Ah j’étais en retard. Pourquoi ? Je ne savais pas quoi porter. Il m’invitais assez souvent pour sortir et j’avais pour habitude de lui demander de sortir le soir. Je n’aimais pas vraiment le soleil. Et lui il aimait trop nous éclairer et nous réchauffer. En parlant de chaleur. Le soir il faisait plus frais, et ce même si les températures baissaient enfin un peu. Je n’en pouvais plus de cette saison qu’est l’été. Et puis comme ça on ne croisais pas grand monde, je ne me sentais pas à l’aise d’être vue avec un homme devant d’autres personnes. Je n’avais pas envie d’avoir des rumeurs circulant sur mon dos. Moi sortir avec lui ? Jamais de la vie. En fait je le détestais ? Je crois. Enfin j’allais quand même le voir car il était de bonne compagnie. Mais je dois avouer que je ne le comprenais pas vraiment…

Arrête de perdre du temps Jeanne et prépare toi au lieu de rêvasser. Bon… J’avais une robe longue bleu… Elle faisais très robe de soirée, ou juste personne qui se mettait sur son 31. Mais c’est la première chose que j’avais sous la main là. Je prenais une boite de macarons que j’avais achetés le midi et je sortais pour le rejoindre…

Je le voyais là adossé à un mur près de la fontaine de la ville. Là ou nous devions donc nous retrouver. Je m’avançais alors vers lui, je comprenais vite qu’il n’avait pas apprécié de rester là seul à attendre pendant bien trop longtemps… Je ne savais pas vraiment comment me faire pardonner.

“Je suis sincèrement désolée… J’ai eu… Euh… Je… Désolée…”

Je lui tendais alors la boite que j’avais entre les mains…

“Tiens je t’ai ramené ça… Si jamais, ça peut me faire pardonner”

En vrai je voulais en manger aussi mais je crois que je vais probablement faire l’impasse sur ceux-ci cette fois. J’arborais une mine un poil triste et gênée. Je ne pouvais pas me permettre de lui en demander, reprendre une offrande serait mal venu.

Je dois avouer que je ne sais pas vraiment ce qu’il voulait faire. Je n’avais rien prévu pour ce soir hormis de me reposer un peu. Ou peut-être de me mettre à étudier un peu, je ne sais pas. Je me mettais alors à ses côtés en attendant ce qu’il allait me proposer. Voulant meubler un blanc je levais la tête au ciel… Inspirant une grande bouffée d’air.

“La lune est belle ce soir, ça fait du bien de sortir un peu de l’école…”

Comment ça ? Si ? Je devais m’excuser. Je l’avais un peu planté en fait. Il avait attendu un peu de temps tout de même. Et puis c’était de ma faute… J’avais mis trop de temps à me préparer. Et puis ce ne serait pas correct de ma part de me faire pardonner d’une quelconque façon. Je sursautais quand il venait tapoter mon épaule, tentant de bloquer un mouvement de recul qui aurait pu être mal perçu de sa part, et ce bien que l’envie ne manquait pas… Mais il me fallait calmer cette action instinctive.

“C’est la moindre des choses…”

Je le voyais sourire. Il avait l’air heureux de recevoir des macarons, peut-être que je devrais lui en rapporter la prochaine fois… Mais… Mon sang ne fit qu’un tour lorsque, j’avais senti la fragrance de ceux-ci. J’avais oublié une chose. Ces friandises étaient pour certaines mélangées avec du… Sang. J’avais voulu l’empêcher d’en manger mais il avait déjà porté une des pâtisseries à ses lèvres. Je le voyais grimacer et se plaindre qu’il y avait un gout cuivré… Je devais trouver une excuse. Et vite !

“Je… Oui, je me suis trompée haha… Oui c’est ça ce sont des macarons piégés… Tu sais comme ces bonbons aux gouts incertains et étranges… C’est ça ! Désolée… Je vais les reprendre je te promet d’en ramener d’autre la prochaine fois”

Est-ce que cette excuse tiendrais la route ? Je veux dire le gout du sang reste quand même assez fort et reconnaissable… J’espère juste qu’il a un mauvais palais. Je prenais alors la boite avec moi à nouveau et j’en prenais un, venant le manger… Effectivement le gout était très prononcé. Mais je dois avouer que j’y étais habituée et j’aimais bien ça au final. Je sentais mes canines s’allonger. Ca arrivait souvent quand mon corps trouvait ce gout métallique… Je ne faisais pas vraiment attention à lui pour le coup… J’essayais de ne pas le regarder de face de peur qu’il remarque en fait…

