On fait tous des erreurs de jeunesse. Ne vous inquiétez pas la naissance d’Eli n’est pas une erreur de jeunesse, loin de là. Le contexte de sa naissance l’est par contre.
Elle devait avoir à peine 20 ans et était innocente comme un peu perdue dans la vie. C’est souvent à ce moment-là que ce genre d’individu vient vous proposer monts et merveilles en vous vantant un monde meilleur et un potentiel salut par la foi. Ici, ce n’était pas Dieu mais la nature. Après tout, ils étaient nés avec un don qu’était la magie, donné par Mère nature en personne.
Évidemment, elle y avait cru et y était allé quasiment à l’aveuglette sans se poser des questions. Après tout, humains comme sorciers, les sectes isolent peu à peu les individus en les enfermant dans leurs sphère. Malheureusement pour elle, celle-ci était bien décidée à l’isoler et ils avaient réussi. Plus de ponts avec la famille ou même avec ses proches. Plus rien.

C’est là-bas qu’elle l’avait rencontré : lui. Ils ne se connaissaient pas avant et avaient appris à se connaître. C’était un amour calme et progressif. Évidemment, le gourou avait bien aidé dans la création de ce petit couple. Mais ça ne les empêchait pas d’être heureux et et de n’avoir besoin de rien.

À 22 ans, elle eut un enfant avec lui. La première chose qui la frappa fut les yeux de son nouveau-né. Ils étaient d’un bleu qui l’envoûtait et la prenait. Elle n’avait jamais vu aussi beau bleu dans sa vie. Ils étaient comme ceux de son père mais en bien plus appuyés et brillants. Ce n’était qu’un court instant mais ça avait suffi à réveiller en elle un fort instinct maternel. Ce moment bref et intense, où l’on voyait pour la première fois son enfant, avait éveillé en elle ce besoin de protéger. Elle voulait et se devait de protéger ce petit être souriant et jouant avec ses doigts tout en arrivant pas à prononcer un quelconque mot. Le nom de ce bébé à peine né était Eli.

Le petit garçon était un bébé assez sage qui n’hurlait pas et ne se plaignait absolument de rien. Il était plus le genre à sourire en faisant le bonheur de sa famille et de ses proches. Il se contentait de rire en jouant avec les doigts de sa mère comme de son père ! Une véritable petite bénédiction pour ce minuscule foyer.

Un enfant peut provoquer en vous des pensées comme des réflexions nouvelles. Or, ce fut le cas chez ses géniteurs mais surtout chez elle. Des interrogations commençaient à poindre: « Est-ce la bonne chose ? Est-ce que je veux ça pour mon fils ? Est-ce vraiment un futur ? ». Une naissance est une bénédiction comme une prise de conscience. Et pour elle, ce fut une forte prise de conscience quant à la situation de son enfant. Elle hésitait et ne savait pas quoi faire. Son mari lui disait que tant qu’Eli était heureux tout ira bien. Mais elle ne pouvait pas s’en empêcher. Et un jour, on lui annonça que son enfant devait se rendre au temple de la secte.

Le petit n’avait qu’à peine 4 ans quand il rentra dans cette petite cabane bien simple à la gloire de mère nature et de sa bénédiction: la magie. Sa mère fut placée dans son coin de la pièce alors qu’Eli tendait les bras vers elle en lui demandant de ne pas le laisser. Mais son père le donna au prêtre. Ce n’était pas une des premières naissances de la secte mais dans la tradition de cette dernière, seuls les proches et les membres du « clergé » pouvaient voir le « rituel ». Finalement, si elle l’avait vu avant, aurait-elle fui plus tôt avec son enfant ? Si elle avait vu cette baguette pointée le visage de son enfant. Après tout, les enfants de ceux qui avaient vu « la vérité sur la source de la magie » —ou qui avait tout simplement rejoint ce mouvement, au choix— devaient être marqués. On devait montrer qui était les élus. Il gémissait et hurlait à cause du marquage de sa peau. Ses pleurs résonnèrent et c’est là qu’elle commença à décider de partir pour son fils.

Eli pleurait souvent pendant cette période à cause de la douleur de la marque. Après tout, il l’aurait à vie ce tatouage maintenant. Et ce n’était sans compter sans sur un événement en particulier. Le début du réveil des dons de voyance de ce petit. On aurait pu croire que sa magie aurait été la première mais le destin est bien plus marrant quand il veut mettre son grain de sel. Alors ce fut en premier la voyance. C’est à ce moment-ci précis qu’elle sut qu’elle devait partir. Et pourtant, ce n’était que des dires de l’enfant qui se révélaient finalement ne pas être faux concernant le lendemain. Des choses stupides mais pourtant, mis bout à bout, on comprenait. Alors, elle décida de partir.

