Physique
Casper. Blanche-Neige. Tout-Blanc. Fantôme. Bonhomme de neige. Voici un échantillon non-exhaustif des surnoms dont Nate a été affublé depuis ses 5 ans. La cause ? Son amour immodéré pour les habits blancs, son teint pâle que fait d'autant plus ressortir la noirceur des uniformes, et surtout, ses cheveux frappés par une canitie qui a été aussi totale que subite. C'est la première chose qui choque en général, cette masse de mèches non-homogène dont la couleur n'a rien à envier à la neige, et qui tombe de manière éparses sur ses yeux jusqu'à sa nuque. Il les coupe lui-même lorsqu'elles commencent à le gêner, privilégiant, et de loin, le pratique à l'esthétique. C'est d'ailleurs un principe qui régit l'entièreté de son rapport à sa tenue. Nate s'habille parce qu'il doit s'habiller, c'est tout. Et dans un but de confort, il se dirigera plutôt vers des habits informes, qui ont toujours l'air chiffonné et trop grands pour lui. Quant au port de l'uniforme, il fait le strict minimum pour être présentable avec. La cravate et la pierre sont présentes, mais la première est lâchement nouée tandis que la seconde est souvent de travers, et des fois on est sérieusement tenté de se demander s'il n'a pas dormi avec ses habits.

Mais revenons au physique à proprement parlé. Des cheveux blancs qui lui tombent sur les yeux donc. Des yeux qu'il a grands et gris, des yeux qui portent toujours un regard attentif et perçant sur le monde qui l'entoure. Dans ce visage fin, dont les joues gardent quelques restes de rondeurs de l'enfant qu'il a été, ils sont le seul signe de vitalité. En effet, outre ses cheveux, l'autre particularité physique qui marquera quiconque parlera un peu plus avec lui est que Nate est d'une rare inexpressivité. Quelques fois un léger sourire joueur étirera ses lèvres, ou un tremblement de colère ou de peur viendront agiter ses mains, mais ce sera tout. L'essentiel de la subtilité de ses émotions passent par ses yeux, bien que sa posture peut donner une idée de son état d'esprit actuel. Bien que souvent avachi au sol parmi ses jouets ou sur ses devoirs, avec ses petites cernes qui se creusent sous ses yeux, il peut dégager une notion d'apathie qui ne colle absolument pas avec la vivacité de son esprit.
Le fait qu'il soit petit et frêle n'aide pas à chasser cette impression que l'on a parfois de se retrouver face à une poupée, ou un enfant. 1m55 pour 40kg, quand on est un garçon de 17 ans, avec en plus une peau blanche qui marque facilement et des mains fines dans lesquelles on trouve souvent un jouet quelconque, cela n'aide pas à évoquer autre chose que la fragilité. Impression qui s'envole en général dès qu'il ouvre la bouche. Il a une voix douce et plate, mais le ton est assuré et tranchant. Ajouté à cela son regard brillant d'intelligence, et quiconque avec un minimum de jugeote peut deviner qu'il ne vaut mieux pas rester sur sa première impression et le sous-estimer.

Caractère
Si vous vous êtes déjà pris les pieds dans l'un des jouets qu'il laisse traîner un peu partout dans sa chambre, la nouvelle ne risque pas de vous surprendre, mais Nate est très joueur. En effet, c'est par le jeu qu'il a trouver un exutoire à la fois à ses capacités intellectuelles qu'à sa sensibilité extrême. Dans son cerveau brillant, le moindre problème devient une énigme à résoudre, et il ne trouvera de repos qu'une fois cette énigme résolue. Oui, il est aussi entêté et puéril qu'un gosse pourrait l'être, que voulez-vous, on mûrit tous de façon différente. Il faut dire que le jeune homme déteste perdre, être un perdant étant ce qu'il y a de pire pour lui. D'ailleurs, il est assez mesquin quand il veut, ne se gênant pas pour appuyer là où ça fait mal si ça lui permet de l'emporter. Il est aussi très calculateur, cachant ses pensées derrière un visage neutre au possible.