Il n’aimait pas la lune ? Pourquoi ? De mauvais souvenirs ? On dirait qu’il avait une sorte de traumatisme ou quelque chose dans le genre… Pourtant la lune est si belle… Sa douce lumière bleutée enveloppant la nuit, découvrant juste assez le paysage en face de nous…

J’emboitais le pas quand il me disait de le suivre… En fait me balader j’aime bien. Je n’en demandais pas plus… Mais sa question me laissait un peu en suspends. Je venais mettre une main devant ma bouche et je lui répondais.

“Tu n’aimes pas la nuit ? Il est vrai que de jour plus de magasins ou de cafés sont ouverts, mais je trouve l’ambiance calme de la nuit d’une fraicheur… Et puis cette sensation de puissance qui m’envahit… Il n’y a personne ou alors très peu de monde… Et je me sens comme si ce monde n’appartenait qu’à moi seule. Et puis comme je l’avais dit plus tôt… J’aime la lune, sa lueur est bien plus douce que celle du soleil… Mais je comprends que tu n’aimes pas ça. Certains n’aiment pas la nuit, par peur de l’obscurité…”

Je laissais un silence peser, il est vrai que j’aimais la nuit pour ces raisons là, mais la principale était que de jour je n’étais pas des plus à l’aise ni au meilleur de ma forme. Je me devais de changer de conversation sinon je manquerais d’idée de mensonge à élaborer. Et puis… Je n’aimais pas mentir en fait. Je l’avais déjà fait plus tôt et ça faisait déjà beaucoup.

“Enfin voilà bref… Si tu veux… On peut aller se poser dans un bar ou un café..”

Je l’emmenais dans l’endroit de son choix en lui indiquant des endroits que j’aimais bien… Il y avait ce café dans lequel on pouvait lire ce qu’on voulait avec une ambiance assez tranquille, et puis il y avait ce bar aux allures de bar japonais en sous-sol avec en fond des musiques très jazz, tenu par une barmaid en costume classe j’affectionnais particulièrement son vodka sour.

Nous nous posions enfin à table, il était face à moi. En fait je ne sais pas pourquoi j’avais accepté de sortir avec lui ce soir là. Il est vrai qu’il était assez insistant et qu’il revenait souvent… Et puis Shinobu m’avait dit maintes et maintes fois de faire mon maximum et de sortir de mes retranchements lors de ce genre d’occasions. Comme quoi ça pouvait m’aider à me sociabiliser un peu plus et me faire des amis. Mais avec Vanitas c’était étrange. Je ne sais pas si je le considérais comme un ami. Je sais qu’il voulait se rapprocher de moi. Enfin je crois ? C’est ça quand on demande à quelqu’un de sortir non ? Mais il est vrai que je lui demandais de sortir exclusivement le soir… Peut-être qu’il préfèrerait qu’on se voit un peu plus de jour ?

“Dis moi… Qu’est-ce qu’il y a de si bien à sortir de jour ? La nuit ne te convient pas ? Je suis désolée. Je ferais des efforts on pourrait sortir un jour la prochaine fois ”

Je me recroquevillais sur moi-même derrière ma chaise… Pourquoi je parlais déjà d’une prochaine fois ? En fait j’attendais ça ? Non… Nooon… Quand même pas…

Il avait plus envie d’aller dans un café. Pourquoi pas.. Et puis aller dans un bar avec un homme je ne sais pas si c’était une bonne idée au final. Surtout quand l’homme en question était Vanitas. C’était un dragueur de première. Enfin je le voyais toujours aller et parler avec moultes dame. Enfin… Du moins je le voyais bien faire ça. Il était plutôt beau garçon aussi. Il avait ce regard qui était comme perçant… Comme s’il pouvait presque lire en moi. Ca frôlait presque le voyeurisme même je dirais. Je… Ne sais même pas pourquoi j’acceptais ces sorties avec cet homme. En fait, il est flippant, mais il n’a pas de mauvaises intention ? Je crois.

