusqu’au canapé, Lovino ne put s’empêcher un sourire en coin. La maitrise du coréen était toujours aussi impressionnante. Lui-même s’adonnait à la magie sans baguette mais il était loin d’avoir le niveau face au jeune homme. C’était si fluide. Il semblait que le geste lui venait naturellement. Si l’italien n’avait pas eu connaissance de tout le sérieux et le travail que le lupy mettait dans ses études, il aurait pu en être jaloux. Sur le coup, il était juste impressionné et fier.

Il remarqua immédiatement la petite attention à son égare. Jamais l’italien n’aurait réussi à se servir des baguettes.

Merde, est-ce que Aaron ratait au moins un truc dans sa vie ? Heureusement qu’il avait sa putain de phobie, sinon ce mec était juste stupidement proche de la perfection. Et c’était son ami. A se demander comment ça avait pu arriver.
Sans quitter ses chaussons, il s’installa un peu mieux dans le canapé.

« T’es sûr que tu veux bien qu’on mange là ? »

Malgré la question, l’italien récupéra son plateau pour admirer un peu ce que pouvait bien être le fameux bibimbap. Ce n’était pas faute d’en avoir entendu parler mais Lovino n’en avait jamais mangé. A force de cuisiner pour lui-même et certains proches, il avait adopté une routine où seuls les plats italiens avaient leurs places. Une façon comme une autre de lutter contre le mal du pays.
Le bol sentait bon l’huile de sésame. Les légumes rafraichissaient le plat. C’était parfait pour un mois de juin.

« Non, j’ai rien. J’ai déjà aucune foutue idée de ce que regardent les gens de mon âge. T’avais parlé de drama. C’est un peu comme des séries non ? »

Cétait peut-être ambitieux de se lancer dans quelque chose de long.  D’un coté, ça leur donnerait l’occasion de se faire d’autres soirées.

« Tant qu’on regarde pas un truc d’horreur, ça me va. Un film historique sinon ? Les révoltes Gobelines, c’est à la mode en ce moment. Doit bien y avoir un truc pas trop pourri qu’est sorti ? »

Il n’osait pas demander une histoire d’amour. De toute façon, ça serait gênant avec juste Aaron dans la pièce. Pourtant ça devait être un sujet pas mal présent dans les drama de ce qu’il avait compris. Une petite histoire sans prise de tête avec un peu de mystère et un amour qui mettait toute une saison à se construire. Ca serait bien. Même s’il serait probablement  incapable de rester concentré devant l’écran sans dormir.

Aaron était bien confiant de les laisser manger devant la télé, même avec les plateaux. Lovino n’était pas forcément connu pour sa maladresse, mais c’était uniquement parce qu’il la cachait bien. Il suffisait d’observer le jeune homme pendant ses temps de loisirs, quand il se pensait seul, ou durant une période de fatigue pour s’apercevoir que les objets restaient difficilement dans ses mains. Talent contradictoire pour quelqu’un qui maitrisait à la perfection une gouge ou un couteau de gravure. Disons que sa filiation avec les sorciers avait grandement arrangé son quotidien.

De fait, au lieu de tenir le plateau qui lui était offert, l’italien le fit légèrement léviter, à l’aide de sa baguette, car il était loin d’avoir l’aisance de son ami en matière de magie pur.

Lovino hocha la tête aux instructions, observant, dans un premier temps, Aaron mélanger son plat. C’était vraiment agréable d’être face à quelqu’un qui se souciait du repas qu’il avait préparé. Sans être de l’amour, le jeune homme pouvait ressentir tout le plaisir et l’attention que son ami avait mis dans la préparation de ce qu’ils allaient manger. Ce genre d’attention que beaucoup des personnes qu’il fréquentait ne remarqueraient même pas.

Chassant ses pensées parasites, le lupy attendit que son ancien coloc commence à déguster le bibimbap, ne sachant pas trop s’il convenait de boire avant, pendant ou après ? S’il se fiait à la manière de déguster un vin pendant un repas, avec les milles et une règles liées aux verres, tout était possible. Quoi qu’il en soit, mieux valait avoir fini de choisir le film avant, de sorte à être tranquille.