Car le jeune homme est en passe de devenir maître dans l'art de porter un masque en toute circonstance. Nate glorifie la logique, et les émotions et sentiments ont le défaut d'y échapper assez souvent. Pire, ils peuvent l'affaiblir, et donc le faire perdre. Ils le fragilisent, et jamais le garçons aux cheveux blancs ne laisseraient aux autres le moindre indice pouvant l'atteindre. Parce que mieux que quiconque, Nate est conscient des incroyables capacités que lui confèrent son intelligence hors-normes, mais il en connait par-dessus tout les faiblesses. Cette intelligence, qui malheureusement lui fait tout percevoir et ressentir d'autant plus fort, ne lui est plus de grande utilité lorsqu'il quitte les champs du rationnel. Elle devient une tour d'ivoire qui l'empêche d’interagir normalement avec les autres et de gérer les choses si illogiques que ce qu'il peut éprouver.
Dans le fond, le jeune homme aurait bien aimé être capable de pouvoir tisser des liens normaux avec des gens mais il se sait trop différent pour pouvoir apporter du bien aux autres. Alors sentiments et émotions sont cachées, enfermées, compartimentées, en attendant qu'il trouve comment les gérer, et il se coupe de lui-même du reste de l'humanité, afin de ne pas être blessé.

Présenté ainsi, le jeune homme semble dépourvu de presque toute qualité sociale, pourtant il en a une qui est indéniable. L'éducation de ses parents lui a inculqué l'importance d'avoir un code morale, une éthique. Et s'il était trop intelligent pour suivre bêtement celle qu'on lui conseillait, il a fini par développer le sien. Ainsi, il estime que la Justice, la vraie, est de faire en sorte que le bien laisse le moins de place possible au mal, le mal étant ce qui nuit aux autres et à soi-même, et le bien ce qui est bénéfique, ou à défaut ne cause pas le mal. Et un monde où régne la Justice étant bénéfique pour tout le monde, et donc pour lui, il évitera autant que possible de nuire aux autres.  
Par contre, en toute honnêteté, il ne pourra s'empêcher d'être agaçant. Désolée, mais on ne peut pas tout avoir.

Histoire
Rien n'aurait pu préparer Monsieur et Madame River, respectivement manager et avocate pénale, à la visite qu'ils reçurent un jour, alors que leur fils avait une dizaine d'années. Mais une chose avaient toujours été certaine pour eux, c'est que Nate ne serait jamais un garçon comme les autres.

Cette certitude, ils l'avaient acquise dès le premiers mois qui avait suivi la naissance. Eux qui s'étaient d'abord réjouis d'avoir un bébé qui ne pleurait presque pas, n'ont compris qu'après coup que ce n'était que le premier signe annonciateur de la suite. Nate ne souriait pas, ne regardait pas les gens dans les yeux, n'aimait pas être pris dans des bras ou touché par d'autres personnes que ses parents, et surtout ne parlait pas. A vrai dire, il n'en voyait pas vraiment l'intérêt. Il ne s'y est décidé que peu après son entrée à l'école maternelle, et à la grande surprise de ses parents, parfaitement. Mais là encore, seuls ses parents pouvaient vraiment en profiter. A côté de cela, il était l'enfant le plus intelligent que ses institutrice aient vu. A quatre ans Nate savait lire, écrire et compter, et s'obstiner à rendre tous les adultes autour de lui mal à l'aise, souvent sans même avoir à ouvrir la bouche. Il était source de discorde et d'inquiétude pour ses parents, qui ne savaient pas vraiment quoi faire de leur enfant si particulier.

Un soir, alors qu'ils rentraient d'un repas de famille, ses parents eurent une dispute particulièrement violente. Nate, qui avait 5 ans à l'époque, a étrangement oublié la raison précise, mais il était sûr que c'était à cause de lui. Ils étaient tellement occupés à se crier dessus qu'ils ne virent qu'au dernier moment le conducteur. Un dérapage pour l'éviter, quelques tonneaux, et la voiture finissait quelques mètres plus bas dans le fossé. La mère y gagna quelques fractures. Le père resta dans le coma pendant deux semaines. Le fils s'en sortit que que quelques contusions, des cheveux qui passèrent d'une joli couleur noisette au blanc le plus pur dans les jours qui suivirent l'accident, ainsi que la croyance ferme que tout ça était de sa faute et qu'il ne valait mieux pas qu'il laisse les gens trop s'approcher de lui.

