Il n’était plus utile de précise depuis tout ce que temps que Feliciano était du type maladroit. Peut-être maladivement pour ce qu’il en savait. Il tombait alors qu’il restait statique, il glissait sur l’herbe, trébuchait sur son propre pied. En grandissant il avait développer son équilibre, et là où il s’en servait le mieux était au Quidditch, après tout il était Poursuiveur, et nouvellement Capitaine des Strixyst. Pourtant sur le sol, par moment, il ne pouvait pas faire huit pas sans se rétamer par terre. Toutefois il ne passait pas énormément à l’infirmerie, sauf en cas grave ou par maladie. L’automne était bien présent, l’hiver lui succéderait, il tomberait malade, comme chaque année. Le Canada ne lui laissait pas de repos sur les température hivernale.

Toutefois aujourd’hui ce n’était ni la maladie, ni la maladresse, ni le Quidditch qui l’amenait. Il venait suite à l’explosion de chaudron dans la salle de potion. Ce n’était pas spécialement de son fait... Ou plutôt il blâmait sa dyslexie, encore une fois il avait mal lu et confondu les ingrédients. D’où l’explosion dévastatrice et brûlante. Son bras en pâti douloureusement. Heureusement pour le reste de ses camarades, sa place se trouvait au fond, ainsi ils étaient tous épargnés, une chance. Le professeur l’avait conduit lui-même à l’infirmerie pour obtenir des explications, données à demi-mot par l’Italien malchanceux. Une ironie quand on savait que son prénom signifie la chance.

Son tirade terminée, ses larmes séchées; son bras soignée et enrubanné, il fut amené dans la pièce d’à côté pour se reposer tranquillement de toutes ses émotions. Feliciano resta dix minutes seul à se maudire lui et sa dyslexie, un jour quelqu’un se douterait de quelque chose et il espérait que ce n’arrive pas de sitôt, il n’assumait pas son incapacité à lire convenablement. Bien heureusement Lovino était toujours là pour l’aider dans ses devoirs, sans le juger, juste l’engueuler parce qu’il avait le tempérament un peu vif, ce à quoi était habitué le plus jeune des jumeaux. A force de se fustiger il s’endormit, roulé en boule sous la couverture, rêvant à un monde où il était capable de lire et écrire comme tout le monde, sans ce soucier d’une soupe de mot.

Le bruit d’une nouvelle présence ne le réveilla pas immédiatement, à vrai dire le sixième année possédait un sommeil plutôt lourd, ce qui constituait une chance en quelque sorte, il ne souffrait pas des bruits environnants, des personnes qui ronflaient ou de la musique. Toutefois lui parlait dans son sommeil, des fois de manière incompréhensibles, et de temps en temps il paraissait qu’il conversait pendant plusieurs minutes de manière presque cohérente avec Kenneth, son camarade de chambre insomniaque. Alors le débarquement d’un Allemand plutôt connu ne le dérangea aucunement, il s’éveilla tout seul après une sieste d’une heure complète. Sa dextre s’apposa sur son visage pour frotter ses yeux, doucement, le tout en se redressant en position assise sur le lit de l’infirmerie, sans remarquer pour l’instant la présence à ses côtés

Au réveil Feliciano n’était pas la personne la plus réceptive du monde, il mettait quelques bonnes et longues minutes avant d’émerger totalement. Toutefois il restait de bien meilleure humeur que son jumeau grognon, ronchonnant à quel point il était injuste de se lever et qu’il préférait rester au lit. Chose que le plus jeune des deux pouvait comprendre en tout point, de son côté également il préférerait rester sous la couverture toute la journée à dessiner et parler. Sans que ce ne soit une marque de fainéantise, simplement de bien être. Depuis le temps il comprenait l’utilité de se lever, son côté actif en ressentait le besoin quand son esprit se demandait tout bonnement s’il pouvait s’allonger et ne rien faire. Une bataille entre un ange et un démon sur ses épaules, qui prenait bien souvent les traits de lui et son jumeau, pour une raison qu’il n’ignorait pas.

Ainsi qu’on vienne converser à peine ses yeux entrouvert ne le dérangeait pas. En général. Dans l’immédiat il se réveillait après une blessure importante et des brimades personnelles, l’éveil n’était pas le plus plaisant du monde. La palabre joyeusement lancée à ses côtés à le don de le faire sursauter avec violence, si bien qu’il s’étale sur le sol en poussant un hurlement plutôt rapide et étrangement cassé, résultat de sa voix qui muait encore à seize ans. Les fesses sur le sol l’Italien procède ce qui vient de se passer, une grimace accroché sur son visage, le sol carrelé ne rebondissait pas sous son postérieur, et ne possédait aucune douceur, ni amorti.

