Paris, 2003 —

Un enfant aux yeux bleus est né. Fils d'un médecin qualifié et d'une mère danseuse dans des cabarets, il aurait pu avoir une vie simple, banale, une vie parisienne. Mais malheureusement, ce n'est pas le cas, c'est même tout le contraire.

Ta mère est morte en te donnant naissance. Tu ne peux pas dire que tu es traumatisé de cet événement, n'étant qu'un nouveau-né, mais cela marquera un point important de ton caractère : l'absence d'amour maternel. Tu ne connaîtras jamais ça durant les premières années de ta vie. Mais ce n'est pas grave : tu avais un père, aimant et adorable avec toi. Vous étiez une petite famille de nobles parisiens. Vous n'aviez pas la plus grande richesse de la capitale, loin de là, mais vous aviez un petit nom dans les environs dirons nous.

La perte de ta mère a déchiré la famille, une douleur énorme. Celle qui t'a donné la vie était une sorcière élégante, belle, gracieuse. Elle avait tout d'une femme aux allures charnelles, une magnifique créature. Tu tiens d'ailleurs tes yeux bleus d'elle. Ton père est ce sorcier charismatique au grand sourire, qui aide toute personne en difficulté : il tient son rôle de médecin à la perfection et il t'a d'ailleurs donné cette envie de sauver des personnes grâce à la médecine. Tu l'admirais, il était si fort, si intelligent, tu étais réellement fier de ton père.

Si seulement cette vie heureuse et épanouie aurait pu continuer, tu n'en serais sans doute pas là aujourd'hui.

Paris, 2008 —

Une interlude, simple. Etant un sang pur, tu as eu l'opportunité d'avoir ton premier signe de magie un peu plus tôt que les sang-mêlés ou les nés-moldus. C'est à tes 5 ans que tu as compris que tu suivais bien la lignée sorcière de la famille. Voulant aider une patiente à changer son pansement, avec l'aide de ton père bien sûr, il se pourrait que tu ais un peu brûlé le pansement entre tes mains. Mais rien de grave, la patiente n'a rien eu et ne t'en voulait pas. Heureusement d'ailleurs.

Paris, 2011 —

Tu t'amusais dans les jardins de votre demeure. Les fleurs étaient si belles, rien n'annonçait une catastrophe, tout semblait normal en ce jour ensoleillé. Comme habituellement, ton père accueillait des patients. Aujourd'hui ? Un couple récemment marié. Tout allait pour le mieux, jusqu'à ce tu entendes un cri strident. Des supplications, puis plus rien. Tes grands yeux bleus s'étaient levés en direction de la fenêtre, ouverte. Elle était en hauteur, tu ne pouvais rien voir, mais tu avais tout entendu. Alors que tu avais cessé de jouer pour t'approcher du manoir, tu vis une de vos domestiques sortir du manoir en trombe, plusieurs valises dans la main, s'approchant de toi, bafouant des paroles incompréhensibles.

Elle t'expliquait que vous deviez partir, que tes affaires étaient dans cette valise, tes papiers, toute ta vie était dans ces choses et qu'une voiture allait venir te chercher. Tu fronçais les yeux.

« — Qu'est ce qu'il se passe ? »

C'est une question qui restera en suspend. Cette domestique, au joli nom d'Anna, avait préféré mettre cette histoire sous silence, tu étais trop jeune, tu n'avais que huit ans. Ce que tu ne sauras jamais, c'est que ton père sera tué par un couple de purs vampires, qui avaient perdu le contrôle de leurs pulsions alors que ton géniteur était en train de les soigner d'une mauvaise chute.

L'un des événements qui sera le plus marquant de ta vie, mais ce n'était pas tout.


