Pour les proches de Kyrstie, ce n’est plus un secret : elle aime savoir ce qui se passe dans son entourage, dans le campus et même dans la ville, dans une moindre mesure. Travailler à la supérette était un vrai bonheur pour cela, entre les groupes qui parlent entre eux sans faire attention à sa présence, ou bien carrément les habitués qui viennent spécifiquement pour lui raconter les nouveautés du coin… C’est une excellente technique pour ne rien manquer. C’est même d’ailleurs pour ça que son carnet de notes n’est jamais bien loin d’elle.

En gros, si vous voulez des informations, vous pouvez lui demander. Si tout se passe bien, elle saura répondre à vos attentes.

Ce sont pour ces raisons-là qu’elle a fini par comprendre que quelque chose n’allait pas avec le gérant du karting, Varg Hanssen. Cela fait déjà quelques jours qu’elle entend plusieurs étudiants d’Ilukaan en parler en passant leurs articles à la caisse et autant dire que sa curiosité ne fait qu’augmenter.

— T’as vu ? Il passe son temps dans le bureau
— Il se contente tout juste d’expliquer les règles, avant il passait presque des heures dessus et dérivait sur tous les sujets concernant les karts
— C’était chiant parfois mais ça me manque presque
— Complètement amorphe
— Semble presque triste
— ... ne veut rien dire.

C’est ce qui a fini de convaincre Kyrstie d’aller enquêter pour en savoir plus à ce sujet. D’accord, il n’allait certainement pas tout lui dire - voire rien lui dire du tout, mais ça ne va pas l’empêcher d’aller trouver des indices et de presque le cuisiner pour obtenir des informations. Le kart, elle y est déjà allée quelques fois, sans plus. Elle aime bien, mais sans plus. Si elle n’en fait pas pendant un an, elle n’aura pas de regret. Cependant, elle admet volontiers apprécier M. Hanssen, qu’elle trouve réellement passionnée par son entreprise. Il lui est déjà arrivé de discuter plusieurs fois avec ce dernier pendant plus d’une heure, impressionnée par l’ensemble de ses connaissances. D’accord, elle ne comprend pas toujours grand-chose, mais elle n’a pas besoin de s’y connaître pour comprendre ce qui anime le regard du gérant chaque jour depuis son arrivée à Bloombury. C’est d’ailleurs aussi pour cela qu’elle souhaite être au courant de ce qui se passe : sans parler d’inquiétude, ce n’est pas agréable de voir une personne généralement si vive être presque au plus bas.

L’ancienne brune est donc déterminée à aller au karting. Seulement, problème : aller seule dans un endroit comme celui-ci, c’est quand même suspect. C'est tout de même rare de vouloir faire une course de voiture… seule. Donc, elle a besoin d’un allié, d’un second, d’une personne partante pour commettre une minuscule infraction, mais pour la bonne raison. Il va falloir bien choisir, sur ce coup-là.
Sans trop se demander pourquoi, c’est Cléonos qui lui vient en tête en premier. Certes, elle aurait pu demander à Scott, mais niveau discrétion, c’est pas trop ça quand on fait 2m de haut pratiquement. Non, Cléonos est un bon choix : il sait probablement comment ne pas se faire voir, il adore les machines et vient régulièrement ici pour les observer et il sait sûrement comment déverrouiller une porte (si on veut éviter de sortir une baguette de 28cm soudainement et sans raison). C’est parfait, vraiment.

D’ailleurs, lui-même accepte (après plusieurs hésitations et plusieurs questionnements, certes) quand elle lui expose le plan. Semble-t-il qu’il en ait aussi entendu parler mais qu’il n’a rien osé faire avant. Ah ! Il lui fallait juste un coup de pouce et Kyrstie est arrivée pile à temps. Merveilleux.

Les voilà donc au MagiKart, prêts pour ce qui va suivre. Si elle fait au mieux pour ne rien laisser paraître, l’ursirre est presque surexcitée à l’idée de ce qui va suivre. Voilà comment rendre une journée plus belle ! Bon, elle n’a pas “joué le jeu” au point d’enfiler une sorte de combinaison super discrète. Non, elle est habillée normalement car de toute façon, ils entrent par la porte principale : ils ne vont pas non plus s’infiltrer par derrière. Ce sera même plus simple de vérifier les faits et geste de M. Hanssen si tous les deux peuvent le voir et mieux encore le distraire de différentes manières. Il va falloir agir avec beaucoup de prudence, c’est la raison pour laquelle elle a pris sa baguette et, bien entendu, son fameux carnet de notes. Non vraiment, Kyrstie est plus que prête et elle espère bien que ce soit le cas de son ami.

