Physique

Ilukaan lui manquait, terriblement. Lors des périodes interscolaires, la jeune femme repartait vivre quelques semaines en Angleterre dans la demeure familiale. Aussi ne lui restaient alors que ces souvenirs de l’année passée aux côtés de ses camarades. Ses yeux se posaient alors, emprunt d’une mélancolie fataliste, sur les diverses photographies qui avaient servi à immortaliser des moments qui lui semblaient désormais si lointains.

Pourtant, sur ces photos, Zelda apparaissait au naturel. Ses cheveux longs – ou courts, là étaient à l’œuvre les bienfaits de la magie capillaire – encadraient un visage aux traits doux, délicats et fins. Ces images laissaient transparaitre le sourire sincère et un brin charmeur de l’anglaise, souvent à rire ou à argumenter avec taquinerie les tirades de son groupe d’ami. Ses expressions, en revanche, n’étaient jamais aussi bien traduites que par la profondeur azurée de ses yeux. Véritables reflets de son âme, il n’était jamais difficile de savoir quand ses sourires étaient gênés, fatigués, tristes ou mélancoliques. Au-delà de ces énumérations, le trait qu’elle avait sans doute de plus particulier et de plus remarquable était ses oreilles légèrement plus pointues qu’à l’accoutumée.

Sur ces portraits, la jeune femme ne se démarquait pas par sa stature. Peinant à dépasser le mètre soixante-dix, sa silhouette d’apparence légèrement fluette cachait pourtant un physique entretenu par une activité sportive régulière. Si ce n’était son apparence, il s’agissait bel et bien les regards et les attitudes à son égard qui la replaçaient au centre de la scène. Bien qu’elle peinât naturellement à l’admettre, souvent inconsciente des qualités de ses atours, Zelda était une étudiante belle et attirante, au physique avantageux sans être tape-à-l’œil. Elle parvenait ainsi à rester discrète – du moins autant qu’elle pouvait l’être – , préférant en général des tenues simples ou même un peu lâches lorsqu’elle profitait de son temps libre.

Ces photographies, même animées, ne rendaient cependant pas honneur aux gestes inconscients de la jeune femme et qui trahissaient eux-aussi parfois ses états-d ’âme. Ces scènes ne la montraient que rarement passer l’une de ses mèches dorées derrière ses oreilles, signe de nervosité ou d’anxiété. Elles ne la montraient pas non plus passer machinalement la main derrière sa nuque et détourner le regard lorsqu’elle se sentait gêner. Tout ça, pourtant, participait à la définir telle qu’elle était : une sorcière en devenir qui, pour l’heure, avait encore l’impression de chercher la façon de laisser son empreinte positive sur le monde.

Caractère

« Il est difficile de décrire rapidement le caractère de Zelda », vous dirons ses amis. Difficile, en tout cas, d’en mesurer la complexité sans avoir passé quelques temps aux côtés de la jeune femme. Car, de prime abord, l’anglaise peut sembler timide et effacée. Si elle apprécie vivre en groupe, elle n’est toutefois pas du genre à se mettre plus en avant qu’un autre dans ses cercles de proches. Sociable, et particulièrement sensible aux émotions des autres, elle ne cherche pas à s’approprier le devant de la scène mais prend rapidement le rôle de confidente. Elle sait écouter, et aime aider dans la mesure de ses capacités.

Car oui, Zelda est une idéaliste. Elle n’est toutefois pas de ces courants passagers qui traversent régulièrement les esprits des adultes en devenir. L’anglaise est une rêveuse, oui. Mais elle est de ceux qui sont capables de prendre des décisions concrètes pour réaliser leurs buts et laisser derrière eux un impact durablement positif. L’anglaise est certes toujours prompte à aider les siens, mais elle le fait sans doute avec moins de témérité que certains de ses pairs. Ses réelles aspirations ne seront pas plus de sauver ses camarades que de s’attaquer au cœur du problème pour que ces derniers n’aient pas à être sauvés du tout.

