Physique

Il y avait une partie de son corps que Hans préférait avant tout : ses épaules. Elles avaient mis du temps à s’élargir et à correspondre à sa vision du corps idéale, mais actuellement elles étaient juste… Parfaites à ses yeux ! Leurs courbes présentaient tout ce qu’il faut d’arrondi pour les rendre confortables. Mais gardait ce qu’il faut d’angles pour qu’elles semblent visuellement puissantes. Ce qu’elles étaient à n’en point douter. Pour ainsi dire, ses épaules étaient la pierre angulaire de sa stature. Ce sur quoi Hans faisait reposer toute sa prestance.

Bien sûr, il avait de nombreux autres atouts. Il faut dire que dans sa famille, on avait la mauvaise habitude de s’embellir avec l’âge. Hans aurait voulu se dénoter de ses frères, mais ses pratiques sportives avaient sculpté son buste de la même façon que les leurs auparavant. Des bras forts, dû à sa pratique de l’escrime. Un dos musclé, dû à sa pratique de l’équitation dans ses jeunes années. Des abdominaux apparents, dû à la pratique de tous les autres sports qu’on lui avait plus ou moins forcé à pratiquer dans sa jeunesse ; et qui malgré lui, faisaient encore partie de son quotidien. Ses mains en avaient d’ailleurs un peu souffertes de toutes ses pratiques et présentait quelques cicatrises. Ses frères prenaient plaisir à le charrier sur le fait que des doigts aussi fins étaient avant tout destinés aux arts féminins. Comme la musique ou la broderie. Ce n’était sûrement pas avec ça qu’il ferait un bon duelliste. Mais ses frères avaient une vision très restreinte de la vie.

Tout cet ensemble reposait sur deux jambes, comme une grande majorité d’être humain. Pour le reste, le jeune homme était définitivement harmonieux dans sa globalité. Peut-être des chevilles un peu fragiles, mais des genoux qui tiennent les chocs. Ca compensait largement ce léger défaut. De toute façon, avait sa taille mannequin, il n’en avait pas d’autre, de défaut. Il correspondait exactement à cette image que les jeunes femmes se font du prince charmant. Tout était dans l’alliance de la finesse et de la robustesse. Avec un soupçon de souplesse pour épater la galerie et gagner quelques regards de son père.

Malheureusement, ce dernier ne pouvait pas voir sa tête même en peinture. Pourtant, Hans tenait beaucoup de son père. Pour commencer, son profil en E impeccable et son visage en triangle. Mais aussi, ses cheveux roux doré ainsi que les rouflaquettes taillés courtes, mais bien présentes, qu’il s’obstinait à garder pour lui ressembler malgré la fin de cette mode depuis au moins le début du 19ème siècle. Son nez mutin à l’arête lice venait aussi du coté paternel tout comme ses lèvres fines. Mais ses grands yeux inquisiteurs verts et ses taches de rousseur, il les tenait de sa mère. Hans avait hérité du meilleur des deux parents combiné en une seule personne : Lui.
-Texte rédigé par Hans Westergaard-
Hans posa son stylo qu’il tenait de sa main ganté. Vieille habitude pour préserver au mieux ses doigts. Lars lui avait donné cet exercice ridicule de description juste avant son départ. Pour garder une image mentale de son frère lui avait-il dit. Le roux se tourna vers sa valise. Son uniforme masculin, plié, l’attendait. Il rangea ses derniers vêtements dans sa valise. Ses jeans straight et ses T-shirts près du corps pour l’été. Sa veste cuir doublé et ses pulls en laine à motifs pour l’hiver. Tout y est. Il allait enfin pouvoir dire en revoir à ces frères pour une nouvelle année, loin, très loin d’eux.

Caractère

Il est difficile de vraiment cerner le garçon, car certains sous-entendent qu’il est le pire des connards et peut avoir une attitude froide et cruelle, alors que d’autres le dépeignent comme quelqu’un de noble et vertueux qui mérite tout confiance.

