Ça devenait irritant. Le nombre de fois que ton chat disparaissait mystérieusement, cela en devenait irritant et exaspérant. Cette chatte semblait prendre au sérieux son supposé titre de reine. C'était bien en blague et à cause de son attitude princière que tu l'avais nommé ainsi, mais cette attitude dépassait les bornes. Tu avais une limite, même contre ta propre boule de poil. À chaque fois qu'Ebony disparaissait, tu te retrouvais dans un calvaire ou un nouveau désordre. Tu soupiras, juste l'idée du nouvel gâchis à lequel ta chatte pouvait s'attirer faisait peser les nombreuses nuits de sommeil manquées qui commençaient à réapparaitre en bas de tes paupières.

Tu avais suivi les traces de ta chatte sur une courte distance entre ta chambre, les couloirs du dortoir et la salle commune de la maison des hiboux. Bien sûr, cette dernière irait se foutre dans le pétrin au beau milieu de la foule, comme s'il ne fallait qu'une once de malheur de plus sur ta pile déjà grandissante. Et toi qui rêvait d'une soirée calme et silencieuse dans ta chambre en ce dimanche de février, ce mirage semblait bien loin à présent. Posant pied après pied, pas après pas, tu t'approchais du centre de l'agitation de la maison. Il n'y avait pas grand personne présentement. Il était 17h passé après tout. La plupart des personnes de la maison des illusions étaient soient parti profiter du beau Dimanche ensoleillé avec des amis ou bien s'étaient retrouvé quelque part d'autre à travers l'école. Tu n'envoyais pas une autre pensée envers les autres élèves et te concentras sur la tâche devant toi. Où était donc cette maudite chatte?

- Elle est à qui, cette bestiole ?
Tu relevas la tête, ne manquant pas de te cogner au dessous du divan par le même moment, quand tu entendis les dire exaspérés de l'autre Strixyst. Suivant son regard, tu laissas tomber tes bras, soulagé, mais en même temps fini. Bien sûr que ta chatte irait voler quelque chose de précieux à une personne dans la salle. Quand est-ce qu'elle ne prenait pas le monde pour ses sujets et sa personne comme la souveraine. Tu soupiras, puis t'approchas, frottant la bosse en formation sur le dessus de ton crâne, lieu de contact entre le meuble et ta cavité crânienne. Tu fixas de tes yeux bleus ta chatte, bien inconsciente, ou se moquait-elle de l'irritation dans les yeux de la fille devant toi? Tu viserais le second. Cette "reine" était incorrigible. Elle te faisait sortir de ta chambre, au moins.
- Elle est a moi. Je suis désolé.
Et juste pour bien couronner le tout, accompagné d'un salut exprimant ton regret en suivant les coutumes japonaises.

Après à peine une dizaine de seconde, tu t'approchas, jugeant les mouvements de l'animal quelques instants, avant de l'attraper fermement par le milieu et la soulever, bras entrelacés autour de son milieu. Agrippant doucement de la main libre la tige de la rose, plutôt pâle à son goût, et la retira de la gueule du chat. La tendant vers son originel propriétaire, tu enlaças ton autre bras autour des côtes du félin noir. Une mesure au cas où cette dernière trouverait l'idée alléchante de se débattre ou encore essayer de fuir.

- On a pas qu'ça à faire de perdre du temps à cause d'un gros con d'chat.
Tu plissas des yeux. Une seule pétale de la rose était tombée, et madame faisait des siennes? Un peu exagéré, non? Tu avais dit être désolé, et un pétale n'était pas une chose si difficile à raccommoder. Vous étiez dans une école de magie, il n'y avait pas de quoi s'énerver de telle manière. Les sortilèges herbacés n'étaient pas tes spécialités, préférants largement les magies mentales et psychologiques, mais... C'était peut-être une façon de se racheter, ou, dû moins, racheter les agissements de ton animal de compagnie. Tu devras te creuser la tête pour tes premiers cours de botanique.

Tendant ta main vers Kainé, tu la fixes de tes yeux impassibles, mais avec une once d'anticipation. Si tout ce passait bien, Kainé aurait une toute nouvelle rose fraichement fleurie.
- Passe.
Lorsque tu sens de nouveau la plante dans la paume de ta main, tu refermas tes doigts sur celle-ci, dirigeant un regard reconnaissant vers l'ainée de vous deux. Tu plisses les yeux et attrapes la tête de la plante, tirant. Après quelques efforts et quelques piqûres d'épine, tu arraches la tête de la plante, le plus proprement et clairement possible. Tu envois un regard à l'autre Strixyst, soutenant une attitude plutôt calme, même avec les quelques petites épines dans ta main et la plante déchirée. Tu sors ta baguette de son étui sur tes hanches et te concentre sur l'herbacé. Allez, allez, tes cours de Botanique ne sont pas si loin de toi. Et puis, même si tu ne te souviens pas trop de toute la théorie, la formule et l'intention étaient là. Il fallait te concentrer sur la repousse de la plante. Sur les vrilles de végétaux se ralliant unes avec l'autres. Une nouvelle floraison poussant à partir du restant de vie dans cette plante. Elle était assez fraîche, cela aidait. Tu n'avais pas à faire quelque chose de gros, juste une seule floraison. Une seule fleur, blanchâtre, mais clairement rose, délicate, mais robuste. Une rose.

Tu fronças les sourcils par la concentration, puis marmonna un Herbivicus sous ton souffle, clair, mais doux. Tu n'avais aucune envie de te ridiculiser en gueulant un sortilège alors que le souffler patiemment faisait tout aussi l'affaire. Les temps de gueulage de sortilège tel que Leviosa ou Expelliarmus étaient passés, après tout.