Et là …

L’italien porta son regard à l’écran une première fois. Son visage se crispa légèrement devant le résumée. Il le relu une seconde fois essayant d’intégrer les prénoms ou noms des personnages sans savoir exactement quelle partie correspondait à quoi. Il aurait dû se doutait que la transition culturelle ne serait pas si aisée. Il n’avait déjà absolument rien pigé au titre ….

Après relecture il en tira plus ou moins la conclusion que l’histoire tournerait autour des relations de … l’Héritier et la Chamane. Qu’il y aurait la Vieille pour foutre la merde et essayer de marier l’Héritier à une meuf plus à son goût.

Les intrigues amoureuses ne le dérangeaient pas dans cette proposition. Il aurait juste aimé maitriser un peu mieux le système politique coréen en vigueur à l’époque où se passait le drama.

Ca lui ferait toujours des pistes historiques divertissantes à explorer s’il s’ennuyait cet été.

C’était vrai que l’italien n’avait jamais trop discuté avec Aaron de son pays d’origine. De sa famille non plus. Il venait de découvrir que sa mère était divorcée et qu’il avait peut-être vécu au Canada avant même de commencer ses études à Ilukaan. Son prénom était d’ailleurs loin de sonner très coréen.

C’était bien le moment pour se poser des questions putain.

« Je … veux bien essayer ça. »

L’incertitude se lisait sur son visage, tout comme les difficultés qu’il avait éprouvé à la lecture du résumé. L’histoire d’amour lui donnait envie d’en savoir plus, surtout si elle était accompagnée d’une rivalité entre deux femmes menée par une main supérieur aux volontés plus obscures. Et puis il y avait cette histoire de Chamane. L’italien espérait un traitement esthétique particulier en la personne de la jeune amoureuse revenu d’entre les morts. Et puis le personnage lui ferait découvrir la vision du chamanisme en coréen. Ca ne pouvait qu’être intéressant. Si c’était réaliste. Rien n’en était moins sûr.

« Je te garantis rien. J’ai jamais tenu devant plus d’une demi-heure de film. Faut lancer pour voir si ça m’intéresse assez pour valoir le coup. »

Par contre, 20h de visionnage ?! C’était beaucoup trop long ! Il jeta un regard à Aaron avec un demi-sourire amusé.

« T’as déjà prévu d’autres soirées ? T’es ambitieux.»

L’italien lâcha un rire court. Ca lui faisait plaisir mais il ne savait pas encore si la soirée film était une bonne idée pour eux deux. Si on faisait un rapide calcul, pour tout visionner, ils devraient se revoir à au moins 7 occasions. S’ils tenaient 3 épisodes à chaque fois.

Ambitieux comme il l’avait dit. Mais pas nécessairement déplaisant.

« Ca me va. Vraiment. Ca à l’air intéressant. Si tu m’expliques à la fin de l’épisode ce que j’ai pas compris. La culture coréenne, c’est pas mon domaine de prédilection »

Il laissa Aaron lancer le premier épisode, préférant ne pas toucher à la télécommande et attendant toujours le bon moment pour commencer son plat.

Que ça soit un film ou une autre série, les faits étaient là. Lovino ne regarderait jamais rien de lui-même et encore moins seul. L’exercice même de se poser devant un écran étant une forme de restriction pour le jeune homme, si en plus il n’avait plus personne avec qui partager l’expérience, c’était perdu d’avance. A qui ferait-il tous ses commentaires en fin de visionnage ? A qui se plaindrait-il tout du long si le programme ne lui plaisait pas, sans jamais envisager de simplement étreindre le moniteur ?

En choisissant un drama plutôt qu’une série classique, l’italien espérait bien faire une plongé dans la culture d’Aaron d’une certaine façon. Se rapprocher de lui sans avoir nécessairement besoin de lui poser de question. Par que ça ne soit pas envisageable mais son amitié avec le jeune homme reposait depuis le début sur une compréhension tacite de l’autre. Leur rencontre n’avait été que le fruit du hasard de la répartition des dortoirs. Leur relation n’avait débuté que grâce à une perche tendue par Dieu, probablement. Un petit évènement mineur qui, de carré en chocolat en compliment de nail art, avait débouché sur cette soirée.