Tu as toujours été un enfant qui détestait être dans l'ignorance. Très curieux, tu voulais tout savoir, tout comprendre. Alors ici, tu étais frustré. On t'emmenait tu ne sais où à cause de tu ne sais quoi. Où est ton père ? Tu détestais ne pas savoir : tu voulais savoir. Regardant le paysage flouté par la vitesse de la voiture, voilà que la curiosité d'un enfant devenait plus fort que le danger. Oui, ouvrir la portière était une idée, mais tu n'allais rien faire. Tu ne voulais pas mourir bêtement. Silencieusement, tu soupirais, tentant de questionner Anna, mais rien. Enfin, si, on t'avait juste dit que tu allais être déposé en orphelinat. Orphelinat ? Tu étais donc... Orphelin ? Tu comprenais vite que tu venais de perdre ton père. Mais... Comment ?

Tu n'avais pas le temps de parler, Anna avait fait les papiers, tes valises étaient données, te voilà, sans comprendre, aux mains d'autres personnes. C'était un orphelinat catholique, tu fus donc éduqué avec des cours de catéchisme, ce genre de choses. Tu détestais ces cours, au point où tu avais développé une aversion pour tout signe de religion. Tu étais très radical dans tes façons de penser.

Mais tu n'allais pas rester là très longtemps. Un jour d'été, tu fus appelé à l'accueil, une personne te faisant face.

« — Ainsi... C'est toi, Vanitas ? Mon pauvre, tu as tellement souffert.
— Papa... C'est lui qui a eu le même problème que moi ?  »

Cette personne, elle avait été désignée pour être celle qui t'accueillera, qui t'éduquera. Cette dernière souhaitait se faire appeler "Luna". Ce n'était ni une femme, ni un homme. Iel souhaitait être genré.e comme vous le souhaitiez, comme vous le vouliez. Iel t'avait emmené dans une maison, une si belle maison au bord d'un lac. A tes yeux, cette personne était une magnifique femme, alors tu décidais de parler d'elle en une femme, et de la surnommer "maman" quelque temps plus tard. Elle avait la peau mate, de grands yeux bleus comme toi, de magnifiques cheveux clairs... Une belle femme, étrangement, elle te rappelait ta mère, bien que tu ne l'avais jamais connu.

Tu fus adopté par cette femme, et tu avais hérité d'un petit frère adoptif : Mikhail. Lui aussi, ses parents furent tués par les mêmes vampires qui avaient tué ton père. Un point commun morbide, mais c'est ainsi que votre lien était né.

Canada, 2014 —

Beaucoup de choses avaient changé en trois ans. Tu avais appris que Luna et Mikhail étaient eux mêmes des sorciers, alors tu n'étais pas trop dépaysé, même si tu étais le seul sang pur entre vous trois... D'ailleurs, tu avais très vite "renié" cette partie de toi. Tes parents sang-purs sont morts, pour toi ce n'était qu'une étiquette que l'on collait par obligation. Alors si quelqu'un te demandait si tu étais sang pur, tu répondais simplement "Oui, et ? Cela change ta vie de le savoir, du coup ?"

Vous étiez partis vivre au Canada, étant donné que Luna était canadienne, c'était plus logique que vous la suiviez. Vous n'aviez que elle, et à tes yeux elle était cette mère que tu n'avais jamais eu. Par ailleurs, en allant au Canda, tu avais pu intégré l'école de magie Ilukaan. A tes onze ans. Mikhail était encore trop petit, mais il ne tardera pas à te rejoindre.

Ilukaan, de nos jours ;

« — Ouais, ces deux là ils se tournent autour...
— Comment tu sais ça tu m'expliques Vanitas ?
— Tu veux vraiiiiiiment savoir ?
— ... Non. »

Cette vie légèrement mouvementée t'avait forgé. Si bien que maintenant tu étais cet étudiant en Médicomagie un peu perché, qui aimait rire, faire rire, taquiner et surtout emmerder son monde quand il était de mauvaise humeur. Tu ne prends plus rien au sérieux, car comme ton père te l'a prouvé : la vie peut être retirée si facilement. Néanmoins, tu avais appris il y a peu que ton géniteur avait été tué par des vampires, et depuis ce jour, tu les détestais au plus haut point.

Enfin, tu les détestes, oui... Mais en tant que futur médecin magique, tu te dois de sauver tout le monde, aider tout le monde. Donc tu soigneras même ceux que tu détestes.

(c) Ilukaan