Le mariage de Marie Châtaigne et de Guillaume Julius de Montrouge – non, il ne s'agit pas d'une blague – était prévu depuis des années. Déjà tout gosses, leurs parents avaient décidé d'unir leurs deux familles de sang-purs dans le but de pérenniser encore un peu les futures générations de leur noble sang. Il fut probable que Marie et Guillaume soient de lointain cousins, mais cela n'avait pas d'importance tant que la sauvegarde de la pureté de leur lignée était assurée.

Et puis, pour les Châtaigne, il s'agissait là d'une splendide opportunité. A vrai dire, de sang-pur mais pas forcément héritier de la noblesse, il s'agissait d'entrer dans l'une des plus anciennes famille de la noblesse Aunisienne qui, bien que méconnue des inférieurs non-magiques, avait tout de même un certain rayonnement du côté des sorciers d'Aquitaine et de France en général.

Dès qu'ils atteignirent leur majorité, Marie et Guillaume se marièrent. Conscient du devoir qu'ils accomplissaient, mais surtout, amoureux depuis l'enfance, il s'agit pour eux d'une véritable bénédiction.
Ils s'installèrent dans le domaine familial des Montrouge, à cheval entre le marais poitevin et les territoires de La Rochelle.

Guillaume obtint un poste d'influence au Ministère des Affaires Magique dans le Bureau de la Coopération Magique internationale tandis que Marie resta femme au foyer.
Quelques années plus tard à peine, en 2007, ce charmant couple eut enfin la bénédiction qu'ils attendaient depuis au moins leur mariage. Marie tomba enceinte du futur héritier de la maison de Montrouge, ce qui ne fut pas sans ravir père, mère, grands-parents, veaux, vaches, cochons-...

C'est le 23 Août qu'Alexandre vit le jour. Par une après-midi d'été particulièrement chaude, Marie donna naissance à son seul et unique fils, directement à la maison. Correctement accompagnée cependant, l'affaire se passa sans complication et ils purent nommer l'enfant à leur convenance. Guillaume insista pour Alexandre, en référence au Grand, puisque lui-même avait hérité son nom d'une figure historique conquérante. Quant à Marie, qui affectionnait particulièrement les noms latins, elle lui donna comme deuxième prénom Lucius, sans référence particulière, juste comme ça.

C'est donc dans un cadre que l'on aurait put songer idyllique qu'Alexandre entama ses premières années de vie. La réalité est cependant à nuancé puisqu'il dû composé non seulement avec une éducation particulièrement stricte mais également avec la pression de toute une famille sur les épaules.
Fils unique, c'est très tôt qu'on lui fit comprendre l'importance de sa propre réussite qui n'entraînait pas que la sienne, mais celle de toute sa famille. Déjà tout môme, on attendait de lui qu'il soit impeccable en toute circonstances et qu'importe les excuses qu'il pouvait apporter. La maladie ne devait l'empêcher d'étudier que s'il n'était réellement plus capable de sortir du lit et l'emportement à la colère n'était pas permit.

Il ne fut cependant ni négligé ni mal traité puisque ses parents l'aimaient sincèrement, mais les marques d'affections étaient rares et sa mère confondait prendre soin et étouffer. Mère mettait son nez partout, dans chaque affaire de son fils, toujours inquiète, toujours anxieuse sans pour autant admettre qu'elle craignait simplement qu'il lui arrive quelque chose. Quant à Père, c'est d'une froideur et d'une exigence sans faille qu'il éduqua son garçon, lui-même tributaire de la pression de ses propres parents.

Alexandre reçu ses premières classes à la maison et se sociabilisa par le biais des visites auprès des autres familles de sang-pur et de la sienne. Il n'eut pas réellement d'amis, mais pas d'ennemis non plus et construisit tout son schéma de pensée autours de la mentalité dont on l'abreuvait, nourrissant une forme de sentiment de supériorité envers les non-magiques auxquels il ne se mêlait que s'il y était contraint.
Ce fut mère qui insista pour lui apprendre la musique, tandis que père voulait plutôt qu'il se penche sur la littérature et les sciences. Alexandre ne voulait pas, au départ, car le son d'une flûte à bec, lorsque l'on souffle à plein poumon dedans, est atroce et le violon est trop dur à prendre en main. Pourtant, il ne refusa pas pour plaire à ses parents et apprit tant bien que mal les bases.
Et puis, à force de pratique, tout devint progressivement plus fluide pour lui et il s'épanouit réellement dans cet art. De même qu'il acceptait sans mal de se plonger dans l'étude, comme père le souhaitait.