Et jamais Lovino n’aurait la volonté de brisé ce lien en ouvrant trop grand sa gueule devant un art qu’il ne maitrisait pas.

Le Nox lancé par Aaron fit changer l’ambiance du tout au tout. Il n’était plus dans l’appartement du couple comme il avait déjà pu l’être. Le brun senti une pointe d’excitation monter. Sa première soirée cinéma, drama en l’occurrence.

La maitrise de la magie et l’usage domestique que son ami en faisait avait réveillé son sentiment d’admiration. S’il les comparait à chez lui, le lupy avait l’impression que le coréen était bien mieux ancré dans la culture sorcière que sa propre famille. Chez lui, la magie était présente et ses parents l’utilisaient mais elle n’avait sa place, généralement, que pour les actes impossibles ou trop longs à exécuter pour un être dénué de pouvoir. Aaron, lui, embrassait complètement son coté sorcier et d’une façon si naturelle.

Lovino ne pouvait pas clairement mettre des mots sur ce qu’il ressentait, là, dans la pénombre magique de la pièce.

Cette soirée était  un moment privilégiée. Une petite bulle dans laquelle les deux garçons allaient s’enfermer pendant au moins une bonne heure. Pour la première fois de sa vie, Lovino se senti en capacité de rester assis là, à fixer une image mobile dans une boite rétro-éclairée, immobile.
Le lupy en oublia presque de regarder Aaron faire pour le bibimbap. N’étant pas encore entièrement captivé par les images qui défilaient sur l’écran, il fini par capter la simplicité de la mise en place du repas et d’imiter son ami, avait sans doute bien moins de maitrise de la précaution et moins de légèreté dans le mélange des ingrédients.

Il fallu attendre que les acteurs se battent dans un ballet chorégraphié du plus bel effet, où la fluidité des mouvements étaient rehaussée par des tenues désignées pour mettre l’accent sur la grâce des corps. Du moins, du point de vu d’un néophyte comme l’était l’italien. Peut-être que tous les dramas coréens avaient un panel de tenues historiques dans lequel les costumiers piochaient pour habiller leurs acteurs. Ou bien peut-être que c’était historiquement exacte tout simplement et que les tenues coréennes étaient juste de manière général bien foutues.

Le fait est que Lovino était bien plus convaincu par ce qui se passait là à l’écran que par tout ce qu’il avait pu regarder dans sa vie diffusé à la télévision.

Il ne s’offusqua pas du sur-jeu, habitué au théâtre où chaque mouvement et expression devait être vu de loin. De toute façon, le brun ne comprenait rien à ce que les acteurs racontaient et ne maitrisant pas du tout la langue coréenne, il ne pouvait pas juger du jeu des acteurs pour ce qui étaient des expressions. Son seul modèle était Aaron et Aaron était quelqu’un de calme et posé en apparence. Lovino ne se souvenait pas l’avoir jamais vu agir comme les gens à l’écran mais, venant de découvrir que le garçon avait véçu au Canada, il ne pouvait pas le prendre comme référence.
Contrairement à tous les discours que le lupy avait pu avoir, il se plongea dans l’œuvre comme il pouvait se plonger dans une exposition de peinture ou de sculpture. Sans jugement. En se basant uniquement sur son ressenti.

Les costumes étaient beaux. Il y avait de la danse. L’ambiance fonctionnait parfaitement.
Les minutes passaient et il en oubliait de manger, trop concentrer pour saisir à la fois les expressions des personnages et lire en même temps les sous-titres.

Bien que l’italien soit totalement pris par la découverte de tout ce nouvel univers, il fini par se rappeler qu’un repas tout prêt et chaud l’attendait. Le mets préparé par Aaron méritait tout autant son attention que ce qui se passait à l’écran, voir plus. C’était une situation qui lui était inconnu jusqu’à présent. Devoir choisir entre manger ou regarder. Lui qui n’avait pas l’habitude de la télévision se retrouvait comme un enfant, happé par l’écran.

