Vendredi 9 septembre 2022.

Il est 14h. Le temps est encore agréable pour un jour de septembre. Bien que l'on ressente doucement le changement de saison qui se profile, le soleil pointant le bout de son nez derrière les quelques nuages blancs du ciel annonce une journée prometteuse. Aujourd'hui, Tom compte bien s'afficher sous son meilleur jour pour être le plus convainquant possible.

En effet, le nouveau Conseil des Élèves - duquel il ne faisait pas partie, comme c'est regrettable - avait annoncé en début de semaine un atelier de présentation des clubs pour aujourd'hui. Sur le pied de guerre, il s'était rendu dans le parc après avoir fini ses cours du matin et avoir avalé un bon déjeuner au réfectoire. Puis, à l'image des autres président de clubs, il avait monté son stand avec l'aide de Jyubei et De Vère. Bien que le Japonais, comme à son habitude quand cela les activités du club, avait été particulièrement enthousiaste à l'idée de construire ce stand, De Vère était, disons, un peu plus calme et posé. L'ensemble des membres du club, mais surtout Tom évidemment, avait réfléchi à la décoration et l'agencement de ce stand. Ils avaient finalement opté pour quelque chose de très simple. Que pouvait-on faire de très original avec un club de débat et d'aide aux devoirs, de toute façon ? Quelques fauteuils, de quoi boire le thé, des friandises sorcières, trois ou quatre livres, une banderole à l'effigie du club et c'était bon.

Puis, une idée brillante lui était venue. Pourquoi ne pas titiller les consciences en posant des questions…que l'on aborde peu en cours. Oh, Tom aimait un petit peu provoquer de temps en temps, il fallait bien l'admettre. Peu de monde s'accordait sur ses idées et ses opinions mais au moins il ne laissait personne indiffèrent. Et c'est absolument ce qu'il voulait. Provoquer pour mieux débattre.  

Le sujet du jour, clairement affiché devant le stand : "Les sortilèges impardonnables devraient être enseignés à Ilukaan. Change my mind."

Bien que Tom avait un avis plus nuancé sur la question, cette opinion était totalement controversée et allait faire bondir plus d'un élève. Pire encore, peut-être que cela allait lui apporter un peu d'ennuis. Mais bon. Le but était juste de débattre et de soulever des questions importantes de la loi sorcière.

Quel premier poisson allait mordre à l'hameçon ?

— Peut-être que sans les enseigner, on pourrait améliorer l’éducation autour de ces sorts. Mais les enseigner me paraît… Risqué. Et comment garantir que l’entraînement restera éthique ?

Tom lève les yeux de son livre. Confortablement installé dans son siège, il ne fallait pas attendre si longtemps, finalement, pour que les premiers élèves s'intéressent au stand. Devant lui, il peut donc voir un étudiant. Il ne le connait pas très bien, mais il le reconnait. Il s'agit de Diluc Ragnvindr, 8ème année, Strixyst, Trésorier de l'actuel conseil. Tom a la curiosité et la prouesse d'esprit suffisantes pour mémoriser les visages, les noms et surtout les rôles que peuvent avoir les personnes influentes au sein de l'école. Sauf erreur, le roux est également un sang-pur... Somme toute, une belle pièce à rajouter à la collection des Chevaliers.

Il se lève donc et s'avance vers Ragnvindr après avoir posé son livre.

— Je suis d'accord avec ton premier point. Je trouve, malheureusement, que nous les survolons trop rapidement lors du cycle traditionnel. Ce n'est qu'en cursus Sciences Occultes ou bien en Auror et Défense Magique que le sujet est abordé plus en profondeur. Pourtant, ce sont des sortilèges important de la culture sorcière, qu'on le veuille ou non. Quant à l'enseignement de ces sortilèges, je comprends bien qu'ils soient jugés comme "impardonnables", mais si l'on réfléchit bien un Diffindo qui est un sortilège de découpe à lancer vers un objet ou bien un être vivant est appris en Cinquième année. N'est-il pas aussi voire plus dangereux qu'un Impero ? Pas besoin de connaître les trois sortilèges impardonnables pour tourner mage noir, à mon avis.