Il y a sans doute un peu de vérité dans ces deux descriptions. Le fait est qu’Hans présente une capacité assez incroyable d’adaptation. Le jeune homme a un véritable besoin de reconnaissance auprès de ses fréquentations. De ce fait, il a développé un sens de l’observation aigüe. Ce dernier lui permet de répondre aux besoins des autres, de se créer une personne qui ne décevra personne. Le mensonge, la triche, il ne recule devant rien pour offrir la version la plus parfaite de lui-même. Mais si on cherche à le découvrir, à creuser pour savoir qui il est vraiment, petit à petit, on comprend qu’Hans est fier et ambitieux et intelligent. Assez vite, le petit garçon qu’était Hans a compris que son intelligence est son atout principal. Lorsqu’on possède les capacités intellectuelles d’Hans, de nombreuses portes s’ouvrent à vous. Pas besoin de se battre, une simple manipulation à l’aide de mots peut détourner un conflit vers une entente plus calme. Pas besoin de plancher des heures sur un devoir, une bonne organisation fait gagner beaucoup de temps. Hans est de toute façon, quelqu’un appliqué et d’assidu dans tout ce qu’il entreprend, faisant passer les connaissances avant la violence.

C’est d’ailleurs ce qui le démarque le plus de ses frères. Ses conditions de vie étant ce qu’elles sont, le roux est avant tout déterminé à améliorer sa vie et n’emploie ses capacités intellectuelles qu’à cette seule fin. Après tout, il a le Droit au meilleur et aspire à une grande vie d’opulence. Il serait un jour dirigeant d’une contrée tout comme son père, en mieux. C’est sans doute ses ambitions qui l’ont mené à développer sa faculté à mentir. On n’échappe pas à 11 frangins dont le seul but est de te pourrir la vie en restant calme, gentil et obéissant.

C’est probablement de là dont viennent les rumeurs qui le décrivent comme impitoyable. M Westergaard a impliqué, chez tous ces fils, un mode de fonctionnement : Le respect par la peur. Bien qu’Hans tente de se démarquer en arrivant au même résultat par d’autres moyens, les « traditions » familiales prennent parfois le dessus. Il peut alors se montrer cruel avec les autres, mais toujours à l’abri des regards. Il lui est facile de se servir des faiblesses d’autrui pour leur faire du mal. Son objectif passant avant tout, il lui arrive de considérer les gens comme de simple piliers, des points, des outils pour ses projets et de s’en débarrasser quand ces derniers ne lui sont plus d’aucune utilité. Il prendra cependant tout les précautions du monde pour dissimuler cette part de lui aux autres.

Mais Hans cherche avant tout l’amour des autres. Il veut attirer l’attention. L’attention qu’il aurait dû recevoir depuis toujours. Si on peut penser que son côté noble chevalier servant n’est qu’un jeu, il s’avère que parfois, il n’en est rien. La vie à Ilukaan fait juste ressortir son bon côté. Étant débrouillard et diligent, les cours n’ont jamais était un problème pour Hans. Et aider les autres si ça peut lui attirer leurs faveurs, il le fait sans rechigner. Après tout, au premier abord, le jeune homme dégage une aura de confiance, l’aura de quelqu’un à qui ont peut se confier. En échange de ses services fournis, il ne demandera qu’une chose, que la personne lui soit utile à son tour. Utilité qui peut se présenter sous de nombreuses formes. C’est peut-être dit et redit, mais l’adolescent ne recherche que les faveurs de son père et à la suite de cela, une amélioration de sa vie. Tout ce qui peut lui donner du prestige aux yeux du paternel est bon à prendre. Savoir s’attirer les bonnes grâces des gens en fait partie, bien que ce dernier préférerait que son fils passe d’abord par la peur.

Pour le reste, le roux a des phases de solitude. Il a besoin de ces dernières et les apprécie. Découvrir que des gens pouvaient vraiment ressentir le besoin de passer du temps à ses côtés. Que tout le monde ne le considérait pas comme un raté qui n’était là que pour servir de pièce de rechange, ça avait pendant un moment chamboulé ses façons de faire et de voir le monde. Alors, il avait pris l’habitude d’aller faire le point. Pour se rappeler ce que pouvait être la vraie nature des hommes et pourquoi est-ce qu’il était là. A Ilukaan.