Quelque chose semble le bloquer avec la nuit. Il m’expliquait que ce n’était pas spécialement la pénombre. Mais autre chose. Il ne semblait pas vouloir en parler. Peut-être que c’était grave ? Ou un évènement qui avait du le marquer mais quoi ? Ce n’est pas que ça m’intéressait… -Quoique- Bon… Ne forçons pas les choses, nous avons tous des secrets que nous ne voulons pas faire éclater au grand jour. Littéralement pour moi.

Un café sans sucre ? Erf… Le café, c’est bon mais certains sont très amers. Je préfère les adoucir personnellement. Je commandais alors une boisson avec du café et… Beaucoup d’autres choses. De la crème chantilly, du caramel du sucre, de la cannelle et un soupçon de vanille. Du moins c’est ce que disait la description du breuvage sur la carte. Nous nous installions à une table et il avait la galanterie de bien vouloir m’installer avant qu’il ne le fasse lui même.

“M-Merci ?”

Je ne savais pas comment réagir dans cette situation moi en fait ! J’avais plutôt pour habitude de m’occuper des gens et pas l’inverse. Je… Oui ? Je ne sais pas. Et maintenant il avait compris que je devais l’inviter ? Je le voyais joindre ses mains et me regarder avec un grand sourire se dessinant sur son visage, comme s’il s’attendait à ce que je l’invite ?

Il m’expliquait peu après ce qu’il y avait de bien à se balader de jour . Mais tout ça je le faisais déjà. Ce n’est pas que je ne sortais jamais de jour, c’est juste que je préférais le faire le soir. Et puis c’est quoi cette histoire de ne pas voir en face de nous, il fait assez clair la nuit même sans lumière environnantes pour pouvoir se déplacer sans se prendre les pieds dans les rues pavées de la ville. Enfin du moins je n’avais pas ce soucis moi… Et les spectacles de rues créaient des agroupements de personnes. J’en avais déjà vus à l’époque ou j’étais encore en France, beaucoup moins depuis que je suis ici. Mais très vite il orientait à nouveau l’orientation.

“Mais… Pourquoi je t’inviterais ? Et pourquoi parler de la prochaine fois alors qu’on vient tout juste de se rejoindre ce soir ?”

Disais je sur un ton innocent. Et en vrai ça me semblait logique c’était plutôt lui qui m’invitait à chaque fois en fait. Et ça fonctionnait bien comme ça ? Et puis je devais en faire de même, comme pour lui renvoyer la balle ?

La serveuse avec qui nous avions commandé avait ramené nos boissons.

“Et voici un café noir et serré pour monsieur, et le baraka revisité de madame, en souhaitant à ce beau couple une excellente dégustation.”

Le tout était bien présenté nous avions nos cafés ainsi qu’un petit chocolat avec un grain de café au milieu, et des biscuits secs. Je la regardais repartir en la regardant le visage totalement rougi par son commentaire.

“Nous ne sommes pas en couple, c’est un… Un…”

Un quoi déjà ? Est-ce que nous étions amis ? Je ne sais pas vraiment. Ce n’est pas comme si on avait décidé du jour au lendemain de se dire “nous sommes amis à partir de maintenant” donc je ne sais pas vraiment.

“Oui, oui… Pardon mes excuses, passez un agréable moment entre vous dans ce cas” dit-elle en nous faisant un clin d’œil.
Je croisais alors le regard de Vanitas. Tout de suite celui-ci était insoutenable pour moi. Je tentais de me cacher derrière la menu du café mais ça ne m’aidait pas vraiment… Autre chose, il me fallait autre chose. Mon café. Oui. Je le prenais et je portais mes lèvres au verre. Juste je n’avais pas prévu que le chantilly vienne se poser sur le bout de mon nez. Je devenais encore plus rouge de honte. Il commence à faire chaud dans ce restaurant d’ailleurs ou c’est moi ?

Qu’est-ce qu’il essayait de faire ? Je ne sais pas vraiment. Il semblait vraiment vouloir que je l’invite à sortir un de ces jours… Qu’est-ce qu’il avait à yg gagner. Il pouvait tout simplement me le demander comme d’habitude ? Et puis j’avais aucune idée de quoi faire. Habituellement il me proposait de sortir et il menait la danse. Je n’étais qu’une simple suiveuse. Ce soir c’était même l’une des premières fois ou je lui faisais une recommandation. Peut-être qu’il avait vu que j’avais commencé à prendre des initiatives et il s’est dit que c’était le bon moment d’en demander plus. Tendez la main à quelqu’un et il vous prenait le bras, le torse et même le reste du corps avec.