La voix perturbante d’un réveil calme, semblait familière à l’oreille du jeune Strixyst. Il agrippe le bord du lit pour s’aider à se redresser et tomber sur quelqu’un qu’il pouvait qualifier d’ami. Un souffle du nez lui échappe tandis qu’il s’efforce de sourire.

- Gilbert... Tu m’as fait peur.

Aucun exploit là dedans, il lui arrivait de sursauter face à sa propre ombre. Très tranquillement il se défait de la couverture emmêlée autour de lui dans la chute, pour la replacer sur le lit. Ceci fait il peut s’y reposer et accorder son attention à son camarade d’infirmerie. Il découvre alors un Allemand blessé à l’invisible contrairement à lui, ses sourcils légèrement froncés.

- Qu’est-ce qui t’arrive pour que tu sois ici ?

La curiosité du petit Italien était aussi ingénue que candide, il n’accusait pas le Lupy de récidive, il s’informait tout simplement de son état actuel, qui ne devait pas être au mieux de sa forme puisqu’il se trouvait en sa compagnie à l’infirmerie. Probablement arrivé après qu’il se soit endormi et placé ici dans une quête de silence. Ce qu’il savait de source sûre ne pas être le talent de Gilbert, c’est un point qu’il avait en commun.

Le rire de l’Allemand, qui pourrait s’apparenter à de la moquerie, ne devait pas plaire à grand monde. Toutefois Feliciano n’entrait pas dans cette catégorie de gens, à la place il offrit un sourire indulgent au plus âgé, voire même un léger rire. Après il était facilement surpris, ce serait bien injuste de fustiger Gilbert pour quelque chose que même son corbeau parvenait à faire. Avec toute la politesse enseignée depuis ses plus jeunes années il répond assez franchement au salut, pourtant il ne manque pas le geste défensif qui précède sa question pourtant innocente.

Il était connu du plus jeune la mentalité instauré par les Sangs-Purs, que certains gardaient, envers les Sangs-Mêlés ou les Né.es-Moldu.e.s. Son propre père y avait fait face dans son entourage, quand ses propres parents prônaient l’entente entre tous les sorciers. Ce qui importait aux grands-parents Vargas était très simple ; pas d’athée dans la famille, ce qui avait grandement penché sur la balance en faveur de sa mère. Les années passés au couvent, bien que ce fut pour fuir la magie qu’elle eut pensé être une sorte de manifestation du Diable. Les enfants eurent également reçu une éducation catholique, ce qui avait résulté en l’épouvantard du plus jeune des jumeaux.

Ainsi Feliciano comprenait la défense de Gilbert, il l’acceptait même sans rechigner, un simple sourire aux lèvres. Il ne lui en voulait pas, l’éducation était telle qu’elle laissait des séquelles. Sa mère disait souvent que la première pensée qu’on avait était celle imposée par la société, que la seconde était la véritable. Ainsi, que le Lupy lui donne une explication, même à demi-mot et bien trop rapide était un signe qu’il n’adhérait pas à cette philosophie.

- C’est dangereux ça ! Comme si Gilbert n’était pas au courant. Comment tu as pu avoir cette idée...?

L’Italien était quelque peu abasourdi parce qu’il entendait. Voler sur un Cognard était sûrement la meilleure façon de se blesser gravement. Lui s’y était frotté avec violence pendant les matchs et en ressortaient généralement avec un ou deux membres cassés. Toutefois connaissant Gilbert, il ne devait pas se laisser abattre et trouver que son invention était du génie. Ce qui effrayait quelque peu le Stryxist, il ne souhaitait pas le retrouver entièrement plâtré un jour...

Avec un sourire contrit il remonte sa manche, laisse paraître son bras bandé. Son explication sera tout aussi rapide mais pour d’autres raisons, elle était simple. Lui se trouvait Sang-Mêlé, ainsi la pensée que les autres lui seraient inférieur ne pouvait pas lui venir à l’esprit, ce serait d’une hypocrisie dont il ne se trouvait pas capable.

- Un accident en salle de potion. Mauvais ingrédient, mon chaudron a explosé, je me suis brûlé.

Sans effort il retient d’expliquer que la faute lui revenait, qu’il s’était trompé car il avait mal lu, que les lettres s’étaient mélangées sans qu’il ne s’en rende compte immédiatement. Probablement sa plus grande honte, c’est à se demander comment il parviendrait en médicomagie avec un problème pareil. Pourtant il fournissait énormément d’effort pour y parvenir, la preuve il avait obtenu la moyenne en Anglais pour les BUSEs, chose qu’il ne se croyait pas capable. Il ne perdait pas espoir qu’un jour il s’en débarrasserait pour de bon, avant que son entourage proche ne soit au courant de ce handicap.

