Vous me connaissez bien désormais ; Je m'appelle Venti, Venti le barde ! Regroupez-vous tous autour de moi, laissez les moins flattés par Dame Nature passer devant vous - allons, soyez courtois - et je vous raconterai ma toute dernière histoire : Celle de votre humble serviteur, c'est-à-dire, moi ! Elle commence là où tant d'autres ont débuté leur vie, à Kiel, une ville située dans le nord de l'Allemagne. Des étoiles jumelles semblaient avoir béni mes parents, puisque je ne fus pas le seul à voir le jour : Mon frère Himmel arriva seulement quelques instants après moi, partageant à la fois mon visage et ma voix. Il était de moi la parfaite copie, comme un miroir dont le reflet aurait pris vie... tout du moins, ce fut le cas jusqu'à ce que certaines choses ne commencent à venir nous différencier.

Notre père enseignait - et enseigne toujours ! - la musique en école de magie ; notre mère, quant à elle, préféra plutôt se consacrer à notre éducation par crainte que ses deux premiers ne puissent pas recevoir l'attention dont ils avaient besoin. Pourtant, si nous avions peu de moyens, notre famille n'avait que peu de mal à se satisfaire de ce que la vie nous donnait. Bien sûr, un peu plus de finance ne nous aurait pas fait de mal, soyons honnête, mais... Tout allait bien. Je n'ai, à l'encontre de mon enfance, que d'insignifiants reproches à faire. N'ayant guère voulu se séparer de ses instruments en dépit de la situation, mon père me fit présent d'une de ses lyres de collection lors de mon septième anniversaire. Déjà pinçais-je mes premières cordes !  Mon frère me l'empruntait quelques fois, même si la balance du talent musical penchait davantage de mon côté... Il n'y a pas d'arrogance là où il y a de la vérité.

Himmel était... disons-le, particulièrement désavantagé comparé à moi. Comme il existe le Soleil et la Lune, mon frère vivait dans l'ombre de ma figure, quand bien même il n'y avait aucun doute quant à l'amour que lui portaient nos parents : La Nature avait simplement prévu autre chose à son sujet. Ma première expérience avec la magie fut le dernier clou dans le bois de notre différence. Je crois que nous avions huit ans, peut-être neuf. Himmel avait aperçu une plume d'hippogriffe coincée en haut d'une arbre, et la désirait plus que tout au monde - se disant que, plus tard, il pourrait l'utiliser en tant que cœur de baguette. Nous nous sommes donc attelés à l'escalade de cet arbre, montant de branche en branche, dérapant, nous accrochant, et nous éloignant toujours un peu plus de l'herbe. Puis, je ne sais pourquoi, mais mon frère glissa de son appui puis entama sa chute en direction du sol. J'eus à peine le temps de crier son nom que le temps parut soudain se figer, ou peut-être avait-il ralenti ?... Peu importe - cet événement ne prit fin que lorsque ce que son dos ne retrouva la sécurité de la terre, le laissant hors de danger pendant que je récupérai la plume au sommet de l'arbre.

Surexcité, je descendis afin de le rejoindre et la lui donnai, alors qu'il peinait à comprendre ce qui venait de se passer. Nous étions familiers avec la magie, mais la nôtre ? Ou plutôt, la mienne ? L'impatience d'Himmel après cela était telle qu'il s'entraîna (sur ma consentante personne) jour et nuit dans l'espoir de réitérer l'exploit. Mais rien. Juste... Rien. Les années passaient, et pas une seule fois il ne réussit à m'empêcher de me prendre le sol contre le coin du nez. Puis la nouvelle tomba, de la bouche de notre père : S'il n'y avait toujours rien en dépit de ses onze ans, cela signifiait sûrement qu'il était cracmol - un garçon sans magie. Sur tous les garçons de la famille, il avait fallu que ce soit lui. Pas une fois il ne voulut se confier quant à son ressenti, même si je me doutais que cela l'atterrait tout autant que je m'inquiétais.

Lorsque nos parents reçurent la lettre destinée à me faire choisir une école de magie, nous choisîmes au plus simple : Au lieu de m'isoler à Durmstrang, je devais aller rejoindre mes amis d'enfance, qui avaient, eux, été envoyés à Ilukaan. Ou comment dire que j'ai stalké Dimitri et compagnie, mais n'allez pas le leur répéter. Ce fut bien la première fois que je me séparais ainsi de mon frère, mais je reste convaincu que cette expérience me fit grandir deux fois plus vite. Devenant un exemple de sociabilité au cours des années, je me liai d'amitié à quiconque me parlait, et m'ouvris à d'autres cultures à force de fréquenter des camarades d'origines variées. Aujourd'hui, je suis tel que vous me connaissez : un étudiant en Arts Magiques, mais surtout, le meilleur barde de toute cette école !

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Comment ça, "il n'y a pas d'autres bardes" ?