Histoire
La magie et la transformation, c’est une histoire de famille. Ta mère est métamorphomage, ton grand-père l’est aussi et tu peux remonter sur plusieurs générations comme ça. Et pourtant, tu es le seul des trois enfants à avoir hérité de ce don. Les joies de la génétique répondent en riant tes parents, pas du tout inquiets de cette singularité magique familiale. Après tout, elle fait la « fierté » de la branche maternelle.

Beaucoup de tes camarades de primaire semblent t’envier cette capacité à changer de forme. Mais toi, avant tout, ça t’effraie. Tu ne comprends pas comme ça marche et tu redoutes de rester bloqué dans un corps que tu ne connais pas, qui n’est pas celui que la nature t’a donné. Et puis, ils ne le savent pas, mais ça te fatigue ça. De changer quelques minutes la couleur de tes cheveux, de tes yeux, les traits de ton nez.

Et heureusement, en grandissant, ça s’estompe. Il y a toujours une certaine curiosité quand ils l’apprennent mais tu arrives à dire non aux autres enfants et à poursuivre ta scolarité sans que le sujet revienne sur le tapis. Par ce que oui, tu n’es pas qu’un métamorphomage, tu es avant tout Hugo. Toute ta scolarité se déroule sans encombre dans la petite ville d’à côté. Tes résultats sont bons bien que tu avais tendance à te perdre dans tes pensées et à oublier de faire tes devoirs. C’est à ce moment que l’on remarque pour la première fois que tu es dans la lune, tête en l’air. Mais après tout, ce n’est pas grave, tu as encore le temps de grandir, de changer. Tu te passionnes dans un même temps pour le volley que tu pratiques plusieurs fois par semaine et tu es toujours partant pour une randonnée en montagne avec tes parents ou ton grand-frère lorsqu’il rentre d’Ilukaan. C’est un peu un modèle pour toi. Tu as plus de mal avec ta sœur aînée, que tu trouves plus superficielle, trop différente, trop déroutante pour l’enfant que tu es. Les deux grands et toi, derrière. Vous avez plus de dix années d’écart, douze pour ton frère et dix pour ta sœur.

Tu ne t’inquiètes pas pour l’école puisque tout semble déjà décidé. Tes parents n’ont pas laissé le choix à tes aînés. C’était Ilukaan ou rien. Ce qui pouvait être assez étonnant puisqu’il y avait d’autres écoles, plus prestigieuses ou plus proche. Mais conscient de l’avancée de l’époque et du développement des technologies moldues, ils ont décidé de vous préparer à ce nouveau monde. Et puis, des trois enfants, tu as toujours été le plus fragile, le plus rêveur et le plus maladroit. Comme si tu n’arrivais pas vraiment à être toi-même. Comme si ton sourire et ta bonne humeur étaient un masque qui te protégeait des questions emplies de curiosité et d’empathie. Car tes proches, eux, n’ont jamais été trompés. Ils ont simplement choisi de respecter ton silence et de veiller sur toi dans l’ombre.

Et ça fait maintenant cinq ans, que, à ton tour, tu parcours les couloirs de cette école. Cervirald est ta maison, ta nouvelle famille pour les deux tiers de l’année. Tu y as rencontré de nombreuses personnes de confiance, des gens avec qui tu peux rire, pleurer aussi parfois. Des amitiés parfois maladroites, au détour d’un cours, au détour d’un couloir, d’une rencontre.

Tu as appris à maîtriser ta magie, non pas celle qui coule dans ton sang, ta mère s’en est déjà chargée dans tes jeunes années mais celle que l’on fait jaillir de la pointe de sa baguette. Et ce n’était pas l’exercice le plus simple pour toi. Te concentrer, tu sais faire. Longtemps, toujours pas. Mais c’est suffisant pour obtenir des bons résultats, notamment en métamorphose et en soins aux créatures magiques. Quand il s’agit de théorie pure et même si la lecture ne te déplaît pas, tu es confronté à tes limites. Tu es certes tête en l’air, mais le souci n’est plus totalement de cet ordre-là. Ton esprit s’évade certes, mais se questionne surtout. Il y a des moments où tu es comme déconnecté de la réalité. La fatigue a son importance mais ce n’est pas le facteur principal.

