there's something wrong with your magic

Shôta a bonne mine, aujourd'hui.

Cela fait déjà quelques semaines qu'il semble bien se porter - depuis qu'Oboro et lui se sont retrouvés, son sommeil a gagné en qualité. Il dort aussi davantage - presque suffisamment, maintenant. Son compagnon de toujours prend la tâche à cœur, et ses efforts finissent lentement par payer. Le professeur de Défense contre les Forces du Mal a repris quelques couleurs, ses cernes sont moins prononcés et sa consommation de café baisse doucement une fois la nuit tombée. Une victoire presque totale, donc, pour Oboro, au vu de l'ampleur de la tâche.

Il faut avouer que le timing était parfait. La fin des examens et le début des vacances lui ont permis de pouvoir vraiment se reposer - ou, plutôt, de donner l'occasion parfaite à son petit ami de le forcer à lever le pied. Pour la première fois depuis dix ans, Shôta est retourné sur sa terre natale pour y accompagner l'une de ses élèves - un voyage entrepris à l'initiative de son compagnon, avec qui il a ensuite vagabondé quelques temps avant de rentrer à Bloombury. Une poignée de jours plus tard, ils rejoignaient Blairwitch Island avec le reste de l'école. Si ce mois-là s'est retrouvé plus mouvementé que le premier - difficile de faire autrement, lorsque l'on vit de nouveau à proximité d'un grand nombre d'étudiant·e·s -, il a surtout été riche en émotions, et c'est plus qu'heureux que le couple tout récemment fiancé a repris ses fonctions au sein de l'école.

Les quelques jours encore libres avant la rentrée des classes ne le furent pas vraiment - à l'instar des autres professeurs (enfin, presque...), il fallait achever les derniers préparatifs pour, une nouvelle fois, recommencer à enseigner et accueillir les nouveaux élèves. Et, comme à la fin du dernier été, c'est à lui, directeur de la maison Ursirre, ainsi qu'à ses trois collègues de Lupy, Strixyst et Cervirald qu'incombe cette dernière tâche, avant de devoir assister à la cérémonie de la répartition en début de soirée. C’était en effet un grand événement, puisque le directeur de l’école lui-même daignait les honorer de sa présence (devenue rare, ces derniers temps), et cette année encore, l’occasion ne s’était pas passée sans bévue. Quelques élèves s’étaient fait·e·s remarquer, d’autres avaient même terminé la soirée à l’infirmerie. D’innombrables soupirs furent poussés en si peu de temps.

En résumé, ce fut une longue rentrée.

La reprise officielle, pour lui, de l’enseignement de la défense contre les forces du mal et du duel fut bien plus tranquille… Enfin, c’est ce qu’il aurait pu penser jusqu’à ce qu’il ne croise Lance. Ou, plutôt, que des étincelles lancées par le susnommé ne soient projetées en sa direction, alors qu’il vient tout juste de ramener une gamine de première année de sa maison complètement perdue à son dortoir. Puisqu’il venait de terminer son dernier cours de la matinée, que son prochain n’arriverait pas avant deux heures encore et que la gamine semblait sur le point de pleurer car elle devait absolument retourner chercher quelque chose qu’elle avait oublié pour son cours de botanique, il l’avait prise sous son aile pour rapidement la guider vers le bâtiment attribué aux ours. Le jeune danseur, il l’a vu en passant une première fois, entamant quelques pas de danse sans doute pour se préparer au prochain concours du club, mais n’y avait guère prêté attention ; ce n’était pas la première fois qu’il travaillait à l’extérieur. Sans doute aurait-il dû, après réflexion, en témoigne le sort qu’il esquive toutefois agilement sur le côté, le laissant se fracasser contre l’arbre juste derrière lui. Vieux réflexe d’Auror, acquis après avoir hérité de bien trop de cicatrices.