Calme et posée, il serait une erreur que de penser qu’elle n’est qu’une douce damoiselle à sauver. Elle possède des opinions très affirmées et n’hésitera pas à se battre pour les défendre. Modèle de tolérance, Zelda entre en ce point en contradiction avec l’opinion de sa famille, hautement conservatrice. C’est sans doute en ce sens que réside toute la difficulté de son combat, et pour cette raison qu’elle a inconsciemment besoin d’être bien entourée. Particulièrement empathique, le contact social couplé à ses idéaux peut laisser de nombreuses marques dans l’esprit de la jeune femme. Il n’est donc pas rare de la voir s’isoler pour se ressourcer lorsqu’elle le peut et qu’elle a conscience de sa fatigue. La passion de ses convictions et de ses aspirations peut également se révéler destructrice si la jeune femme n’y prend pas garde, car cette première peut aisément lui faire franchir son point de rupture.

Zelda agit généralement avec créativité, imagination, conviction et sensibilité. Elle n’agit cependant que peu pour elle-même, mais plutôt dans un souci de garantir une forme d’équilibre et de justice dans le monde qui l’entoure. Toutefois, il arrive que la jeune femme perde ses moyens. L’anglaise est particulièrement sensible aux critiques directes et injustifiées, principalement sur des sujets qui lui tiennent particulièrement à cœur.

Car non, la jeune femme est loin d’être parfaite. Si son caractère fait d’elle une personne honnête, elle ne s’ouvre toutefois pas facilement aux autres. Intimiste, elle préfère nettement résoudre les problèmes des autres que parler des siens, ce qui la rend naturellement plus sensible aux phénomènes de Burn-out. Ses proches doivent donc rester particulièrement à l’écoute et être capable de la forcer à se reposer lorsque cela s’avère nécessaire.

Histoire

Zelda naquit en Angleterre proche de la ville de Bakewell. Issue de la famille Bosphramus, elle était, selon les dires empreint de fierté de son père, la « digne héritière » d’une très ancienne lignée de sang-pur. Les Bosphramus, puissants sorciers qui avaient cultivé et abondé la richesse de leur famille de génération en génération, étaient connus dans tout le royaume d’Angleterre pour leur influence au sein des grandes instances du ministère de la magie ; Poigne conservatrice et ferme, la famille n’était cependant pas réputée pour son égoïsme et son lobbying agressif pour garantir ses intérêts. Bien au contraire, les Bosphramus aimaient profondément leur pays et le monde des sorciers qui lui était rattaché. Ils œuvraient certes dans l’ombre, mais dans le sens d’un intérêt qu’ils jugeaient commun à tous les sorciers de Grande-Bretagne. Un but certes louable, aux atours nobles, mais trahi par une intolérance à peine voilée envers les sorciers de sang-mêlé et les moldus. Difficile de dépeindre donc un tableau uniquement noir ou blanc de l’univers d’enfance de la jeune anglaise.

Il fallut néanmoins plusieurs années avant que ce manque de dichotomie ne vienne réellement installer sa place dans le cœur de Zelda. Ses premières années furent plutôt heureuses. Bien-aimée de ses deux parents, la jeune fille était une enfant prometteuse, intelligente, vive et créative. Même si elle était fille unique, Zelda pouvait compter sur le large éventail d’amis que possédaient ses parents pour faire la rencontre d’autres enfants, et ainsi pouvoir pleinement s’épanouir dans les immenses jardins de la propriété.

Ce fut dans ce contexte bien précis que la jeune fille eut sa première réelle expérience avec la magie. Agée alors d’une demi-douzaine d’années, et accompagnée de deux autres enfants légèrement plus âgés qu’elle, elle courrait alors à la poursuite de petites grenouilles qui bondissaient autour de la mare présente dans la propriété. Selon les dires des plus grands, la bave de ces petits batraciens avait des facultés magiques qui, une fois correctement mélangée avec une potion, permettait à celui qui la buvait d’apprendre naturellement des sorts que personne n’avait jamais appris auparavant. Une légende enfantine rendue nettement plus réelle par la crédulité de Zelda, ainsi que par sa volonté toujours plus forte de rendre fiers ses deux parents.