Suite à cela, le garçonnet, qui n'était déjà pas l'être le plus sociable au monde, se renferma un peu plus sur lui-même. Il ne parla plus pendant quelques semaines, et il arrêta ses timides et étranges tentatives de sociabilisations avec les autres enfants, s'entourant de tous les jouets qu'il pouvait avoir à la place. On souffre moins quand on perd un objet qu'une personne.
Son premier acte de magie eut d'ailleurs lieu quelques mois plus tard, quand un de ses camarades lui arracha des mains une peluche qu'il avait ramené à l'école. Personne ne comprit réellement pourquoi le garnement fit un vol de trois mètres dans la cour, surtout que Nate niait fermement de l'avoir pousser malgré l'insistance de son instituteur de lui faire avouer le contraire. Ce fut la goutte d'eau pour la mère du garçon, qui avait déjà conscience que son fils se faisait embêter à l'école et que les adultes laissaient plus ou moins faire. Soutenu par son mari, elle le retira et choisit de lui faire cours elle-même à la maison, avec les moyens du bord.

Les années qui suivirent furent plutôt tranquille, si l'on exceptait les petites bizarreries qui surgissaient autour de Nate quand on s'y attendait le moins. Un pull d'un horrible jaune criard qui devint blanc à son contact (on accusa la lessive) ; un fromage français fort odorant que l'on voulait absolument lui faire goûter et qui disparut (cette fois, ce fut la faute du chien) ; des jouets qui semblaient bouger tout seul et une pile de cubes qui n'auraient pas dû rester aussi droites (la fatigue, sans doute). Jusqu'à un certain point, Nate était conscient de pouvoir faire des choses que les autres ne pouvaient pas faire. Et comme il ne pouvait pas comprendre pourquoi, cela l'agaçait prodigieusement, même s'il devait avouer que c'était bien pratique pour faire bouger les bras de ses robots comme si ils étaient vivants. Il garda cependant ça secret, pour ne pas inquiéter plus ses parents.
La famille avait trouvé son équilibre, et si Nate n'était pas un enfant facile, tout le monde avait l'air d'en être heureux. Le seul évènement notable durant cette période qui précéda la fameuse visite fut la mutation du père au Québec, où il embarqua évidemment avec femme et enfant.

La vie suivait donc tranquillement son cours, jusqu'au jour où un individu étrangement fagoté débarqua chez eux armé d'un bout de bois et d'une lettre, racontant une abracadabrante histoire de magie, et d'école pour enfants spéciaux comme Nate. Enfin, histoire qu'il put expliquer complètement une fois qu'il eut convaincu Madame River de ne pas le mettre dehors un coup de pied aux fesses. Parce que honnêtement, un inconnu débarque chez vous pour vous convaincre d'envoyer votre gosse dans une superbe école gratuite dont personne n'a jamais entendu parlé, votre premier réflexe c'est de penser trafic d'enfants et d'appeler la police non ? Mais finalement, quelques démonstrations de la-dite magie suffirent à convaincre les parents qu'il n'essayait pas de les embobiner. Et surtout, Nate savait qu'il avait raison. Cela était l'explication la plus logique à des capacités que la science ne pouvait expliquer. Et il avait cherché.
Monsieur River et sa femme n'étaient tout de même pas enchantés (magie/enchantés, vous avez ? Mdrr j'adore l'humour.) à l'idée de laisser partir leur fils si spécial dans un univers et une école dont ils ne connaissaient rien, et qu'ils n'arrivaient même pas à appréhender complètement. L'enthousiasme de Nate, qu'il était rare de voir désirer autre chose qu'un jouet et encore plus de le désirer ardemment, finit cependant par les convaincre, et c'est ainsi que le jeune né-moldu débarqua à Ilukaan par une belle soirée. Et Ilukaan lui plut bien plus qui ne l'aurait cru possible.