[...]

Comment ça nous sommes le plus beau couple du Canada ? C’est quoi ça ? Nous n’étions même pas des amis proclamés ? Enfin je crois ? Je ne sais pas ? Et il continuait à sortir ces inepties. Son commentaire me faisait rougir de plus belle… Tellement que je ne savais plus ou me placer. Même me cacher derrière mon café ne suffisait plus.

“C-Comment ? Nous ne somme pas un couple. Je ne suis pas ta femme” disais-je en agitant les bras prenait une moue un poil boudeuse, qui n’arrivait clairement pas à cacher la honte et l’embarras que je ressentais sur l’instant. Elle en avait du toupet cette serveuse, à balancer des choses pareilles. Et lui à dire qu’on ferait un beau couple ! Je commençais à entendre mon coeur battre.

“Va-Vanitas !”

C’est moi ou il faisait exprès ? Je n’en pouvais plus de son large sourire et de ses yeux emplis de malice.
Je sentais son doigt se poser sur mon nez, j’eu un énorme frisson parcourant tout mon corps… Et je voyais qu’il avait seulement enlevé de la chantilly sur le bout de mon nez… En me disant de ne pas salir mon “beau visage”. Ca y est. Je peux vous assurer d’une chose. Je suis une demi-vampire et malgré ce qu’on peut lire dans les fictions et romans légers… Ils ont clairement un coeur, qui fait circuler du sang dans leurs veines. Et le miens était sur le point d’exploser je crois. Je ne savais même plus comment lui répondre à force. Il était épuisant. Non. Pire que ça. Il me poussait littéralement à bout. Je m’en mordais les lèvres…

Il me tendait sa tasse de café en me disant que c’est bien le café sans sucre. Disant qu’avec c’était infecte. Je prenais alors sa tasse entre mes mains… Je ne pouvais pas lui refuser ça. Et puis je devais y gouter… Mais je sais déjà quel effet ça me faisait. Je regardais la tasse, regardant l’endroit ou il avait posé ses lèvres un peu plus tôt. Non je ne pouvais décemment pas poser les miennes ici… Je tournais alors la tasse et je venais gouter à la boisson de mon jeune camarade.

Sans appel la grimace ne se fit pas prier. Je tirais la langue. C’était tellement amer. Le gout du café était très prononcé. Cette sensation pourrait presque réveiller un mort je crois.

“C’est… Pas bon… Vraiment pas… Trop Amer.”

Je revenais en prendre un peu de ma boisson en m’y prenant à la paille cette fois-ci, je réalisais que je venais de boire dans le même verre que lui… Et la politesse voudrait que je lui propose aussi de gouter la mienne. J’hésitais un instant et je venais finalement pousser mon verre vers son côté de la table.

“Si… tu veux… … … Tu peux…”

Oui. Non. L’amer ce n’set pas une sensation exquise, bien au contraire, ça avait même le pouvoir de me donner des frissons. Ce n’est pas au point d’éprouver du dégout, juste un cran en dessous. Je préfèrais clairement la douceur et l’onctuosité du sucre. Il avait ce côté réconfortant et un poil addictif je dois avouer. Comme si je pouvais éduquer mon palet à appréhender de plus en plus sucré. Mais j’avais peur qu’un jour celà ne me fasse plus aucun effet. Un peu comme la caféine à la longue. Je savais qu’une fois l’accoutumance créée, il me faudrait un certain temps ou je devrais me priver pour revenir à une base saine et dans la norme. Non… Je ne veux pas ça. Espérons que ça se passe bien…

Je le voyais regarder la jarre qui contenait ma boisson avec un regard si… Bref il jugeait le breuvage. Il prenait alors le verre entre ses mains et venait y boire une gorgée, je le voyais comme moi se tordre le visage. Se mettant même à tousser. Je sursauttais un peu, il s’était étouffé en avalant de travers ? Je me levais alors pour venir lui tapoter le dos pour l’aider à faire passer tout ça. Allant même jusqu’à demander un verre d’eau rapidement à la serveuse. Mais… Plus vite que je ne l’imaginais il venait avaler d’une traite son café… Disant que mon “truc que tu aimes” était trop sucré. C’était quoi ? Pour contrebalancer la douceur il venait se gorger d’amertume ? Je… Peut-être ?