Quelques heures plus tard, la jeune fille sermonnée était en pleurs, blottie dans les bras de sa mère. Ses acolytes et elle avaient bel et bien réussit l’exploit d’attraper cette fameuse grenouille, puis ils étaient entrés discrètement dans le local à potion du domaine, laissé malencontreusement ouvert ce jour-là. Puisqu’aucun ne maitrisait vraiment quoique ce soit, et que la lecture s’était révélée hautement ennuyeuse et infructueuse au bout des trois premières pages du premier manuel venu, le petit groupe avait décidé de prendre les choses en main, concoctant une potion de leur propre cru en mélangeant au hasard les ingrédients qu’ils trouvaient çà et là à leur portée. Aujourd’hui encore, les parents de l’Anglaise se félicitent d’avoir rangé les ingrédients les plus puissants et dangereux dans les armoires du haut, empêchant ainsi l’incident de tourner au drame.

Néanmoins, cette escapade enfantine ne fut pas sans conséquence. Et pour cause, si la potion s’était révélée inoffensive, la colère de Rhoam qui avait résulté de cette bêtise semblait avoir profondément affecté la jeune anglaise. Sans doute furent là les prémices des années difficiles qui allaient suivre pour la petite européenne.

Ces difficultés commencèrent à paver son chemin aux alentours de ses huit ans. Jadis vive et ouverte au monde, Zelda se renfermait de plus en plus sur elle-même au fur et à mesure que l’échéance de ses onze années approchait. Rhoam Bosphramus avait de grandes ambitions pour sa fille. Pour lui, et, surtout, comme lui, elle était vouée à faire partie des figures de proues de Poudlard, la célèbre école anglo-saxonne. Seulement, cette pression était sans doute bien trop difficile à supporter pour une enfant de cet âge. Malgré l’intervention de nombreux psychomages réputés, pas un ne parvenait à décrypter les pensées réelles de la fillette. Tous s’accordaient néanmoins sur un verdict simple : la petite européenne semblait ni plus ni moins avoir créé une phobie qui pouvait se résumer simplement. Zelda avait peur de la magie. Loin de l’attendrir, ce blocage psychologique ne fit qu’exacerber l’attitude du père à l’égard de sa descendante, enfermant le duo dans une spirale insoluble. Il devint rapidement idée commune dans le cercle de proche du grand sorcier que Zelda ne parviendrait jamais à se hisser à la hauteur des espérances que tous semblaient cultiver pour elle.

Alors, lorsqu’elle eut atteint l’âge de rejoindre la grande académie de Poudlard, Rhoam prit finalement une décision. Soucieux de ne pas ridiculiser l’image de sa famille avec une sorcière à l’avenir moyen, il préféra l’envoyer dans une autre académie, loin du pays sur lequel il exerçait son emprise protectrice. Ainsi, Zelda fut envoyée à Ilukaan, loin de ses proches et de tout ce qu’elle connaissait. Actant ce jugement avec autant de force qu’il le pouvait, son père alla même jusqu’à l’y inscrire sous le nom de jeune fille de sa mère, limitant au mieux le risque qu’un jour l’existence de l’anglaise soit directement reliée à la famille Bosphramus.

Les premières semaines ne furent pas faciles pour la fillette. Loin de tout ce qu’elle connaissait, et seulement accompagnée de son chat Grimm autorisé à l’accompagner, il lui fallut un bon mois pour s’acclimater à ses nouvelles conditions de vie. Puis, prenant soudain conscience d’être libérée de l’égide impétueuse de son père, Zelda recommença à s’épanouir. Sociable, elle n’eut pas grand mal à se faire de nouveaux amis au sein de l’établissement. Comme si un déclic s’était opéré, la jeune fille reprit de l’aplomb et son caractère studieux fit le reste. Elle vainquit alors peu à peu cette soi-disant phobie qui justifiait son exil, s’éveillant à la magie avec autant de naturel que chacun de ses camarades. Bien sûr, la jeune femme n’excellait pas dans toutes les matières. Sans surprise, elle restait relativement maladroite dans ses cours de potion, et cultiva ses premières frayeurs lors de ses confrontations avec les créatures insectoïdes du cours de soin aux créatures magiques.