Peu étonnant que Gilbert ne relève pas son inquiétude (et à vrai dire presque personne ne s’y employait et le rabrouait), il était du type casse-cou, trop fier pour avouer qu’il souffrait le martyr d’une blessure qu’il se serait lui-même provoqué, en particulier si cela résultait d’un moment où il s’était amusé. L’important au final était qu’il ne soit pas blessé au point de se retrouver à l’hôpital, c’est ce qui comptait aux yeux du plus jeune.

- Je ne devrais pas être si étonné que cette idée vienne de toi, mais tu aurais pu au moins demander à quelqu’un de venir avec toi...

Peut-être que cela aurait évité au neuvième année de terminer en séjour à l’infirmerie. Cependant, encore une fois, le Strixyst n’était pas bien surpris que Gilbert n’ait demandé a personne de l’accompagner, sa découverte il se devait de la faire seul, prouver au monde entier qu’il en était capable et ne nécessitait aucune aide extérieure. Ce qui inquiétait tout de même Feliciano, comme il s’en ferait pour chacun de ses amis ayant un tel comportement.

Des fois il se demandait comme il était passé de celui qui passait son temps à se blesser à cause de son comportement casse-cou, à celui qui demandait aux autres de prendre soin d’eux. L'Italien avait certes toujours été plus ou moins ainsi, mais depuis presque deux ans il s’était assez assagit pour ne plus faire n’importe quoi. Bien sûr il se blessait toujours à cause de sa maladresse ou de quelques paris qui arrivait à mal tourner mais en soit il restait relativement sauf de ses anciens comportements.

A la question il s’autorise un petit sourire et secoue doucement la tête.

- Non rien de plus ! Heureusement... Le professeur m’a envoyé tout de suite à l’infirmerie avec l’aide d’un camarade.

L'artiste pourrait même repartir d’ici la fin de la journée, quand l’infirmière serait d’accord par rapport à son état, principalement celui de son bras. Par chance il ne se retrouvait pas les cours de monsieur Valmont qui s’en serait sûrement pris à lui pour cette simple erreur, d’après ce qu’il avait entendu des autres élèves. Il espérait alors que pour la suite de ses années à Ilukaan il n’irait pas dans ses classes ou qu’il serait assez indulgent pour ne pas se moquer de lui à cause de sa dyslexie. Feliciano n’était pas certain de pouvoir revivre les moqueries encore une fois comme il avait subit en primaire en Italie.

D’une senestre sympathique il désigne la place sur son lit quand il repère l’Allemand qui se replace plus convenablement sur sa chaise.

- Tu peux venir sur le lit, je ne prends pas toute la place.

Le siège en bois n’était pas très confortable, particulièrement quand les côtes étaient blessées, il en savait quelque chose sur cela. De plus s’il pouvait lui éviter d’aggraver son cas il ne s’en priverait pas, son côté altruiste parlait avant sa raison. Feliciano, qui souhaitait devenir médicomage, ne pouvait s’empêcher de s’occuper des personnes blessés, même quand lui l’était également, une habitude qu’il ne perdrait sûrement jamais.

C'est avec un étonnement certain que Feliciano remarqua le manque de palabre venant de l'Allemand, pourtant réputé pour son flot de parole important et incessant. Presque autant que celui du plus jeune, c'est dire ! Deux vrais moulins à parole comme le voulait l'expression, cela restait assez peu déplaisant pour Feliciano qui avait le silence en horreur. Il était a pressentir que si son épouvantard ne fut pas Pestilence dans sa plus terrible représentation, il se retrouverait dans un silence aussi absolu que dévastateur.

De ce fait, ce l'absence de parole tendait plus à l'inquiéter qu'à le rassurer. S'il avait été en face de Ludwig, il était d'une évidence même que ce ne l'étonnerait guère, ni même qu'il ne s'en ferait pour cela. Une monnaie courante chez le cadet de la famille Beilschmidt. Le mauve l'observe un instant sans rien dire. La seule parole qu'il lui fut adressée sera le remerciement quant à sa proposition (il ne doutait de la politesse du Lupy, elle n'était plus à prouver). Encore une fois, cette acceptation rapide étonnant le jeune Italien. Gilbert Beilschmidt ne prétendait pas facilement à la souffrance, pas assez pour se poser confortablement sur le lit d'un autre blessé, même à un degré moindre. Il ne montrait sa peine à personne, surtout pas à quelqu'un qui déguste moins que lui. Feliciano le connaissait plus capable de se vanter de ses blessures que de s'en plaindre à en grimacer.