Shôta n’a pas de mal à comprendre d’où provient l’attaque qui n’en est pas réellement une – qui oserait s’en prendre à un professeur, lui-même de surcroît ? Et personne d’autre n’est dans le collimateur – la toute jeune enfant qu’il a accompagné sort à peine de l’imposante bâtisse, tandis qu’il note la présence lointaine d’autres étudiant·e·s, qui vont et viennent dans le parc. Et vu l’état du cubain à proximité…

« Je peux savoir ce qu’il vient de se passer, McClain ? » lui lance-t-il en s’approchant d’un pas vif, sourcils froncés d’irritation. Mécontent, le Shôta.

Il n’a jamais eu l’occasion d’enseigner à ce jeune homme, mais les quelques interactions qu’ils ont eu au cours de l’an passé lui ont permis de cerner un peu sa personnalité, et jamais le gamin ne l’aurait sciemment visé.

Alors… Un accident, peut-être ?

feat. Lance McClain ● 810 mots

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Ce n'est pas la première fois que Shôta confronte l'étudiant pour une bêtise qu'il a faite, et quelque chose lui dit que ça ne sera pas non plus la dernière. Celle-ci remonte à la mi-mars, lorsqu'il avait malencontreusement relâché une cage de lutins de Cornouailles dans le Dôme. Une affaire qui s'est relativement bien terminée, cela dit, si bien même que son directeur de maison n'avait pas jugé bon de le punir plus qu'il ne l'avait été par sa collègue de soins aux créatures magiques, présente à ce moment-là. Un simple retrait de points pour sa négligence avait suffi, puisqu'il s'était chargé de lui-même d'en réparer les conséquences.

L'enfant est peut-être maladroit, mais il sait très bien prendre ses responsabilités et arranger ses conneries lorsqu'il en fait. Pourtant, Shôta sent bien que cette fois, ça ne sera pas si simple. Les explications - ou, plutôt, le semblant d'explications... - fournies avec une fébrilité palpable lui font lever un sourcil. Comment ça, il ne visait rien, en fait ? Il jette un œil agacé en direction de l'enceinte crachant toujours la musique pop sur laquelle dansait Lance un peu plus tôt, et cela suffit pour que l'Ursirre l'arrête. Silence pesant, agrémenté parfois d'un piaillement lointain ou de murmures portés par le vent. Le ton de la conversation est donné.

« Tu te rends compte que tu aurais pu blesser quelqu'un en ne faisant pas attention ? »

Sa remarque ne semble cependant guère considérée, car Lance se perd dans un monologue encore plus détaillé et rapide encore que le précédent. Mais ça, Aizawa en a l'habitude, et il l'écoute donc avec grande attention ; les bras croisés sous son écharpe lâchement jetée autour de ses épaules, l'index tapotant un peu son biceps de contrariété au fur et à mesure qu'il déroule son histoire.

« Ton sort est parti à retardement, donc ? » tâche-t-il de résumer, grossièrement, la situation. « Et le deuxième n'a pas fonctionné correctement. » Il retient un soupir, le regard planté dans celui de l'Ursirre si anxieux qu'il en vient à se demander s'il ne va pas se mettre à pleurer. Le stress dont il fait mention n'est pas à écarter, mais il n'empêche que le professeur reste suspicieux. L'incident lui paraît étrange - bien que l'état émotionnel d'un·e sorcier·e influence grandement sur sa magie (c'était même souvent en raison d'une trop grande émotion et de son incapacité à la contrôler que l'on découvrait ses pouvoirs lorsqu'ils s'éveillaient), Lance est un grand angoissé et ce n'est ni sa première rentrée, ni son premier concours.

La magie peut être capricieuse, pour tout un tas de raisons dont certainement au moins la moitié n'est pas connue du professeur de duel. Il les passe en revue rapidement - jette même un oeil à la baguette que le jeune cubain empoigne toujours - puis lâche finalement un soupir las en venant se pincer l'arête du nez.

« Quels sorts as-tu lancé ? »

Il désigne l'arbre touché par son précédent sortilège d'un vague geste de tête.