Il prend une pause pour observer l'expression de l'Allemand et finit alors son argumentaire.

— De plus, connaître des sorts aussi offensive permet de mieux s'en protéger également. Il est prouvé qu'il est possible de combattre les effets de l'Impero, même si cela demande énormément d'entrainement. Si l'entrainement est encadré par des enseignants certifiés, il y a moyen de faire quelque chose de productif, efficace et éthique. Et surtout de dé-diaboliser ce tabou autour de ces sortilèges. Au final, tout est une question de morale vis-à-vis des utilisateurs de ces incantations.

Ce que Tom préfère, c'est lorsque les personnes qu'il a en face de lui savent débattre. Malheureusement, cela ne court pas spécialement les rues. Beaucoup préfèrent fuir les discussions qui peuvent très vite devenir houleuses. Hah, pathétique. Sans doute n'ont-ils pas assez d'arguments ou juste de courage pour exprimer leur point de vue.

Quoiqu'il en soit, ce Diluc Ragnvindr a le mérite de défendre ses idées et d'avoir un peu de hargne. Voilà qui lui plait bien !

— Il est vrai, il est vrai… que tous tes arguments sont valables, bien évidemment. Mais osons le dire ! Est-ce que certains mages noirs ne mériteraient qu'on leur rende la monnaie de leur pièce ? Ne devrait-on pas au moins apprendre ces sortilèges au cursus d'Auror et Défense Magique ? Quoique, j'ai entendu dire que certains aurors utilisaint déjà des sorts très peu recommandables pour en faire parler certains.

Il esquisse un sourire, presque mauvais. Cela était tabou, mais certains agents pouvaient vraiment être de véritables enfoirés ne respectant pas la bonne éthique des mages blancs. La bonne hypocrisie. Après, la fin justifie les moyens, comme on dit.

— Mais j'ai le sentiment que tu vas me répondre à la négative. N'es-tu pas toi-même en cursus d'Auror et Défense Magique ? Tu es du genre à vouloir sauver la veuve et l'orphelin et à récolter la gloire ou bien plutôt héros masqué de l'ombre voulant faire un bon travail de citoyen, mh ?

Il croise les bras, pensif. L'envie de l'ajouter à son club, sa petite collection, est toujours aussi tentante.

— En tout cas, j'apprécie débattre avec toi. Pourquoi ne pas rejoindre notre club ? Nous nous entraidons aussi pour les devoirs et nous prenons le thé. Nous parlons actualités et nous écoutons tous. Un peu comme maintenant.

Il tente le coup même s'il sent la réponse négative arrivée…
Ah ! Tant pis si tel est le cas. Qui ne tente rien n'a rien.

Ahhhhh….!
Il peut sentir l'agacement dans la voix de l'Allemand. Même si c'est amusant, il ne souhaite pas non plus que cela ne dégénère trop. Apparemment ce dernier a déjà quelques a priori sur lui. Rien de surprenant puisque les rumeurs circulaient à une vitesse fulgurante dans l'école de magie canadienne. Il sait qu'il n'est pas spécialement apprécié par certains. Mais qu'à cela ne tienne. Il n'a pas besoin d'être aimé par tout le monde pour atteindre ses objectifs. Cela dit, il doit bien avouer qu'être qualifié de "mage noir en devenir" ou de "raciste" le fait un peu rire. Il a certaines opinions impopulaires, c'est vrai, mais de là à faire en sorte que les moldus souffrent, probablement pas. Les deux mondes sont juste très bien comme ils le sont. Un trop grand mélange des cultures et des peuples seraient dangereux et inappropriés. Il voit très bien les conséquences, à la maison : son père moldu ainsi que le reste des membres de la maison l'accueillent mais se gardent bien d'être trop proches de lui. Ils le craignent. Il en est certain. Pourvu qu'il puisse devenir indépendant au plus vite…

— Très bien je ne vais pas t'y forcer, de toute façon. C'est dommage, tu rates quand même quelque chose d'intéressant. Nous nous aidons mutuellement à apprendre bon nombre de connaissances !