— Il va pas falloir qu’on se loupe ! T’es pas trop nerveux j’espère ? Ça va être sympa.

— Faut pas exagérer, on va payer. C’est risqué sinon. S’il voit qu’on a voulu tenter de gruger, il va garder un œil sur nous. C’est franchement pas un bon plan. On va payer, de toute façon on ne passera clairement pas tout de suite vu le monde. Ça nous laissera donc le temps de nous balader. Qui sait, peut-être qu’après on pourra vraiment faire un tour, histoire de pas gaspiller. Je sais que t’aimes pas ça.



On dirait presque qu’elle a fait ça toute sa vie, incroyable. Pour être honnête, elle en est la première surprise. Aurait-elle regardé bien trop de films d’espionnage ? Non, car en fait, elle n’en regarde pas tant que cela. Même en termes de séries - qu’elle apprécie beaucoup plus, rien ne lui vient en tête sur ce thème là. Donc, c’est totalement naturel. Incroyable.

Bon, après, c’est surtout de la logique. Surtout qu’elle a bien vu que l’idée même de “forcer” la serrure d’un bureau faisait pâlir Cléonos, elle n’a pas envie de trop lui demander. Cependant, elle ne peut s’empêcher de penser qu’il préférerait entrer normalement dans le bureau et ne pas payer l’entrée, pingre comme il est.
Quoi qu’il en soit, ils s’approchent du comptoir et attendent ensemble le gérant. Un rapide coup d'œil fait comprendre que ce dernier est - comme à son habitude des derniers temps - dans le bureau, installé sur sa chaise et sans vouloir visiblement bouger. A-t-il seulement remarqué les nouveaux arrivants ? Elle en doute fortement et c’est bien qu’il l’inquiète. Est-ce si grave ce qui arrive ?

Plusieurs questions lui viennent en tête, à ce moment-là. Si c’est si important, pourquoi il ne ferme pas temporairement le magikart ? Ou alors, ce sont des problèmes financiers ? Doit-il annoncer qu’il va devoir fermer ce lieu qu’il aime tant ? Il ne sait peut-être pas comment le dire. Ce serait compréhensible, mais ça fait tout de même depuis un petit moment maintenant de ce qu'elle a compris. S’il doit fermer, il ne faut pas tarder à en parler, pour que les personnes se bougent pour profiter des derniers jours.
Bon après, elle peut totalement se tromper, c’est une simple possibilité à envisager. Ah, si c’est bien cela, Cléonos va sans doute être vraiment triste de la nouvelle.

Finalement, M. Hanssen relève la tête et aperçoit les deux amis. D’un geste lent, il se lève, sort de son bureau, le ferme à clé et range cette dernière dans sa poche. Une fois face à eux, elle le voit s’efforcer de sourire et sent presque de la peine pour lui.



— Bonjour, deux entrées étudiantes, s’il vous plaît.



Après le paiement, ce dernier leur indique qu’ils ont environ 1h d’attente. Bien, ça devrait le faire. Après un bref remerciement, le gérant fait le tour du comptoir, visiblement pour expliquer les règles au groupe suivant qui ne va pas tarder. C’est à ce moment-là que Kyrstie remarque une chose : la clé est dans la poche arrière du pantalon et elle dépasse légèrement. L’ursirre a alors une idée qui lui vient en tête, qui peut marcher, malgré les risques. Pourquoi ne pas tenter de prendre la clé ?

Au pire, si elle rate et que l’objet tombe ou qu’il le voit plus tôt que prévu, expliquer qu’elle l’a ramassé par terre et qu’elle attendait qu’il termine de discuter semble plutôt plausible comme option. Mais ils ont vraiment intérêt à être discrets et à faire surtout très, très vite ensuite.