« Tu pourrais recommencer ? »

Oh, il ne manquera pas de jeter lui-même un enchantement de protection autour d'eux, au cas où. Il s'agit très clairement d'un accident, d'un geste mal exécuté ou d'un caprice de sa baguette, mais mieux vaut en être sûr.

feat. Lance McClain ● 587 mots

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Au vu des explications supplémentaires fournies par le fauteur de trouble (involontaire, certes), il semblerait qu'en plus de s'être lancé avec une certaine latence, le sortilège à paillette n'ait même pas fonctionné correctement. Comme s'il était resté bloqué à l'intérieur de sa baguette, accumulant la magie avant de la relâcher d'un seul coup - donnant le résultat auquel Shôta a assisté quelques minutes plus tôt.

Le japonais ne doute pas vraiment des bonnes intentions originelles du jeune homme, d'autant plus qu'ils sont plutôt esseulés dans cette partie du parc. Des bêtises, des réglements de compte et des blagues en tout genre, il en a été le témoin d'innombrables fois durant ses deux années d'enseignement ici - il a même dû intervenir plus d'une fois, en sa qualité de professeur ainsi que de directeur des ours saphir - et il lui semble bien improbable que Lance prépare l'un des trois à la vue de toustes. Et bien qu'il ne paraisse pas serein à l'idée de retenter l'expérience, il accepte toutefois la demande de son aîné.

Bien conscient de la tourmente de l'Ursirre, qui tente de se calmer avant d'exécuter le sortilège de nouveau, Shôta prend la peine de formuler le sien à haute voix - lui qui, par habitude et confort, n'en prononce aucun. Un dôme translucide les entoure désormais, prêt à arrêter n'importe quel enchantement, charme, ou sortilège incontrôlable. Il garde sa baguette d'if en main, au cas où. Sa posture, à l'image de celle de Lance désormais, est relaxée, mais son regard perçant est figé sur son élève. Attentif au moindre de ses mouvements, à la manière dont il énonce la formule et au comportement de sa propre baguette - pour le moment, rien d'anormal.

Comme quoi, Lance est capable d'utiliser correctement sa magie sous le coup du stress... La pression du concours de danse récemment annoncé serait-elle plus grande que celle ressentie par la présence de son directeur de maison, qui semble pourtant hautement l'intimider ?

Ce dernier reste silencieux, simple observateur des petites paillettes s'échappant - comme elles sont bien censées le faire - du bout de la baguette du cubain. Il se passe quelques secondes encore, durant lesquelles Shôta se convainc presque qu'il s'agit effectivement une dysfonction temporaire dûe aux raisons déjà évoquées, avant que l'incident ne se produise de nouveau. Il décide néanmoins de laisser Lance gérer, en premier lieu, mais...

Grossière erreur.

A peine le deuxième - et inattendu - jet étincelant quitte-t-il la baguette magique de Lance qu'un antisort est lancé de la sienne, le faisant exploser en une myriade de petites paillettes - presque semblable à de la poussière chatoyante. Cependant, la baguette étant dirigée vers Shôta à ce moment-là...

Il abaisse le bras qu'il a instinctivement placé pour protéger ses yeux. Plus rien ne s'échappe du bout de frêne tenu par le danseur, désormais. L'herbe, entre eux, s'est mise à briller sous le timide soleil de septembre. La manche du professeur également, de même que ses cheveux - bien qu'il ne s'en raperçoive tout de suite. Un soupir passe de nouveau ses lèvres. Et ce n'est que le troisième jour de l'année scolaire...

Le silence n'a pas le temps de s'installer entre eux. « Il y a un problème avec ta magie, McClain. » déclare-t-il sans détour, plongeant de nouveau ses prunelles sombres dans celles, bleutées, du susnommé. Rapidement, il réfléchit. Passe une main dans ses cheveux lâchés. « C'est la première fois que ça t'arrive ? Outre le stress, pas de problème de santé particulier ? » Il faudra qu'il fasse examiner sa baguette, aussi.

Mais c'est là qu'il s'en rend compte. Il aura suffi d'un éclat pour attirer son attention sur l'une des mèches encadrant son visage, qu'il saisit entre deux doigts pour mieux l'observer. Putain.

Autour d'eux, les légers reflets du Protego s'amenuisent. Sans une once de bruit, le charme finit par disparaître.

feat. Lance McClain ● 684 mots