Enregistrement d’expérience n°1
14 mars 1944

Il faut imaginer que l’interrogateur/interrogatrice est assis(e) sur une chaise de bureau, carnet en main, alors que la patiente, une jeune femme qui n’a même pas vingt ans, est allongée sur une table d’auscultation, pendant qu’une infirmière s’active silencieusement à côté d’elle.

Interrogateur/Interrogatrice (I), joyeusement : Merci de participer à ces expériences, Mademoiselle *CENSURE*. Vous rendez un grand service à votre nation et à votre Ministère, vous savez...
Patiente (P), hésitante : ... Hm... De rien...
I : Parlez-moi un peu de vos parents, pendant que l’infirmière s’occupe d’installer tout ça.
P, d’un ton toujours incertain : Je... Je sais pas trop quoi vous dire, en fait... Mon père était charpentier, mais ils l’ont réquisitionné pour la guerre. Ma mère reste à la maison.
I : Un milieu modeste, donc. Quand avez-vous découvert que vous étiez une sorcière ?
P, en grimaçant car l’infirmière fait des manipulations pas très agréables : ... J’avais 6 ans. I, en notant sur son carnet : Assez tôt, donc.
P : Je peux vous raconter comment ça s’est passé...
I : Ce ne sera pas nécessaire, mademoiselle. Le Ministère a déjà les informations nécessaires. Et puis, après-tout, nous ne sommes pas là pour discuter, n’est-ce pas ? I rit. Nous sommes là pour voir si les nés-moldus sont vraiment dignes d’être appelés des « sorciers » au même titre que les autres.
P, de plus en plus mal à l’aise : J’ai eu mon diplôme à Ilukaan ! C’est bien la preuve que je suis comme les autres, non ?! C’est quoi ça ? Qu’est-ce que vous me faites ?
I : Vous avez signé un contrat, mademoiselle. Il stipulait que nous nous réservons le droit d’effectuer les procédures nécessaires au bon déroulement de l’enquête.
P, se débattant, attachée à la table : C’est quoi ce levier ?! Lâchez-moi ! I : Commençons par une petite dose, vous voulez bien ?
P, d’une voix paniquée qui se transforme en cri de douleur : Enlevez-moi ça ! Retirez-le ! Je ne veux plus, je ne- AAAAAAAAAAAAH !

Enregistrement d’expérience n°2
17 mars 1944

L’interrogateur fait les cent pas autour de la patiente qui halète sur la table d’auscultation. Celle-ci vient de subir des expériences extrêmement douloureuses et n’a même plus la force de se débattre : tout le long de la scène, elle est essoufflée, sa voix est faible et elle semble prête à se laisser partir.

Interrogateur (I), d’un ton agacé : Cessez donc de résister comme une enfant. Cela vous serait bien moins douloureux si vous n’étiez pas si bornée.
Patiente (P), trop épuisée pour répondre : ...
I, en frappant sur la table de frustration : Ca ne mène à RIEN !
P, en toussant : ... Pas comme ça que vous arriverez à nous écarter...
I : Je vous demande pardon ?
P, qui peine à formuler ses phrases : Je sais ce que vous essayez de faire... Y en aura toujours, des comme nous. C’est juste... Comme ça... On vaut pas moins que vous...
I : Clairement, j’en doute, vu que vous n’êtes même pas capable d’obéir à de simples instructions qu’un enfant de cinq ans pourrait exécuter sans problème. Vraiment, nous devrions surveiller Ilukaan d’un peu plus près, ils donnent leur diplôme à n’importe qui sachant faire trois étincelles avec une baguette...
P : C’est parce que mes parents sont moldus que vous faites ça, hein ?
I : Nous faisons des expériences sur des sorciers d’ascendance variées. Il n’y a pas de discrimination. Qu’y a-t-il de mal à vouloir savoir si nous sommes réellement tous égaux ? Se poser la question est juste une démarche scientifique comme une autre.
P, d’un ton qui se veut moqueur mais paraît surtout faible : Ah ouais... Vos amis du Ministère, ils leur font ça, aussi, aux sangs-purs ?
I:...

On entend le bruit d’un levier qui s’abaisse, suivi d’un hurlement de douleur de la patiente, puis un silence.