D’une allure plutôt normale pour ne rien laisser paraître, elle se positionne à côté de M. Hanssen, comme si elle allait le dépasser, pour trouver une excuse à son rapprochement soudain. Elle tend alors sa main et…

Est-ce qu’elle doit s’inquiéter de ses nouveaux talents de voleuse ? Peut-être oui, car elle se surprend elle-même à réussir avec une telle facilité. Terrifiant ce genre de pouvoir, plus que la magie elle-même. Cependant, elle ne fait rien paraître et aborde même un sourire fier sur ses lèvres quand elle revient vers son ami. Au moins elle a réussi, c’est le principal. Ils vont pouvoir avancer correctement maintenant. Enfin, encore faut-il que le propriétaire ne les remarque pas pendant qu’ils entrent dans son bureau, sachant qu’ils vont y rester un petit temps ensuite.



- Pas de souci.



Après tout, Cléonos l’a laissé gérer pour les clés, elle peut bien lui faire confiance pour la suite des événements. Elle se demande même ce qu’il a en tête : si elle l’en empêche, elle ne saura jamais, bonjour la frustration du coup. De ce fait après s’être mise d’accord avec elle-même, elle le regarde prendre en main sa baguette. Ah, cette fois-ci, utilisation de la magie. C’est qu’elle aurait pu le faire aussi à bien y penser, mais elle craignait qu’un « accio » soit trop vif.

Cléonos ne vise visiblement pas M. Hanssen, mais un de ses karts. Ah, d’accord, une diversion. Elle commence à comprendre où il veut en venir. Afin de ne pas regarder dans la même direction et paraître peu intéressé par ses faits et geste, l’Etats-Unienne sort son portable et fait mine de parcourir Pentagram. Ce n’est pas l’exercice le plus compliqué : elle a largement l’habitude de scroll encore et encore et de se faire avoir par tout ce que cette application propose. Ouais, elle y passe peut-être un peu trop de temps, mais bon, pour une fois, c’est utile ! Qui l’aurait cru.

Quelques instants plus tard, elle sent l’odeur de fumée, elle relève alors la tête et voit le kart qui semble avoir fait un excès de cigarettes. Kyrstie voit alors le lupy ranger sa baguette quand l’engin attire suffisamment l’attention du punk. Combien de temps ils ont ? Absolument aucune idée, mais connaissant Cléonos, il a dû faire en sorte que le truc soit assez compliqué à résoudre. Dans tous les cas, pas de temps à perdre.

Profitant de la confusion, elle part discrètement vers son bureau et ouvre sans aucun problème. Elle reprend la clé, entre, laisse passer son ami et referme à clé. S’il veut revenir et qu’il ne trouve pas son pass, il se dira sans doute qu’il l’a perdu quelque part. Ca leur fera gagner quelques minutes supplémentaires, certainement. Tout est bon à prendre.



- Bon, fouille l’armoire, moi je regarde le bureau.



Les tâches réparties, elle se met directement au travail et regarde partout où elle peut. Tout d’abord : le dessus. Bon, à première vue, il n’y a rien de bien intéressant : des papiers pour acheter des nouveaux karts, des bons de commandes pour des anniversaires, des factures… Ah, peut-être finalement ? Elle se penche sur ses comptes et bien qu’elle ne soit pas une grande experte en économie – elle ne l’est pas du tout en fait, il lui semble que tout semble correct, aucun impayé, aucun retard, il n’y a pas à dire, tout fonctionne sans problème ici. Rien de bien étonnant d’ailleurs quand on voit le nombre de personnes qui passent ici. Bon, pas de problème d’argent donc. Elle pousse un premier soupire mais n’arrête pas pour autant. Ce n’est que le début des recherches après tout !

Elle se met alors à ouvrir les tiroirs, espérant trouver un quelconque indice mais tout ce qu’elle voit n’est que tas de papiers, des stylos, une tonne de documents et son porte-monnaie. Pendant un instant, elle est tentée : et si elle jetait un coup d’œil ? Peut-être il y a quelque chose à l’intérieur ? Oh, oui, elle pourrait après tout, au point où elle en est mais la future journaliste se retient et laisse l’objet où elle l’a trouvé : c’est trop intime, elle n’aimerait pas qu’on regarde aussi loin. Oui, un peu bête sachant qu’elle se trouve dans son bureau, mais c’est plus de la vie professionnelle là que de la vie privée ! Ce n’est pas pareil ! C’est clairement ce qu’elle tente de se dire, soyons d’accord.