Je me reposais alors à ma place voyant que tout allait bien. Congédiant à nouveau la serveuse qui avait apporté une carafe d’eau et deux verres. Après un soupir qui me soulageait, parce que finalement il avait survécu, qui pourtant me pesait comme une épée de damoclés au dessus de moi. Je reprenais mon verre. C’est bon j’avais compris il n’aime pas ça. Effectivement nous étions des opposés… J’avais envie de lui sortir qu’on ne pouvait pas être en couple parce que “Qui se ressemble s’assemble” disait le dicton, et ce n’était pas notre cas. Lui qui s’entichait pourtant à faire comme si nous étions ensemble. Mais ce serait probablement… Mal venu de balancer ça sans but. Hormis faire du mal à son égo en lui faisant comprendre que son petit jeu ne servait à rien. Mais j’avais aussi peur qu’il voit ça d’une toute autre façon et même comme un challenge à surmonter.

“Ce que j’aime ?”

Je prenais quelques secondes pour réfléchir avant de lui répondre…

“Bon, déjà les patisseries ça c’est indéniable. Ensuite j’aime bien lire des oeuvre de fictions et de fantasy. Les endroits avec peu de personnes comme les bibliothèques ou les cafés, ou je pouvais être tranquille et entendre mes pensées… J’aime bien passer du temps avec mes amis aussi.-Enfin avec le peu d’amis que j’ai en fait- J’aime le cinéma aussi, regarder des film avec du popcorn… Et euh…”

Quelque chose me venait tout de suite à l’esprit, mais je ne pouvais décemment pas dire ça, au risque de passer pour une folle. Oui évidemment. Je parle bien du sang. Bien que je n’ai pas besoin de me nourir comme mon père très souvent, j’avais quand même une certaine affinité avec ce liquide rougeatre. Un peu comme une histoire d’amour qui ne semble pas correcte selon les moeurs.

“Disons que j’aime bien la viande rouge saignante… Je trouve ça… Revigorant…”

Qu’est-ce que c’était que ça ? Ca doit être étrange, une femme qui aime la viande rouge et saignante. Ca sort de l’ordinaire si on se calle sur les dictact de notre société actuelle. Oh je devais avoir l’air d’une idiote à dire ça.

“Je… Crois que c’est déjà pas mal après… Je ne sais pas rien d’autre ne me vient tout de suite.”

Je revenais prendre mon café en reprendre une gorgée à nouveau allant même en le reposant à prendre un biscuit pour l’y tremper et enfin le manger. Il me posait ces questions probablement pour en savoir plus sur moi. Dans quel but je ne sais pas mais pourquoi pas. Je devrais peut-être en faire de même non ? Enfin je ne sais pas si c’est une bonne idée… Ce n’est pas que je ne voulais pas savoir mais je ne savais pas comment approcher le sujet. Sans qu’il trouve ça bizarre.

Je me mettais à regarder à travers la fenêtre, regardant le ciel de la nuit et la lune qui brillait au dessus de nous…

“Et je persiste à penser que la nuit est le meilleur moment de la journée. Comment ne pas aimer ce moment ? C’est si poétique… Si doux, si calme…”

Je tournais la tête vers lui croisant son regard… Et tout de suite instinctivement je venais baisser les yeux… Prenant ma tasse et la portant à mes lèvres… Je me rendais compte que je le faisais depuis tout à l’heure mais en fait il en avait bu de quel côté déjà ?

Qu’est-ce qu’il y avait de bien dans les patisserie et le sucré ? Tellement de choses ? C’était doux, appaisant et ça fondait en bouche en laissant une agréable sensation. Je ne savais vraiment pas quoi dire de plus. Par contre ne pas comprendre pourquoi manger ? C’était étonnant ça ? Enfin je veux dire, si on ne mange pas notre corps ne fonctionne pas. Ou du moins c’est compliqué de le faire fonctionner… Et puis être en hypoglycémie ne peut entrainer qu’une mort quasi certaine en fait. Il est vrai qu’il avait l’air mince mais pas au point d’être atteint d’anoréxie. Il avait l’air de bien se porter… Et heureusement. Enfin… Pour lui…

“C’est bien de manger ? Il y a toute une culture autour de la gastronomie. Il n’y a qu’à regarder en France ou c’est devenu quelque chose de reconnu à un niveau mondial. C’est d’autant plus étonnant d’entendre ça de la bouche d’un français lui même.”