En effet, cela arrive de plus en plus souvent ses derniers temps. Tu décroches de ce et ceux qui t’entourent et tu fais face à tes questions insolubles et aussi à tes peurs et à tes doutes. Tout ça te tracasse, bien plus que tu ne souhaites l’admettre. Tu essaies de te rassurer et de mettre ça sur le compte de l’adolescence, de l’envie de ne pas faire de remous et de devenir un sorcier doué mais tu sais surtout que ce n’est qu’une manière de te mentir à toi-même. Ou de te maintenir dans une illusion de normalité. Tu te dis que ce n’est pas grave, que c’est l’adolescence qui cause ce mal-être. Mais tu n’arrives pas à t’enlever quelque chose de l’esprit : « Si ce n’était pas que ça ? »

D’une certaine manière, tu joues avec les illusions. Avec l’être et le paraître. Période charnière, l’adolescence est surtout celle qui t’a permis de mettre des mots sur cette sensation floue que tu n’arrivais pas à nommer jusqu’à il y a quelques mois : tu te sens femme, qu’importe que ce ne soit pas ton genre de naissance. Même si ce n’est pas pour toi être anormal, tu appréhendes énormément le regard des autres. Après tout, rien ne le montre jusqu’à présent et tu es toujours Hugo à leurs yeux.

Au fil de tes recherches sur le net, à défaut de trouver des gens à qui te confier, tu as obtenu quelques réponses à tes interrogations et ce monde numérique a été une bouée de sauvetage lorsque tu nageais au plus profond de tes doutes. Tu as appris à mettre des mots : être une femme transgenre et ne plus avoir honte, à avoir moins peur et à envisager le futur un peu plus sereinement. Tu commences enfin à exister en tant qu’Abigaïl et à révéler ta vraie identité. Celle avec laquelle tu es à l’aise et en phase. Quand bien même ce n’est qu’à travers un compte Pentagram ou sous le couvert de ta magie aux heures les moins fréquentées. Après tout, tu es métamorphomage et ton être peut se mouvoir selon ta volonté. Autant en profiter : pendant quelques heures, tu t’affranchis de tes chaînes, de ce corps qui n’est pas celui que te renvoie ton cœur. Morphologie féminine, cheveux longs, jupe et une pointe de mascara pour souligner ton regard. Et même si ta vision est sûrement biaisée par la société, c’est comme ça que tu te sens bien.

Aujourd’hui, tu as juste envie que l’on te voie tel que tu es et pas uniquement à travers des vêtements ou un genre qui ne te représente pas. Tu as fait le premier pas sur ce chemin-là. Tu n’es pas encore prête à te révéler aux yeux du monde. C’est trop tôt et trop difficile. Mais tu arrives à aborder le sujet avec ta meilleure amie qui est la première personne qui a osé te poser les bonnes questions et à ton grand frère qui a toujours été ton confident. Avec eux, tu as l’impression de pouvoir simplement vivre ta vie sans te préoccuper de tous tes problèmes, de laisser ces faux-semblants de côtés.

Et tu espères pouvoir bientôt en parler sans crainte à tes camarades, à ta famille et à laisser toutes tes angoisses de côté prendre ton envol et être heureuse tant à l’école que dans ta vie future.

Physique

Ton visage a encore les traits de l’enfance bien qu’un semblant de la barbe s’essaie à apparaître sur tes joues rebondies et ton menton. C’est l’âge, c’est la puberté. Ta peau plutôt pâle est plutôt tranquille face aux désagréments de cette période. Et quand tu reviens de tes longues randonnées en extérieur, elle est souvent teintée d’un voile un peu plus sombre. Ta voix, elle, est parfois encore un peu éraillée, surtout le matin mais trouve son timbre définitif de semaines en semaines.

Parfois, tes cheveux s’amusent à prendre des teintes aussi variées que celle de l’arc-en-ciel. Pas de mauvaises blagues ou de sucreries enchantées, ils sont simplement le reflet de tes émotions. Le reflet de ta magie. Sinon, le reste du temps, ils sont blonds. Un blond assez clair qui ne change pas face aux éclats du soleil, se parant simplement de petites touches d’or lorsque le temps est assez clément. Tu les gardes relativement courts plus par habitude que par choix.

Ton regard, lui, est comme un ciel d’été en montagne. Parfois bleu, parfois gris. Bien que la première prédomine et que la seconde est signe de ta colère. Si tes cheveux ne suffisaient pas, tes yeux et ton visage sont comme un livre ouvert sur tes émotions.

Pour ce qui est de tes vêtements, tu y fais attention. Sans passer des heures dans les magasins car tu trouves cela ennuyant, tu essaies d’associer le confort et l’esthétique. Ce sont souvent pour le coup des teintes claires comme le bleu, le beige ou le marron. Tu essaies de trouver des vêtements qui font ton âge car on te prend souvent, au vu de ta carrure, plus jeune que tu ne l’es. Tu as bien quinze ans, bientôt seize. Tu n’as juste pas encore grandi, du haut de ton mètre quarante-sept et de tes trente-huit kilos. Et pourtant, tu aimes le sport. Que ce soit le volley, la randonnée ou de manière plus récente le trail, rien n’y fait.