Histoire

Des braillements se firent entendre sur la petite île de Stryno. Le chef de famille soupira dans son bureau. Encore un fils. Un 13ème fils. Ce n’était pas ce qu’il attendait de son épouse. Qu’allait-il pouvoir faire d’un garçon de plus ? Il chassa ses pensées pour retourner à ses papiers. Il avait fort à faire, plus urgent et plus important.

Malgré l’indifférence totale de son père à son égard, Hans vécut ses premières années assez tranquillement. Il faut dire qu’un enfant ne garde pas grand chose en mémoire de ses trois premières années, même chez les sorciers. Pourtant, ce furent sans doute ces meilleurs. Sa mère s’occupait de lui à défaut d’avoir d’autres tâches assignées dans la demeure familiale. Née sur une petite île du Danemark, elle ne devait sa position qu’à son sang-pur. Un mariage arrangé, il n’y avait nul sentiment dans cette union. C’est pourquoi, elle avait offert l’entièreté de son amour à ses fils. Ses 13 fils.
Le petit Hans avait maintenant 4 ans. Il savait parler, il savait marcher, il était propre et enfin, il prenait conscience qu’il appartenait à un groupe et que ses 12 autres personnes qui partageaient sa maison étaient ses frères. Et qu’apparemment, il n’était pas désiré à leur côté. Caleb l’ainé que son père regardait toujours avec fierté. Lars le littéraire, Jurgen, Franz…. Et les pires, les deux jumeaux Rudi et Runo. Ses deux-là n’avaient de jumeaux que leur sensibilité diabolique. Alors que les trois plus âgés avaient passé 3 ans à faire comme si Hans était invisible, littéralement, Rudi et Runo étaient allés beaucoup plus loin. Et Hans était tombé dans chacun de leur piège.

Dont ce fameux « Il y a un cadeau spécial pour toi dans la très vieille pièce effrayante dans les catacombes. Hans, pourquoi tu ne vas pas le trouver et après nous t’enfermerons dedans une fois que tu seras tombé dans le piège. » Ou encore cette note qu’il avait reçu du Roi de Gotya prétendant que ce dernier avait enlevé un de ses frères et qu’il ne le rendrait que si Hans courrait autour du manoir trois fois seulement vêtu de ses sous-vêtements. Pour sa défense, il n’avait que 4 ans.

Ce n’est pas comme si Hans avait pu compter sur un soutien paternel pour résoudre ses problèmes. Monsieur Westergaard faisait partie des administrateurs de la municipalité de Vordingborg et occupait aussi une place au Ministère de la Justice Magique du Danemark. Il était fort occupé. Sans que Hans n’ait jamais été mis au courant du poste exacte de son père, le garçon savait que ce dernier pouvait avoir de l’influence, car sur son île, appartenir au Westergaard signifiait être craint. Être craint de tous.

Au fil de son enfance, Hans avait fini par détester chaque coin de son île. Sombre et isolé, entièrement faite de rocs noirs et de marécages où les grenouilles se faisaient une joie de patauger. Le vent en bâtait les côtes à longueur de temps, rendant tout froid et humide et amenant l’odeur du sel jusqu’à la grande demeure familiale. Était-ce d’ailleurs pour éviter que cette odeur ne pénètre les murs du manoir que ce dernier avait si peu de fenêtres ? Peu importe, la vue même de la grande maison, perchée là-haut, horripilait le petit garçon. Personne ne se souciait de lui là-bas. Aucun de ses frères et de leurs femmes. Aucun de leurs enfants. Il n’était qu’une pièce de rechange en cas de problème. Peut-être son frère Lars était-il un peu à part. S’il ne l’aimait pas, tout du moins, le supportait-il. Ou était-ce un peu de compassion… Lars aussi avait, un jour, était le dernier, pendant quelques années, et avait subit la même chose que lui. Il ne faisait pas bon d’être le benjamin chez les Westergaard.