Il trouvait ça étrange d’aimer la viande rouge. Je le savais. Ce n’est pas assez féminin comme trait c’est ça ? Mais je ne sais pas j’aimais ça. C’était comme ça. Je ne l’avais pas vraiment décidé. Il rebondissait d’ailleurs sur autre chose que j’aimais. La nuit. Moment de la journée qu’il n’aimait pas à cause d’une mauvaise expérience. J’avais tellement envie de lui demander pourquoi… Mais je ne sais pas si c’était le bon moment pour ça. Il me disait tout de même que malgré son aversion il appréciat de passer du moment sur les toits de paris en regardant le paysage se profiler devant ses billes bleutées. Finalement tout n’était pas perdu, peut-être que je pouvais un jour lui montrer à quel point c’était reposant ?

En fait je ne pensais pas si bien dire. Il s’était relevé si vite payant nos consommations et il me tendait sa main comme pour m’indiquer la sortie du café. Je n’avais même pas eu le temps de payer ma part. Il avait tout réglé ? Sérieusement ? Non ?

“Non mais je vais régler ma part Je…” J’avais déjà mis la main dans mon sac pour prendre mon portefeuille mais quelque chose me disait qu’il allait refuser ça…

Je prenais timidement sa main et nous sortions alors du restaurant.
Nous voilà maintenant dans la rue sous la lumière jaune des lampadaires. Je devais trouver un endroit qui pourrait lui plaire c’est ça ? Hum… Je réfléchissais un peu emboitant le pas dans une direction juste pour nous mettre en mouvement… Marchant comme ça dans un silence ou j’étais pensive. Puis d’un coup je me mettais à crier.

“J’ai trouvé ! Je sais !”

Attirant sans le vouloir ni même m’en rendre compte, l’attention des autres couples passant à côtés. Je me mettais à courir en lui tirant le bras… Un grand sourire se dessinant sur mon visage. S’élançant à toute hatte vers la cathédrale. Je ne lui avais pas dit ou j’allais nous emmener. Et je ne comptais pas non plus le lui dire. Histoire de ne pas gâcher la surprise.

En y arrivant elle était fermée. Ce n’était pas étonnant. C’était la nuit après tout. Mais je ne comptais pas entrer par la porte principale. Peu de gens le savaient mais il y avait un accès sur le toit de depuis la sacristie. Il y avait une citerne d’eau à côté de celle-ci. Je lachais sa main et je grimpais à l’échelle de celle-ci montant sur le toit. L’endroit était très sombre, enfin pas pour moi… Mais je me disais que ça devait l’être pour lui.

“Viens Vanitas suis moi dans mes pas, et fait attention ce toit n’est pas en très bon état.”

Entre les tuilles qui ne demandaient qu’un simple souffle pour qu’elle tombent et la mousse grimpante qui avait fait de ces endroit son territoire… Oui… C’était assez dangereux au final… Mais il suffisait de bien y faire et puis ça devrait bien se passer non ?

Nous montions doucement mais surement… Je faisais attention. Très attention en fait. Calmant toute mon excitation. Je savais ce qui m’attendait en haut. Je venais ici de temps en temps après tout. Je me disais que lui aussi allait probablement aimer ça. Vu qu’il aimait monter en hauteur sur les toit de la ville de l’Amour.
Enfin au niveau du clocher je m’extasiais devant la vue que j’avais… Il me rejoignait peu après… Je me tournais alors vers lui.

“Regarde Vanitas… La vue n’est-elle pas magnifique ?”

Les rayons bleutés de la lune berçants mon visage qui arborait un sourire que je ne montrais jamais, et ce sans vraiment le cacher non plus. D’un naturel certain. Je le regardais, attendant de voir sa réaction quand il allait voir toutes les maisons aux alentours éclairées… Les rues, les lampadaires… Tout ça clignotant légèrement à cause de la distance, semblables au bal des lucioles… Je suis certaine qu’il va aimer ça ! Enfin j’espère… Cela ferait de moi une piètre guide si ce n’était pas le cas.

Il avait l’air de se perdre en regardant la vue. Comme s’il était émerveillé. Son visage était dénué d’expression… Mais le silence en disait long sur son état d’esprit. Je le voyais se mettre à sauter. Je fus prise d’une légère peur sur le coup… Mais il venait simplement se poser sur le bord de la rembarre. Alors que je voyais le vent ébouriffer ses cheuveux et faire doucement flotter sa cape il me disait qu’il aimait beaucoup ce qu’il voyait. Une immense joie se répandait en moi. Il ne tardait pas à se retourner vers moi en me tendant la main m’invitant à m’asseoir à ses côtés.