Le dessin, quant à lui, était un art qui avait toujours été là. D'abord vu comme un loisir, puis comme une pratique à part entière, il fut encouragé par sa grand-mère qui lui achetait toute sorte de matériel. En réalité, il n'osa jamais trop s'exprimer sur le sujet devant ses parents, craignant qu'ils ne trouvent cela sans intérêt. Car, au fond, à quoi bon poursuivre quelque chose qui n'a pas de valeur pour eux ?

Quant à sa peur des chiens, elle ne vient en réalité pas d'un événement, mais de plusieurs qui survinrent tous lorsqu'il était encore trop jeune pour comprendre le comportement canin.
Tout petit, lorsqu'il rendait visite à son Grand-Père – qui, au moment de sa naissance, s'était installé avec sa femme dans une maison subsidiaire pas très loin de Arçais – il devait sans cesse se heurter au comportement du chien de ce dernier. Il s'agissait d'un grand dogue de Bordeaux qui, particulièrement enjoué par la présence d'un gosse, lui bondissait toujours dessus pour lui lécher le visage.
Mais, tout petit, Alexandre était effrayé par la fougue – et par la force – de l'animal et les mouvements de panique de Mère le confortèrent dans l'idée qu'un chien est un danger. De fait, bien qu'avec le temps il ait put prendre du recul sur le comportement du dit dogue, il n'en demeure pas moins inquiet à la vu d'un canidé, quel que soit sa taille.

Ainsi Alexandre grandit entre ses parents et les membres de son clan, perdu à la frontière du marais poitevin qu'il appréciait grandement. Les balades en barque sur l'eau, les bois aux alentours et la faune qui s'y développait avait quelque chose de familier, de rassurant pour lui.

De fait, lorsqu'approcha sa rentrée en école, et puisqu'il savait qu'il irait certainement à Beauxbâtons, il fut quelque peu attristé d'avoir à quitter ce lieu qu'il avait toujours perçu comme faisant parti intégrante de sa maison.  
Les choses lui semblèrent aller en s'empirant lorsque Père prit la décision de l'envoyer dans une école au Canada. Ilukaan, une renommée internationale ! Bien sûr, elle était loin, mais elle était prestigieuse et pour un homme travaillant dans la diplomatie, il lui sembla essentiel que son fils puisse étudier à l'étranger.

Si Alexandre réussit à en parler légèrement à sa mère, il garda la majeur partie de ses craintes pour lui et consentit à se montrer docile pour l'honneur de la famille.
Ainsi, eut-il enfin sa baguette, lors de ses onze ans révolus. Et quelle fierté ! De l'Orme, un véritable symbole de noblesse. Une baguette qui allait avec leur sang et leur histoire. Cela mit quelque peu du baume au cœur d'Alexandre, avant son départ.

Il arriva à Ilukaan avec un rat noir en guise d'animal de compagnie. Lorsqu'il fit son entrée à Cervirald, il ne le vécu ni comme une fierté, ni comme un déshonneur. A vrai dire, aimant le vert depuis toujours, il s'en contenta simplement.
A l'école, il démontra qu'il était un bon élève, appliqué et soigné. Ses jeunes années avaient été formatrices dans sa capacité à se plonger dans les études et, comme il le fit auparavant chez ses parents, il donna la majeur partie de son temps à sa réussite scolaire.
De fait, Alexandre ne parvint pas à se faire énormément d'amis. Il en eut bien quelques-uns, notamment parmi les rares partageant ses idéaux de pureté. En revanche, et bien qu'élève plutôt calme, il eut quelque conflits tout au long de sa scolarité, jusqu'ici.

Souvent déclenché par ses moqueries à l'encontre de ceux qui lui semblait ne pas appartenir à son clan, il fut rare qu'il ne démarre pas une dispute. A vrai dire, cela demeurait rarement assez grave pour remonter aux oreilles des professeurs mais Alexandre était le genre de gamin à n'être jamais en paix avec ses camarades.
Si ce n'est les quelque rares amis qu'il s'était fait, Alexandre était constamment en compétition contre les autres et ne supportait simplement pas que ces dernier puissent être meilleurs que lui. C'est pour cela qu'il se montra facilement amer et rabaissant envers ceux qui n'avaient pas les même difficulté que lui, et ce au delà de sa simple moldophobie.

Si ce n'est cela, il est rare que l'on se souvienne d'Alexandre pour autre chose que son allure atypique, son excellence en cours et ses réflexions parfois très limite.

(c) Ilukaan