Ce fut une discussion brève bien que musclé avec son mari. Elle eut gain de cause. Cela prit un certain temps avant de pouvoir partir, le temps de prendre des fonds pour partir. Et même si la fuite fut légèrement compliqué avec un enfant de 4 ans et que les débuts dans la société, le changement de nom fut tout aussi difficiles. Mais, ils étaient hors de danger et surtout, Eli l’était.

Autant le dire immédiatement, cette période de sa vie, Eli ne s’en souvient, aujourd’hui, que très brièvement et ne s’en soucis pas tant que cela. Après tout, ce qui est chose faite est chose faite. Il a un tatouage à vie mais qu’est-ce que cela lui fait ?

Pour retourner à sa vie, le jeune anglais vivait dans un tout petit village du Yorkshire avec ses parents. Les moyens n’étaient jamais vraiment là surtout après avoir quitter une secte avec juste dans sa poche assez pour louer un appartement en campagne. Le père alla donner de son aide dans une ferme environnante alors que sa mère s’occupait de lui. L’argent n’était pas présent à flot mais du moment qu’on économisait et qu’on gardait pour l’avenir de son petit, c’était ce qui comptait. Après tout, ils étaient partis pour lui.

Le don de voyance d’Eli continuait de se développer et l’enfant avait tendance à le dire à ses amis en primaire. Une chose que sa mère n’aimait pas vraiment pour la sécurité de son fils et aussi parce qu’elle avait peur que certains en abusent. Alors, un jour, elle alla voir son enfant en lui souriant et en lui demandant s’il pouvait lui promettre quelque chose. S’il mentait, un grand monstre viendrait le prendre en lui retirant son petit bout du nez ! L’enfant de 7 ans lui dit qu’il le ne voulait pas perdre ! Alors sa mère tendit son petit doigt en souriant avant de lui dire qu’alors, il devait lui promettre de ne plus jamais donner de prédictions ou en révéler. La peur du monstre et de la perte de son petit nez était si forte qu’il il accepta et promis de ne jamais au grand jamais révéler ce genre de chose de nouveau.

Cependant, quelques mois plus tard alors qu’Eli aidait sa mère dans le potager qu’elle avait organisé sur le petit balcon, il se mit à éternuer. Une petite bourrasque se leva et encore une, ainsi de suite. Le vent se levait au rythme des éternuements de l’enfant. Elle comprit que c’était le réveil des pouvoirs de son enfant et alla doucement le moucher en lui disant qu’il ne devrait pas attraper froid ainsi en souriant ! Bien sûr, cela se suivit d’une discussion avec son père pour savoir comment le gérer. Après tout, la petite famille vivait dans un village moldu et non sorcier. La décision fut rapide, on ne changeait rien. Le risque que les pouvoirs se réactivaient violemment après le réveil était si peu élevé voire nul que changer et déménager au risque de faire fondre les économies était ridicule. En plus, elles devaient servir dans un but particulier. Trois ans d’économies pour une seule et unique raison qui valait bien de se priver un peu.

À part cela, Eli n’avait pas beaucoup de souvenirs réellement marquants de son enfance. Après tout, sa famille était relativement simple et n’avait pas de grande originalité si on oubliait la magie. Cependant, un souvenir qui le marqua fut sa rencontre avec Brooke Rose quand il eut 11 ans, un 31 octobre. Ses parents lui avaient dit de rentrer tôt pour fêter son anniversaire. Et il y avait un raccourci entre l’école et sa maison qui passait par la forêt. Ce fut alors qu’il marchait en écoutant les chants des oiseaux qu’il entendit le bruit d’un hibou. Il était encore un peu tôt et même si la nuit commençait à tomber, l’heure n’était pas aux hiboux. Ç'eut pour effet d’attiser la curiosité d’Eli qui alla voir dans ce buisson ce qui pouvait être à l’origine des hululements, c’est à ce moment qu’il vit un petit hibou à l'aile légèrement tordue. Il tendit les bras malgré les pics du buisson dans lequel il était tombé. Le volatile semblait jeune et ne devait pas avoir plus de 3 ans. Il caressa doucement les plumes du hibou en lui disant qu’il allait s’occuper d’elle et qu’il la soignerait.