“Avec plaisir Vanitas” disais-je avec un sourire en coin.

D’une main je soulevais légèrement ma robe pour me déplacer plus facilement et de l’autre j’attrapais la sienne. Me posant alors délicatement à ses côtés venant apprécier le paysage qui avait des airs de roman à l’eau de rose, de plus près. Balançant mes pieds dans le vide, avec pour seul bruit la tissus de ma robe se froissant et la douce brise du soir. Je posais mes bras sur mes jambes venant y poser ma tête l’écoutant me féliciter.

“Impossible ? Et bien il faut croire que ça ne l’est pas tant que ça ? Mais je te remercie je prends a comme un compliment.”

Il me demandait pourquoi j’avais eu l’idée de grimper à ce genre d’endroit en soulignant encore une fois qu’il n’aimait pas la nuit depuis tout petit et qu’à cause de ça il n’appréciait pas ce genre de moment ou du moins il avait du mal à s’en imprégner.

“Oh je n’ai pas spécialement peur de me blesser… Et même si c’était le cas mon corps se soigne très rapidement donc je ne m’en fais pas vraiment pour ça. Et puis monter ici ? Pourquoi pas ? J’en ai la capacité alors pourquoi je m’en priverais ?”

Et oui je n’avais aucune cicatrice. Presque comme une poupée de cire dont on prends le plus grand soin tous les jours. Mais c’était à cause de ma condition de demi-vampire encore une fois. Mon corps se soignait rapidement. Presque trop rapidement pour que ça paraisse humain. Il m’arrivait pourtant de me blesser étant petite ou même encore aujourd’hui par maladresse… Mais je n’en gardais jamais aucunes sequelles. Enfin c’était normal pour moi. Mais… Je préférais ne pas vraiment en parler histoire de ne pas éveiller trop les soupçons.

En fait à venir ici la seule chose qui me faisait un peu peur c’était de nous faire attraper par des nonnes ou autres qui seraient là à dire que nous sommes en train de profaner un lieu sacré. Je sais ô combien ces personnes peuvent être très… Virulente parfois. Il ne manquerait plus qu’ils lancent un chasseur de monstres à nos trousses.

“Et puis regarde on peut tout voir d’ici. Les maisons… Il y a même un chat se terrant dans la pénombre ici. Et là bas il y a un jeune couple sur le banc… On peut aussi voir d’autres personnes ici au bord de l’eau près du pont…”

Enfin moi du moins je les voyais… Lui je ne savais pas vraiment…

Je ne me sentais pas de lui faire la morale mais j’avais du mal à la voir se brider ainsi à cause de ce qu’il s’était passé quand il était petit. Ce monde est si vaste et si grand. Il y a tant de choses à voir et à découvrir, dans des endroits aussi atypiques les uns que les autres, et ce à divers moments de la journée. Simplement s’arrêter à un traumatisme sans tenter de le soigner aussi violent soit-il me semble être… Une profonde vague de tristesse solitaire.

“C’est dommage de s’arrêter à une mauvaise expérience passée… Tu devrais peut-être passer à autre chose.”

Erf. Je n’aurai pas du le dire comme ça sur un ton aussi sec. Je laissais un silence planer quelques secondes… Arretant de balancer mes jambes et venant croiser mes bras…

“Enfin je veux dire… Je ne sais pas ce qu’il s’est passé auparavant et je ne sais pas si tu veux m’en parler. Si c’est le cas, je serais avec plaisir l’oreille qui saura t’écouter.”

Je détachais mon regard de l’horizon et je me tournais alors vers lui…

“Mais tu n’as pas à vivre en gardant cette rancoeur envers la nuit. Même si elle ne te met pas autant à l’aise je suis certaine que tu pourrais y découvrir des choses nouvelles qui pourraient te toucher…”

En fait, j’avais vraiment pris ce role de moralisatice au final… Et j’en venais à me posais une question…

“Mais qui suis-je pour te dire ça… Tu es adulte tu sais faire tes propres choix je n’ai pas à imposer ma vision comme ça… J’en ai trop fait, je suis désolée…”