Il sourit légèrement d'un air presque narquois. Cependant, il est très vite coupé par la voix à l'accent français plutôt agaçant de Francis Bonnefoy. Le blondin fait le tour des stands, un plateau rempli de petits gâteaux à la main, faisant don de sa cuisine à qui veut bien y porter attention. Le stand des Chevaliers de Walpurgis n'échappent à l'enthousiasme du Cervirald qui affiche son plus beau sourire.

— Bonjour à ces beaux jeunes hommes ! Pourquoi ne pas goûter les biscuits du club cuisine ? Vous m'en direz des nouvelles !
— Hm, pourquoi pas, oui.

Accompagné de Diluc, Tom prend alors un gâteau du plateau tendu devant lui et vient alors le croquer. Le biscuit n'est pas mauvais, il est même assez bon. Alors que Francis commence à partir vers un autre stand à un pas un petit peu pressé, il lance :

— Ah oui, ces gâteaux ont des effets un peu spéciaux… aussi.
— Comment ça, miaou…?……MIAOU ?!

Soudain, la panique. Il regarde Diluc d'un air ahuri. Il ne veut pas du tout sortir un tel mot de sa bouche !! Mais une force magique semble le forcer à miauler et à...se comporter comme un chat puisqu'il commence à se gratter derrière l'oreille avec le bord de sa main.

Le rouge colère lui monte un peu aux joues.
Oh non, c'est horrible. C'est embarrassant. C'est….

— Je ne peux pas rester ainsi, miaou !! Pitié, nyaaa….!

Mais Bonnefoy a déjà disparu.

En entendant le changement de timbre de voix de l'Allemand, Tom se tait immédiatement et le dévisage.

- Was meinen Sie mit "seltsamen Effekten"? Nein, Moment, ich meinte das auf Englisch. Scheiße!
- Je vois que je ne suis pas le seul à avoir à être affecté par les effets, miaou !

Il grince des dents. C'est humiliant, terriblement humiliant.

— Le problème, c'est que je ne comprends pas entièrement ce que tu me racontes, miaou. Même avec les quelques mots qui se rapprochent de l'anglais…nyaah~….
— SPRICHT VERDAMMT NOCH MAL ENGLISCH!

Quand il voit le rouquin sortir son téléphone pour tenter de se faire comprendre, il a un peu de peine pour lui car ce dernier semble tout autant galérer à taper dans une autre langue que sa langue maternelle. La voix robotique du traducteur commence alors à dire "J'ai honte de toi, ta mère, ta sale traduction".

Le Londonien fronce les sourcils.

— Tu te fous de ma gueule là, miaou ? Putain d'enfer, je déteste parler comme ça. Je ne suis pas un chat, miaou…! AAAH !

Il commence à perdre patience. Il a juste envie de se barrer et de s'enfermer dans son dortoir. Mais il risque d'y croiser Potter et il REFUSE de croiser qui que ce soit d'autre avec ce problème félin. Diluc suffit. Mais en même temps, la situation avait tourné au vinaigre.

— Ich werde den Franzosen töten.
— D'accord, là je pense comprendre et je te suis totalement dans cette démarche, miaou. Mais pas maintenant, nyah… Ou je sens que je vais rater mes sortilèges, miaouu……………………Je vais y aller.

Il se racle la gorge, commence à se lécher la main avant de prendre conscience de l'horreur de son geste et de se retourner pour cacher son visage.

— Pour le Français, on lui règle son compte demain, miaou !

Sur ses mots, il part de son stand en vitesse, laissant toutes ses affaires posées ici et là sans les ramasser. Il veut partir le plus vite d'ici. Car là, il a juste envie de régurgiter une boule de poils.