On était la fin du mois de juillet de ses 12 ans et c’était la fête. Bientôt, il allait rentrer à Ilukaan. Des années d’économies pour le permettre. Évidemment, il y avait l’espoir d’une bourse pour le jeune homme mais ne savait-on jamais. En tout cas, pour l’instant, cet événement était important et la famille le fêtait avec joie et une allégresse rare dans ce petit foyer relativement pauvre. Cependant, Eli pleura pendant cette fête, il avait l’habitude d’être proche de sa famille et de ne pas être loin. Il avait l’habitude d’être toujours proche de ses parents. Alors, il se mit à pleurer. Eux aussi se mirent à pleurer. Les trois étaient en harmonie alors qu’il venait se serrer les uns contre les autres en souriant et en pleurant. Les aux revoirs furent dures mais ce n’était pas des adieux. Et de toute manière, il les reverrait à l’été quand l’année se serait finie.

L’été passa vite et avec sa fin vint la rentrée. C’était une sorte de nouveau départ pour lui. Il avait déjà pris un peu de temps à rentrer dans les cercles d’enfants de son âge à cause de son tatouage alors là-bas, il avait un peu peur qu’il soit jugé. Pour lui, ce n’était rien mais pour les autres...Qui savaient. Sa cérémonie se passa bien. Il avait entendu le bruit de la chouette et alors, il se mit à sourire en s’imaginant que ça ressemblait bien au petit hululement de Brooke Rose qui devait l’attendre avec ses affaires. Après tout, étonnement, le hibou ne l’avait pas quitté  et elle semblait même s’être attaché à lui. Et encore maintenant, il n’était pas rare de le voir constamment avec le jeune volatile sur lui en train de regarder le monde autour ou à se faire caresser.

Pour sa scolarité, Eli ne fut pas un prodige mais il restait un élève légèrement au-dessus de 14 de moyenne. Il n’avait aucune passion pour l’école ou pour les cours même s’il appréciait ces derniers. L’évènement marquant fut une rencontre qui le fait encore sourire à la simple idée de penser à celui qui reçut son coeur et surtout qui lui donna le sien.

Sa rencontre avec Aesop Carl datait d’avant même la cérémonie, une simple légère discussion et un achat rapide de graines avant de se séparer pour aller dans l’école. Événement simpliste mais surtout le début d’effort de la part d’Eli pour ouvrir Aesop à lui et au monde. Il allait lui parler souvent en tentant d’être le plus encourageant possible et le plus gentil ! Il voulait qu’ils deviennent amis et s’entendre le mieux possible avec lui. Or tout vient à point à qui sait attendre, ce devait être vers la 5éme année quand il décida de se confesser à lui. Absolument rouge comme hésitant et n’attendant que le rejet, il fut surpris de voir que la réponse fut oui. Son bonheur était si grand qu’il le serra et l’embrassa dans la seconde ! Son regard bleu brillant de mille et une nuances de joie tandis qu’il semblait vivre un des meilleurs moments de sa vie.

Mais pour tout bon moment, un mauvais peut arriver. Eli avait 17 ans et il venait de rentrer chez lui. Une de ses amies d’enfance se nommait Gertrude, elle était la fille d’un bouquiniste qui avait fait fortune dans l’acquisition de vieux livres rares à l’aide d’un bon flaire. Mais son histoire importe peu. Elle faisait partie du peu de connaissances sorcières d’Éli dans le monde de la magie. Les deux devaient se connaître depuis les 6 ans de l’enfant et il lui faisait très confiance quitte à la considérer comme sa meilleure amie. Elle était une des rares au courant pour son don. Cependant, lui dire avait été une grande erreur. Après tout, Gertrude avait décidé de l’utiliser. Un terme fort mais vrai ici...Elle lui avait demandé chaque prédiction qu’il pouvait faire la concernant elle ou sa famille cet été-là. Son père avait des problèmes d’argent et il devait en sortir. Le jeune homme s’en rendit compte de la véracité de son amitié à la fin de l’été en entendant la jeune femme au détour d’une ruelle. « Eli ? Il est voyant. C’est ultra-pratique vous savez. », c’était ce qu’elle disait sur lui. Les gens changent et pas forcément en bon...Elle lui avait fait croire qu’il devait utiliser son pouvoir sous prétexte d’amitié. Faux... C’était faux... Et c’était bien une preuve de l’importance des préventions de sa mère quand il était petit.

Aujourd’hui ? Eli est rentré en deuxième année de Science Occulte avec Aesop, bien décidé à devenir voyant en développant ce don légèrement capricieux. Il est toujours en couple avec Aesop, vivant un amour sans problème et fait partit du cercle très restreint de ses proches. Evidemment, il a aussi un petit boulot pour payer ses études et aider ses parents tout en espérant arrêter de vivre dans le découvert à chaque fin de mois.

(c) Ilukaan