Hans avait fini par se trouver un lieu. Un endroit à lui où personne ne venait l’ennuyer. Le quai, promesse de découverte, de renouveau et surtout d’aventure. Calme. Le lieu parfait de retraite loin de la famille et de tous les marmots de ses frères. Il pouvait admirer en toute sérénité le coucher de soleil. Il adorait ce moment où l’astre se teintait de rouge, comme mort, en sachant que lui contrairement à Hans, aurait une seconde chance le lendemain. Parfois, le garçon venait aussi le matin. Moins souvent, car l’évènement inverse, la naissance du soleil, provoquait trop de sentiment en lui. C’était encore plus magique et il ne voulait pas gâcher ça en venant plus que nécessaire. Après tout, c’était un matin que ses pouvoirs s’étaient manifestés. Le soleil avait déjà perdu sa teinte rouge quand il était arrivé. Dépité d’être là trop tard, Hans s’était assis, les pieds dans l’eau, souhaitant revoir l’aube. Et les vagues avaient exaucé son vœu. Une sphère aqueuse rouge or était sortie de la mer, ses reflets se miroitant sur la surface de l’eau. Il n’y avait eu personne pour partager sa joie à la maison. Personne pour le féliciter, mais Hans en gardait tout de même un beau souvenir.

La seule manifestation d’intérêt de son père envers sa personne datait de cette époque. Qui disait pouvoir, disait enseignement. Et pas question de perdre du temps à envoyer le petit sur le continent. Hans dû se contenter de précepteurs qui de l’avis de Lars, ne lui enseignait rien d’utile. Le jeune garçon fit donc le choix de prendre ces cours directement auprès du seul frère qui se souciait un minimum de son éducation. Il ne voulait pas devenir une brute épaisse sans cervelle comme les 11 autres. Et puis ça occupait son emploi du temps. À partir de ce moment, ce fut, cours le matin, sport l’après-midi par ordre du paternel, entre deux « leçons » de grammaire des « enseignants » puis de nouveau cours le soir. Cours pendant lesquels, Lars lui expliquait tout ce qu’il y a à savoir sur le pays, de son point de vue d’historien passionné. Hans trouvait ce côté de son frère attachant, tant qu’il n’était pas forcé de l’écouter trop longtemps.

Les récits de son frère donnaient encore plus envie à Hans de s’échapper. D’échapper au harcèlement de ses ainés. D’échapper à la mine constamment triste de sa mère. D’échapper à cette prison que représentait l’île. Il voulait que son père le remarque. Et pour remplir ces exigences, il fallait qu’il trouve un lieu le plus éloigné possible, avec un enseignement de qualité. Il n’allait pas étudier à la maison toute sa vie. Ses frères avaient eu le droit d'intégrer une école magique une fois leur 11ans révolus. Il espérait obtenir ce droit tout comme eux. Son choix fut comme une évidence, en vu de ses exigences. Il irait à Ilukaan.

Bien sûr, cela changeait les coutumes familiales… Tous ses ainés, à l’exception de Runo et Rudi -qui devait sans doute être trop bête pour aller plus loin que le CP moldus- avaient opté pour Durmstrang. Plus un choix du paternel qu'un réel désir d’intégré l’école du Grand Nord. La discipline et l’étrange corélation entre le manoir et l’institut. Cela était forcément du goût  de Monsieur Westergaard. Hans avait dû faire preuve de beaucoup de patience et de lèche botte pour obtenir une dérogation. Son géniteur avait fini par céder. Plus par inintérêt envers son fils que par réel récompense de ses efforts.

Août 2013, le roux est prêt à quitter la demeure familiale. Sa mère l’a accompagné sur le quais où son bateau pour le contient l’attend. Le jeune homme est presque sûr d’avoir vu s’esquisser l’ombre d’un sourire sur le visage de la femme. Il lui reste encore à rejoindre les transports magiques mais Hans peut déjà dire en revoir à son ancienne vie.