Bon, toujours rien. Mais il y a une chose qu’elle n’a pas testé : et si ce bureau avait une ouverture secrète ? D’accord, elle vu un peu trop de films, mais ce serait quand même vachement classe si c’était le cas. Doucement, et pour ne rien regretter, elle commence doucement à taper contre les parois du bureau. Au moins, elle teste. Elle espère que pour Cléonos, les choses sont plus convaincantes.

A aucun moment elle ne s’attendait à avoir un résultat, pour être honnête. Du coup, quand le tiroir a sonné creux, elle s’est immédiatement dis qu’elle avait probablement rêvé. Mais voilà, la réaction de Cléonos, tout aussi surpris qu’elle, lui fait comprendre qu’ils ont tous les deux bien entendu. Ben ça alors. Elle ne l’aurait jamais cru, ou du moins pas dans le bureau d’un gars qui s’occupe de karts à longueur de temps. Qu’a-t-il donc à cacher ? Est-ce plus gros qu’ils ne le pensent ? Après tout, personne n’a de bureau avec fond caché sans aucune raison quand même - sauf si on veut avoir la classe, effectivement. Est-ce qu’elle peut avoir le même plus tard ? Dans son appartement, ce serait très pratique à bien y réfléchir - si tant est qu’elle ne l’oublie pas.  

Lorsque son ami retire la cache après avoir trouvé comment faire, elle se retient de justesse de lui arracher des mains les papiers qu’il en sort. Heureusement, il ne tarde pas à les poser à côté d’elle pour mieux y jeter un coup d’œil. La blanche grimace un instant en voyant la langue utilisée mais prend un instant ensuite pour réfléchir : ne connait-elle pas un sort pour traduire les textes ? Après tout, son cursus l’aide de ce côté-là, pour déchiffrer des informations, obtenir plus de sources. Il lui semble bien qu’elle a quelque chose du genre en réserve, non ? Allez, elle n’a pas une mauvaise mémoire, elle n’est pas mauvaise élève, elle peut certainement retrouver, non ?  

Plongée dans sa réflexion, elle ne réalise pas tout de suite que Cléonos recommence à lui parler, en fait, elle ne le comprend que lorsqu’il lui tend la photo sous ses yeux et lui pointe ensuite celle posée sur la table. Elle fait rapidement le lien et regarde un peu mieux les similarités, cherche des indices pour trouver qui est cette personne.  


- Bonne question. Ça ne ressemble pas à un coin de Bloombury, je vais assumer que c’est une Norvégienne ? Vu les papiers en plus. Si c’était dans le tiroir, c’est peut-être en lien avec elle ? Des papiers de mariage ? D’adoption ? Ouais, elle a quand même l’air plus jeune que lui donc peut-être pas de mariage... Ou alors Varg va me décevoir. Il n’a jamais parlé d’une fille ? Je ne le pensais pas aussi secret.


Bon, il faut dire que les clients - même les réguliers - ne connaissent pas par cœur la vie du gérant ni ne s’y intéresse réellement en fait, mais Kyrstie veut simplement signifier qu’elle ne l‘imaginait pas cacher des réels “gros” trucs, comprenant le personnage qu’il est habituellement. Cache-t-il tant que cela ? Et il n’a personne ici à qui en parler ? Un court instant, elle ressent de la tristesse à son égard mais ne se laisse pas submerger pour autant. Elle doit rester concise et trouver le fin de mot de l’histoire.                              
L’investigatrice du moment se focalise alors de nouveau sur les papiers et sort également sa baguette. Un sort. Il lui suffirait de retrouver une formule pour débloquer la situation. Surtout qu’elle ne doit pas traîner, ils sont là depuis un petit moment, Varg peut revenir dans son bureau à tout moment. Allez. C’est facile. Elle est persuadée que c’est un des premiers sorts qu’elle a appris en entrant dans son cursus et qu’il est utilisé encore régulièrement, juste pas par elle de façon automatique. Mais c’est quelque part, là, dans son cerveau.  

L’illumination.


- Je pense que j’ai réglé notre problème. Enfin, normalement.


Elle pointe doucement son bout de bois vers les feuilles et d’un ton clair et d’un geste précis, lance la formule. Elle espère qu’ils ne sont pas protégés, sinon elle ne connait pas un autre truc pour les aider à avancer.