Mais le reflet dans le miroir n’est pas celui que te renvoie ton cœur.

Ces traits, ce corps, ce visage, ce n’est pas toi. Ce n’est plus toi.

Abigaïl ne ressemble pas à ça.

Elle a les cheveux longs. Elle a toujours le sourire aux lèvres. Elle porte des robes et jupes. Elle est libre. Mais surtout, elle peut croiser un miroir sans avoir envie de s’enfuir.

Et lorsque ton visage se crispe, que ton corps prend enfin l’apparence tant convoitée, tu es heureuse. Tu es enfin toi.

Caractère
Il y a quelque chose que l’on remarque dès que l’on te voit : c’est ton sourire. Tu es de bonne humeur et tu es toujours prêt à offrir ton aide à tous les autres élèves, pour peu que ça soit dans tes compétences. Il n’y a vraiment que lorsqu’il faut guider quelqu’un dans les couloirs de l’école ou lui indiquer la bonne direction que tu fais pâle figure. Déjà que tu as tendance à confondre ta droite de ta gauche et inversement, tu souffres d’un déplorable sens de l’orientation, qui ne s’arrange pas avec les années. Pour ça, tu passes ton tour. Sinon, pour le ménage, la cuisine ou apporter des courriers aucun problème. Tu ne garantis pas forcement que tout se passe bien car tu fais parfois preuve d’une maladresse étonnante. Mais toujours avec de la bonne volonté.

Les bruits t’attirent assez facilement et il est assez simple d’obtenir ton attention. Rester concentrer trop longtemps sur une même tâche ou un même travaille t’es compliqué. Tu as besoin de consignes précises et de tâches courtes. Même si tu as appris avec le temps à travailler là-dessus et à rester en phase avec ce qu’il t’est demandé. Il n’y a que les cours d’histoire de la magie où tu décroches de manière assez régulière. Et aussi d’autre fois ici et là, où ton regard part dans le vague et que tes pensées s’éloignent. Et puis, de toute manière, tu es quelqu’un de curieux. Tu aimes apprendre de nouvelles choses et découvrir de nouvelles personnes.

En parlant de nouvelle rencontre, tu es assez bavard. Tu es suffisamment ouvert d’esprit et souple à ce niveau pour t’adapter à tes différents interlocuteurs et à leurs sujets de conversation. Et quand tu ne les maîtrises pas, tu en profites pour en apprendre un peu plus sur les centres d’intérêt de tes amis ou de tes connaissances. Te concernant, adaptabilité est maître mot.

Tu as aussi tendance à pas mal bouger, ayant l’habitude depuis tout petit de balade en montagne ou d’expéditions dans le parc de la ville avec tes parents. Sans compter ton affection profonde pour le volley. Tu n’as pas peur de relever des défis et faire face à la nouveauté. Si on te taquine suffisamment, tu peux même montrer un côté compétiteur.

Mais pourtant, derrière cette façade enjouée et pleine d’entrain, tu es assez secret dès que l’on cherche à te connaître un peu plus. Parler de ta famille ou de tes passions, tu t’y livres avec plaisir. Mais dès lorsque l’on cherche à parler de ta métamorphomagie, c’est plus difficile. Tu n’en as pas honte, puisque tu tiens cet héritage de ta mère et que tu en es fier, mais cette magie, ce changement constant te mets mal à l’aise et te déroute.

Tu sembles parfois perdu dans des pensées et te ramener à la réalité est difficile, ta chevelure claire se teinte d’un doux bleu, signe de ta tristesse alors que tu essaies de convaincre les autres d’un sourire que tout va bien, que ce n’est qu’un peu de fatigue. Tu évites les miroirs et ton reflet dans les flaques d’eau, comme une sorte de jeu enfantin qui est bien plus sérieux qu’il n’y parait.

Certaines choses ne sont pas visibles. Certains troubles sont invisibles. Et tu as pour le moment choisi de les garder secrètes aux yeux du monde. Tu as choisi de garde le silence car tu ne comprends pas encore complètement ce qu’il se passe en toi. Ce qu’il se passe dans ton corps et dans ton esprit.

Pour le reste, rien n'est différent. Car si ton physique ou ton prénom changent, ton âme, elle, reste la même. Tu restes fidèle à tes valeurs et à ceux que tu aimes.