Son regard ambré, empli de questions, reste posé sur son vis-à-vis, l'examinant sous toutes les coutures tandis que sa main blessée se ramenait contre le haut de son corps avec lenteur. Celui-ci sorti ses lunettes, en très mauvais état, de sa poche. Pour une fois ce n'était pas consternant, de quoi ravir Feliciano, presque, s'ils n'étaient pas à l'infirmerie à parler de leur blessure. Toutefois remplacer des lunettes n'étaient pas nécessairement la chose la plus facile, et surtout il fallait vivre en attendant les nouvelles. Une chose qui étaient encore moins aisée que le renouvellement des précédentes.

- En tout cas j'espère que tu ne recommenceras pas... Il marque un silence assez éloquent, son regard planté dans celui de son homologue, il s'empresse néanmoins d'ajouter une petite demande, parce qu'il connaissait bien trop Gilbert au fond. Ou pas tout seul. Son soupir transparaissant dans ses pourtant bien douces palabres, laissant transparaître son inquiétude latente et réelle.

Pourtant il le connaissait assez borné pour s'acharner jusqu'à réussir sans une blessure, et sans aide malheureusement. Peut-être devrait-il avertir Ludwig, qu'il soit au courant. Cette idée lui plaisait plus que le reste, en sa qualité de futur médicomage il ne pouvait décemment pas le laisser se blesser sans réagir. Si prévenir le petit frère pouvait éveiller un semblant de conscience chez l'Allemand, alors il n'hésiterait pas. Les blessures et les passages longs à l'infirmerie ne seraient pas bon pour le moral de son ami, il le préconisait fortement sans aucun diagnostic.

Les palabres de l’Allemand inquiétèrent immédiatement le plus jeune, déjà enfoncé dans la crainte de le retrouver dans un état encore plus terrible que celui actuel. D’un mouvement il se redresse et appose sa dextre sur la jambe de Gilbert allongée à côté de lui, les yeux braqués dans les siens, une lueur nouvelle dans son regard. L’angoisse pure avait écarquillé ses paupières.

- Si... Il marque une légèrement pause, il cherchait les bons mots. Si tu te blesses plus tu ne pourras jamais rien tenter...

Une possibilité de s’handicaper à vie, malgré les soins sorciers, n’était pas inenvisageable, en particulier si le Rouge s’acharnait dans cette direction des plus dangereuse. Feliciano se doutait bien qu’il toucherait une corde sensible, les sensations fortes étant la motivation principale de son camarade, il espérait secrètement que cela le ferait réfléchir un peu plus, qu’il ne se lance pas à corps perdu dans une bataille qu’il perdrait irrémédiablement.

- Imagine qu’une blessure grave t’empêche de marcher pour toujours...

Le petit roux n’osait pas encore sortir la carte Ludwig, qu’il n’hésiterait pas une seule seconde a prévenir. Il préférait éviter dans la mesure du possible d’impliquer des professeurs, le but n’était pas de faire punir Gilbert mais de le protéger d’un but inatteignable et d’une possible blessure à vie. D’un côté il ne se sentait pas des plus légitime pour reprendre son ami, lui-même était assez casse-cou et il lui était arrivé plus d’une fois de se blesser en réalisant quelques prouesses idiotes, souvent dues à des paris lancés de manière tout à fait enfantine. Toutefois, bien qu’il fût le premier à se lancer dedans, il était devenu plus sage, plus calme et ses blessures étaient à présent seulement du fait de sa maladresse assez légendaire.

Évidemment ce n’était pas un comportement vraiment inquiétant de la part de l’aîné des Beilschmidt, Feliciano en avait pleinement conscience mais il ne pouvait pas en démordre, il se devait de le mettre en garde. Il semblerait que le lot des petits frères fût de protéger les plus âgés, même de quelques minutes. L’Italien se trouvait déjà dans cette position avec son propre jumeau, à le mettre en garde contre bien des choses, tout en appliquant une innocence familière au Lupy pour qu’il pense être le plus sage des deux. Ce n’était pas une réelle manipulation, sur bien des sujets Lovino était celui qui s’occupait de lui, qui lui apprenait un peu la vie, et des fois ils inversaient, sans que l’aîné ne l’avoue réellement. Sûrement par honte de se faire couver par plus jeune que lui, ce qui étirait toujours un sourire conséquent chez le Strixyst.