A l’inverse, la jeune femme se prit d’affection pour l’histoire de la magie, trouvant en elle une beauté émouvante et des enseignements importants. Son caractère posé et calme lui permettait de suivre assidûment les cours sans en perdre une miette, là où ses camarades piquaient généralement du nez après quelques minutes. Plus surprenant, Zelda développa également une affinité particulière avec les défenses contre les forces du mal et avec les duels. Pour la première matière, il s’agissait simplement pour elle de comprendre ce qu’étaient ses forces occultes et ce qui les animaient. Elle prenait peu à peu conscience que le monde qui avait bercé son enfance n’avait été qu’une agréable illusion. Si tout lui avait paru si beau, si simple avant cet exil, elle apprit rapidement que rien n’était tout blanc, ou tout noir. Un enseignement fondamental qui aida à construire sa psyché ainsi que les idées fortes qui en résulteraient quelques années plus tard. Les duels, elle les appréciait pour une raison bien plus simple. Ils lui permettaient de se vider temporairement l’esprit, de se reconcentrer sur l’essentiel, et de laisser libre court à sa créativité. Oh, elle n’était pas la meilleure dans ce domaine, surpassée par des ainés ou simplement d’autres sorciers plus en avance sur la maitrise des différents sortilèges, mais elle rivalisait d’inventivité pour tenter de l’emporter sans brutalité. En ce sens, ses défaites n’avaient que peu d’importance.

Plus tard, une nouvelle matière éveilla son attention. Le vol lui était enseigné depuis ses premières années à Ilukaan, mais elle n’avait appris à l’apprécier qu’à partir de sa quatrième. Avant, le vertige et la peur de la chute l’empêchaient de pleinement s’évader dans les airs, mais, lorsque cette frayeur prit le temps de passer, Zelda y retrouva les sensations qu’elle appréciait – différemment, certes – dans ses cours de duel. Une sensation d’évasion et de se reconcentrer sur l’essentiel.

Ces expériences achevèrent de la définir alors que son adolescence passait. Son père, satisfait de ses résultats, accepta de renouer le contact. Mais il ne revit jamais la fillette docile et timide qu’il avait envoyée au Canada. Zelda s’était construite seule, et, par conséquent, possédait une indépendance bien trop inconvenante pour le vieux sorcier. Loin de rejoindre les idées conservatrices de sa famille, la jeune femme avait appris à penser d’elle-même, et sa proximité avec d’autres sorciers d’origines, de cultures et d’orientations différentes l’empêchait désormais d’accepter les idéaux plus extrêmes de son ascendance. Toutefois, elle ne les voyait pas comme une entité malfaisante, mais elle était désormais persuadée que cette « dynastie » avait tort. Ainsi, si elle fut de nouveau autorisée à revenir à la demeure familiale durant les périodes interscolaires, Rhoam Bosphramus ne leva pas sa « punition », refusant de reconnaitre à sa fille l’appartenance officielle à sa propre famille.

Mais plus le temps avançait, plus l’européenne s’en sentait soulagée. Elle ne souhaitait pas plus que son père œuvrer à ses côtés, et un gouffre infranchissable semblait désormais les séparer. Zelda n’abandonnait pas pour autant sa volonté de poursuivre l’œuvre de son héritage familial. Elle aussi souhaitait aider et protéger le monde qui l’entourait. Seulement, elle ne voulait en rien utiliser une quelconque puissance magique ou une poigne de fer inflexible pour y parvenir. Ainsi, cette réalité fut ce qui motiva son choix lors de son entrée en huitième année. Si sa proximité avec l’histoire de la magie et la défense contre les forces du mal aurait pu lui indiquer une future carrière d’Auror, Zelda embrassa plutôt la voie de la diplomatie et de la justice magique. Après tout, les sortilèges n’étaient pas la seule manière de faire bouger les choses…

A l’issu de cette huitième année, Zelda fut désormais certaine que son choix était le bon. Au début débordée, elle s’habitua bien vite au rythme des études qu’elle appréciait de plus en plus. Elle tenta même sa chance en proposant sa candidature de batteuse dans l’équipe de Quidditch des Lupy. Après tout, elle était désormais certaine de pouvoir se permettre cette activité supplémentaire dans son emploi du temps chargé, et elle avait toujours rêvé de faire partie de ceux dont elle suivait les exploits tous les ans…