Elle a un sourire satisfait quand les mots commencent à se traduire d’eux-mêmes. La sorcière blanche prend tout de même en note dans un coin de sa tête d’inverser le sort quand ils sortiront du bureau, pour ne pas attirer de soupçon. Ce serait gâcher les efforts effectués jusqu’à présent, sinon.
Quand les lettres sont finalement déchiffrées et une fois certains qu’ils ont encore un peu de temps, Kyrstie se plonge dans ses propres lectures, qu’elle échange donc avec Cléonos. Rapidement, au cours de sa lecture, elle en arrive rapidement aux mêmes conclusions que son ami, notamment avec les papiers qu’il lui donne. Bien entendu, cela ne fait qu’augmenter la curiosité de la journaliste à en devenir, qui continue alors de fouiller ce placard secret, au moindre indice supplémentaire.


- Ça semblerait logique par rapport à l’héritage oui. Je ne suis pas très étonnée de la réaction de ses parents, si ça se trouve, ces derniers sont de la vieille génération, ou tout bonnement des sang-purs. Souviens-toi, Varg ne fais jamais part de son sang quand on lui demande… Ça peut faire sens. Ils ont dû être écœurés d’avoir un enfant sans magie.


Ses paroles, présentant les faits peuvent sembler presque cruelles. Cependant, si on connaît bien la jeune femme, on reconnaît par le langage de son corps la frustration qu’elle ressent, la colère qui l’envahit au fur et à mesure de cette histoire qui se dévoile. Comment rester sereine, quand on fait face à une telle injustice ? Comment peut-on se dire être parents quand on traite ses enfants, sa fille, d’une telle manière, pour la simple raison qu’elle n’a pas de magie ? C’est inconcevable et malheureusement pas nouveau.
Oh, elle a de la chance car elle sait que jamais ses parents ne l’auraient jeté à la porte s’il elle avait été cracmol, mais ce n’est pas partout, pas tout le monde n’obtient des parents compréhensifs et aimants dans ce monde. Et parfois, elle se demande si les sorciers ne sont pas les pires. Elle sent ses gestes devenir plus agressifs, rapides quand elle passe de papiers en papiers, elle commence également à faire les cent pas jusqu’à ce qu’elle s’arrête soudainement et ferme enfin les yeux.

Non.

Elle ne doit pas laisser le contrôle de ses émotions prendre le dessus.

Ah, elle sait cacher tout cela au travers de ses mots, de ses écrits sur ses articles, ses messages… Mais son corps trahis encore bien trop tout ce qui peut l’envahir quand l’émotion est trop forte. Elle doit encore travailler là-dessus, elle le sait bien. Dans cet état, elle peut rater en plus des informations importantes et actuellement, ce n’est pas ce qu’il faut.


- Ca n’a pas l’air d’être une histoire nouvelle, cet héritage et sa sœur. La situation n’est certes pas amusante, mais son humeur ne s’est dégradé que récemment. Il doit y avoir quelque chose en plus qu’il nous manque dans ces feuilles.


Ses yeux se plissent alors qu’elle regarde les dates d’envoie des lettres. Finalement, elle prend en main la plus récente, et se met dans un premier temps à simplement la survoler, jusqu’à ce que ses sourcils se froncent et qu’elle recommence du début sa lecture. Une de ses mains vient alors se poser au niveau de son cœur, alors qu’elle termine les dernières lignes. Pendant un instant, elle ne dit rien, emmagasinant les informations qu’elle vient d’avoir et tourne alors sa tête vers son ami.


- Voilà la raison. C’est une lettre de ses parents, ils disent dedans qu’ils ne savent pas où elle se trouve, que Varg ne devrait pas avoir à s’en faire, qu’il doit s’occuper de ce qui est… plus important.


Le dégoût dans sa voix se fait nettement ressentir, avant de souffler une nouvelle fois et de résumer de ce qui se passe.


- Sa sœur a disparu, Cléonos. Il ne sait pas où elle est, depuis plusieurs temps désormais. Elle a juste… disparu du monde des sorciers. Et ses parents n’en ont rien à faire. Ils l’ont juste oublié.