Ce furent le bruit des baguettes, comme un petit parasite sonore à sa droite, qui le ramena à sa faim. Il était vrai que l’auburn n’avait rien avalé avant de rendre visite à son ami. La faute au stresse. Un petit coup d’œil, un demi-sourire pour les couverts si gentiment offert et l’italien découvrait les saveurs du bibimbap. Elles n’étaient pas aussi simple que la recette le laissait paraitre et bien que le jeune homme ne connaisse absolument rien au plat qu’on lui proposait, il était persuadé qu’Aaron avait parfaitement réussi la recette. L’ensemble des ingrédients se mariait bien en bouche et aucun arôme particulier ne venait gâcher son expérience. Avec une cuillère pour l’occidental qu’il était, le lupy ne pouvait que profiter de sa dégustation.

Jusqu’à ce que le coréen commence à jouer avec le son.

S’il était assez claire que Lovino était déjà à moitié sourd, handicape grandement renforcé par les quelques incidents survenus vers la fin de sa septième année, les appareils qu’il portait avait, jusqu’à présent, joué leur rôle. Ces derniers ne se contentaient pas d’amplifier les ondes sonores qui parvenaient au jeune homme. Ils filtraient aussi les sons parasites. Le bruit du vent, les échos de voix transitant entre deux pièces. C’était restrictif. Ca restait la façon la plus efficace de diminuer la fatigue auditive liée à l’interprétation de tous les signaux sonores qui lui parvenaient et saturaient ses oreilles.

Et si Lovino savait qu’il ne pouvait plus apprécier une ambiance de salle de la même façon qu’à ses quinze ans, il ne s’attendait pas à ce qu’un ami agrrave le problème par inadvertance.

D’un geste maintenant maitrisé, le lupy désactiva ses sonotones d’une pression du doigt, avant de lancer un regard plus que surpris à l’homme assis à ses cotés. Il décrypta l’excuse plus qu’il ne l’entendit. Une nouvelle pression, après avoir évalué que le problème avait été réglé et l’ouïe lui revient.

« Tu sais, je suis pas si sourd. »

L’italien n’était pas stupide au point de ne pas s’apercevoir que son ami avait juste commit une erreur. Ou un geste d’inattention. Difficile à déterminer exactement de quoi il s’était agit. L’incident était bénin. Rien qui ne mérite de dramatiser. Le rougissement sur les joues du plus âgé était une preuve suffisante de la gêne qu’il ressentait. Pour la première fois visible ouvertement. Lovino ne savait pas bien s’il assistait là à une curieuse forme de rapprochement entre eux. Aaron semblait presque sur la défensive, comme si son honneur même d’hôte avait était remis en cause. L’italien lui offrit donc un sourire, avant de reprendre son repas, clôturant la coupure qu’avait engendré la manipulation de la télécommande.

L’auburn remarqua du coin de l’œil le nouveau verre d’alcool que se servit son ami. A noter qu’il ne lui en reproposa pas. Sans doute que le coréen connaissait mieux que d’autre l’état dans lequel finissait Lovino après seulement deux verres de vin. Seuls tous les deux sur ce canapé, ce n’était en effet pas une bonne idée.

La distance qu’avait créé la courte interruption lui apparu maintenant clairement. Le jeune homme tenta de se reconcentrer sur le programme, difficilement. Son bol fut fini bien avant qu’il n’arrive à retenir le nom du héros qui fort heureusement apparaissait sous forme écrit dans les crédits de fin d’épisode.

« Comment vous faites pour emmagasiner tout ça et repartir sur un nouvel épisode ?! Enfin merde » Il ricane « Ca doit être plus facile pour toi, c’est un pan de ta culture. J’ai l’impression d’avoir essayé d’avaler une anthologie de la culture chamanique. »

Le plus jeune dépose, le plus précautionneusement possible, le bol sur le plateau et le plateau sur la table basse.

« J’ai bien aimé. » Au cas où ça n’avait pas été assez clair.