C'était tout un univers nouveau, avec un infini de possibilités, qui s'offrait à lui. Tout était à apprendre, à découvrir, et cela ne pouvait que satisfaire l'esprit insatiable du jeune homme. Et puis, dans cette école haute en couleurs, il n'était pas si bizarre que ça. Bien sûr, tout n'était pas parfait. Il devait partager sa chambre avec d'autres jeunes, qui appréciait plus ou moins de la voir envahir de jouets. D'autres qui tout de même le regardaient comme une bête curieuse. Et aussi, il y avait ces horribles cours de sport en plein air, sur un balai pas très confortable. Toutefois, ce n'était que de très menus désagréments comparé au plaisir véritable qu'il avait à étudier la magie dans ce joyeux bazar fourmillant de vie.

Et puis, enfin, surtout, il y avait Mihael Keehl.
La furie blonde avait fait éruption dans sa vie à peine quelques semaines après son entrée à Ilukaan. Grâce à la maîtrise exceptionnelle de la pratiques et des concepts magiques (d'accord, sauf le balai, mais le sport ça ne compte pas) pour un enfant de cet âge, d'autant plus surprenante chez quelqu'un qui ne connaissait le monde sorcier que depuis l'été dernier, le garçon aux cheveux blancs n'avait pas tardé à faire parler de lui. Suffisamment pour que cela vienne à l'élève de troisième année en tout cas. Et c'est de façon pour le moins flamboyante que le blond lui avait déclaré qu'il prouverait qu'il était meilleur que lui, promesse qu'il lui avait répété à toutes les sauces les années qui suivirent, sans pour l'instant la mettre en pratique.
C'est avec perplexité d'abord que Nate accueillit cette déclaration. Que lui voulait donc ce garçon surexcité et bruyant à qui il n'avait jamais adressé la parole? La curiosité envers celui qui paraissait être son exact opposé en tout point vint ensuite. Et finalement, le plaisir d'avoir trouvé quelqu'un dont l'intellect rivalisait avec le sien, et qui acceptait de se mesurer à lui, l'emporta. Sans le savoir, Mihael venait de lui offrir un but, ce que Nate n'avait jamais eu dans la vie jusqu'à présent, se contentant d'user de son intelligence par simple plaisir de le faire. Car si Nate aimait jouer, il détestait perdre pas dessus tout, et depuis ce jour, il n'a jamais cessé de donner le meilleur de lui-même pour que jamais le blond ne le surpasse, travaillant sans relâche pour ne jamais lui laisser une chance de le rattraper. Eh oui, ironiquement, sans l'ombre de Mello derrière lui, Near n'aurait peut-être pas atteint le niveau d'excellence qui était le sien aujourd'hui.

C'est dans cet esprit de compétition plus ou moins sain que Nate traversa le premier cycle que proposait l'école, jusqu'à arriver à la dernière année. Et vu comment l'école lui manquait quand il rentrait chez lui pendant les vacances, qu'il était venu à considérer comme du temps perdu malgré la sincère affection qu'il portait à ses parents, il savait déjà qu'il s'inscrirait pour le deuxième cycle. La question restait à savoir dans quel cursus. Le métier de sa mère l'avait sensibilisé très tôt au domaine de la justice, mais les débouchés lui paraissaient bien contraignants d'un point de vue sociabilité, et pas assez stimulants d'un point de vue intellectuels. Les Sciences Occultes palliaient à ces deux points, mais l'application pratique lui paraissait bien vague. Quant à la Défense Magique (et l'idée d'aller affronter Mihael sur son propre terrain l'amusait beaucoup), qu'il envisageait également, de façon assez surprenante pour quiconque l'avait fréquenté ne serait-ce que quelques temps, elle alliait
tout ça, mais nécessiterait de sortir plus que jamais de sa zone de confort.
Bref, sans nul doute, la question de son avenir se posait, et il espérait trouver comment y répondre au cours de cette septième année à Ilukaan !