Cléonos a raison sur un point, ils ont découvert un secret où ils ne peuvent rien faire pour l’instant. Tout au plus, ils ont satisfait leurs curiosités. Elle peut comprendre la culpabilité de son ami, qui n’avait pas vraiment envie d’en apprendre à ce point-là, ni ne s’attendait pas à une telle information, mais en ce qui concerne la jeune femme… Elle ne regrette pas vraiment. Après tout, elle savait les risques, consciente que si Varg se montrait si fermé quant à son état, la raison derrière était importante à ses yeux.

Bien entendu, ça ne calme pas pour autant sa colère sourde, son sentiment d’injustice, bien au contraire. Ça la révolte encore plus. Cette pauvre jeune femme… Que lui est-il arrivé ? Comment est-il possible de la retrouver ? Son visage ne lui dit rien, elle ne l’a jamais vu ici, mais s’il s’agit d’une cracmol abandonnée par ses parents, pas vraiment étonnant que son premier réflexe n’ait pas été de se trouver dans une ville sorcière.


- Jamais rien n’est entièrement impossible. En tout cas, je refuse de l’admettre.


Elle s’emporte sûrement un peu trop. Mais elle n’est aucune envie d’abandonner, de reprendre sa vie et de continuer sans faire un minimum derrière. Elle commence tout juste à creuser, il lui faut continuer plus loin, obtenir le fin mot de l’histoire, de son côté cependant. Elle n’est pas idiote, elle sait bien qu’elle ne peut pas dire comme ça à Varg tout ce qu’ils savent car ils ont joué les fouineurs.
Quand l’ursirre reprend ses papiers en main, elle sort un instant son portable et prend des notes des quelques informations principales dont elle pourrait avoir besoin. Après ça, le sort est remis en place et elle lance second sort pour que tout revienne à sa place comme avant. Comme s’ils n’étaient jamais venus.


- Je vais chercher, fouiller un peu de mon côté à propos de cette histoire. Qui sait, peut-être qu’en trouvant des informations plus précises, il y aura moyen d’aider Varg à retrouver sa sœur. Il doit vouloir garder le kart ouvert pour s’occuper l’esprit comme recommandé mais… ça n’a rien de facile, avec ça en tête. Urg, des parents comme ça… Pourquoi font-ils des enfants.


Elle aurait bien deux mots à leur dire. Mais bon, ce n’est pas le principal pour l’instant et elle ne va pas non plus chercher l’adresse d’un couple de sorciers. Ce serait particulier à ce stade. Enfin…. Pour le moment, il faut sortir.
Pointant la fenêtre avec sa baguette, elle lance un sort pour voir à travers, sans que ceux de l’autre côté puissent voir, comme une fenêtre sans tain. Par chance, Varg ne semble pas être encore là après une longue vérification minutieuse. Bien, parfait.


- Nous allons pouvoir partir. Je pars d’abord, je vérifie où se trouve Varg exactement pour l’occuper s’il revient. Dans les deux cas, je t’envoie un signal, enfin, un sms si tout va bien, un signal si non.


Le plan expliqué, elle le met en exécution. Elle sort, discrètement et à la fois fait en sorte d’agir d’une façon la plus normale possible. Marchant vers la sortie, elle se penche sur son portable pour annoncer à Cléonos qu’il peut venir la rejoindre, alors que la sorcière blanche a bien remarqué le patron du kart occupé avec plusieurs clients. Parfait, ça joue en leur faveur.

Bien qu’elle cherche à montrer une démarche paisible, elle n’est pas plus calme que précédemment, son cerveau tourne à 100 à l’heure, sur ce qui peut être possible. Quand elle remarque son ami, elle pousse un soupire agacer.


- Je pense voir à mon niveau ce qu’on peut faire, si on peut trouver des informations, pour le peu qu’elle était sur les réseaux ou quoi, des indices. Je ne suis pas détective, mais comme tu le dis, on ne peut pas juste ignorer ce qu’on sait. Pour aujourd’hui, cela dit… Je suppose que ça suffira. Retournons à Ilukaan, ou dans un café à Bloombury. Nous discuterons de tout cela au calme.


Elle a bien besoin d’une boisson, si ce n’était pas en plein milieu de l’après-midi, elle aurait sûrement de l’alcool, mais il va lui falloir rester raisonnable, pour l’instant. Ce soir, ça ira mieux. Pour Varg, c’est encore une autre histoire.