Sous tes yeux, le bout à vif de la plante s'agita avant de s'étirer lentement, s'allongeant et formant un bourgeon. Tournant légèrement ta baguette, ce bouton grandis lentement mais sûrement, puis fini par atteindre la majorité. Frémissant, la greffe finit par éclore, laissant sortir de son centre nouveau, bien qu'aidé par la magie, une odeur délicate et fraiche. Les pétales, tous présents, d'une pâleur neige, mais pimentée d'une teinte rosé présente, étaient délicats, mais robuste comme tu l'avais souhaités. Fier de ton accomplissement, tu la tendis à Kainé.
- Ça fait l'affaire?
Ouf, une chance que tu avais retrouvé ton livre sur les sortilèges botaniques récemment, car sinon tu aurais été dans la merde.
- Je suis pas sûr totalement de sa fragilité ou duré par-contre

- Enferme-le dans ta chambre, je sais pas ?
Un sourire s'étend dans tes pupilles bleutés, légèrement mauves. Ta bouche ne bouge pas, mais tu n'as jamais été le plus émotif niveau visage, ou tout simplement du tout. Détrompez-vous, tu étais bien loin d'être un sociopathe, ou encore n'importe quel mot qu'on attribuait à une personne n'exprimant pas de sentiments envers autrui ou encore en général. Tu n'étais pas émotif, car tu ne savais peut-être pas comment t'ouvrir au public, tel une huître qu'on essai d'ouvrir. Tu ne montrais que rarement ta "perle", et bien que tu te forçais ces derniers temps à démontrer un peu plus tes pensée, tu ne pouvais te forcer à sourire complètement à quelqu'un qui proposait d'enfermer ton chat dans une salle et t'avait traité de tous les noms possibles. Un peu difficile, vous comprendrez.
- Si, j'ai déjà essayé. Elle a trouvé une sortie, et je sais totalement pas elle est où.
En plus d'être irritante et odieuse, Ebony était apparemment une maitre des escapades également. Tu avais bel et bien trouvé un chemin par les bouches d'aération, avais demandé de les avoir réparé. Mais même avec cet accès couvert, ton chat trouvait une façon de sortir de la chambre au milieu de la nuit également sans que tu ne saches comment. D'où tes escapades nocturne, dont une où tu avais tout simplement rencontré un de tes professeurs au milieu de la nuit. Une rencontre qui ne t'avait pas coûté de point, et c'est bien car tu t'adressais au meilleur des professeurs pour comprendre ton état. Les chats restaient encore des animaux plus au moins sauvage, et déjà qu'ils acceptent que certain humain leur flattent l'estomac et les nourrissent étaient un grand accomplissement.

Tu penchas la tête un peu en observant les couronnes de fleur. Tu ne te rappelais pas d'un évènement quelconque qui demandait autant de préparation. Tu n'étais pas le meilleur au sujet des nouvelles, mais tu suivais un minimum les annonces lorsque ces dernières concernaient ta maison. Le fait que tu ne saches pas pourquoi une telle couronne était ici t'intriguais.
- Une raison particulière pour l'arrangement par-contre?

- Hm... Bon, ça passe.
Il hausse un sourcil, tout en lui envoyant un regard disant clairement : Je m'y connais pas, je peux pas dire.

Il se retourne vers Ebony, cette ronronnant légèrement à l'attention que lui donne finalement "son" humain. Laissant sortir un soupir, il lui gratte doucement le dessous de la mâchoire.
- C'est... blanc...?
Non, il n'a pas de critique meilleur que ça. Il ne s'y connait complètement pas en arrangement de fleur, et il doit avouer qu'il n'a jamais eu l'envie ni l'idée pure d'essayer dans fabriquer. Certaine personne qu'il côtoie doivent sûrement en créer, l'idée même d'une petite "sauvageonne" lui vient à l'esprit. Oui, il ne serait pas surpris d'apprendre que cette dernière s'en construit dans ses temps libres. Tout ce temps dans les arbres, l'idée lui aurait assurément passé par la tête, si ce n'est pas autre chose. Tu devras lui demander. Si seulement le mot fleur en language des signes ne t'échappaient pas de la sorte... Tu le retrouveras... un jour.

Un miaulement de la part d'Ebony attire ton attention. Posant tes yeux sur ta montre, tes yeux s'écarquillent. Ah... N'avais-tu pas quelque de prévu aujourd'hui? Si... Si? AH! Tu fis légèrement sursauter Ebony avec ta réalisation. C'était aujourd'Hui? Il observe la date encore sur sa montre. Ah. Si. Merde. Cet évènement précisément? Un entrainement avec Aizawa-Sensei. Vous l'aviez prévu depuis un moment, profitant des prochaines vacances de relâche pour bien mettre vos horaires ensemble. Toutefois, le rendez-vous t'était totalement sortie de la tête, et bien que sachant Aizawa-Sensei plutôt patient, tu en souhaitais en aucun cas le faire attendre plus qu'il ne devrait déjà le faire. Tu adressas un regard à Kainé, lui cheminant ton empressement du mieux qu'un seul regard pouvait dire et tu posas Ebony à terre.
- C'était... Sympa de te croiser, mais je dois vraiment filer. Désolé.
Et tu es déjà parti, en direction de ton dortoir, Ebony trainant derrière toi. Ah lala, la honte. Arriver en retard à un rendez-vous avec un professeur qui prend le temps de te donner des cours privés, c'est le pire. Arrivé à son dortoir, tu attrapes rapidement un sac, y jetant à la va vite une gourde, une serviette et tout autre. Tu te changes, pantalon de sport, t-shirt avant de sortir tout aussi vite des chambres. Tu regardes ta montre. Ah. Pas trop en retard. Si tu te dépêches, tu arriveras à temps.